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Pathétiques ! : Face à ce paysage dévasté de la gauche, la LCR a de nouvelles responsabilités.

Publie le lundi 28 mai 2007 par Open-Publishing
15 commentaires

de Daniel Bensaïd et Samuel Johsua universitaires, militants de la LCR.

C’est le grand mercato des transferts de printemps, la braderie des girouettes, le festival des retournements. Cette débâcle intellectuelle et morale n’est certainement pas finie. Pathétique, François Hollande pleurnichant sur le débauchage de ses infidèles. Pathétique, le Parti communiste négociant au rabais sa survie parlementaire. Pathétique, José Bové, acceptant une mission royale sans même attendre le second tour de la présidentielle.

Plutôt que de se lamenter sur la concurrence déloyale de la droite, les dirigeants socialistes feraient mieux de se demander comment une telle confusion des valeurs et des sentiments est devenue possible.
Débauché, Kouchner ? Fidèle à lui-même, il défend simplement aujourd’hui dans un gouvernement de droite le néocolonialisme humanitaire qu’il prêchait hier dans un parti de gauche. A force de jouer à qui privatise le plus, de rivaliser dans le lyrisme cocardier, d’opposer l’ordre juste à juste l’ordre, de communier dans le oui à l’Europe libérale et à « la concurrence non faussée », la frontière est devenue plus que poreuse entre une droite démagogique et une gauche du centre.
Le prix à payer pour ce Bad Godesberg rampant sera d’autant plus lourd que Sarkozy a été sous-estimé. Son programme consiste à parachever la démolition méthodique du droit du travail, des services publics ; à mettre le mouvement syndical au pas, et la France au diapason de la contre-réforme accomplie par Thatcher et Blair en Angleterre, engagée en Allemagne par l’agenda 2010 de Gerhard Schröder et poursuivie depuis par Angela Merkel avec l’appui de la social-démocratie, conduite par le centre gauche de Romano Prodi en Italie. Dès le soir du 6 mai, le Medef a manifesté sans retenue un enthousiasme éloquent.

Sarkozy démontre cependant une capacité virtuose à brouiller les cartes, non seulement par la mixité idéologique de son gouvernement, mais aussi par son habileté à jouer sur les divisions du salariat, à opposer « ceux qui se lèvent tôt » à ceux qui sont censés se prélasser sur le mol oreiller de l’assistanat, à encourager le chacun pour soi et le tous contre tous. A l’heure des bilans, on pourra constater l’énorme bluff de l’entreprise. Le centre suscite désormais bien des convoitises. Les prétendants au rôle de charnière se bousculent. Mais le Modem de François Bayrou ne sortira pas très gaillard de l’élection législative et la restauration annoncée d’un centre radical recomposé prendra du temps. Le Parti socialiste a donc l’occasion d’achever sa blairisation pour prendre le leadership de ce recentrage généralisé. Ce recentrage alignera le Parti socialiste français sur le gros de la social-démocratie européenne. DSK et Ségolène Royal postulent à conduire cette mutation. En prenant déjà date pour 2012, l’ex-candidate confirme son intention d’utiliser le jeu institutionnel pour prendre à revers les éléphants, comme elle l’a fait pour sa campagne de 2007. Face à cette évolution programmée, les velléités de « garder la vieille maison » dureront ce que durent les roses, l’espace d’un congrès, tant la voie est étroite pour un socialisme keynésien dans les contraintes du pacte de stabilité et des institutions européennes.

Face à ce paysage dévasté de la gauche, une gauche 100 % à gauche, aussi fidèle aux exploités et aux opprimés que la gauche light de gouvernement leur fut infidèle, est à reconstruire. Il y faudra de la clarté, de la patience et du courage.

