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une exposition sur les sans papiers interdite par un élu ump

Publie le vendredi 15 juin 2007 par Open-Publishing
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EXPOSITION CENSUREE A LA PERRIERE (61), NOUS PROTESTONS !

L’exposition "Ceci n’est pas une prison" sur les centres de rétention pour
étrangers a été censurée par le maire de la Perrière.

Une expo très officielle

La Cimade est l’association qui a une convention avec l’Etat lui permettant d’intervenir dans les centres de rétention pour assister humainement et dans l’exercice de leurs droits les personnes étrangères retenues en attente d’expulsion du territoire français. Elle diffuse une exposition photographique intitulée "Ceci n’est pas une prison" où 33 photos et 4 panneaux explicatifs montrent et racontent la réalité de ces centres. Le collectif RESF/UCIJ* d’Alençon a déjà présenté cette exposition dans un centre social et dans un lycée. Des contacts sont pris avec d’autres lieux et le prochain est le bar "Le carnet de route" du 20 juin au 6 juillet. Le collectif libertaire de l’Orne, dont certains membres appartiennent à RESF/UCIJ, a décidé de présenter cette exposition à La Perrière, en collaboration avec l’association d’artistes Label Friche et dans les locaux de cette dernière.

Une censure très officieuse

Le maire de la Perrière, appuyé par son conseil municipal, a fait pression sur la Friche par l’intermédiaire de la communauté de communes, propriétaire des bâtiments de l’association, pour que cette expo soit décrochée. Elle dérogerait à la vocation artistique du lieu. Ce qui laisse entendre que les artistes (3 photographes professionnels en la circonstance) ont vocation à ne montrer que du beau qui ne dit rien. "Guernica" et "Le cri" ne seraient donc plus de l’art.

L’exposition ferait par ailleurs preuve de déviance intellectuelle. Montrer la réalité même quand elle n’est pas flatteuse est de la déviance intellectuelle ? Ou alors ne pas crier "Vive les expulsions ! Immigration sélectionnée !" avec l’UMP est de la déviance intellectuelle ? Ou peut-être est-ce tenir un
discours social et politique qui ne va pas dans le sens du consensus électoral majoritaire qui est de la déviance intellectuelle ? Peut-être est-ce l’affichage sur les murs de sa ville des noms UCIJ, RESF et collectif libertaire de l’Orne qui apparaît aux yeux du maire comme de la déviance intellectuelle ?

Réagissons !

Militant-es de la liberté de circulation et d’installation, et tout autant de la liberté d’expression, nous nous élevons contre cet acte de censure révélateur de cette société autoritaire qu’il est urgent de détruire et nous vous invitons à :

 exiger du maire de la Perrière que vive la liberté d’expression ( Jean Bernardeau, fax : 02 33 83 89 23, courriel : mairie.laperriere@wanadoo.fr)
 venir voir l’exposition, toujours à la Perrière, dans "l’atelier d’art", rue de la Grange où Label Friche l’a déplacée
 contacter votre groupe local de la Cimade pour que cette exposition soit
présentée dans le plus grand nombre de lieux possibles

Contactez-nous pour suivre cette affaire ou nos activités : libertaires61@no-log.org

*RESF : Réseau éducation sans frontière, lutte pour la régularisation des
parents sans-papiers des enfants scolarisés et pour celle des jeunes majeur-es scolatisé-es - Contact : 06 86 80 01 89
UCIJ : Unis contre l’immigration jetable, collectif constitué comme partout en France contre les lois Sarkozy qui ont limité encore plus l’immigration et le regroupement familial - Contact : 06 08 09 26 12

Pour les deux collectifs : collectifunis61@yahoo.fr

Messages

  • Lettre ouverte au Conseil municipal de La Perrière-au-Perche (Orne)

    « La censure est mon ennemie littéraire, la censure est mon ennemie politique.

    La censure est de droit improbe, malhonnête et déloyale.

