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Régimes spéciaux

Publie le jeudi 27 septembre 2007 par Open-Publishing
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La « réforme des régimes spéciaux » est sur les rails. Le gouvernement s’appuie sur le « consensus » de l’opinion en faveur de ces réformes.

Or, ce consensus est fabriqué et entretenu. Une fois de plus, les « médias de masse » ne font pas leur boulot et relaient la propagande gouvernementale plutôt que d’animer le débat de manière équitable, comme le démontre par exemple Acrimed [1].

Il devient donc nécessaire de court-circuiter ces médias, dans le but de défaire ce consensus.

Les régimes spéciaux de retraite permettent à ceux qui en bénéficient, en raison de la pénibilité relative de leur travail, de partir plus tôt à la retraite. Pour les cheminots par exemple, l’age légal est abaissé de 60 à 55 ans, 50 ans pour le personnel roulant. Ça ne veut pas dire qu’ils peuvent partir 10 ans plus tôt gratuitement : le nombre d’annuités (nombre d’années de cotisations nécessaire pour partir avec une retraite à taux plein) est de 37,5 années, contre 40 pour les autres salariés. C’est ce nombre d’annuités qui est important : un salarié qui voudrait partir à 50 ans aurait de toute façon une pension ridiculement basse.

Il est à noter tout d’abord qu’effectivement, ces régimes spéciaux sont « déficitaires », et subventionné par tous les autres salariés. C’est vrai. C’est dû au fait qu’il y a plus de cheminots, gaziers, électriciens à la retraite qu’en activité. Exactement de la même manière qu’à l’intérieur du régime général, les salariés de métiers « nouveaux » (les informaticiens par exemple) cotisent « pour » les retraités de métiers plus « anciens » et en déclin (qui ont donc plus de retraités que d’actifs). Cela s’appelle la solidarité.

Le gouvernement prétend que l’espérance de vie des cheminots étant égale à l’espérance de vie moyenne des salariés au régime général, l’argument de la pénibilité tombe, et le régime spécial n’est plus justifié.

Ce qu’on oublie généralement de préciser, c’est qu’à l’intérieur même de ce régime général, se trouvent des professions plus ou moins pénibles. Ainsi, d’après l’observatoire des inégalités [2], reprenant les chiffres de l’Insee, alors que l’espérance de vie d’un ouvrier se situe un peu en-dessous de la moyenne, celle d’un cadre est de 5 ans plus élevée. Il paraîtrait donc normal qu’un ouvrier travaille moins longtemps, et parte à la retraite 5 ans plus tôt qu’un cadre. Or ce n’est pas le cas, et c’est sur ce régime injuste que le gouvernement veut aligner les régimes spéciaux. Une réforme plus juste serait de créer un régime spécial pour les ouvriers, et de l’aligner sur celui des cheminots. Cet argument vaut pour le nombre d’annuité, ainsi que pour chaque avantage que procurent ces régimes spéciaux à leurs bénéficiaires. Ces avantages sont certes négociables, à partir du moment où le débat est correctement posé. C’est encore loin d’être le cas.

Ceci posé, il faut rappeler un fait : les grèves contre la réforme des retraites en 2003 s’étaient terminées sur la promesse du gouvernement d’engager des négociations sur la pénibilité du travail, en vue de corriger les injustices du régime général. Promesse jusqu’ici non tenue. La réforme était menée alors par le ministre du travail, François Fillon. Tant que celui-ci, maintenant chef (théorique) du gouvernement, ne tient pas cette promesse, il n’a aucune légitimité pour mener de nouvelles réformes s’attaquant directement au système de retraites par répartition. Surtout, sur des bases aussi injustes.

Les cheminots, gaziers, et électriciens, alors qu’ils n’étaient pas concernés, ont fait grève en 2003 pour défendre les autres salariés. Ils ont fait grève en 2005 pour soutenir le mouvement contre la loi sur l’égalité des chances mettant en place le CPE. Maintenant qu’ils sont eux-mêmes attaqués, ils vont à leur tour avoir besoin de notre soutien, par solidarité.

Notes :

[1] http://www.acrimed.org/article2719.html

[2] http://www.inegalites.fr/spip.php?a...

Messages

  • Juste une petite precision, tous les regimes particuliers ne sont pas deficitaires , pour edf-gdf le regime etait exedentaire (reversement d’un peu plus de cent de millions d’euros en 2006 vers le regime general) . Ce qui ne change d’ailleurs rien au bien fondé de cet excellent article.