Accueil > Le Sida impose une autre politique de solidarité

Le Sida impose une autre politique de solidarité

Publie le mardi 1er avril 2003 par Open-Publishing

Le Sida impose une autre politique de solidarité internationale

APPEL

Le sida touche plus de 40 millions de personnes dans le monde. 95%
d’entre
elles n’ont accès à aucun traitement et sont condamnées à mort.

L’impact de l’épidémie représente une catastrophe sans précédent dans
les
pays en développement : effondrement de l’espérance de vie, délitement
des
structures familiales, dégradation des terres agricoles et aggravation
de la
malnutrition, détérioration des systèmes d’éducation et des systèmes
sanitaires. Elle touche en priorité les populations les plus
vulnérables, et
particulièrement les femmes. Ses répercussions économiques et sociales
appauvrissent et fragilisent l’ensemble des secteurs publics et privés.

L’ampleur de cette catastrophe révèle l’échec et l’inadéquation des
politiques de développement imposées par les pays riches, ainsi que
leur
responsabilité dans cette évolution. Explosion de la dette extérieure,
politiques d’ajustement structurel du FMI et de la Banque Mondiale,
privatisation massive de la santé et de l’éducation ont fait le lit de
la
propagation de l’épidémie. C’est cette logique économique qui a présidé
pendant près de 20 ans au refus de soutenir l’accès aux médicaments
contre
le sida dans les pays pauvres. C’est encore cette logique qui accroît
l’incapacité des systèmes de santé à prendre en charge les pathologies
chroniques (cancers, diabète, maladies cardio-vasculaires, hépatites,
etc.)
qui se développent actuellement, et qui sont pourtant souvent mortelles
en
l’absence de traitements accessibles.

Malgré les récurrentes prises de position médiatiques des leaders
politiques
internationaux et nationaux, le décalage entre les intentions affichées
et
les politiques menées en matière de lutte contre le sida comme en
matière de
développement est effrayant : le seuil de 0,7% du PIB consacré à l’aide
publique au développement sur lequel se sont engagés les pays de l’OCDE
en
1972 est loin d’être atteint, les 10 milliards de dollars annuels
promis à
la lutte contre le sida en 2001 ne sont toujours pas effectivement
engagés.

Ainsi, les contributions au Fonds mondial contre le sida, le paludisme
et la
tuberculose ne permettront la mise sous traitement que de 500 000
personnes
d’ici 5 ans, quand 10 millions de séropositifs ont besoin dès
maintenant de
tri-thérapies.

L’aide publique, limitée, repose d’abord sur le transfert de modèles
des
pays industrialisés vers les pays en développement et néglige les
besoins et
l’implication des populations concernées.

Ces logiques doivent être inversées, à travers l’instauration de
politiques
d’aide à long terme, en démultipliant les fonds consacrés à des
politiques
de développement définies et menées en concertation avec les différents
acteurs nationaux.

Aujourd’hui, lutter contre l’épidémie de sida, en y consacrant les
moyens
adaptés, en laissant les États mettre en S ?uvre les mesures les plus
efficaces localement pour protéger leurs populations, en permettant aux
communautés d’exiger le respect de leurs droits et d’obtenir de leurs
gouvernements la mise en place de politiques adaptées, est non
seulement une
nécessité sanitaire mais doit également poser les bases de relations
nouvelles entre pays riches et pays pauvres.

Dès cette année, Jacques Chirac doit s’engager à respecter le seuil de
0,7 %
du PIB pour l ?aide publique au développement qu’il s ?est fixé à
Johannesburg
en août dernier, et, compte tenu des moyens à disposition de la France
et
des engagements pris lors de la réunion des pays membres du G8 à Gênes
en
2001, contribuer à la lutte contre l’épidémie de sida dans les pays
pauvres
à hauteur de 1 milliard d ?euros par an.

Dès maintenant, le président français doit demander aux États membres
du G8
qui se réuniront sous sa présidence en juin qu’ils s’engagent à :
  permettre l’accès dans chaque pays à l’ensemble des traitements
nécessaires et des outils de prévention ;
  promouvoir le principe de gratuité des médicaments pour les
pathologies
chroniques ;
  rendre accessibles aux populations des pays pauvres les innovations
thérapeutiques ;
  permettre la production, l’exportation, l’importation de produits de
santé
génériques dans les pays en développement.

Parce que le sida impose une autre politique de solidarité
internationale,
la France ainsi que les autres Etats membres du G8 doivent radicalement
changer leurs pratiques.

La campagne "Sida. Urgence G8." est une initiative de :
Act Up-Paris, CRID (Centre de Recherche et d’Information pour le
Développement), Ensemble contre le sida, France-Libertés Fondation
Danielle
Mitterrand, G.R.D.R. (Groupe de Recherche et de réalisations pour le
Développement Rural), Médecins du Monde, MFPF (Mouvement Français pour
le
Planning Familial) et Solidarité sida.

Ces associations vous invitent à les rejoindre en signant ce texte et
en le
diffusant le plus largement possible.

Cordialement, La coordination de la campagne.