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RACISME ET ANTIRACISME 2007

Publie le mercredi 29 août 2007 par Open-Publishing
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DEBATS ANTIRACISTES DU PRINTEMPS 2007.
( EN GUISE D’INTRODUCTION AUX DEBATS DE L’AUTOMNE. )

Il ne s’agit pas de tous les débats engagés par le MRAP mais seulement de ceux qui ont le plus retenu mon attention. Il y a d’abord eu les débat sur le racisme (I) puis les débats sur les réponses au racisme (II). Il s’agit de dominantes car évidemment il n’y a pas un cloisonnement étanche sur ces questionnements.

I - DEBAT SUR LES FORMES DU RACISME.

L’affaire REDEKER s’estompait mais la recherche sur "Les métamorphoses contemporaines de l’idéologie raciste" perdurait.

A) Le racisme de REDEKER et ses suites.

 Cette « affaire » a permis de dégager rigoureusement un racisme islamophobique qui n’a rien à voir avec la critique de l’islam. : L’essentialisation d’une religion combinée à l’essentialisation d’un peuple suffit pour dire ce n’est plus une critique de la religion, une opinion mais une insulte raciste.
Je renvoie à « Robert REDEKER : Distinguons son méfait de la menace qu’il subit ! » sur le blog chrismondial mais aussi sur bellaciao et yonne lautre http://www.blogg.org/blog-44839-dat...

 Le MRAP et les antiracistes ne sont pas pour la censure.
Cela devait être clarifié et précisé en 2007. Ainsi en matière de critique des religions deux textes permettaient de voir que je ne cédais pas à l’impérium du religieux et du sacré : l’un sur la liberté de critique de toute religion (4), l’autre sur le blasphème. Les principes affirmés par le MRAP en matière de blasphème lors de l’affaire des caricatures de Mahomet ont donné lieu à une recherche personnelle complémentaire (5)

B) Les métamorphoses contemporaines de l’idéologie raciste.

Pour ma part c’est une lecture (1) de Michel Terestchenko sur ces métamorphoses (in "Philosophie politique, tome 2 : Ethique, science et droit") qui a prolongé une réflexion (2) sur le combat antiraciste « non tribal » (3) du MRAP depuis 1977.
De fait, la conférence faite à Privas intitulée « Le racisme ? Où en sommes nous ? » ne faisait que reprendre les fondamentaux du MRAP donc « l’ancien racisme » (qui perdure) et le « nouveau racisme » en abordant les deux grandes formes contemporaines qui font débat à savoir la judéophobie et l’islamophobie .
Mais cette conférence n’abordait pas la thématique des « minorités visibles » (qui reste à « creuser ») et surtout n’intégrait pas le fait qu’au USA certains libéraux usaient de la revendication de « non discrimination raciale » pour revenir en arrière sur les conquêtes des années passées (d’après lecture d’un texte d’Eric FASSIN si je ne me trompe)

II – DEBAT SUR LES FORMES DE L’ANTIRACISME

A) Des statistiques raciales ou racistes ?

Au printemps 2007 le CA du MRAP a débattu des statistiques ethniques car une controverse apparaissait dans la presse entre défenseurs et adversaires des statistiques raciales. L’ensemble des interventions a bien souligné le fort danger de la subdivision de l’humanité en races même dans une intention de discrimination positive autrement dit de lutte antiraciste. Je crois que ce débat n’est pas clos. Néanmoins sur première commande j’ai rédigé un texte sur discriminations raciales / discriminations racistes (publié sous forme de brève sur Bellaciao : DISCRIMINATION RACIALE" ou DISCRIMINATION RACISTE. http://bellaciao.org/fr/article.php...)

B) « Politique identitaire » ou « politique minoritaire » ?

