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Nicolas Sarkozy veut enterrer le « modèle social français »

Publie le mercredi 19 septembre 2007 par Open-Publishing

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Nicolas Sarkozy veut enterrer le « modèle social français »
RÉFORMES | 01h52 Le président français s’attaque aux régimes spéciaux de retraite des fonctionnaires.

MATHIEU VAN BERCHEM | 19 Septembre 2007 | 01h52

Le temps de la Bête humaine et de l’horreur du rail est révolu. Les Jacques Lantier contemporains prennent leur retraite à 55 ans, pas plus éreintés qu’un employé de banque. C’est, en substance, le message de Nicolas Sarkozy, qui a demandé hier au gouvernement de « réformer sans tarder » les régimes spéciaux de retraite. Une question d’« équité ».

La semaine dernière, le président français avait poliment sermonné son premier ministre, visiblement trop pressé de lancer la réforme des régimes spéciaux. « Un peu de méthode ne nuit pas à la résolution d’un problème. » Sarkozy a proposé hier la sienne : réformer en bloc le « modèle social français », quitte à réformer en douce. Il en restera toujours quelque chose.

Premier volet, les régimes spéciaux. Soixante ans d’exceptions, qui font qu’un marin pêcheur, un employé de l’Opéra de Paris ou un cheminot de la SNCF partent à la retraite avant les autres. C’est « indigne », jugeait le chef de l’Etat il y a quelques jours. Toujours les mots qui frappent.

Mais « chaque statut gardera des éléments spécifiques forts », ajoutait-il hier. Toujours cette hantise des conflits sociaux, qui l’incite à lancer des négociations branche par branche.

Les 35 heures assouplies
La mission n’est pas impossible car seuls 500 ?000 actifs et 1,1 million de retraités sont concernés. Et 74% des Français sont favorables à cette réforme, selon une enquête publiée dans La Croix. En effet, le boulot de cheminot n’est aujourd’hui pas nécessairement plus pénible que celui de maçon d’une entreprise de travaux publics, qui doit cotiser quarante ans avant de toucher sa retraite.

Mais pourquoi tout niveler vers le bas, pourquoi faire encore « payer » les travailleurs quand les gros contribuables se voient protégés par un « bouclier fiscal » ?

Cette remarque, ce chuchotement syndical, est à peine perceptible dans une France gagnée par le sarkozysme. Il n’y a que l’éditorialiste Jacques Julliard pour penser, dans le Nouvel Observateur, que ces sacrifices devraient être compensés par une taxe, symbolique, sur les « stock-options ».

Nicolas Sarkozy ne s’arrête pas là. C’est tout le modèle social français qu’il souhaite repenser. « Le système n’est pas tenable financièrement. Il décourage le travail et n’assure pas l’égalité des chances. »

L’an prochain, le régime général des retraites sera revu, avec sans doute à la clé un nouvel allongement de la durée de cotisation. Et Sarkozy entend s’attaquer à un autre « fléau » hexagonal, le faible taux d’activité dans la tranche 55-65 ans. Les préretraites seront plus lourdement taxées et les dispenses de recherche d’emploi pour les chômeurs seniors progressivement supprimées.

Dans la même veine, l’assouplissement des 35 heures sera poursuivi et les discussions entre partenaires sociaux devront accoucher d’un nouveau contrat de travail. Sans cela, « l’Etat prendra les mesures appropriées ».