Le déplacement vers la droite du paysage électoral ne reflète pas l’état réel des rapports de forces. Ni la crise sociale, ni la crise institutionnelle, ni la crise du projet européen ne sont résolues. La riposte aux attaques annoncées par le gouvernement doit s’organiser. Face à une gauche soluble dans le centre, la présence d’une force anticapitaliste, unitaire dans la mobilisation et intransigeante sur ses principes, est plus que jamais nécessaire. Après les élections législatives viendra le temps de la réflexion et des redéfinitions. Le politologue Stéphane Rozès constate que « l’antilibéralisme idéologique » n’a pas su se transformer en « anticapitalisme politique ». La formule est confuse, mais c’est bien un tel pas que le mouvement social, né des grèves de 1995, de la mobilisation de 2003 sur les retraites, de la campagne du non de gauche au traité constitutionnel, de la révolte des banlieues ou de la victoire contre le CPE, doit franchir, s’il veut échapper à la spirale des capitulations et des redditions qu’illustrent le gouvernement Lula au Brésil ou celui de Prodi en Italie.

Il ne s’agit pas de surenchère, mais de partir de ce qui est nécessaire à une gauche de gauche. Au « travailler plus pour gagner plus », il faut opposer un travailler moins pour travailler tous et vivre plus. Aux manoeuvres visant à faire adopter un traité constitutionnel européen allégé, il faut opposer le mandat du 29 mai 2005 en faisant de l’harmonisation sociale et fiscale un préalable à tout nouveau traité. Au renforcement de la logique bonapartiste présidentielle, il faut opposer la convocation d’une nouvelle Constituante démocratique. A la « refondation sociale » du Medef, il faut opposer la défense des services publics et de la protection sociale. A l’ingérence humanitaire casquée, il faut opposer la solidarité entre les peuples. A l’égoïsme identitaire et généalogique, la citoyenneté, l’égalité des droits, la régularisation des sans-papiers. Oui, « Nos vies valent plus que leurs profits » ! La logique du despotisme de marché, de la concurrence de tous contre tous, de la privatisation du monde, et celle des solidarités, du partage des richesses, du service public et du bien commun inappropriable de l’humanité sont inconciliables.

La LCR a désormais de nouvelles responsabilités. Si la campagne de Ségolène Royal fut inconsistante, c’est que le social-libéralisme est une impossible quadrature du cercle. Comme on ne change pas une ligne qui perd, un choeur assourdissant, soutenu par les éditorialistes du Nouvel Observateur, de Marianne ou de Libération, demande pourtant de persévérer dans la ruée au centre et exige que soit conduite à son terme la mue libérale du socialisme français. La clarification qui s’opère à gauche oblige plus que jamais à choisir. Soit un approfondissement de la logique bipartite ­ renforcée par le quinquennat ­ et la satellisation accentuée autour d’un PS aligné sur la social-démocratie européenne, soit le regroupement autour d’un projet réellement anticapitaliste, écologiste, féministe, 100 % à gauche. C’est à cette tâche que la LCR entend contribuer.

http://www.liberation.fr/rebonds/256435.FR.php

Messages

  • Exemple d’article de la pensée de la LCR, Pathétique.

    Vive le grand soir !

    jmp-38

    • Et un article de plus pour tenter de nous faire perdre pied !! Il manque la création d’un parti de plus ou un embrion de plus !!

      Autant je suis devenu imperméable aux informations des journaux officiels du capital avec leur relais Sarko, autant ce genre de commentaire ne me fait plus ni chaud, ni froid.

      J’ai entendu MGB ce matin sur france-inter mais franchement nous sommes hors du temps officiel et tant mieux quand on l’entend et que l’on voit ce genre d’article...