Distinguer clairement « politique identitaire » et « politique minoritaire » (6) est essentiel car cela permet un repérage sur ce qui constitue ou non un élargissement de l’horizon de la lutte antiraciste. En effet, « l’horizon de la politique identitaire c’est la question de la différence – du droit à la différence – celui de la politique minoritaire, c’est la référence à l’égalité » (7). La minorité reçoit une définition nouvelle : elle est « l’expérience partagée de la discrimination. ». Mais l’usage du terme « minorité » fait débat surtout pour son extension aux femmes subissant le sexisme.

C) Quid de la discrimination positive ?

Les USA ont pratiqué la discrimination positive avec un certain succès. Aujourd’hui, au nom de la lutte contre les discriminations la droite veut combattre les conquêtes antiracistes. Ce phénomène (à mieux étudier) suscite un intérêt renouvelé pour la discrimination positive. Sans vouloir promouvoir une telle politique en France je propose néanmoins de partir d’un argumentaire fort sérieux en défense et promotion de cette politique de discrimination positive, ce afin de dégager les faux débats récurrents sur ce thème Je pense au plaidoyer de. Patrick Le Tréhondat et Patrick Silberstein .

D) La nécessaire articulation du combat du MRAP avec les réponses altermondialistes et les politiques de transformation sociale.

 L’antiracisme libéral se borne à la promotion d’une égalité abstraite entre individus. Cet antiracisme de reconnaissance est nécessaire mais insuffisant car il ne remet pas en cause l’ordre du monde divisé en Etats et surtout en continents hiérarchisés économiquement et militairement et engagés dans le « choc des civilisation ». La raison d’Etat n’est pas la raison solidaire mais son inverse (cf. Jean ZIEGLER).
 L’antiracisme libéral se borne au respect de la propriété privée des moyens de production et l’ordre marchand généralisé qui ne satisfait que très peu les besoins sociaux des populations non solvables or le racisme frappe surtout les couches sociales défavorisées tant dans l’emploi que le logement ou l’accès à l’école ou aux soins.

Christian DELARUE
Membre du Bureau exécutif et du Conseil d’Administration du MRAP

1 - Lecture publiée en brève sur Bellaciao sous le titre "Le racisme comme anti-mouvement social ou la philosophie politique E RACISME COMME ANTI-MOUVEMENT SOCIAL OU LA PHILOSOPHIE POLITIQUE DE L’ANTIRACISME".
 http://www.bellaciao.org/fr/article...

2 – sous le titre « Le MRAP 1977- 2007 : contre le racisme sous toutes ses formes » publié sur rennes-info.org le vendredi 9 mars 2007 :
http://rennes-info.org/Le-MRAP-1977-2007-contre-le.html
Le racisme ? Où en sommes nous ? Christian DELARUE
 http://www.mrap.fr/interventions/ra...

3 - L’antiracisme non tribal est un clin d’œil à une contribution de Mouloud AOUNIT : « Contre l’antiracisme tribal » publié dans LE MONDE le 15.06.06.
 http://www.mrap.fr/interventions/mo...

4 - SUR LA LIBERTE DE CRITIQUE DE TOUTE RELIGION publié sur Bellaciao le vendredi 26 janvier 2007
 http://bellaciao.org/fr/article.php...

5 - LES BLASPHEMES DU MECREANT : Blasphème, démocratie et émancipation : un sujet délicat publié sur le site ATTAC France rubrique Démocratie et sur le site ESSF (Europe Solidaire Sans Frontière)
 http://www.europe-solidaire.org/spi...

6 – « De la question sociale à la question raciale ? Représenter la société française » sous la direction de Didier FASSIN et Eric FASSIN ; La Découverte 2006.

7 – Lire ici « Différences, discriminations, universalisme » par Antoine ARTOUS in « Dossier Discrimination » de Critique Communiste n°183. Antoine ARTOUS prend pour point de départ de son article le livre précité car il analyse « la représentation d’une France racialisée » ce qui constitue bien un fait nouveau à prendre en compte.

