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La diversité, une chance pour la vitalité démocratique

Publie le mardi 20 mars 2007 par Open-Publishing
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de Mouloud Aounit

La représentativité de la diversité de la population française pourrait faire rempart au communautarisme.

Il y a plus de vingt six ans, était organisé ce qu’on a appelé la marche mal nommée des "beurs", irruption sur la scène publique d’une partie de la jeunesse qui clamait son appartenance à la société française. Ils clamaient haut et fort à cette République qui les ignorait, comme leurs parents, cette double exigence : exister par une reconnaissance effective de leurs droits à l’emploi, aux loisirs, aux logement, au respect ; ils demandaient à la Nation de considérer comme des français à part entière ces populations des quartiers populaires, et héritiers de cette immigration post coloniale.

La diversité, une chance pour la vitalité démocratique

Depuis la situation n’a guère évoluée pour ceux que l’on cherche encore à dénommer, faute de considérer qu’ils sont tout simplement des citoyens français comme les autres, et que l’on se résout à appeler : "minorités visibles" ou encore "français issus de l’immigration" quand bien même leur enracinement remonte à trois ou quatre générations.

Depuis, le constat est accablant. Les discriminations sociales, spatiales, racistes, et civiques perdurent non seulement à l’endroit des immigrés, mais aussi à l’endroit de ces français. En outre, preuve de cette place d’aveugle réservée à ces populations : 36000 communes et pas un seul maire issu de la diversité de la population française ! Les bancs de l’Assemblée Nationale, les temples de la République, les conseils d’administrations des grandes institutions et entreprises sont bien loin de ressembler aux cours de nos écoles ou aux amphithéâtres de nos universités !

Pourtant ces populations n’ont jamais atteint un tel niveau de maturité, les consciences n’ont jamais étaient aussi éveillées ! L’impatience et l’incompréhension face à ce déni le disputent à la colère et à la rancœur. Le statut quo n’est plus tenable, partout le mouvement associatif témoigne de l’impatience, qui en organisant des campagnes d’inscriptions sur les listes électorales, qui en déposant des cahiers de doléances à l’Assemblée Nationale, avec tous comme point commun l’appel à l’éveil des consciences citoyennes, ultime marque d’un reste de confiance dans les institutions.

Malgré des signes d’un début de prise en compte de ces attentes à gauche comme à droite (la nomination d’une ministre par le gouvernement Raffarin, le choix de Nicolas Sarkozy de prendre une porte parole issue de ces populations), malgré la volonté affiché par le PS et le PC de prendre en compte cette réalité, il semble assez improbable que les choses changent à brève échéance, aucun engagement tangible sur la représentativité de la diversité n’a été pris permettant à cette diversité d’accéder effectivement aux lieux de pouvoir. Tout se passe comme si on acceptait désormais la diversité pour coller les affiches sur les murs à défaut de la coller sur les bancs de l’Assemblée nationale.

Cette exigence de diversité est un enjeu de justice, d’égalité de traitement, mais aussi c’est une chance pour la vitalité démocratique et la construction du vivre ensemble, un rempart contre l’émergence de revendications communautaires.

En effet, on répète à toute force que l’absence de renouvellement de la classe politique est grandement responsable du désintérêt des électeurs pour la vie publique. On se lamente, de l’absence de participation aux divers scrutins d’une part croissante du corps électoral et on est même contraint d’agiter la peur du loup pour essayer de pousser aux inscriptions sur les listes électorales.

Enfin, le communautarisme est un poison redoutable pour le vivre ensemble, une menace réelle pour le devenir du modèle républicain dit d’intégration. Il reste que les avancées et les logiques de ces revendications émergentes qui s’expriment de plus en plus dans notre espace publique se fondent souvent sur des discriminations non reconnues, mais aussi par des renoncements de la république de traiter tous ses enfants de manière équitable. Et nul doute sans de l’audace, d’une volonté politique faisant émerger l’obligation de résultat pour le prochain scrutin, nous aurons et vivrons avec ces revendications communautaires. Et préparer malgré nous une incontournable cohabitation entre la république et des formes de communautarismes.

Devant cette revendication irréversible, attendue avec une immense impatience, l’ensemble de la classe politique, comme ce fut le cas en partie pour la question de la parité homme-femme, devra se faire violence, en rompant avec les logiques d’autoreproduction de cumuls ou de cooptations clientélistes, pour laisser place à cette égalité. C’est dire que ce sera à l’aune de résultats perceptibles que ceux qui détiennent le pouvoir ou y aspirent pourraient être eux-mêmes élus ou défaits car nombreux sont ces populations exigeantes qui sont inscrites sur les listes électorales. A coup sûr, la diversité fera la différence dans tous les prochains scrutins.

Madjid Si Hocine et Mouloud Aounit, Vice-Président du collectif Egalité d’abord, Président du collectif Egalité d’abord

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