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Peux-t-on embrigader Eric FROMM dans l’abstinence sexuelle ?

Publie le dimanche 27 mai 2007 par Open-Publishing
6 commentaires

Peux-t-on embrigader Eric FROMM dans l’abstinence sexuelle ?

Voici un exemple pris sur doctissimo ou l’abstinence sexuelle ne semble pas signifier absence de masturbation mais chasteté autrement dit absence de rapports sexuel avant le mariage. Ce qui revient à survaloriser à fétichiser l’intitution du mariage et derrière le patriarcat.
 http://www.doctissimo.fr/html/sexua...

Dans "L’art d’aimer", le psychiatre américain Erich Fromm ne dit pas autre chose : "Parce que la plupart des gens associent en esprit le désir sexuel et l’idée de l’amour, ils en arrivent facilement à la conclusion erronée qu’ils sont mutuellement amoureux lorsqu’ils se désirent physiquement" (…), or "le désir sexuel peut être stimulé par l’angoisse de la solitude, par l’espoir de conquérir ou d’être conquis, par la vanité, par le souhait de blesser et même de détruire". Préserver sa virginité avant le mariage réserve aux partenaires la découverte commune de l’autre et la construction d’une sexualité épanouie.

Les propos d’Eric FROMM dans son ouvrage "l’art d’aimer" prennent il est vrai une tournure rigoriste . Une lecture superficielle pourrait y trouver une apologie des couples simplement cohabitants . C’est qu’Eric FROMM se réclame de Spinoza pour critiquer la passivité du "tomber amoureux" au profit d’une démarche active du "prendre soin" véritable signification de l’amour. S’il distingue assez classiquement l’amour du désir, il ne va pas cependant pas jusqu’à dire que le "prend soin de " ou "avoir de l’attention et de la sollicitude pour" ne doit pas passer par une sexualité épanouie.

Je crois que le "tomber amoureux" (1) peut avec le temps et une démarche active déboucher sur un réel amour et non sur le clone des cohabitants sans tendresse (2) Reste la question de la sexualité et du désir : le désir est là tant mieux, il est absent tant pis mais le désir et la sexualité fait partie de la vie. Une absente totale et durable de désir et de sexualité peut déboucher - ce n’est pas une fatalité - sur une dépression c’est à dire une forme de vie limitée, rabougrie. Or Eric FROMM a fait l’apologie d’une philosophie de la vie. Il ditingue même dans "le coeur de l’homme" les caractères biophiles - amour de la vie - et nécrophiles - amour de la mort. Se protéger à tout prix de ses désirs sexuels peut entrainer un "durcissement du coeur" que Fromm stigmatise comme d’orientation nécrophile et sadique.

1 - LE "TOMBER AMOUREUX"

Contre la solitude, solitude réelle ou solitude dans le couple ou la famille, certains ou certaines cherchent activement un(e) partenaire. D’autres non . Ils ou elles préfèrent la surprise de la rencontre amoureuse. Cela laisse encore à penser qu’ils attendent "la surprise", ce qui sans doute modifie l’effet de surprise. Mais peu importe ici. Mon propos est le "tomber amoureux" (et secondairement sa transformation en amour).

Je vais l’aborder positivement car le « tomber amoureux » a été critiqué notamment par E Fromm au nom du concept spinozien de la passivité. Il est des individus, hommes ou femmes, hétéro ou homo, jeunes ou vieux, qui ne sont jamais vraiement « tombés amoureux » conjointement, ensemble . Il n’ont donc jamais connu cette expérience partagée de transcendance, cette surabondance de joie et de bonheur, ce surcroit de vie autant que de « plus-jouir » (Lacan) . Et celles et ceux qui l’ont connu n’ont pas toujours pu ou su le faire vivre, ce qui est autre chose. L’amour n’est pas un long fleuve tranquille.