      Galou des Landes

    • qu’est-ce qui est pathétique ? De plus en plus de personnes sont d’accord avec cette brève analyse et attendent ou veulent aider la LCR à construire cette alternative,cette résistance. Avant de crier aux loups ou de clamer des "vive le grand soir" ironiques ,on balaie devant sa porte. Ce qui est pathétique c’est que la ligue n’y arrivera pas seul et ceux qui sont sensé constuire une nouvelle gauche de gauche (le PCf entres autres ),ne propose rien si ce n’est la folle èsperance de voir le PS devenir un parti révolutionnaire çà c’est pour les vrais crédules du pc alors que les autres n’en n’ont rien à foutre ( pathétique les pleurnicheries de Buffet au PS). Le problème avec le PC c’est que ce n’est ni un parti communiste ni un parti révolutionnaire et cela depuis quasiment sa création. On sait que vous êtes des gens responsables vraiment aux services des travailleurs,la preuve cela fait 20 ans que vous cogérer l’état avec le PS et la droite ,pour qu’elle résultat 1,9% aux élèctions. Allez encore un ptit effort et vous intégrerer le MoDem. çà c’est vraiment pathétique. Maurice de strasbourg.

    • si la gauche fusionne !.... soit les poules auront des dents....ou je croirai au pere noel....ALORS JE DEVIENS le nouveau pape (ou il aura droit a la retraite !) malgre que je suis antireligion-croyances-sectes ! vive marx meme s´il est mort . salut jean-francois dieux

  • Oc ,

    l’article que tu nous proposes , et d’une incroyable autosatisfaction de la part de la LCr .

    Au milieu du champs de ruine , ne reste qu’un groupe , qui ne prend meme pas la peine , l’espace de trois lignes , de se demander , et nous , qu’avons nous fait pour éviter ce naufrage ?

    Tous responsables à gauche , bien sur , sauf la LCR !

    Si vous comptez refonder , il va quand meme etre nécéssaire , comme pour tous les autres , que vous vous interrogiez sur vos propres lacunes , responsabilités , voir meme fautes .

    salutations ,

    claude de Toulouse .

  • Libération n’est pas n’importe quel journal. Pour entrer dans ses colonnes il faut, soit, comme Hue, glisser des peaux de bananes sous les pieds de MGB, soit caricaturer ce repaire de renégats de la LCR qu’est devenu la PS, dans toute sa globalité !

    Un spectre hante "Libé", celui de l’union de la gauche, surtout sur une base anticapitaliste. Il ya toujours de la place dans ces colonnes pour combattre cet hydre ! Peu importe l’angle d’attaque, et pour cela les 4% de OB sont les bienvenus !

    CN46400

  • Quelques questions bassement techniques... (je sais, c’est méprisable)

    Existe-t-il, dans notre histoire, de grandes avancées (pas des freinages de plans de régression !) sociales (Sécu, code du travail...) qui n’aient pas été avalisées par "le législateur" ?

    Dans n’importe quel pays, combien de temps une coalition hétérogène prend-elle pour devenir viable et législativement productive ?

    Dans l’état de fragmentation actuel de la gauche, chacun peut-il (sans croire au père Noël) faire comme si les autres organisations étaient bonnes pour la poubelle, et s’imaginer créer rapidement un rassemblement viable et puissant ?

    Après l’expérience en vraie grandeur autour du nouveau (bref ?) chargé de mission de Madame "La" (brève) candidate des médias, peut-on encore fermer les yeux sur l’hétérogénéité, souvent anti-parti, des militants qui avaient contribué à la victoire du Non ?

    Pouvons-nous encore faire comme si nous ne subissions pas le piège du double vote ""utile"", alors que nous avons tous des connaissances qui, hélas, y succombent ?

    Quel est le mode de scrution en France ?

    Avec ce mode de scrutin, combien de décennies un mouvement met-il à devenir moteur (c’est mieux que frein sporadique !) ?

    Quelle chance un mouvement absent de toutes les instances élues, a-t-il de devenir plus crédible (médias n’aidant pas du tout !) auprès de tous ceux que nous voulons et devons convaincre ?

    Comment passer sans transition (ou avec quelle sorte de transition ?) du refus prolongé (voire chronique...) de toute participation "compromettante" (ou décrétée telle) au pouvoir, à un pouvoir (législatif entre autres...) qui introduise effectivement de nouveaux droits politiques et sociaux ?

