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Massacre du 8 Mai 1945

Publie le mercredi 9 mai 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

SACI BENHAMLA. Président de l’Association du 8 mai 45 de (...)
« Le four crématoire dans notre mémoire et dans nos archives »

El Watan, 12 mai 2005

Saci Benhamla, président de l’Association du 8 Mai 45 de la wilaya de Guelma, est un militant acharné de la cause des martyrs de cette triste et douloureuse date pour les Algériens.

Nous l’avons sollicité de nous parler du four à chaux d’Héliopolis, village situé à trois kilomètres de la ville de Guelma, sur la route de Annaba. En ce temps-là, tous savaient, et les témoins rescapés de ces massacres savent que le four à chaux se trouvant sur les terres de Marcel Lavie, industriel, délégué financier, a été utilisé comme four crématoire. Il servait à Marcel Lavie pour la fabrication de la chaux. Il avait aussi une minoterie et une unité de fabrication de pâtes alimentaires. Ce four à chaux était géré par un Maltais. Au début des massacres de mai 1945, ce sont les militants nationalistes qui étaient abattus, puis les civils armés, constituant des groupes de quelques miliciens, tuaient qui ils voulaient, s’en donnaient à cœur joie. A été donné par André Achiary le feu vert pour les exécutions sommaires, les tueries collectives un peu partout à travers la région de Guelma. On ne s’embarrassait pas de jeter les cadavres dans des fosses communes. Les bien-pensants ou les commanditaires de ces massacres se sont rendu compte qu’ils allaient commettre une grave faute, comme si leur conscience, à supposer qu’ils en eussent une, les avait dérangés. Et cette conscience ou ce qui lui ressemble ou d’un autre genre ou celle de tueurs - qui sait ? - leur a sûrement dicté le fait de déterrer les cadavres des fosses communes et de les brûler pour ne pas laisser de traces de ces massacres. Serait-ce dû à la peur de la presse américaine surtout et un peu au travail de la commission d’enquête conduite par le général Tubert, laquelle d’ailleurs n’a en quelque sorte rien vu ni rien entendu. Elle a parlé de quelques émeutiers algériens qui ont tué des Européens. Elle a éludé les massacres de milliers d’Algériens innocents...

Donc, le four à chaux est dans la mémoire collective ?

Il est dans notre mémoire collective et dans nos archives. D’ailleurs il y a un autre fait non moins étrange : une mise en scène a été montée à Guelma, précisément au square Maréchal Pétain. Eh oui ! à Guelma, on était pétainiste. Donc au milieu de ce square, trois ou quatre jours après celui de l’Armistice, on a exposé 11 cercueils hermétiquement clos pendant plusieurs jours, faisant dire qu’il y avait dedans des cadavres de colons, ayant tristement fait les frais de sauvages Algériens, et faisant dire aussi qu’on ne pouvait pas les enterrer parce que le cimetière chrétien était encerclé par des émeutiers. Cela, bien entendu, pour inciter les civils non convaincus pour plus de vengeance et de représailles. Cela prêterait à rire si la chose n’imposait pas le recueillement. Car, comment quelques émeutiers, comme ils disaient, pourraient-ils encercler le cimetière, si toute la ville était assiégée par la milice, la police, la gendarmerie et l’armée, si le premier Arabe qui montrait le nez dehors était abattu comme un canard ?

Nous remercions vivement Saci Benhamla pour sa collaboration à la confection du numéro spécial sur le 8 mai 45.

A. Boumaza

Les massacres du 8 mai 1945, une date douloureuse pour les Algériens
Four à chaux, four crématoire

Lorsqu’à propos du four à chaux d’Héliopolis transformé en four crématoire, nous leur disons qu’il y en a qui en doutent, certains témoins rescapés des massacres du 8 mai 1945, qui d’ailleurs en ont réchappé in extremis, esquissent d’abord une sorte de sourire énigmatique, comme s’ils n’ont pas compris la question.

