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Interview d’Olivier Dartigolles : " Ne rien changer, ce serait renoncer" (+ video)

Publie le jeudi 20 septembre 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

Gauche . Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, revient sur la réunion du Collectif Ripostes et le débat sur l’avenir de la gauche. Selon lui, pour reconstruire l’espérance, les communistes devront innover.

Entretien réalisé par Olivier Mayer

Mardi, s’est tenue la réunion du Collectif Ripostes proposée par Marie-George Buffet lors du débat de la gauche à la Fête de l’Humanité. Êtes-vous satisfait de la déclaration commune adoptée ? La montagne n’accouche-t-elle pas d’une souris ?

Olivier Dartigolles. Avec cette déclaration commune, la décision de se revoir dès vendredi pour continuer à travailler, nous sommes sortis d’une situation qui devenait insupportable. Quatre mois après l’élection de Nicolas Sarkozy, la gauche était incapable de se mettre autour d’une table pour réagir. Chaque jour de plus devenait un jour de trop. Au regard de cette situation, la réunion de mardi, le jour même où le président de la République annonce ses intentions pour mettre à bas le système social français, est importante. C’est une réussite à mettre au compte de ce qui s’est passé à la Fête de l’Humanité, où s’est exprimée l’exigence très forte que la gauche dégage une perspective.

Marie-George Buffet en a fait aussi, dès sa rentrée politique, l’axe fort de ses discours, illustrant la détermination du Parti communiste. Et je pense que les 40 organisations, qui sont à l’initiative de la journée d’action du 29 septembre contre les franchises médicales, jugeront très utile que les forces de gauche disent ensemble : « Nous en serons. » Comme les organisations de jeunesse avaient estimé très positives les prises de position de la gauche contre le CPE. Il y a beaucoup de travail devant nous, mais l’événement de cette semaine, à gauche, c’est que ce travail démarre.

Même si vous considérez que la renaissance du Collectif Ripostes est une bonne nouvelle, cela n’épuise pas le travail sur l’avenir de la gauche. La crise est profonde et le débat de la Fête de l’Humanité a montré que les divergences restent fortes ?

Olivier Dartigolles. C’est vrai, bien que l’attitude, combative ou non, qu’il convient d’adopter face à la politique de Sarkozy fasse partie intégrante du débat. Nous n’opposons pas la nécessité de la riposte à la confrontation qui doit se mener sur les projets alternatifs à cette politique et aux débats sur l’avenir de nos formations et des constructions politiques à venir. Nous pensons qu’une gauche qui renoncerait à faire reculer l’emprise des marchés financiers, ou à changer la nature des pouvoirs à tous les niveaux de la société, n’a pas d’avenir. Mais il ne suffit pas de le clamer. Nous-mêmes avons beaucoup à travailler sur notre propre projet. Si nous avons décidé un congrès, c’est bien parce que nous avons conscience que les questions sont très lourdes, et qu’elles nous concernent directement.

Si ce débat porte aussi sur l’avenir du communisme et du Parti communiste, cet avenir, vous le voyez comment ?

Olivier Dartigolles. Ce dont je suis sûr, ce pour quoi je milite, c’est qu’il peut y avoir un avenir pour le communisme et les communistes. On peut avoir des doutes, des tâtonnements, il ne faut pas les craindre : nous nous posons des questions dans une situation difficile. Des opinions s’expriment mais rien n’est tranché, et les communistes n’ont pas à se ranger derrière telle ou telle option. Nous devons répondre à plusieurs types de questions. Quel est le projet des communistes ? Ils veulent changer la société, oui mais en quoi et comment, qu’est-ce qui est possible ? Il faut reconstruire une espérance mais nous n’avons pas tout à réinventer. Nous avons déjà beaucoup travaillé. Nous avons de bonnes propositions, d’avenir, nouvelles, mais leur cohérence entre elles, le sens qu’elles donnent à notre volonté de changer la société et le monde n’apparaît pas aux yeux de notre peuple. Et quand la droite, avec Nicolas Sarkozy, élève le niveau de sa bataille sur les idées, nous paraissons désarmés.

La question de l’existence du Parti communiste lui-même est posée et certains parlent de nouveau parti...

Olivier Dartigolles. Bon courage à celui qui dit aujourd’hui : voilà la solution. Mais selon moi, il faut des ruptures. Penser qu’on va pouvoir continuer comme avant, sans rien changer, ce serait renoncer. Nous sommes en retard sur la droite, sur les libéraux, pour organiser la bataille politique. La gauche a besoin de lieux d’échange, de passerelles, de dialogue pour organiser, dans la riposte politique à Nicolas Sarkozy, le combat pour une alternative, pour travailler à une dynamique à vocation majoritaire. Pour moi, il n’existe pas de solution écrite d’avance. Il faut ouvrir un processus et que le congrès extraordinaire envoie un message fort : le Parti communiste français est disponible pour y participer. En s’y engageant pleinement, il se transformera pour rendre efficace son combat émancipateur. Si c’est de cela que nous discutons, si c’est à cela que nous travaillons, nous serons attractifs.

À ce propos, un portait de vous, paru dans le Monde vendredi dernier, vous a présenté en rivalité avec Marie-George Buffet en suggérant que, si rien ne bouge au PCF, vous pourriez adopter une position de combat ?

