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Intervention de Sarah Jane Mellor lors de la rencontre de Marie-George Buffet avec les retraités

Publie le jeudi 22 mars 2007 par Open-Publishing

Dans mon esprit, parler de la question des retraites, c’est déjà rendre hommage à mes aînés, c’est saluer des générations, belles et rebelles, qui à travers luttes et mobilisations sociales ont conquis le droit à la retraite. Cette conquête d’un temps libre retrouvé est un acquis social précieux à préserver et consolider. Aussi, parler de la question des retraites, c’est pointer un enjeu de civilisation, c’est préciser le type de société dans lequel nous voulons vivre toutes et tous ensemble.

Intervention de Sarah Jane Mellor lors de la rencontre de Marie-George Buffet avec les retraités ( le 19 mars à La Mutualité)

L’Angleterre, l’archétype d’une société où les générations sont en équilibre précaire, thanks to Margaret Thatcher & Tony Blair ... J’entends encore un ami de mon âge outre-Manche, après une manif londonienne contre le recul de l’âge de la retraite, me dire « Sarah, laisse tomber, on va galérer pour notre retraite, on aura de la chance si à 80 ans on sera encore de la partie ». A ce moment, j’avais en tête et au cœur l’Appel des Résistants aux jeunes générations que Lucie Aubrac avait co-écrit, un appel émaillé d’une pédagogie de l’émancipation si brûlante d’actualité. Car les idées de progrès social sont des idées qui ne meurent pas.

« La retraite pour permettre aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours », les termes du programme du Conseil national de la Résistance, sont des éclats de mémoire vivante et c’est particulièrement vrai en cette période, sont des paroles-antidote contre la fatalité. En quoi l’alternative de société possible hier ne le serait pas aujourd’hui ? Et quid de la volonté politique ? Quid des moyens pour un développement à visage humain ?

La création de la Sécurité Sociale en 1945 – on se souvient du rôle du ministre communiste Ambroise Croizat - a généralisé le droit à la retraite. Elle a placé le principe de la solidarité intergénérationnelle au cœur de la retraite par répartition, un système qu’il convient aujourd’hui de développer. Ce même système est pourtant attaqué de toutes parts, remis en cause depuis un peu plus d’une décennie par la mondialisation néo-libérale et ses féodalités économiques. Le rapport de la Banque mondiale de 1994 a fait des émules partout dans le monde et des émules particulièrement zélés chez nous, avec la réforme Fillon. Comme avec l’égalité des droits réduite à l’égalité des chances, un concept plus fonctionnel pour le marché, on nous vante et, ce malgré les révoltantes débâcles, les fonds de pension comme le système le plus ajusté, le plus approprié pour faire face à l’allongement de la durée de vie. Mais c’est quoi ? La retraite casino ! Tu sais ce que tu paies, mais tu ne sais jamais ce que tu auras. La protection sociale réduite à la loterie, à un jeu de hasard ?

Une espérance de vie plus longue est une bonne nouvelle pour la société ; la vivacité de vos engagements syndicaux, associatifs, citoyens le démontre. Il faut cesser d’opposer les uns aux autres pour exiger ensemble une protection sociale de haut niveau qui vaille pour tous les âges. On ne pourrait voir l’écart se creuser un peu plus encore entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas… Il faut affirmer avec résolution que la protection sociale ne peut être conciliable au sein d’un même dispositif avec la spéculation.

Et justement, face à la main invisible du marché, notre force à nous, c’est le poing levé visible. Contre la régression sociale, cette énergie alternative doit être contagieuse. Dépassons la réalité des petites retraites, de tant de femmes doublement pénalisées, au travail puis lors de la retraite…Expliquons concrètement que partir à la retraite à 60 ans, après 37, 5 annuités, c’est possible. Partir à la retraite à 55 ans pour les métiers pénibles, c’est possible.. Démontrons cela question moyens avec des ressources insoupçonnées, ça a été évoqué, la modernité d’un autre type de financement, s’attaquer au mur de l’argent... Et puis parler de nos passerelles, je pense à l’Europe, cette formidable caisse de résonance aux luttes sociales, l’action de notre groupe GUE-NGL sous l’impulsion de Francis Wurtz, le besoin de renforcer la Gauche européenne contre la généralisation sur le continent de la précarité comme condition de vie.

Faire cela, c’est conjuguer l’alternative au présent. Rien n’est fatal, rien n’est perdu d’avance. La volonté de renforcer les solidarités existantes, d’en tisser de nouvelles, traduit l’espoir d’un monde meilleur et possible. Et je crois que c’est le sens du vote Marie-George Buffet, on ne le dira jamais assez, une femme de solidité et de courage qui porte l’audace de l’espoir et grâce à qui la gauche peut et doit se ressaisir. Les retraites, c’est véritablement un défi du présent à relever collectivement pour construire une société meilleure pour tous les âges.

Sarah Jane Mellor,

membre du conseil de campagne

Sources :

http://unautremonde.gauchepopulaire.fr/

http://mariegeorge2007.org/Intervention-de-Sarah-Jane-Mellor.html