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Recomposition ou révolution ?

Publie le jeudi 20 septembre 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

de Jean-Paul LEGRAND

La fête de l’Humanité a commencé sous un soleil radieux, pas une ombre dans le ciel ! Les grands jours de la foule dans les allées de la fête. Chaleur humaine, solidarité, immense espace de fraternité, la fête de l’Huma n’est pas morte, le communisme non plus !

Partout des débats, beaucoup de débats. L’avenir de la gauche ? L’avenir des gens, de ce peuple qui cherche depuis des décennies une issue mais qui ne la trouve pas. Riposter à la droite est l’urgence, mais pour quoi faire à la place ? Quel projet progressiste ? Ce projet est-il l’affaire des Buffet, Besancenot, Hollande, Laguiller ? N’est-il pas d’abord et avant tout l’affaire des citoyens qui doivent trouver leur propre voie face à des partis qui n’ont pas su ou pas voulu travailler la question de la lutte de classes de notre temps. Sans théorie révolutionnaire, pas de parti révolutionnaire et encore moins de perspective de transformation créée par le peuple. Le parti communiste sous peine de disparaître ou de se muter en parti social-démocrate, doit être d’abord le parti qui démontre qu’il n’y a aucune issue avec le capitalisme, qu’il n’y a avec lui qu’une voie directe à la paupérisation des grandes masses d’individus à l’échelle planétaire et le gâchis immense des intelligences, des connaissances qui pourraient servir à l’émancipation si elles étaient libérées de la domination du capital.

Notre parti communiste doit rappeler l’analyse lumineuse et combien actuelle de Karl Marx qui nous aide à la compréhension du développement du capitalisme et du rôle des classes pour que la transition vers une civilisation humaine soit œuvre démocratique des gens dans leur immense diversité. Cela n’a pas grand chose à voir avec une recomposition à gauche sans ambition, sans portée émancipatrice, sans grandeur révolutionnaire.

La France, patrie de la déclaration des Droits de l’Homme, possède une classe ouvrière dont l’histoire est une ressource fabuleuse pour les combats qui nous attendent, l’épopée de la résistance nous le démontre, le souvenir de Guy Môquet nous l’enseigne. Une classe travailleuse qui souffre non seulement des bas salaires, de la précarité, du mépris, mais surtout de sa division, de la déculturation entreprise par les grands groupes médiatico-idéologiques, de la crise politique de la gauche qui a elle-même renié son histoire et ses origines en acceptant trop souvent l’assimilation honteuse et falsificatrice entre stalinisme et communisme .

Pas de parti révolutionnaire, sans théorie révolutionnaire : cela commence dès maintenant, dans les quartiers populaires, les entreprises.

Il est nécessaire d’abord de créer les conditions pratiques pour que les habitants, les salariés, se rencontrent, partagent leur réflexion, préparent une riposte politique, mais non politicienne, à l’agression du pouvoir Sarkozyste. Une riposte qui se construise dans l’action avec de premières initiatives combattant les mesures du pouvoir et dans lesquelles les communistes devraient mettre clairement en accusation le capitalisme en démontrant grâce à l’éclairage marxiste qu’il existe les conditions objectives pour construire une société d’émancipation humaine, pour promouvoir un développement sans précédent de la démocratie.

Car il ne suffit pas de faire des propositions, les meilleures soient-elles (on l’a vu avec la campagne des présidentielles), il faut affirmer de manière créatrice , non dogmatique notre objectif qui n’ a rien d’utopique mais qui naît des contradictions même du capitalisme : le communisme, seule réponse libératrice permettant aux forces productives de se développer pour l’humain, pour la civilisation et non plus pour le capital. Il s’agit de traduire ce marxisme vivant dans la réalité en prenant en compte les gens tels qu’ils sont dans leurs relations sociales et économiques pour que du jeune précaire en galère à l’ingénieur hautement qualifié, chacun puisse à son tour mettre en accusation le capitalisme comme la principale cause de ses propres souffrances, des difficultés et des divisions populaires et qu’à contrario il fasse l’expérience que les luttes démocratiques et que la coopération permettent de trouver des solutions efficaces et humaines. Dans cet esprit, il s’agit aussi de développer une mondialisation des luttes, de partager l’expérience d’autres peuples et notamment ceux d’Amérique Latine alors que les instances médiatico-idéologiques du grand capital caricaturent leurs luttes admirables, notamment celle du peuple venezuélien qu’il faut soutenir dans son combat pour une démocratie inédite.