Puis, la souffrance ravinant leur visage, ils commencent à parler, irrités qu’ils sont par le fait que 60 ans après cet innommable génocide, on leur sort une grande trouvaille ! Pour eux, il y avait eu tellement de morts que depuis on répète automatiquement cette phrase : « Celui qui n’est pas mort le 8 mai 1945, ne mourra jamais ! » Salah Oubad se souvient d’avoir à lui seul « enterré 450 cadavres tout autour de la ville, dans sept lieux : la carrière d’El Hadj M’barek, Kef El Boumba, les deux côtés du petit pont de Millésimo (Belkheir), sur la route de Gounod (Aïn Larbi), sur la route de Sedrata, le long des rails où l’on enterrait, après les avoir exécutés, les voyageurs des trains arrivant de Tunis ou d’Alger ». On les jetait dans des fosses communes, puis on les saupoudrait de chaux, et enfin on damait le sol. Terrible ! Hamed Tadjine, 96 ans, indépendantiste de la première heure, avait participé à la manifestation du 8 mai 1945. Honnête, il dit dans son témoignage qu’il n’a dû son salut que grâce à la clémence d’un policier juif, oui, juif ! On ne peut être aussi probe ni aussi correct. Voilà ce qu’il dit à propos du four à chaux : « Mon gendre, qui travaillait dans les Ponts et Chaussées, me transmettra le fait que dans les camions, qui servaient au transport des gens qu’on arrêtait, il y avait des traces de sang. Cela s’explique par le fait qu’après qu’on avait abattu les gens, on les transportait de nouveau pour les emmener au four à chaux de Lavie, d’autant plus qu’on avait entendu parler de la venue d’une commission d’enquête. Pas de traces des massacres ! » Un autre témoin nous dira : « Si on n’a pas utilisé le four à chaux de Marcel Lavie comme four crématoire, on n’a qu’à nous rendre nos morts pour qu’on les réinhume selon nos croyances et nos traditions, où qu’on nous oriente sur le lieu exact où ils sont enterrés. » D’autres témoins diront que « la commission d’enquête du général Tubert n’a vu que du feu, n’ayant, semble-t-il, même pas parlé de ces massacres d’Algériens ». Evoquant cette commission, l’un d’eux a préféré nous citer un adage populaire : « Qui est ton témoin, chat ? Ma queue, répond-il. » Pour un autre, « on ne veut pas croire les témoins ? La chose est très simple, il suffit d’analyser les cendres qui restent toujours au four. On doit croire quand même à la science. » Selon Saci Benhamla, président de l’Association du 8 mai 45 de la wilaya de Guelma, à sa connaissance, de ces milliers de morts, un seul a été inhumé dignement dans un cimetière, celui d’El Hadj M’barek, grâce à la diligence des frères du défunt ; il s’agit de Mohamed Regui, propriétaire (marié à une Européenne), abattu en pleine place publique. Sur l’épitaphe, il écrit : « Mohamed Regui, décédé le 8 mai 45. » Par ailleurs, dans le n° 12 du 9 juin 1945 de Les Echos de Guelma, un entrefilet fait ressortir qu’ « une délégation de la population de Guelma ayant à sa tête M. Maubert, maire de la ville, s’est rendue le 29 mai à la sous-préfecture pour remettre à M. le sous-préfet Achiary une adresse de sympathie signée par 850 chefs de famille de Guelma et de sa région, (...) lui exprimant la reconnaissance inaltérable de ses administrés pour sa magnifique attitude pendant les journées d’émeutes ainsi que leur attachement à sa personne ». Suit le contenu d’un « télégramme portant mention de cette adresse de sympathie (qui) a été d’autre part adressé au général de Gaulle ». L’on se demande pourquoi André Achiary avait besoin de ce soutien, s’il n’avait pas quelque chose à se reprocher, si on ne le lui reprochait pas ?

A. Boumaza

http://www.algeria-watch.org/fr/art...

Messages

  • Outre tous ces drames passés et commémorés, je constate que le nouveau p. n’était pas là. Comment devons-nous lire cette absence ?

    Par ailleurs, on exige que tous les enfants soient présents à l’école malgré les ponts de ce mois de mai, et je vois que le fils de NS, lui a pu s’absenter de l’école ! 2 poids, 2 mesures ? j

  • "Pas de repentance pas d’autoflagellation, faut arreter de se retourner vers le passé colonial, ’y en assez...........etc........"
    ce sont les declarations du nouveau présidnet de la république, et celles de tout ses petits copains politiques telque Lelouche, Copé, Debré, Devédjian coté UMP, et tous les intellos médiatiques comme Marseilles, Finkelkraut, BHL, et j’en passe...
    On continue à occulter tous les massacres du temps des colonies sous prétexte que notre generation n’y est pour rien, donc la mémoire est uniquement pour certains (les choisis) mais pas pour les bougnouls, voilà un état de faits trés clair, deux poids et deux mesures même dans la mort et la souffrance.

    Jusqu’a quand l’amnesie generale et totale sur notre passé coloniale ?

    Citizenman.nl