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Arrestation de Marina PETRELLA (dépéche Reuters)

Publie le mercredi 22 août 2007 par Open-Publishing

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Arrestation d’une ex-activiste italienne d’extrême-gauche

Reuters - Mercredi 22 août, 16h08

PARIS (Reuters) - La France a lancé une nouvelle procédure à l’encontre d’un membre de la communauté des anciens activistes d’extrême-gauche italiens, l’ex-"brigadiste" Marina Petrella, nouvelle étape d’un dossier diplomatique toujours brûlant entre les deux pays.

Le ministère de la Justice français a annoncé mercredi que cette ancienne membre des Brigades rouges, condamnée dans son pays pour des crimes de sang en 1992, avait été interpellée mardi dans le cadre d’une enquête pour "des faits de droit commun", dont la nature n’est pas précisée.

Retenue en vertu d’une demande d’arrestation provisoire délivrée par Rome, elle devait être présentée ce mercredi au parquet de Pontoise, pour un possible placement sous écrou extraditionnel, précise la place Vendôme dans un communiqué. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles devra statuer ultérieurement sur son éventuelle extradition.

La place Vendôme précise que lors d’un procès en appel qui s’est tenu en Italie "en sa présence", elle a été condamnée le 6 mars 1992 par la cour d’assises de Rome à la réclusion à perpétuité pour, notamment homicide sur agent de la force publique, tentative de séquestration et d’homicide, séquestration d’un magistrat, vol avec arme et attentats.

Sa condamnation est devenue définitive le 10 mai 1993, mais elle avait entretemps pu se réfugier en France. "Ce dossier est traité par la France sur le plan judiciaire comme toute autre demande d’extradition classique.

Il appartiendra à la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles de se prononcer sur la validité juridique des pièces fournies par les autorités judiciaires italiennes", dit le ministère français.

Les Brigades rouges, groupe le plus connu des "années de plomb" italiennes, avait notamment enlevé et assassiné en 1978 le président du Conseil démocrate chrétien Aldo Moro.

Il reste actif. Le dernier assassinat politique celui du professeur Marco Biagi, proche de la droite, remonte à 2002.*

"JURISPRUDENCE MITTERRAND"

Les anciens activistes d’extrême-gauche italiens sont réfugiés par dizaines en France, où ils ont longtemps bénéficié d’une immunité de fait, en raison d’une position exprimée par l’ancien président socialiste François Mitterrand.

Ce dernier avait annoncé qu’il refuserait d’extrader les Italiens ayant "rompu avec la machine infernale dans laquelle ils s’étaient engagés", position ensuite suivie par neuf gouvernements de droite et de gauche.
Le 4 mars 1998, le Premier ministre Lionel Jospin avait confirmé dans une lettre rendue publique qu’il s’y tiendrait. Le gouvernement Raffarin a rompu avec cette politique, notamment après une rencontre à Paris le 11 septembre 2002 entre les ministres de la Justice des deux pays, Roberto Castelli et Dominique Perben.

Cette politique nouvelle a conduit à l’extradition le 25 août 2002 de Paolo Persichetti, condamné à 22 ans de prison pour complicité dans l’assassinat du général Ligio Giorgieri en 1987.

C’est ensuite Cesare Battisti, ex-membre du groupe "Prolétaires armés pour le communisme", qui a été visé en 2004.

Alors que la justice française venait d’approuver son extradition, il a pris la fuite à l’étranger. Il a été arrêté le 18 mars dernier au Brésil, sur renseignement de la police française. Il attend depuis en prison dans ce pays son éventuelle extradition vers l’Italie.

La gauche française et les milieux de l’édition ainsi que de nombreux intellectuels ont pris la défense du fuyard, condamné à perpétuité pour homicides en Italie et qui s’était reconverti en France dans l’écriture de romans policiers.

Cette position fait scandale à droite comme à gauche en Italie. François Mitterrand avait en effet exclu explicitement de sa promesse les criminels de sang, souligne l’Italie, qui estime que ses jugements criminels doivent être exécutés.