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PROVERBES AFRICAINS... à méditer

Publie le samedi 17 mars 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

PROVERBES AFRICAINS

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Le crocodile n’est fort que dans l’eau, dit le proverbe africain
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Le proverbe [pan]africain -source inconnue mais très répandu en Afrique- met en avant un principe inhérent à nombre de représentations africaines du monde, le principe selon lequel le vivant serait ontologiquement frappé d’une limite, limite qui elle-même appelle à une instrumentalisation stratégique.

Toute chose, tout être, toute manifestation, toute cause admet une limite. A commencer par la force, la puissance. L’image du crocodile, considéré comme redoutable si ce n’est invincible dans l’eau, donne hors de l’eau le spectacle décevant d’une forme disgracieuse se traînant lamentablement par terre, la démarche lourde et poussive.

Le contraste entre force d’un côté et faiblesse de l’autre dans le même phénomène, le même animal est très parlant. Toute force est relative, d’abord à son environnement qui la conditionne. Naturellement en parlant du crocodile, c’est des humains qu’il s’agit, de leurs puissances, performances, résultats, issues sociales, tous in fine relatifs …

La conséquence qui se dégage de cette énonciation est éminemment stratégique, s’appliquant à tous les champs des activités humaines sanctionnés par des performances comparatives. Cela peut aller de la guerre à la concurrence économique, politique, mais il pourrait bien s’agir de développement personnel, collectif en interaction avec un milieu disputé…

Même la plus grande puissance au monde a ses points faibles, mais elle a d’abord son eau dans laquelle elle sera imbattable, comme les attaques américaines aériennes, de nuit, perpétrées par des aviations entraînées et à la supériorité technique avérée. A l’opposé des combats au sol, à la merci d’attaques individuelles ciblées et inopinées, guérillas urbaines…

Une déclinaison du proverbe pourrait revenir à la règle de ne jamais attaquer un ennemi sur le terrain de celui-ci, règle que Sun Tse ne renierait pas, lui le célèbre auteur du livre culte écrit vers le Vème siècle avant Jésus-Christ, L’Art de la guerre.

D’un point de vue économique, il y a des limites à la compétitivité et pour remporter une partie, un marché, des exportations, etc., il faudrait ne pas se battre sur le terrain d’excellence du concurrent. Chacun aura sa place pour peu qu’il se positionne sur son point fort. On entrevoit ici des stratégies de différenciation des produits permettant aux entreprises d’échapper à la captation des grandes entreprises, utilisant les prix, les design, les promotions, l’image, l’éthique, pour sortir du domaine de captation du concurrent.

Il existe donc toujours un domaine où l’on peut gagner puisque même le plus fort à ses limites, ses vulnérabilités. Connaître les points faibles du concurrent fait ainsi partie de la compétition, autant que connaître ses propres points forts et points faibles. Connaître tout court fait partie de la compétition et est une arme indispensable à la victoire.

Si des pays comme Taiwan, Singapour, la Corée du Nord ou la Chine ont raflé des parts de marché aux plus grands, c’est parce qu’ils ont découvert les points faibles, les créneaux par lesquels ils pouvaient émerger. Ciblant d’abord des produits peu technologiques sur lesquels ils étaient avantagés, ils ont développés des stratégies de prix impossibles pour les pays développés…sortis ainsi de leurs eaux.

Dans le domaine des arts et de la musique, les 1er Gaou, Yekeke, Ancien combattant, hits africains ayant conquis le show biz européen auront mieux fait que de s’essayer à imiter la variété européenne, ils n’ont pas suivi le reptile sur son territoire.

Si le crocodile n’est fort que dans l’eau, alors il ne l’est plus dans le sable ; s’il était attaquable ce serait bien dans ces terres, ces sables qui ne l’avantagent guère. Les pays occidentaux maîtrisent les échanges de biens technologiques et à forte valeur ajoutée. Les NPI se sont d’abords spécialisés dans les biens à faible valeur ajoutée avant de diversifier la structure de leurs produits exportés.

L’art de la guerre c’est, en amont, découvrir les faiblesses de l’adversaire et en aval l’entraîner à combattre hors de son terrain. Chaque chose ayant sa limite bien sûr !