    Sur la base de quelles théories et de quelles analyses, la politique de la table rase offre-t-elle la moindre garantie (ou le moindre espoir) de favoriser un développement "rapide" d’un mouvement anticapitaliste ?

    Peut-on se permettre d’oublier les caractéristiques du monde réellement existant dans lequel nous vivons, d’oublier que notre 93 n’est pas El Alto etc. ? Dans l’état où nous nous trouvons, ne devons-nous pas associer l’ambition de nos désirs et de nos projets à la modestie quant à l’efficacité des méthodes que nous préconisons ?

    Jean-François

  • La LCR dans sa démarche politique ressemble à s’y méprendre aux communistes cambodgiens

    (prétendus et présentés comme tels dans les médias occidentaux)

    qui ont perpétré le génocide que l’on sait contre leur propre peuple,il fallait liquider les néo

    sociaux libéraux, les socio traitres,seuls les khmers rouges avaient historiquement et

    idéologiquement raison !!!!

    Ne laissons aucun espace à ce type de sectarisme de la LCR qui est très dangereux pour notre

    jeunesse dans notre pays,ces gens sont des mystiques d’une pureté soit disant révolutionnaire

    qui n’est qu’un fascisme d’extrême gauche, c’est pour cela que la LCR est très généreusement

    portée par les médias de droite.

    Ne doit-elle pas sa présence à l’élection présidentielle à SARKOZY et à l’UMP ?

    La ligne politique actuelle de la LCR permet à la droite dure de justifier toutes les régressions

    sociales qu’elle s’apprête à faire rentrer dans les faits et à la LCR de justifier la sienne.

    Depuis plus de 70 ans d’existence de quels progrès et réformes peut se prévaloir la LCR ou le

    trotskisme dans notre pays ?RIEN,MOINS QUE RIEN,NUL, ACHI NUL !!!!

    RASPOUTINE

    • cher raspoutine, la lcr a fait plus de 5% je crois , alors ! il serait important que nous travaillons sur notre acquis , cad les adherents qui sont nombreux au pc et les votants qui sont nombreux a la lcr. moi je suis pres du pc-politiquement, mais il faut apprendre pour ce nouveau siecle - meme si ce n´est pas facile-de respecter une autre mouvance a gauche. SI ON VEUT FAIRE UN PARTI GAUCHE ;DANS CHAQUE PAYS-OU N´EN FAIRE QU´UN SEUL POUR L´EUROPE ! (a göööche du ps naturellement) salut j f dieux

  • "C’est à cette tâche que la LCR entend contribuer."

    C’est bien. Le verbe "contribuer" ouvre des passerelles, des ponts, voire des viaducs, mais dans l’espace anticapitaliste.

  • Pathétique, la Lcr.

    J’en ai trop vu au cours de ces derniers mois, au plan local, pour donner le mondre crédit à la LCR.
    Seuls quelques nombreux minoritaires ont su sauver leur dignité et préserver le possible.

    léo

  • Oui la LCR, vous avez de nouvelles responsabilités, entre autre celle d’assumer votre place et de mener à l’unité sans arrogance, en profondeur. Fallait pas faire des voix... (hi hi), maintenant c’est à vous de faire les concessions nécessaires.

    Copas

  • La responsabilité de la LCR, dans ce "champ de ruines", c’est d’avoir inauguré l’art de la fuite des collectifs, quand le mouvement en était encore dans sa phase ordganique. C’est maintenant de se poser en défenseur de la protection sociale et des services publics, acquis au travers d’une stratégie d’union de la gauche (1936, 1945) que par ailleurs ils rejettent par dessus tout. Dès 1936 il s’est trouvé des militants pour rejetter l’alliance PCF-SFIO- Radicaux. les mêmes qui aujourd’hui viennent donner des leçons politiques et de "responsabilités" eux qui les rejettent toutes. C’est un peu facile.
    Léon