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Marie-George Buffet, un combat pour le Parti (video)

Publie le samedi 7 avril 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

de Réju Emmanuelle

Marie-George Buffet a réponse à tout. La misère des étudiants, la gériatrie, les clubs de football, la parité, le tou­ risme sexuel… Quel que soit le sujet abordé, la "candidate de la gauche populaire et antilibérale" dégaine, tranquillement au micro, argumentaire et chiffres clés. En vraie "pro". "Avec ça, elle est tellement simple, tellement mignonne" , s’enthousiasme une militante communiste du Val-de-Marne.

Marie-George Buffet, 57 ans, fait campagne sans les attributs du star-système. Pas de nuées de caméras à chacun de ses déplacements. Pas de foules en délire. Quand on l’applaudit, elle baisse les yeux, presque gênée, et applaudit le pu­blic à son tour, histoire de faire diversion. L’élue communiste ne manque jamais une occasion de parler de la ligne B du RER, la sienne. Modeste, par tempérament. Par nécessité aussi. Le Parti communiste n’a plus un sou. Le cuisant échec de Robert Hue à l’élection présidentielle de 2002 (3,4 % des voix) a laissé des traces.

À un étudiant de Créteil qui l’interpelle sur des licenciements opérés au siège du Parti communiste, la candi­date, créditée aujourd’hui de guère plus de 2 % des voix, explique : « Au lendemain de l’élection de 2002, le Parti communiste n’avait plus aucune trésorerie, plus d’argent, plus de moyens ! Nous n’avons pas été remboursés de tous nos frais de campagne (1) et nous nous sommes trouvés dans l’impossibilité de payer tous nos salariés, qui sont d’ailleurs plutôt des militants.

Si on s’en sort, j’es­père que nous pourrons les faire revenir. » Lors des réunions publiques, on distribue donc aux participants une enveloppe avec le programme de « Marie-George » et un bon de souscription. Et à la sortie, le public est invité à jeter son obole dans un grand drapeau rouge. Pour le PCF, le pourcentage de voix que réussira à attirer Ma­rie-George Buffet est donc aussi une question de survie, qu’elle soit politique ou financière. « Quoi qu’il arrive, le PC n’explosera pas » , tente de rassurer celle qui est depuis 2001 la secrétaire nationale du Parti.

Et la campagne pour Marie­George Buffet, c’est avant tout faire barrage au vote utile. « Le vote utile, c’est moi » , martèle-t-elle en direction des électeurs de gauche qui sont tentés d’« assurer » la présence de la candidate socialiste au second tour. Aux fonctionnaires, aux étudiants, aux salariés en grève, la candidate explique qu’ « un bon score pèsera sur la politique du candidat qui sera finalement élu » . Qu’il faut faire bouger la gauche, « toute la gauche » , en re­donnant des forces au Parti communiste. « C’est ce qu’on a réussi à faire avec le non à la Constitu­tion européenne » , explique Marie-George Buffet, qui ne cesse de faire référence – avec un brin de nostalgie – à cette grande victoire électorale.

Mais qu’elle aborde ce sujet et « LA » question ré­currente émerge à tout coup : « Pourquoi éparpiller les forces de cette gauche antilibérale ? Pourquoi une candidature Buffet, mais aussi Besancenot, Laguiller, Bové ? » , s’inquiète Laurent, étudiant, ou Pierre, fonctionnaire territorial. Pour les autres candidats, la faute en revient au PCF, qui voulait bien d’une candidature unique… à condition qu’elle soit incarnée par Marie-George Buffet. « Je le regrette mais ce n’est pas moi qui ai pris la décision, se défend avec constance la candidate. C’est la Ligue communiste révolutionnaire qui a quitté en octobre dernier les collectifs antilibéraux, parce qu’elle refuse d’envisager de travailler avec les socialistes. »

La candidate de la « gauche populaire et antili­bérale » , ancienne ministre des sports de Lionel Jospin, a toujours dit, elle, qu’elle appellerait à voter Ségolène Royal si cette dernière parvenait au second tour. Quant à la participation du Parti communiste au gouvernement… À David, étu- diant à Créteil, qui lui demande quelles seraient ses conditions, Marie-George Buffet fait l’énumé­ration suivante : « Une vraie réforme de la fiscalité prévoyant le triplement de l’impôt sur les grandes fortunes ; l’augmentation de l’impôt sur le revenu et sur les sociétés ; la mise en place d’une nouvelle démocratie sociale donnant davantage de place aux associations et aux organisations syndicales et surtout, surtout, le positionnement par rapport à l’Europe, c’est-à-dire la méthode envisagée pour retrouver une marge de manœuvre au sein de l’Union européenne en vue de mener de grandes réformes de gauche. »
D’après Marie-George Buffet, la candidate socialiste est encore loin du compte : « Elle ne nous parle ni de réorienter l’Europe, ni d’une vraie réforme de la fiscalité, ni d’un vrai changement institutionnel. » Quant à son idée de doter chaque foyer français d’un drapeau bleu-blanc-rouge à agiter tous les 14 juillet, c’est peu dire que la can­didate communiste n’a pas apprécié. « Quand j’entends ça, je me demande s’il y a encore une gauche dans ce pays » , se désole-t-elle.