Olivier Dartigolles. Ce qui est vrai dans ce portrait - ce n’est pas un entretien -, c’est que je suis, avec les communistes, dans un état d’esprit combatif pour aller au bout du débat. Mais cela n’a rien à voir avec une quelconque rivalité avec Marie-George Buffet. Bien au contraire ! Parce que, comme elle, je pense que nous avons besoin d’un débat de fond et sans esquive. Elle a appelé chacune et chacun à s’exprimer, et elle a raison. Après la Fête de l’Humanité, notre direction est placée devant une grande responsabilité. Il faut que le débat ait lieu avec tout le sérieux nécessaire pour avancer. Comment ? Avec l’ensemble des communistes, dans un climat fraternel où chacun peut s’exprimer tranquillement sans crainte d’être montré du doigt et étiqueté. C’est dans cet état d’esprit que je travaille.

L’Humanite

Messages

  • J’APPRÉCIE ...

    cette contribution à la fois digne, ouverte et responsable d’Olivier DARTIGOLLES. J’apprécie aussi la teneur optimiste de son propos sur le communisme, sur la gauche et sur le mouvement social.

    NOSE DE CHAMPAGNE

    • Plus confuses furent en revanche les réponses d’O DARTIGOLLES lors du débat qui s’est tenu dans le stand "communistes unitaires" avec entre autres R Martelli et Pierre François Grond.
      Il était difficile de retrouver dans ses propos le diagnostic sans concessions dont son portrait dans le Monde s’était fait l’écho.
      Sans remettre en cause sa sincérité ni nier les difficultés politiques induites par sa place au sein de la direction du PCF .il ne serait pas inutile que O Dartigolles réponde aux questions posées par les militants lors des débats même lorsque celles ci sont gênantes.
      RL Manche, militant à Cherbourg

    • Que le PCF engage des discussions afin de construire le changement sans exclusive ni préférence à gauche, c’est une chose, qu’il se fonde dans le magma conformiste ambiant du glissement à Droite qui pousse vers un individualisme suicidaire pour les exploités au nom d’une alliance prioritaire avec un PS en perdition idéologique en est une autre. Olivier reconnaît par force l’échec du prétendu rassemblement antilibéral,basé sur une prétendue dynamique du NON de Gauche qui n’était en fait que la réunion de poignées de militants encore moins représentatifs que nous qui prétendaient conduire la Révolution par l’élimination de notre parti il est vrai pas très clair sur la question européenne, depuis que le débat fut interrompu par l’équipe HUE après MAASTRICHT. JdesP

  • Pour la LCR, O. Besancenot, a fait deux propositions précises : que localement se constituent partout des collectifs de mobilisation à l’initiative de nos organisations locales respectives et que soit organisée une initiative nationale de mobilisation dès le mois d’octobre.
    Après un tour de table de chaque organisation représentée, il était clair que nous n’aboutirions pas ce soir à un appel précis à une initiative de mobilisation. Le point d’achoppement avec le PS a bien évidemment été la question des retraites et des régimes spéciaux. Pour esquiver la nécessité d’une mobilisation d’ampleur pour répondre aux attaques sans précédent du gouvernement, ils ont mis l’accent sur la question du pouvoir d’achat et la nécessité de porter cette préoccupation majeure parmi la population….Il est clair que le PS a participé du bout des lèvres à cette réunion. Hollande à l’université d’été de La Rochelle) avait affirmé qu’un cadre de riposte unitaire devait se faire mais sans O. Besancenot et la LCR ! Mais le PS ne pouvait pas se permettre de porter publiquement la responsabilité d’être un obstacle à une réaction de l’ensemble de la gauche.
    Le PC n’a pas vraiment défendu la proposition d’une initiative nationale de mobilisation courant octobre. Il est vrai qu’il a déjà fixé le 27 octobre une initiative centrale de son parti.
    Les Verts ont déclaré dans un premier temps n’être présent qu’à titre d’observateur puis finalement se sont associés à la déclaration finale.
    C’est donc une déclaration à minima qui est sortie de cette réunion. S’il est indiqué que « l’ensemble de ces mesures (celles annoncées par Sarkozy) , sans oublier le texte sur l’ immigration présenté ce jour à l’assemblée nationale, est d’une extrême gravité et appelle toutes les forces de gauche à contribuer aux mobilisations nécessaires » , et que la déclaration finit sur la référence au 29 septembre contre les franchises médicales, aucune initiative précise a été fixée. Une nouvelle réunion est prévue dès vendredi soir. Nous y rappellerons l’importance d’organiser une riposte unitaire à la hauteur des enjeux. Dès maintenant proposons partout la création de collectifs unitaires de résistance et de mobilisation contre les projets annoncés par Sarkozy.

    Marc Lcr

    • Cher camardes pcf ou lcr,la reunion du comité riposte prouve indeniablement que l’union avec le ps dans les luttes est impossible.
      Ou bien nos revendications anti capitalistes les feront fuir,ou bien nous edulcorons nos revendications pour "ménager" l’union !!
      Voir le pcf,ainsi que la lcr,s’aveugler pareillement me pose probleme.
      Prenons les franchises medicales :
      la premiere franchise fut introduite par le ps c’est le forfait hospitalier,comment peut on passer ce fait sous silence ?
      Dans les reunions unitaires avec les adherents de base du ps,il est totalement hors de question que je passe ce fait sous silence,aussi je proposerai comme mot d’ordre ;non aux franchises,non au forfait !!
      Pour les retaites c’est la même chose !!
      Ne soyon spas naif si le ps rejoint c’est comités c’est qu’il y a interet pour redorer son blason,bien terni.
      ne tombons pas ds le piege
      Damien