Accueil > La CFDT renvoie la balle aux élus. Le syndicat propose de faire payer les (...)

La CFDT renvoie la balle aux élus. Le syndicat propose de faire payer les collectivités.

Publie le mercredi 3 mars 2004 par Open-Publishing
1 commentaire

Par François WENZ-DUMAS

« C’est à l’Etat de financer la politique culturelle, pas à la caisse
d’assurance chômage. » François Chérèque, secrétaire général de la CFDT
a CFDT se rebiffe. Invité hier matin sur RTL, son secrétaire général
François Chérèque a proposé que l’on crée une « caisse complémentaire », qui
prendrait en charge les avantages spécifiques liés au régime des
intermittents du spectacle. « Si l’on veut aller plus loin dans le
financement de la politique culturelle et des intermittents, a-t-il exposé,
on la finance par le milieu professionnel : utilisateurs des intermittents,
producteurs, sociétés de production audiovisuelle, mais aussi collectivités
locales. »

Cette proposition « est très sérieuse, assure-t-on à la CFDT. Et comme ça,
les élus UMP, socialistes ou communistes, qui viennent en rangs serrés
réclamer une renégociation de l’accord sur les intermittents, verront ce que
coûtent les avantages spécifiques que nous avons obtenus pour eux.
Jusqu’ici, c’est l’ensemble des salariés du privé qui payait. Maintenant, ce
sera eux. » Et le coût sera élevé (lire ci-contre).

« En plein délire ». Avec cette proposition de « caisse complémentaire » pour
les intermittents, la CFDT veut ainsi renvoyer la balle aux politiques.
François Chérèque avait déjà opposé la semaine dernière une fin de
non-recevoir aux demandes de réexamen des accords sur les intermittents,
signés le 26 juin et le 7 juillet derniers. « Nous ne sommes ni demandeur ni
partant pour ouvrir de nouvelles négociations », avait-il sèchement répliqué.
Hier, le numéro 1 de la CFDT en a remis une louche : « C’est à l’Etat de
financer la politique culturelle, pas à la caisse d’assurance chômage »,
a-t-il lancé, estimant qu’on était « en plein délire ».

Le fait que le ministre de la culture Jean-Jacques Aillagon ait accepté de
recevoir hier une délégation du Comité de suivi de la réforme de
l’intermittence a particulièrement agacé François Chérèque. Ce comité est
constitué par des syndicats non signataires de l’accord (CGT,
Sud-Spectacle), la Société des réalisateurs de film (SRF), une organisation
d’employeurs (Syndeac) ainsi que des élus de tout bord - dont Marie-Josée
Roig, députée-maire UMP d’Avignon, Etienne Pinte, député-maire UMP de
Versailles, Noël Mamère, député-maire (Verts) de Bègles, et Jack Ralite,
sénateur (PCF) d’Aubervilliers. Le 25 février, ce comité de suivi avait
présenté un « contre-projet » de réforme du statut des intermittents, que
Jean-Jacques Aillagon a demandé à l’Unedic d’expertiser.

Pour François Chérèque, le contre-protocole devrait faire long feu, car,
selon lui, il « ramène le système à la situation antérieure », qui creusait le
déficit du régime d’assurance chômage. A l’Unedic, on rappelle que si un
nouveau dispositif a été mis en place, c’est que l’ancien creusait le
déficit de 100 millions d’euros supplémentaires chaque année, pour atteindre
en 2003 près de 1 milliard d’euros.

La proposition de créer une caisse complémentaire qui ne serait plus
financée par les cotisations chômage est catégoriquement rejetée par les
porte-parole du comité de suivi. « On assiste depuis plusieurs mois à une
convergence de vues entre la CFDT et le Medef », estime Claude Michel,
délégué de la fédération CGT du spectacle : « Leur logique est d’isoler le
régime des intermittents, et nous sommes résolument opposés à cette idée. »
Le comité se montre également très réservé sur la suite des consultations
que Jean-Jacques Aillagon a décidé d’entreprendre.

Marathon. Le ministre de la Culture doit recevoir le 8 mars la CGT, Syndeac
et l’Unedic. Le 9 mars, ce sera au tour de la CFDT, de la CFTC et de la CGC,
tous trois signataires des accords de l’été. Le 11 mars suivra Force
ouvrière, non signataire, et, le 15 mars, les associations professionnelles.
Le marathon se conclura le 19 avril par l’audition du Conseil national des
professions de spectacles, qui regroupe l’ensemble des partenaires
concernés.

Messages