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Darfour : "Imaginez 300 personnes qui disparaissent en une seconde"

Publie le vendredi 2 mars 2007 par Open-Publishing
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de Bruno Lamothe

Nous raillons souvent, en France, les artistes qui s’engagent. Pourtant, il arrive que ces initiatives soient heureuses et salvatrices.

Mia Farrow, ambassadrice itinérante de l’UNICEF a décrit une situation apocalyptique à la fois au Tchad et en République centrafricaine, à la frontière entre ces deux pays ainsi qu’au Darfour proprement dit.

"On a appelé cette crise la crise oubliée mais pour qu’elle soit oubliée il faudrait encore que quelqu’un s’en soit souvenu à un moment donné et je ne crois pas que ce soit le cas", a-t-elle déclaré, pour son retour d’un voyage tant dans le nord-ouest et le nord-est de la République centrafricaine que dans l’est du Tchad.

La République centrafricaine est un Etat en ruine, a-t-elle rappelé, soulignant que son président (dictateur ami de Jacques Chirac) ne maîtrise que la capitale, Bangui, "et encore", et qu’il faut compter avec de multiples acteurs : la garde présidentielle, dont de nombreux Tchadiens font partie, l’armée, quatre différents groupes rebelles et de nombreux bandits.

"Les gens que j’ai rencontré nous ont supplié de leur apporter de l’eau, de la nourriture, des soins mais par-dessus tout, une protection", a-t-elle rapporté.

"Sur la route vers Paoua (ville du nord-ouest de la République centrafricaine), nous n’avons croisé qu’une seule autre voiture. Ce n’étaient que village brûlé après village brûlé", a raconté, d’une voix tramblante, l’ambassadrice de l’UNICEF.

"Lorsque nous avons fait une pause, les gens sont sortis de la brousse : des visages de spectres, émaciés, en haillons, trop terrifiés pour retourner construire leurs villages", a-t-elle dit, "et le simple fait d’entendre un autre véhicule s’approcher les a fait fuir". "Imaginez 300 personnes qui disparaissent en une seconde", a-t-elle souligné, pour décrire la situation.

"La ville de Paoua est vide, il reste peut-être 10% de la population", a-t-elle ajouté. "Que sont devenus les autres ?" a-t-elle interrogé.

"Cette population est très fragile et pourtant de plus en plus abandonnée en raison de la situation sécuritaire", a-t-elle souligné, rappelant que les agences humanitaires sont absentes de ces régions depuis presqu’un an.

"On ne peut pas blâmer les humanitaires de ne pas être là en raison des conditions de sécurité quand le monde entier a tourné le dos", a-t-elle déclaré, assurant que l’UNICEF allait envisager dès à présent des opérations renforcées dans la région.

Dans l’est du Tchad, Mia Farrow a évoqué une très lourde présence militaire et une population là aussi "extrêmement traumatisée, qui vit entourée par ses attaquants".

Elle a par conséquent appelé la communauté internationale à déployer une force de maintien de la paix aux frontières entre les trois pays voisins, Tchad, République centrafricaine et Soudan.

L’ambassadrice itinérante a rapporté que tous les témoignages qu’elle avait pu recueillir lors de cette visite établissent clairement que "les attaques menées dans le nord-est de la République centrafricaine viennent du Soudan, sont financées par le Soudan et leurs auteurs se replient au Soudan". "soit c’est le Soudan qui est responsable, soit je ne vois pas d’alternative", a-t-elle accusé.

Laurent Fabius, de retour du Darfour, avait fait de même samedi dernier, exigeant que la France "tape du poing sur la table"

"Je suis mère et je ne voudrais pas que mes enfants soient envoyés en Iraq, mais là, ce serait tout à leur honneur d’aller défendre ces populations", a affirmé Mia Farrow, qualifiant à de nombreuses reprises les massacres dans la région de "génocide".

"C’est dur d’admettre que l’on demande au gouvernement du Soudan l’autorisation de venir chez lui pour mettre fin à des actes dont il est lui-même l’auteur", a-t-elle ajouté.

http://www.changer-le-ps.com

Messages

  • Un pistolet Glock dans les mains des rebelles

    Un journaliste américain s’est rendu au Darfour en février 2005 pour y réaliser un reportage photos. A l’extérieur de la ville de El Geneina, dans le Darfour Occidental, il a rencontré des membres du Front Uni pour le Changement Démocratique (FUC), le principal groupe rebelle tchadien. Le chef était armé d’un pistolet flambant neuf, dont le journaliste a pris note du numéro de série : marque GLOCK, HAP 850, probablement fabriqué en 2005.

    Amnesty International demande l’ouverture d’une enquête tant par la société Glock que par le Ministère autrichien du Commerce et de l’Industrie afin de déterminer comment un pistolet Glock HAP 850 est parvenu dans le camp des rebelles, malgré les contrôles à l’exportation et l’embargo. Il est primordial de connaître la provenance et l’itinéraire suivi par cette arme car d’autres armes font peut être l’objet d’exportation dans la région en dépit des embargos. Pour éviter que le commerce des armes n’alimente des catastrophes semblables à celles du Darfour, Amnesty International fait campagne pour que tous les États instaurent des contrôles beaucoup plus rigoureux sur les armes conventionnelles, avec notamment la mise en place d’un traité sur le commerce des armes, qui interdirait les exportations d’armes susceptibles de semer la terreur et la désolation.

    PASSEZ A L’ACTION

    Envoyez la lettre ci-dessous au Ministère Autrichien de l’Economie :

    http://www.amnestyinternational.be/doc/article7534.html

    voir aussi :

    http://www.amnestyinternational.be/doc/article9985.html