Cela va peut-être étonner mais c’est à Freud et non à Misrahi que je recours pour expliquer cette avantageuse émotion fusionnelle qui, si elle perdure, va se métamorphoser en amour En effet la référence à la tendresse est présente dans toute l’œuvre freudienne. Mais la tendresse n’est qu’un élément de la « love map » (ou « sexual-maps » selon Money) traduit en « carte du tendre » par Jean-Didier Vincent. Un texte de Freud, en 1912, « Deuxième contribution à la psychologie de la vie amoureuse. » distingue à ce propos nettement deux courants dans la psycho-sexualité, le courant tendre et le courant sensuel et érotique . Si l’amour ne se réduit pas à la sensualité, il ne peut pas non plus totalement l’éliminer. On ne peut tout sublimer.

Le temps opère passage de la passivité du "tomber amoureux" à l’amour actif ("se tenir dans l’amour"selon Fromm). Si l’émotion relève de formes explosives de l’affectivité , les sentiments participent eux de phénomènes affectifs plus tempérés, plus stables (J Maisonneuve) . Mais les premiers états affectifs perdurent, et la passion s’inscrit alors dans la durée . L’émoi initial est entretenu, par des rites notamment (Neuburger), portant sur les deux désirs amoureux (R Barthes) /le pothos/, désir de l’amant absent et /l’himeros/ désir plus ardent pour l’amant présent.

Revenons alors à l’émoi initial . /"Par quels indices ténus, subliminaux, les deux partenaires sentent-ils la correspondance ?"/ La magique rencontre amoureuse se traduit par la rencontre de deux « cartes du tendre ». C Chiliand précise que /« la sexualité de chacun a des particularités idiosyncrasiques, que nous appelons « cartes du tendre » . Elles incluent les particularités de l’excitation sexuelle, de sa montée et de sa résolution finale, le choix du partenaire et la formation du couple/ » La rencontre amoureuse opère l’ajustement, si difficile bien souvent, des deux ordres de la psycho-sexualité de chacun(e), homo ou hétéro, celui du désir érotique et celui de la tendresse. Car, comme l’écrit Pasini "/pour certains la tendresse est la "rampe de lancement de l’érotisme" pour d’autres elle ressemble à un doux somnifère. Elle entre alors en conflit avec l’érotisme qui implique non seulement jeu et communication, mais aussi surprise et transgression"./

La rencontre amoureuse favorise donc au travers du plaisir sexuel "une synthèse du corps et de l’esprit" (R Misrahi) d’une part par une confluence paradoxale tendresse/animalité et d’autre part par fusion réconciliatrice ou même parfois régénératrice . Une confluence paradoxale car la sensualité ne peut se manifester qu’à l’égard de personnes /rabaissées /dit Freud et les cliniciens qui le suivirent . Ainsi tel homme est puissant avec des prostituées et impuissant avec des femmes estimées . Fusion réconciliatrice de "la mère et de la putain", de l’estime et de la vulgarité et même relativement régénératrice car les problèmes « sexuels » éventuels liés à la dissociation de la tendresse et de la sensualité peuvent disparaitre.

Alors rédemption de la rencontre amoureuse ? Si "la passion amoureuse implique un investissement corporel et fantasmatique total dans un sensualité libéré de la peur, de la posséssivité, des scrupules perfectionnistes et de la volonté de dominer/" alors il ne faut pas attendre de la rencontre amoureuse un miracle. Mais G Tordjman met-il peut-être la barre un peu haut ? Reste que la rencontre amoureuse n’efface pas tout le passé et ne peint pas nécessairement "en rose" l’avenir . Ce que les psychanalistes entendent trop souvent, notamment P Babin, c’est la blessure "/de femmes bafouées, de femmes violées, de violences sexuelles faite par les hommes sur les femmes"/ Mais il ne s’agit plus là d’amour, mais d’invitation au combat pour l’égalité des sexes.

Christian DELARUE

2 - LES COHABITANTS : AUCUNE PASSION, PEU D’AMOUR *

pris sous un texte - Les passions de l’amour - posté sur Bellaciao
 http://www.bellaciao.org/fr/article...