Il ne s’agit donc pas d’attendre une recomposition de la gauche qui risquerait de devenir un nouveau piège pour le mouvement populaire. La recomposition de la gauche dans les conditions actuelles n’est qu’une gesticulation des états-majors politiques qui sont totalement enfermés dans des stratégies de pouvoir éloignées des préoccupations des gens. La crise de la gauche manifeste cette incapacité de ses dirigeants à faire confiance aux gens, en les considérant seulement comme des électeurs potentiels alors qu’il est urgent de les estimer capables d’inventer une nouvelle République, capables de participer à tous les niveaux au partage de l’information, à l’élaboration de propositions et à la prise de décisions afin de dépasser la crise de la démocratie représentative fondée sur la délégation de pouvoir.

Les habitants et les salariés en sont revenus des alliances de parti et des stratégies de sommet, comme ils en reviennent de la crise actuelle de la gauche qui ne pourra se résoudre que dans le développement de l’action populaire, dans toutes les luttes qui devront poser inéluctablement la question de l’alternative politique si l’on veut qu’elles débouchent sur une issue.

C’est bien l’absence d’une perspective anti-capitaliste théorisée, intégrée par le mouvement populaire dans ses luttes, qui fait défaut ! C’est bien la faiblesse d’une conscience de classe de l’ensemble des couches populaires à l’opposé d’une grande bourgeoisie qui elle a une pleine conscience de ses intérêts, qui pose problème. Poser la question des alliances entre partis indépendemment de cette question fondamentale du combat de classe, c’est une nouvelle fois aller à l’échec. Ce serait livrer durablement notre peuple à la politique la plus rétrograde jamais mise en oeuvre depuis Vichy et à l’idéologie la plus réactionnaire.

Le rôle du parti révolutionnaire et de sa direction est donc d’abord de mettre toutes ses forces militantes au service des gens, de leur organisation démocratique pour préparer des luttes au caractère de classe affirmé mettant en permanence le capitalisme en cause.
Commencer à arracher des victoires même modestes qui améliorent le quotidien des gens est le BA-BA de la lutte révolutionnaire, et dans les conditions actuelles c’est à chaque fois une bouffée d’air pour la démocratie, pour que les gens reprennent confiance en leurs capacités transformatrices et qu’ils ne soient pas en attente d’une hypothétique alliance à gauche posée comme préalable à toute espérance de changer les choses.

C’est dans cette reconquête d’une conscience de classe moderne correspondant aux enjeux de notre temps que le Parti communiste peut faire oeuvre utile et non en s’enfermant dans les vieux schémas des alliances artificielles coupées de l’intervention populaire. Il serait illusoire et dangereux d’expliquer à notre peuple que des alliances dont ils ne serait pas l’artisan pourraient contribuer à combattre la droite et sa politique dévastatrice d’autant que seul un mouvement populaire majoritaire conscient des enjeux de classe pourra contraindre la grande bourgeoisie à reculer.

C’est dans cette reconquête, que le Parti communiste retrouvera tout son senset son utilité pour notre peuple comme porteur d’une espérance nouvelle basée sur un projet qui aura du souffle et qui verra loin : celui d’en finir avec l’exploitation capitaliste en France et dans le monde, celui enfin d’utiliser démocratiquement l’argent et de mettre en commun les connaissances, pour favoriser le développement de chaque individu contribuant ainsi au développement de tous, participant ainsi à la libération de la société toute entière.

http://creil-avenir.com

Messages

  • bonjour,
    devant la guerre qui vient (Iran,Pakistan),comme de la crise economique,un rassemblement comme la fete de l’Humanité (ou de la marchandise) pouvait ? etre un moment de debat de conscientisation et de preparation a une mobilisation generale debouchant sur un mouvement .
    Il n’en fut rien evidemment,et cela n’est pas seulement le fait des organisations,dirigeants ;medias etc,tous acquis au statut quo,la passivité comme la consommation des discours hors du temps (lors des debats officiels) fut une reproduction generale du quotidien, sans perspective autre qu’electorale.
    L’urgence n’etait pas au rendez vous,ce n’est pas un hasard si Sarko a mis le feu le mardi suivant.Et la double posture de Hollande n’y est pas pour rien.
    L’Occident soumis a la “croissance” depuis 2 generations n’en est qu’au debut de sa longue liberation du mode de vie et d’etre capitaliste.