Avec Marie-George, en tout cas, c’est à gauche toute. La patronne du PCF veut un smic à 1 500 € net, tout de suite ; l’augmentation de 10 % de la grille des indices de fonctionnaires ; la retraite à 60 ans, voire à 55 ; le budget de l’éducation nationale porté à 7 % du PIB et celui de la cul­ture à 1 % ; la création d’un vrai service public de la dépendance pour les personnes âgées ; l’instauration d’une allocation d’autonomie pour chaque jeune ; l’école obligatoire jusqu’à 18 ans ; le plafonnement du coût du logement ; des recrutements de professeurs mais aussi de psychologues et d’assistantes sociales à l’école ; la création d’un « pôle financier public » chargé d’aider les entreprises investissant dans l’in­novation et la recherche. « On me dit qu’il n’y a pas d’argent, or les entreprises du CAC 40 ont accumulé 100 milliards d’euros de profits l’an dernier.

Et que dire des 564 milliards d’euros de richesses nouvelles dégagées dans notre pays en une année ? Ou encore des 65 milliards d’exonéra­tions de charges sociales accordés aux entreprises, sans le moindre contrôle ? » Marie-George Buffet ne perd pas une occasion de sortir ces chiffres fétiches de sa manche et d’attaquer les « grandes entreprises » qui font rendre gorge à leurs filiales et gâtent leurs actionnaires au lieu de financer la recherche. « Regardez Airbus ! enchaîne la candi­date. Lagardère et Daimler se sont fait un argent fou avec l’A320 mais quand il faut investir pour l’A380 ou l’A350, il n’y a plus de sous !

Et la seule chose à faire serait de baisser les effectifs ? ! » Dans la ligne de mire de Marie-George Buffet, il y a donc les grandes entreprises et… Nicolas Sarkozy. C’est son obsession. « Tout sauf Sarkozy ! Il faut empêcher à tout prix que cet homme prenne les clés de la République. » Les voix, elle va donc les chercher une à une. À Ivry, près de Paris, le 26 mars dernier, elle en a gagné deux. Celle d’Henri, « gaulliste de gauche » , qui pense que « Madame Buffet » est capable de toucher doré­navant « les classes moyennes percutées à leur tour par la crise » . Et celle d’Huguette, agent hospita­lier, qui « regarde toutes les émissions de télé et ne savait vraiment pas pour qui voter jusque-là » .

REPÈRES Communiste depuis toujours >> Née le 7 mai 1949, Marie-George Buffet est mariée et mère de deux enfants. Engagée au PCF durant ses années étudiantes, elle travaille ensuite comme employée dans une mairie communiste. Elle conquiert son premier mandat électif en 1977 comme adjointe au maire de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). Dix ans plus tard, elle entre au comité central du PCF, puis au bureau national en 1994. Élue députée de Seine­Saint-Denis en 1997, elle est aussitôt nommée ministre de la jeunesse et des sports de Lionel Jospin. >> En 2001, elle succède à Robert Hue comme secrétaire nationale du PCF. Elle cherche à ouvrir le parti à la gauche mouvementiste mais échoue à faire accepter sa candidature présidentielle par les collectifs antilibéraux. Représentante du seul PCF, elle se bat pour faire mieux que le score de 3,37 % de Robert Hue en 2002.

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Messages

  • Que répondre à cet article,qui mèle habillement ,il est vrai morceaux de vérité et manipulation:exemple parmi d’autres MG.Buffet a été désignée par + de 66% des collectifs antilibéraux ,mais cela les lecteurs de la Croix ne le sauront pas ! MG.B sera la seule candidate du PC.Elle est brillante dans ses interventions ,mais enfin elle est Communiste,Le Parti communiste se renforce tant idéologiquement que par le nombre des ses militants,mais les lecteurs de la Croix sauront qui est moribond.

    Assimilant souscription et soutien au Parti à je ne sais quelle quête pratiquée dans les lieux de culte,les lecteurs de la Croix ne sauront que les seules finances du Parti Communiste sont les cotisations,les ristournes des élus et le soutien des militants et sympatisants.Ces lecteurs pourront même imaginer je ne sais quel financement obscur...

    Toute la question est :reste-t- il encore un journaliste honnête,capable d’écrire un papier objectif ?Sans doute les rédactions et directions des médias font-ils pression,mais le courage qui désigne l’authentique ,celui qui se détache du lot ?Hélas ,trois fois hélas, je ni crois plus.

    Roger bretagne

  • Pas Star-Académie, Marie George BUFFET parle vrai, et cela change des autres candidats. Oui, il faut évité que Monsieur SARKOZY puisse être élu, c’est un danger pour la France et tous ces habitants. Je crois que MGB, répond bien à ce que doit être une campagne, avec des explications aux problèmes de tout les jours.