Qu’est-ce qu’un couple de cohabitants ?

Il est des couples, cohabitants ou non, qui s’aiment amoureusement plusieurs années durant. Ils entretiennent une vie amoureuse plus ou moins intense source de grand bonheur.

Un couple simplement cohabitant partage un lieu d’habitation - partiellement ou totalement, comme couple marié ou comme couple compagnon – mais l’amour tendre a déserté le couple depuis longtemps, voire n’a quasiment jamais existé.

Ces couples ont pu s’être engagés par intérêt du moins sans être réellement amoureux de l’autre. Autre raison : le maintien en couple se justifiera « pour les enfants » (parfois pour la maison). Le motif "enfants" est souvent « un alibi pour préserver une coexistence pseudo-conjugale arrangeant le quant-à-soi de chacun ».

« Les couples qui s’éloignent sans se séparer, qui cohabitent sans coexister amoureusement... se sont souvent unis sous les signe de l’amour du semblable plutôt que sous le signe de l’amour de l’autre ».

Si l’absence de sexualité dans le couple est un signe de couple simplement cohabitant la présence d’une sexualité ne suffit pas pour autant à dire qu’il y a plus que de la simple cohabitation.

Tout cela ne signifie pas que le couple de cohabitants ne connaît pas le bonheur, mais il s‘agira alors plus d’un bonheur de contentement que d’un bonheur sublime qui illumine la vie du couple aimant. De plus le couple de cohabitants risque fort de connaître des jalousies ou des infidélités. Car dans la vie un d’un tel couple les périodes moroses ne sont pas rares et génèrent une aspiration à « autre chose » qui forme une disponibilité à la rencontre amoureuse.

Lak

3 - POUR DES RELATIONS SEXUELLES LIBREMENT CONSENTIES ET SANS NORME

Un texte de Monique AYOUN

Qu’est-ce qu’une sexualité épanouie ?

Les sexologues sont d’accord : il n’y a pas de norme. « Une sexualité réussie ne se mesure pas au nombre d’orgasmes » assure Xavier Boquet. Philippe Brenot renchérit : « Cela varie selon les individus. Certains s’épanouissent dans le couple monogame, d’autres dans des relations multiples. L’important réside dans la liberté d’exprimer ses désirs ou ses fantasmes sans qu’il soit forcément nécessaire de les réaliser. La non-contrainte de l’autre est essentielle à l’épanouissement sexuel. En clair, c’est très bien si tout est permis, mais à condition que les deux partenaires en aient autant envie » Selon Robert et Claire Gellman, une sexualité épanouie « est tout simplement une sexualité qui ne génère pas de frustration. Ce qui suppose de pouvoir établir avec le partenaire une bonne communication où chacun peut tenir compte des désirs et limites de l’autre en respectant ses propres désirs et limites. Cela suppose également de pouvoir se départir des a priori normatifs, et de s’intéresser plus à la qualité de la relation amoureuse qu’à la compétitivité, la réussite ou l’échec. »

Autres références :

 Aimer d’amitié. L’amour véritable commence avec l’amitié de Jacqueline KELEN - Robert LAFONT

 "Libres extraits de "Qui est l’autre ?" (de Robert MISRAHI) par Christian Delarue*
http://rennes-info.org/Libres-extraits-de-Qui-est-l-autre

 La "mère" et la "putain"
 http://bellaciao.org/fr/article.php...

Erich Fromm "L’art d’aimer"

Colette Chiliand "Le sexe mène le monde" Calman Lévy

Robert Neuburger "Nouveaux couples" O Jacob

Robert Misrahi "Qui est l’autre ?" A Colin

Docteur Gilbert Tordjman "Le couple : réalités et problèmes" Hachette

"Eloge de l’intimité" Willy Pasini Payot

"La fabrique du sexe" Pierre Babin Textuel

Messages

  • Apparemment, toutes ces formes d’amour qui intéressent les psys restent bien dans le cadre défini par la morale religieuse et administrative imposée par les sociétés judéo-chrétiennes, à savoir un COUPLE, marié, pacsé, concubin, cohabitant ou non, quelle que soit sa composition hétérosexuelle ou homosexuelle, pas une personne de plus, l’amour à deux refermé dans l’exclusion.