Akam Akamayong

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Quand on ne sait pas d’où on vient, on se sait pas où on va, dit le proverbe africain
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Le présent, le passé et l’avenir sont liés par le fil du temps, mais il s’agit bien plus que d’une simple suite d’événements indépendants, au contraire. L’expérience accumulée fourni des repères qui sont comme des cartes routières sur le chemin de nos propres projets.
Le proverbe africain, toujours sobre dans sa syntaxe et dans son exposé fait le lien entre le passé, l’histoire et l’avenir, le projet. C’est l’histoire qui tisse les liens, les enjeux économiques, politiques, sociétaux du présent, enjeux incompréhensibles à partir du seul quotidien – exemples :Palestine, Réparation pour la Traite des noirs, Génocide rwandais... Aborder la réalité en faisant fi des antécédents, des relations que le passé a élaborées condamne le projet d’aujourd’hui à l’échec.

En ce sens le présent est une espèce de mémoire stockée du passé et se déroule en partie en fonction des actions passées. Surgit alors, l’intérêt de la mémoire collective et de la lutte pour la préserver de manipulations, de falsifications. Car si nous pensons toujours par rapport à l’histoire qui produit des repères, il vient qu’une mémoire falsifiée éconduira sans doute son peuple... Les peuples dominés prennent à peine conscience de cet énorme enjeu qui peut être un révélateur psychologique puissant, les Africains redécouvrant qu’ils ont depuis la Nubie, le Soudan antique, autrement dit la Haute Egypte civilisé le monde occidental via la Grèce, perdront progressivement les complexes d’infériorité qui concourent au maintient d’un statu quo d’aliénation culturelle, d’inhibition intellectuelle et industrielle…

La restauration de la mémoire collective, la ré-appropriation vivante de l’histoire montreraient aux peuples de la terre, leurs contributions irréfutables à la civilisation contemporaine, dite occidentale, et permettraient, entre autres effets, de poursuivre en réparation et en restitution les pays coloniaux pour leurs pillages, leurs musées regorgeant d’objets de cultes et de tradition africains, amérindiens, asiatiques…

D’un point de vue philosophique, se perdre si on ne sait pas d’où l’on vient revient à définir l’homme comme un être en situation, mais surtout en trajectoire. Complexe, son avenir est une somme de son passé et de son présent. Ni fixe, ni statique, ni figé, l’être humain n’existe pas sans ce qu’il a été, ce qu’il a produit, ce tout le constitue.

Dans le présent qui fabrique le futur il y a le passé, aller vers l’avenir ce n’est donc pas, loin de là s’éloigner de l’ancien, de l’ancêtre.

Pierre Prêche

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Le village des riches ne manque pas de perroquets, dit le proverbe africain
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Ce proverbe africain pourrait se traduire par : tout grand personnage est entouré de flatteurs. En poussant plus loin l’interprétation, on en arrive à questionner les rapports entre richesse, pouvoir et société. Les institutions qui prennent la parole par profession, ou par usage, médias, communicateurs, hommes et femmes publics…

La richesse serait-elle si grande corruptrice, on n’ose l’imaginer dans les démocraties éprouvées où professionnalisme, neutralité, éthique, règnent en maîtres absolus, Hum ! Par précaution relire par deux fois les reportages, enquêtes, sondages, scoops, dès fois que les plumes -journalistiques- s’égareraient dans le sens de la capitalisation boursière.

J.Evega ; Ze

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Là où les vautours virevoltent, c’est qu’il y a une carcasse, dit le proverbe africain
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Le proverbe africain invite au décryptage des comportements humains à l’aune de leurs intérêts intimes.

Ici un lien de cause à effet est induit entre des manifestations apparentes, et les motivations réelles de celles-ci. Si l’on connaît les intérêts majeurs d’une institution ou structure sociale, on peut comprendre d’autant plus aisément ses actions, investissements, modes, engouement circonstanciés.

Plus important, peu importent les discours, les explications des acteurs, seule les manifestations et leurs motivations ou besoins intensifs sont décisifs.