    J’accuse la censure. »

    (Victor Hugo, Correspondance)

    Le 18 juin 2007

    Monsieur le Maire,

    Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux,

    Plusieurs communiqués et articles de presse m’informent que « Ceci n’est pas une prison », remarquable exposition photographique d’Olivier Aubert, David Delaporte et Xavier Merckx commandée et diffusée par la Cimade, aurait quitté le local intercommunal mis à disposition de l’association artistique Label Friche « suite (?) à une délibération votée à l’unanimité par le conseil municipal » !

    Si tel est effectivement le cas, croyez bien que je dénie toute légitimité à cette procédure pour le moins irrégulière – dont le caractère par ailleurs indigne, qui plus est, me scandalise absolument...

    La Cimade est une association œcuménique créée en 1939 pour venir en aide aux personnes déplacées et regroupées dans les camps du sud de la France. Elle a participé activement à la résistance contre le nazisme et au sauvetage des Juifs avant d’œuvrer pour la réconciliation franco-allemande, puis pour le développement des anciennes colonies et plus particulièrement de l’Algérie. En collaboration avec d’autres organismes (catholiques, protestants, orthodoxes et laïcs), elle se consacre aujourd’hui au développement solidaire dans les pays de l’Est et du Sud ainsi qu’au service des étrangers établis ou réfugiés dans notre pays.

    Depuis mars 2001, un décret de l’État français lui permet d’assurer l’accompagnement social et juridique des migrants et des demandeurs d’asile placés dans les centres de rétention administrative, y compris dans le cadre spécifique de la procédure d’éloignement du territoire national – mission d’assistance officielle à laquelle sont employés 38 de ses 105 salariés.

    En quoi les valeurs humanistes qui sous-tendent chacune des actions de cet organisme d’utilité publique auraient-elles pu porter atteinte, à votre avis, aux valeurs républicaines qu’il vous incombe de garantir sur le territoire communal ?

    En quoi 33 clichés représentatifs d’une réalité contemporaine (d’aucuns jugent la misère obscène, il est vrai...) augmentés de 4 panneaux pédagogiques précédemment exposés dans des universités, des lycées, des bibliothèques, des maisons de quartier, des centres sociaux et autres lieux aussi peu soupçonnables de « subversion politique » (sic) que de « déviance intellectuelle » (re-sic) auraient-ils pu corrompre, à votre avis toujours, d’innocents spectateurs ?

    Permettez-moi de vous rappeler ici (ou de vous apprendre, le cas échéant) que la liberté d’expression compte parmi les principes fondateurs de notre République... D’insister sur le fait que les artistes sont des citoyens à part entière (ne vous en déplaise !), et qu’il vous revient par conséquent de les protéger sans réserve aucune – comme il vous revient de favoriser pour tous, autant que la faible mesure de vos moyens l’autorise, un libre-accès vers l’art : au-delà de quelque considération partisane ou de quelque tentation discriminatoire que ce soit, et animé en tout cas par la seule intention de servir au mieux l’intérêt général...

    Sachez enfin que les actes de censure sont des attentats commis contre la démocratie – et que l’Histoire, à juste titre, les désavoue toujours.

    Si les prolongements de cette énième bévue (?) dépassent de beaucoup les limites de votre compétence (ce dont je ne disconviens certes pas), il n’en reste pas moins qu’une prise de position à ce point désavouable vous discrédite désormais aux yeux d’un plus grand nombre de personnes... et qu’elle vous déshonore de même.

    À défaut d’une Principauté de La Perrière que semblent tenir pour acquise – depuis longtemps déjà ! – ses édiles présomptueux, comment ne pas condamner la dérive autoritaire d’une équipe municipale ignorant manifestement des lois et des usages cependant en vigueur ?

    Et comment ne pas déplorer, pour conclure au plus simple, qu’un si joli village... soit en de si vilaines mains ?

    Veuillez croire, Monsieur le Maire,

    Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux,

    en ma pleine et entière consternation.

    J. C.

    Julien Cendres vit à La Perrière depuis 1992. Il est notamment l’auteur de À la splendeur abandonné suivi de La Censure, conversation avec Marguerite Duras (éditions Joëlle Losfeld/Gallimard, 2002).

    Julien Cendres - La Maison d’Horbé - 61360 La Perrière

    02.33.73.04.88 / 06.08.31.11.41