  • Moi je veux bien accepter les critques de ce qui se dit sur Bellaciao, a l’image du post du coco lambda et de l’autre qui nose même pas signer. Je comprend que l’on puisse ne pas être d’accord avec ce que dit Jean-Paul LEGRAND mais je dis aussi que si on est pas d’accord, il faut alors faires d’autres propositions. Quand on est pas content de la gauche, quand on est pas content de la droite, quand on est pas content du centre, quand on est pas content du haut, Quand on est pas content du bas, alors on retrousse les manches et on va au charbon. Alors le coco lambda et l’autre qui n’a pas le courage de signer faites nous d’abord des propositions et après, et seulement après vous pourrez lever le petit doigt.

    Et moi je signe

    Varenne Louis

  • J’entends bien ce que tu dis ....Mais cela dit que faire ???????Mobiliser les masses dans une grève " insurectionnelle" est absolument nécessaire si nous voulons triompher du capitalisme et de sa classe bourgeoise à l’offensive comme jamais avec la complicité de dirigeants syndicaux CFDT et de personnalités sociales-démocrates dévoilant leur véritable nature .Le peuple attend de nous du concret immèdiat et la "franchise" sur la situation il est sûrement prêt à l’entendre.Il faut dire aux citoyens que la Télé leur ment,que Sarko est un Pinocchio au service des nantis comme il l’a montré en leur faisant cadeau de 15 milliards d’euros en année pleine,qu’il est prêt à s’aligner sur Bush dans la future guerre contre l’Iran,qu’il est prêt,si nous laissons faire,à transformer la France en "colonie de vacances européenne".Les emplois industriels lessivés,la recherche privatisée,l’école ramenée au certificat d’études,la santé aux mains des mandarins et de l’industrie pharmaceutique,les fins de vie pour les pauvres dans les asiles en dortoir etc ,etc ....Cette France ,bradée à l’intérêt mercantile des multinationales ,doit être défendue contre l’argent-roi,doit-être remise sur ses bons pieds révolutionnaire avec sa magnifique devise "Liberté-Egalité-Fraternité".Les communistes sont aux avant-postes de cette lutte comme toujours dans les moments graves de notre histoire.L’hommage du vice à la vertu sur la lecture de la lettre de Guy Moquet,avec des larmes de crocodile,en dit long sur la duplicité de notre bourgeoisie capable de tout pour renforcer ses privilèges ....Tout au long de la lecture des intervenants du site Bellacciao les phrases s’allongent en gémissements,en dénonciations de la situation actuelle,reflètant les rancoeurs,les désillusions,les impatiences,les désirs de revanche,les propositions d’avenir,la recherche d’un outil révolutionnaire performant ....

    Mettons-nous en ordre de combat ! Il est venu le temps de la mobilisation générale .........

    bernard Sarton,section d’Aubagne

    • Je suis à gauche de la gauche et j’observe.

      La seule proposition valable est de laisser les français dans leur m.... !

      Les uns continuent de penser que tout ce qui ce prépare est pour leur bien, d’autres sont anesthésiés par leur problèmes de fin de mois et de consommation. Le français est tellement tourné sur lui-même qu’il est incapable de zapper quand la star ac ou sarko font leur show.

      J’espère que 2008 leur tombera sur le coin de la figure, et je reste poli, que leurs libertés, leur santé, leur budget seront tellement pourris, qu’ils seront dans l’obligation de se remuer un peu et cessent de compter sur les syndicats, sur lesquels ils crachent copieusement, pour les protéger de la folie néo-libérale qui force le passage allègrement dans l’indifférence quasi générale.

      Les communistes passent pour des clowns ? et bien nous verronts si leur détracteurs riront autant avec le gouvernement Sarlo.

      Je n’éprouve aucune pitié ni sympathie pour ces français mous, influençables et injustes envers la gauche, la vraie, et les syndicats.

      Je voyage sur nombre de sites politico-stupido-sarkosos pour être ecoeuré par les réactions de nos con-citoyens qui réclament à corps et à cris la disparition de la fonction publique, la disparition des avantages de quelques retraites, qui réclament la suppression des syndicats, notamment la CGT, qui applaudissent aux expulsions, insultent les chômeurs, les RMistes et pleurent sur le départ des patrons si on leur fait des misères !

      Ils ne sont pas prêts de se lever pour se battre, alors qu’ils boivent la coupe jusqu’à la lie.

      On ne peut pas faire le bonheur d’un peuple contre son gré.

      Je vous admire d’y croire encore et de continuer la lutte pour tous ces ingrats.

      Je pense qu’ils vont avoir ce qu’ils méritent.
      Je suis trés en colère.

      Ouilya