    Les trios amoureux qui ont résisté aux pressions sociales et les nombreuses communautés issues des réfugiés de la guerre d’Espagne , communautés sexuelles de cohabitants élevant leurs enfants en commun sans père ni mère biologiques définis ( juste administratifs à l’état-civil), sont toujours restés dans la clandestinité à cause du retour officiel épisodique, dans les pays occidentaux, de l’"ordre moral" et de l’intégrisme religieux, chaque avancée libératrice étant suivie d’un recul. La nomination de Dame Boutin ne va certes pas arranger les choses dans ce domaine .

    • Chais pas de quels psy tu parles . Parce que ce texte avec des citations mises bout à bout est d’une totale obscurité.

      Freud lui a toujours affirmé que la sexualité était un obstacle à la civilisation dans la mesure où elle était rebelle à l’imposition de normes. Quant aux communautés sexuelles élevant leurs enfants en commun, à partir du moment où cela devenait ou deviendra une règle sociale, j’imagine que certains faisaient ou feront des choix amoureux qui échappent à cette contrainte !

    • 14 THESES CONTRE LE PATRIARCAT

      Extraits issus de :
      Changer la société : c’est aussi une question de vocabulaire

      http://www.ecologielibidinale.org/fr/miel-vocabulaire-fr.htm

      Jetons à la poubelle de l’histoire les concepts et le vocabulaire
      du patriarcat et de la répression sexuelle

      Notes : certains mots peuvent avoir plusieurs sens, nous ne considérons ici que le sens pertinent par rapport à notre problématique.
      La liste qui suit est loin d’être exhaustive. N’hésitez pas à nous fournir d’autres définitions.

      1 *MARIAGE*, divorce, époux(-se), conjoint(-e), fiancé(e), entremetteur(-teuse), devoir conjugal
      Le mariage est l’institution clé du système patriarcal, capitaliste
      et réactionnaire. C’est l’union de deux personnes de sexe opposé,
      mais aussi l’union de deux familles ou clans.
      Les caractéristiques originales du mariage patriarcal sont les
      suivantes : Les partenaires sont choisis par les familles (on parle de mariage
      arrangé, généralement par le biais d’un ou une entremetteuse). Le
      mariage fait l’objet d’une transaction financière (dot ou achat)
      impliquant les familles.
      Il est un contrat financier (permettant la mise en commun de biens
      et leur transmission, donnant droit à des avantages fiscaux), un
      contrat moral (les époux s’engagent à une exclusivité sexuelle, un
      partenaire ne se peut refuser sexuellement à l’autre, il doit
      accomplir le "devoir conjugal") et un sacrement religieux qui
      renforce l’engagement moral (l’engagement est contracté pour la
      vie). Les futurs époux (les fiancés), au moins la femme, doivent
      être vierges* avant leur mariage. Les enfants portent le nom du père.

      Les règles du mariage se sont parfois assouplies en fonction de
      l’évolution des sociétés (choix des futurs époux, possibilité de
      divorce, de remariage, abandon de la virginité, caractère facultatif
      du sacrement, répression du viol au sein du mariage, transmission du
      nom de la mère, extension à des personnes de même sexe...).
      Toutefois ces aménagements ne peuvent changer la nature
      fondamentalement réactionnaire de cette institution.

