Chroniques citoyennes (3) : La commémoration

C’est extraordinaire ce que nous vivons aujourd’hui. Voilà une mobilisation des médias sans précédent, une mobilisation de tous les candidats, de tous les politiques, de tous les chercheurs et scientifiques de tous le gotha mondial, le gratin des gratins pour une noble cause : l’eau.

C’est tellement extraordinaire que cette « grand’messe », cette commémoration commence aujourd’hui et se terminera…. Aujourd’hui !

J’ironise et mon expression est un peu acerbe mais cette journée existe belle et bien depuis 1992, à l’initiative des Nations Unies conformément aux recommandations de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED).
Chaque année, le sujet revient donc inlassablement et 15 ans après la première, nous sommes bien en peine de mesurer les effets des préconisations parfois incantatoires qui sont prises chaque fois, et « juré, craché avec la main sur le cœur » les gouvernements de tous horizons vont s’atteler à la tache, trouver des solutions, permettre à chacun, partout dans le monde, d’accéder à l’eau si possible potable.

Chaque année, dans une commémoration inévitable, la liste des exactions contre ce patrimoine mondial s’allonge en une litanie douloureuse. Nous ne comptons plus les marées noires (minimes ou majeures), les avancées désertiques, les salifications intempestives de terres arables, les pollutions nitrées de nos rivières, les rejets pétroliers et chimiques dans nos fleuves… Mais, pire encore, nous laissons souiller nos nappes phréatiques décimant ainsi des populations entières souvent dans le dénuement total, refusant au nom de la liberté d’entreprendre, le droit à chacun d’utiliser l’eau de rivières, de lacs s’asséchant, favorisant ainsi la fonte de nos meilleures réserves que sont les pôles et les glaciers de nos montagnes.

Chaque année, la liste semble s’alourdir de tant de filouteries humaines qu’il me faudrait une vie entière pour vous les décrire.

A l’approche de ce jour particulier, les nouvelles sont éloquentes, que l’on en juge : « La France obtient un report pour la mise en conformité des engrais agricoles vendus par les firmes et la dépollution des rivières de Bretagne », « Total enregistre des profits records mais n’est pas réellement inquiété pour les dégâts commis par la marée noire de l’Erika », les « USA ne ratifient toujours pas le protocole de Kyoto sur l’environnement »… Parmi celles-ci, il en est une plus particulière qui a attiré mon regard : en fait une publicité pour une marque d’eau minérale. Cette marque s’est offert le luxe de comparer l’eau du robinet avec l’eau d’une cuvette de WC, vantant ainsi la pureté de son propre produit. Le procédé est douteux et onéreux !

Nous aurions préféré que cet argent soit utilisé pour moderniser ou construire une usine de traitement, pour financer un programme de mise en conformité de réseaux de distribution obsolètes, de recherche de solutions techniques pour éviter les gaspillages.
Va-t’on continuer à commémorer ? Ou va-t’on enfin demander aux financeurs, aux pollueurs industriels de mettre la main à la pâte et accessoirement au porte monnaie ?

Le 22 mars 2007
Démocrite