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Une figure de combat s’en va

Publie le vendredi 16 mars 2007 par Open-Publishing
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Lucie Aubrac, l’une des dernières héroïnes de la Résistance est décédée hier soir à l’âge de 94 ans à l’Hôpital suisse de Paris, à Issy-les-Moulineaux. Après l’abbé Pierre c’est une nouvelle grande figure de la lutte sociale qui nous quitte. Lucie Aubrac n’avait de cesse de militer en faveur de la paix et de s’engager encore et encore contre toutes les formes de discriminations. Dernièrement, elle a soutenu le mouvement des sans papiers.

N’y-a-t-il pas quelque indécence à voir certains hommes politiques qui promettent la mise en place d’un ministère de l’immigration et de l’identité nationale saluer aujourd’hui Lucie Aubrac. Ces mêmes dirigeants dont la politique contraint les enfants à être expulsés de France avec leur parent et à devoir quitter les bancs de l’école.

Il faut au contraire leur transmettre la passion d’apprendre et de grandir dans un pays qui est le leur comme il est le nôtre. C’est les valeurs que défendait Lucie Aubrac.

Ainsi, après la guerre elle sillonne la France pour enseigner l’histoire de l’occupation et faire partager ce qu’elle a vécu. Elle ira à la rencontre des gens et des plus jeunes pour leur expliquer l’importance de la mémoire. Une question reviendra d’ailleurs sans cesse lors de ces débats : « qu’aurions nous fait dans la même situation » ? Elle y répondra à chaque fois avec la même sagesse : « Faites en sorte par votre engagement d’aujourd’hui, de ne pas vous poser la question demain ». Ce goût pour l’engagement, elle l’a toujours possédé. Avant la guerre, cette agrégée d’histoire prend conscience de la montée des fascismes en Europe et milite au sein des Jeunesses communistes. Lors de l’occupation, Lucie Bernard (de son nom de jeune fille) mariée à Raymond Samuel, ingénieur, issu de la bourgeoisie juive, a décidé de rester en France pour résister au régime de Vichy. Les deux époux sont pourtant fichés comme communistes et juif. Avec son mari, ils seront les premiers à mettre en place un réseau d’entraide et rejoindront le mouvement Libération. Tout en poursuivant son métier de professeur, elle réussira par deux fois à faire libérer son mari. L’une de ces évasions restera célèbre car elle aura lieu en plein coeur de Lyon, après l’arrestation de Caluire, le 21 juin 1943.

Lucie Aubrac sera par la suite de tous les combats militants : Amnesty international, Réseau Femmes pour la parité. Elle restera une figure de l’engagement des femmes dans la Résistance, après la guerre elle rejoindra le combat pour le droit des femmes. « Le mot résister doit toujours se conjuguer au présent. » affirmait Lucie Aubrac. Comme pour confirmer encore une fois ce dicton, elle a signé un appel aux jeunes générations à réagir devant la remise en cause du « socle des conquêtes sociales de la Libération », en mars 2004. Cette initiative a été réalisée avec plusieurs figures de la Résistance, comme l’ancien dirigeant communiste Maurice Kriegel-Valrimont ou l’ethnologue Germaine Tillion. Jusqu’au bout elle incarnera une force qui ne plie pas.

de Marie-George Buffet, Candidate de la gauche populaire et antilibérale

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