      2 *MONOGAMIE*(-andrie), polygamie(-andrie)
      Ces termes n’ont de sens, pour l’être humain, que dans le cadre du
      mariage*, il définissent les possibilités pour l’un des partenaire
      de contracter plusieurs mariages simultanément. Dans ce cas
      l’exclusivité sexuelle est à sens unique.
      Les défenseurs du mariage hétérosexuel monogamique prétendent que
      l’exclusivité sexuelle à vie est naturelle et s’appuient sur
      l’exemple d’espèces animales ayant ce comportement. Or tous les
      types de comportements sexuels se rencontrent chez les animaux y
      compris l’homosexualité.
      Quand à la polygamie rencontrée dans les sociétés patriarcales, elle
      est l’application d’une domination sexuelle des hommes sur les femmes.

      "La vie sexuelle monogamique exige un dur labeur de préparation.
      Tout le plaisir érotique extra et prégénital est canalisé dans
      les voies de la procréation, c’est à dire de la reproduction de
      la force de travail , nécessaire au capital." Jean-Marie Brohm,
      in l’introduction à "La lutte sexuelle des jeunes" de Wilhelm Reich

      3 *FAMILLE*
      La famille patriarcale autoritaire est la structure de base du
      système social. Toutes les forces politiques réactionnaires ont pour
      priorité de défendre la "Famille" et la natalité.
      Cette famille se compose d’un couple hétérosexuel marié et de ses
      enfants. Le père est dépositaire de l’autorité, il a parfois droit
      de vie et de mort sur son épouse et ses enfants. Les époux se
      doivent d’avoir des enfants qu’ils devront élever dans le "droit
      chemin", c’est à dire de leur transmettre les règles et les valeurs
      de la société. La famille est le lieu privilégié de la reproduction
      de la structure sociale autoritaire ainsi que de la névrose.

      "Ainsi par la famille se maintient et se perpétue à travers les
      générations la répression sexuelle qui sert de fondement à la
      soumission des masses, à l’anéantissement du sens critique, à
      l’angoisse de transgresser l’ordre établi, à la culpabilité du
      bonheur, toutes choses qui garantissent la solidité de l’état
      capitaliste et de son appareil répressif." Jean-Marie Brohm, in
      l’introduction à "La lutte sexuelle des jeunes" de Wilhelm Reich

      4 *FIDELITE*, adultère, cocu, tromper, volage
      La fidélité consiste à appliquer l’exclusivité sexuelle au sein d’un
      couple (marié ou non). L’infidélité est en général un élément de
      conflit essentiel au sein des couples. L’infidélité est un fait
      suffisant pour obtenir le divorce dans le cas d’un couple marié, il
      est aussi une circonstance atténuante (permettant parfois
      l’acquittement) dans le cas ou celui qui est trompé (le cocu)
      assassine son conjoint (on parle dans ce cas de "crime d’honneur*").
      Volage est un synonyme d’infidèle en moins péjoratif.
      L’adultère (infidélité dans le cadre du mariage*) n’est pas
      seulement une rupture du contrat moral du mariage, c’est aussi un
      péché* capital et parfois un crime puni de mort pour les femmes.
      L’infidélité de l’homme est généralement une moindre offense que
      celle de la femme et elle peut être même parfaitement admise si elle
      s’exerce avec une prostituée (d’où l’age d’or des bordels européens
      au XIX^ème siècle.) On admet dans ce cas un "besoin" sexuel de
      l’homme qu’il ne peut toujours satisfaire avec son épouse. Ce besoin
      par contre est dénié aux femmes.

      "Le mariage bourgeois et le bordel sont indissociables, ces deux
      institutions sont aussi exécrables l’une que l’autre." Michel
      Leiris, Journal.

      "Le bonheur d’un homme marié dépend des femmes qu’il n’a pas
      épousées." in Une femme sans importance, de Oscar Wilde
      "Les hommes se marient parce qu’ils sont las ; les femmes parce
      qu’elles sont curieuses ; les deux sont déçus." in Le Portrait
      de Doryan Gray, de Oscar Wilde

      5 *AMANT*, maîtresse, concubine
      Désigne un ou une partenaire sexuelle d’une personne vivant en
      couple, en dehors du couple. Cette notion n’a de sens que par
      rapport une notion de couple supposant l’exclusivité sexuelle.