On entendra par ceci que, par exemple, les firmes multinationales et les Etats occidentaux ne se déplaçant par pour rien, c’est à dire donc mus par leurs intérêts, il sera difficile de considérer les récentes guerres anglo-américaines comme des combats pour la liberté d’autres peuples. Au contraire la présence américaine traduit l’existence d’intérêts tels que le pétrole mais pas exclusivement, qui attirent la première grande puissance mondiale.

Les expéditions des troupes occidentales en Afrique et hors de leurs territoires d’origine trouvent par avance, un substitut aux traditionnelles raisons officielles invoquées sans parcimonie : droits de l’homme, démocratie, accord de défense, etc. Seuls leurs intérêts, appétits, mangements, délivrent l’explication réelle à tant de déploiements. L’intervention française au Zaïre d’un Mobutu sur le déclin est connue aujourd’hui non pas pour avoir été une opération humanitaire mais pour une opération d’ex-filtration des génocidaires rwandais avec lesquels la France avait entretenu de bien coupables relations.

De la même façon c’est le pétrole irakien qui a justifié principalement le déploiement de troupes et de forces américaines sur le sol désertique.

akam akamayong

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Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur, dit le proverbe africain
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Comment dire autrement que l’histoire des vainqueurs n’est pas l’histoire tout court, que le débat sur la mémoire collective n’est pas seulement question d’objectivité mais de rapport de force.

On peut méditer ce proverbe à travers une infinité de situations mettant en relation un dominant, colonisateur par exemple et un dominé, supplicié. Chacun sait aujourd’hui que l’histoire de la seconde guerre mondiale, écrite par les vainqueurs est loin d’avoir tout dit, tout révélé, ne serait-ce que …la vérité. Ainsi, de façon complaisante a t-on laissé fleurir après guerre des colonies de résistants bien discrets au moment de l’occupation allemande.

Aussi notamment a t-on pu minorer l’impact de la participation africaine, première force réelle des Forces de la France libre à être entrer en confrontation avec les Allemands, essuyant en 1940 de très lourdes pertes. Les prisonniers africains capturés par les allemands allaient connaître les affres des camps, crimes de guerres, traitements d’une rare violence.

La même réflexion s’applique aux pratiques coloniales, toutes les guerres non avouées, non reconnues, toutes les fosses communes sauvages qui parsèment l’Afrique ex-colonisée. Les enjeux de la mémoire de la traite négrière -qui a significativement contribué à faire prospérer l’Europe et le Nouveau Monde-, sont constamment écartés des débats des humanistes encartés, comme si ceux-ci craignaient d’être démasqués, à l’instar de Voltaire qui vécut des capitaux de la traite négrière, démasqués prêcheurs humanistes le jour, pillards colonialistes la nuit.

Ce proverbe d’une certaine façon invite les dominés, faibles, vaincus à donner leur version de l’histoire, une écriture alternative à celle inculquée par les historiens –noter le rien de historien- du château et même du statu quo.

Bien sûr il ne s’agit que d’un proverbe africain, …on ne va pas lui donner autant de profondeur critique et philosophique comme aurait pu dire Hegel, philosophe allemand pour qui l’Afrique était en dehors de tout mouvement, en dehors de l’histoire. Histoire de chasse ?
Ze
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Messages

  • "Qui avale une noix de coco fait confiance à son anus" dit le proverbe africain.

  • Merci pour cette page. A maurice ile colonisée et maintenant indépendante les créoles de ce pays parceque descendants des esclaves africains n’ont toujours pas trouvé leur place parceque jusqu’à présent l’histoire de ce pays a été raconté par les chasseurs et non les lions. Notre avenir est bouché parceque nous n’avons ou plus exactement nous ne connaissons pas notre passé nous ne sommes pas encore arrivé à remonter le courant. Mais cela viendra
    Et les proverbes de nos aieux nous aide à une réflexion en profondeur, et l’histoire sera certainement écrite par les lions. Déjâ en Octobre de cette année Jacques David créole de descendance Africaine va lancer son livre racontant l’Histoire des Esclaves telle qu’elle a été à Maurice avec des documents D’archives -longtemps cachés-aux descendants d’esclaves et omis par les Historiens de ce pays. " Le Morne in the Mafaa" est le premier de ces livres Historiques écrit par un lion.