Messages

  • Les discriminations racistes comme « mal commun » des minorités dans le monde.

    Identité, minorité, communauté.

    Plutôt que de parler de « minorités visibles » à l’instar de ce qui nous vient du Canada, pourquoi ne pas évoquer non pas les minorités racisées mais les minorités discriminées ?

    Il s’agit là d’un débat entamé cet été au sein d’ ATTAC à Toulouse mais aussi un débat qui fait suite à celui engagé (au sein du MRAP au printemps 2007 cf .2) sur la légitimité des statistiques ethniques.

    Problème : le terme « minorité » peut être étendu aux femmes, ce qui a suscité et suscitera encore des réactions compréhensibles. Débat à poursuivre donc...

    Voici donc pour éclaircissement le texte que j’ai cité (mais non lu) à l’appui d’une intervention dans un débat d’un atelier de l’Université d’été 2007 d’ ATTAC à Toulouse.

    Christian DELARUE

    Secrétaire national du MRAP

    Membre du CA d’ATTAC France

    Voici l’extrait de : « De la question sociale à la question raciale ? Représenter la société française ». J’ai ajouté les deux sous-titres.

     1 - Egale reconnaissance des identités méprisées ou reconnaissance des discriminations : De la politique identitaire à la politique minoritaire.

    La perspective multiculturaliste qui prévaut en Amérique du Nord est fondée sur l’idéal d’une égale reconnaissance des identités méprisées, des cultures dominées, des communautés opprimées. Or, en France, aujourd’hui, et notre ouvrage (1) s’efforce de le montrer, l’enjeu est plutôt la reconnaissance, non des identités, mais des discriminations. Ce qui est reconnu, ou pas, ce qui doit l’être ou non, c’est le fait discriminatoire.

    La distinction n’est pas sans conséquence : elle nous fait passer de la politique identitaire à la politique minoritaire. En effet, qu’est-ce qu’une minorité ? C’est une catégorie naturalisée par la discrimination. Si les communautés ont en partage une culture, ce qui définit les minorités, c’est l’assujettissement d’un rapport de pouvoir. Il ne s’agit pas de les opposer, mais de les distinguer : la minorité à la différence de la communauté n’implique pas nécessairement l’appartenance à un groupe et l’identité d’une culture ; elle requiert en revanche l’expérience partagée de la discrimination. Les « Noirs » ou les « Arabes » en France, aujourd’hui, ont en commun, non pas la « race » mais le racisme.

    C’est d’ailleurs également vrai, en parallèle avec les questions raciales, pour les minorités sexuelles – les femmes confrontées au sexisme ou les homosexuels à l’homo phobie. Ce ne sont ni la nature ni la culture qui sont au principe de la minorité, mais la naturalisation, fût-ce dans le registre culturaliste, d’une catégorie sociale par des pratiques discriminatoires.

     2 - L’intérêt politique de ce déplacement.

    On entrevoit tout l’intérêt politique de ce déplacement. Tant bien que mal, la politique identitaire s’applique à constituer des coalitions entre communautés hétérogènes, dont chacune combat d’abord pour la reconnaissance de sa propre culture. En revanche, non seulement la politique minoritaire s’exprime plus aisément dans le registre universaliste de la lutte contre toutes les discriminations, mais en outre, elle est engagée dans une critique transversale des assignations normatives. Elle est donc ouverte non seulement aux diverses minorités, mais aussi à tous ceux qui, quand bien même ils pourraient trouver leur place dans la culture majoritaire, ne peuvent ou ne veulent pas se reconnaître dans un ordre racial dont les effets normatifs pèsent lourdement sur tous et pas seulement sur les minorités » (p251)

    1 De la question sociale à la question raciale ? Représenter la société française.

    Sous la direction de Didier FASSIN et Eric FASSIN

    La Découverte 2006

    Autre débat : MRAP tenir tous les bouts sur le blog chrismondial