      6 *JALOUSIE*
      Sentiment éprouvé par celui ou celle qui ne supporte pas l’idée que
      son partenaire sexuel habituel puisse avoir des relations sexuelles
      ou sentimentales avec une autre personne. Ce sentiment se fonde sur
      le désir d’une exclusivité sexuelle c’est à dire d’une relation de
      possession et de contrôle de l’autre. La jalousie est souvent la
      motivation des meurtres au sein des couples (dits alors "crimes
      passionnels <http://mp1pm.ouvaton.org/mp1pm-marie.htm> " - à propos
      du meurtre de Marie Trintignant, sur le site du MP1PM).
      Lire aussi une petite chanson sur ce thème : "petit propriétaire
      <http://www.ecologielibidinale.org/f...> ."

      7 *HONNEUR*, déshonorer, compromettre la réputation
      La notion patriarcale et puritaine de l’honneur est notamment
      attachée au comportement sexuel de la femme. Une femme qui a une
      relation sexuelle hors mariage* (consentie ou non) se déshonore et
      déshonore également sa famille (parents) et son mari (si elle est
      mariée). Elle s’expose alors a une punition allant de l’exclusion à
      la mort. Il est à noter que dans les sociétés les plus patriarcales, une
      femme violée est non seulement déshonorée mais aussi considérée
      comme responsable (par immodestie*) et donc exécutée comme adultère*.
      Être vue en compagnie d’un homme autre que parent proche ou mari
      peut compromettre la réputation d’une femme, c’est à dire jeter un
      soupçon d’immoralité* sur son comportement. Ceci peut suffire dans
      certaines sociétés à lui faire subir le châtiment réservé aux femmes
      "déshonorées".

      8 *PECHE*, mauvaise vie, impure, immoral
      Une femme de mauvaise vie (qui "vit dans le péché") est une femme
      qui a des relations sexuelles en dehors du mariage (qu’elle soit
      mariée ou non). La notion de péché introduit la morale religieuse
      (le bien , le mal) dans les relations sexuelles.

      9 *FILLE FACILE*, salope, pute
      Insultes et qualificatifs dévalorisant visant toute femme qui
      s’adonne avec plaisir à la sexualité, notamment en variant les
      partenaires sexuels. Une femme ainsi dévalorisée et méprisée (sans
      honneur*) sera alors l’objet privilégiée de sollicitations sexuelles
      violentes de la part des machistes et peut être parfois violée
      impunément.
      Dans les schémas patriarcaux, la femme ne peut être que "mère"
      ("chaste et pure") ou "putain". ("Toutes des salopes sauf maman"
      entends-on répéter dans les cours de récréations.)
      A l’inverse un homme qui multiplie les "conquêtes" féminines sera
      parfois valorisé comme "séducteur".

      10 *VIERGE*, virginité, immaculé, pureté, souillure
      Vierge se dit d’une personne n’ayant jamais eu de relation sexuelle.
      L’usage du terme immaculé indique bien que la sexualité est ici
      considérée comme une tâche, une souillure.

      Voici un fait divers qui s’est déroulé en France dans les années
      80 : un garçon avait réussit à inviter chez lui une jeune fille
      très timide pour prendre le thé. Lorsqu’il essaya de
      l’embrasser, elle paniqua et se mit à crier. Voulant la faire
      taire le garçon eu un geste violent et maladroit de la main qui
      brisa la trachée de la jeune fille. A son enterrement les
      parents de la jeune fille ont disposé une couronne mortuaire sur
      laquelle on lisait /"morte plutôt que d’avoir été souillée"/.

      La virginité est "le bien le plus précieux" d’une jeune fille, son
      honneur* y est attaché (celle qui a conservé sa virginité est dite
      "pure"). Lorsque la virginité est requise pour le mariage, la femme
      qui a eu des relations sexuelles ne peut se marier, elle est rejetée
      par la société et le plus souvent obligée de se prostituer pour
      survivre. Le caractère physiquement vérifiable de la virginité chez
      les femmes (hymen) les place bien évidemment en situation de
      désavantage par rapport aux hommes. A noter que dans ces sociétés il
      existe un métier bien particulier : celui de recouseuse de virginité !

      On peut penser que l’importance accordée à la virginité avant
      mariage, prolongée par l’exclusivité sexuelle dans le mariage, est
      liée à l’incertitude dans laquelle se trouve l’homme par rapport à
      la paternité : cette exclusivité sexuelle lui garanti en effet que
      les enfants nés de sa femme sont bien les siens, ce qui est très
      important pour la transmission du patrimoine.
      De plus cette exclusivité sexuelle assure au mari que sa femme
      n’aura pas de point de comparaison et ne sera pas ainsi tentée de
      chercher un meilleur "amant".

      La survivance de l’importance de la virginité dans certains milieux
      de notre société (exemple : la "bonne société" Versaillaise) conduit
      certaines jeunes filles à avoir des rapports sexuels basés sur la
      sodomie pour préserver leur hymen : l’hypocrisie grotesque de ce
      concept éclate en plein jour !

      11 *PUDEUR*, modestie, honte
      La pudeur consiste à dissimuler ce qui est honteux ou intime : son
      corps et ses sentiments (de nature amoureuse). L’enseignement de la
      pudeur (ou "modestie" pour les jeunes filles) est une des
      principales façon de réprimer durablement les pulsions sexuelles
      (qui sont considérées comme honteuses) des jeunes.
      Les formes les plus extrêmes de pudeur (courantes au XIX^ème siècle
      et jusqu’au milieu du XX^ème siècle dans certains milieux sociaux)
      vont jusqu’à interdire aux femmes la vision de leur propre corps :
      elles se lavent alors vêtues d’une chemise.
      Les puritains désignent généralement les organes génitaux par la
      périphrase "parties honteuses".
      En art, la figure de la "Vénus pudique" est une représentation d’une
      femme nue dissimulant à l’aide de ses mains sa poitrine et son
      entrejambes. *chasteté*, abstinence
      L’abstinence sexuelle est valorisée (au moins lorsqu’elle concerne
      les femmes) dans les milieux patriarcaux et religieux. La chasteté
      est souvent imposée aux représentants de la religion. Les
      perturbations psychiques et corporelles qu’elle entraîne sont
      favorables aux "délires mystiques" mais conduisent aussi aux
      perversions et crimes sexuels.
      Chaste est parfois utilisé comme synonyme de pudique. Est chaste une
      personne ou une relation qui ne donne pas prise aux fantasmes sexuels.

      12 *PLATONIQUE*
      se dit d’une relation amoureuse d’où les contacts sexuels sont
      volontairement absents. Les partenaires s’astreignent à la chasteté
      par timidité (répression intégrée de leur propre sexualité), pour ne
      pas commettre de péché* (adultère ou relations sexuelles avant le
      mariage) ou pour conserver leur virginité*.

      13 *LUXURE*, permissivité
      La luxure est un péché* capital qui consiste à s’adonner aux
      fantasmes ou activités sexuelles sans retenue. Les puritains
      stigmatisent ce qu’ils appellent la "permissivité" (la liberté
      sexuelle) en lui attribuant tous les maux sociaux (crimes et
      perversions sexuels, violence, régression de la "morale"...)

      14 *CONTRE NATURE*
      Est dite "contre-nature" toute forme de sexualité non strictement
      hétérosexuelle. Ce qui est évidemment absurde au regard des
      situations variées rencontrées dans le règne animal.

      Pour en savoir plus sur la déconstruction des catégories de genre, lire le livre de Monique Wittig "La pensée straight", 1992. Fiche de lecture <http://www.mix-cite.org/bibliothequ...> sur le site de Mix-cité.

      <http://www.ecologielibidinale.org/f...>

    • Ce vocabulaire parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître dans cette société occidentale : Virginité, Chasteté, fidelité : la réalité est qu’il y a de plus en plus de naissances hors mariage, de plus en plus de divorces ( 1 couple sur 3 à Paris), de plus en plus de pacs. Comme le disait José Arthur, d’une manière provocante " il n’y a plus que les homosexuels qui réclament le mariage" !

      Enfin le patriarcat précède le capitalisme : l’échange des femmes entre clans a été décrit il y a fort longtemps par Levi-Srauss.
      Et la conception du mariage fondée sur l’amour et non sur la possession des biens est même une particularité des sociétés occidentales.

    • LA GRACE AMOUREUSE ELEVE l’être humain

      Il ne s’agit pas ici de l’expérience d’une grâce divine qui vient d’en haut. Non il s’agit d’une grâce humaine ordinaire qui part d’en-bas, du corps et de l’âme humaine. Car derrière le regard et le timbre d’une voix c’est l’âme humaine que l’on rencontre et c’est la grâce humaine qui nous frappe.

       EXPERIENCE DE GRÂCE : LA VOIX ET LE REGARD comme point de départ. d’une transcendance ou plutôt d’une ascendance.

      Au-delà d’un éventuel effet physique, qui peut toujours survenir, ce qui importe de comprendre c’est l’effet de grâce global généré par la rencontre amoureuse première. La voix et le regard de l’autre ont un effet de grâce qui va au-delà de la séduction ordinaire. La voix et le regard reflète l’âme et s’adresse au cœur et à l’âme de l’autre.

      Cet effet a une double dimension : une dimension corporelle car inscrite profondément et durablement dans le corps comme attachement (donc bien au-delà d’un effet sexuel) et une dimension de valeur sacrée et transcendante qui place la relation au-delà du présent et du vulgaire. Le fait que cet effet ait été réciproque mais aussi et surtout durable légitime le fait que cette relation relève indéniablement de l’amour et non du coup de foudre "sans travail" ou de l’aventure sans lendemain ou du "prendre soin" dans le cadre un peu froid des cohabitants "familialement correctes".

       COMPREHENSION COMPAREE : Théologie et philosophie matérialiste de la grâce.

      D’abord que disent les chrétiens sur la grâce : "La grâce ne s’éprouve pas seulement passivement. Accueillie comme un don, la grâce nous invite à la faire rayonner à travers notre esprit et notre corps ; à l’exprimer par nos attitudes et nos pratiques, et pas seulement par la parole. L’expérience de la grâce ne se limite pas à des émotions ou à des états d’âme. C’est quelque chose de profond qui transforme et renouvelle la conscience, le corps et le mode de vie de ceux qui l’accueillent".

      Je serais assez d’accord pour reprendre ce passage à condition de préciser que pour un athée matérialiste (1) le "haut" ne préexiste pas pour descendre ensuite sur les humains. C’est le processus inverse qui se produit. Les humains, comme Icare, produisent leur propre élévation et transcendance. "Icare fabrique ses ailes, monte, puis tombe ; l’âme de Platon perd ses ailes, tombe puis remonte"(2).

      Christian DELARUE (signé alors sous le pseudonyme de Leo Jogiches, compagnon de Rosa Luxembourg)

      1) Je m’inspire ici de la philosophie du matérialisme d’André COMTE-SPONVILLE notamment son "Traité du désespoir et de la béatitude" T1 Le mythe d’Icare, T2 Vivre.

      Grâce à A C-S je peux relier deux penseurs que je fréquente en amateur Erich FROMM et son rigoriste ouvrage « L’art d’aimer » et R. MISRAHI, plus précisément celui qui s’est fait le philosophe de la rencontre amoureuse.
      Cf. « Libres extraits de "Qui est l’autre ?" » (de Robert MISRAHI), par Christian Delarue
      http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=47492
      http://rennes-info.org/Libres-extraits-de-Qui-est-l-autre.html

      2) "Traité du désespoir et de la béatitude" p85 dans la version PUF Quadrige