Grève de la faim. Tassadit Menni continue

Cette chômeuse de Hazebrouck dans le Nord a perdu quatre mois d’allocation
avec le nouveau règlement des ASSEDIC et ne peut plus payer son loyer.

Tassadit Menni en est à son 32e jjour de grève de la faim. Le 20 février
dernier, cette mère de famille de quarante-trois ans, habitante d’Hazebrouck
dans le Nord, a cessé de s’alimenter pour protester contre la réforme des
ASSEDIC qui lui a fait perdre quatre mois d’allocations (voir ll’Humanité
hebdo du 6 mars dernier). Alors qu’elle devait toucher jusqu’en avril 644
euros d’allocation, elle a été éjectée de l’assurance chômage début janvier.
Depuis, elle ne touche plus qu’une allocation adulte handicapé et ne peut
plus payer son loyer. " Nous sommes inquiets pour sa santé, raconte André
Dellis, responsable du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP)
de la région Nord-Pas-de-Calais, qui lui rend visite tous les jours. Nous la
soutenons tout en essayant de la convaincre de choisir un autre mode
d’action, car elle se met en danger. Mais elle veut continuer tant qu’elle
n’aura pas un travail et un logement. "

Autour d’elle, une cinquantaine de personnes - militants d’associations de
chômeurs, d’insertion, ou caritatives - ont constitué un comité de soutien
(1). " La sous-préfecture de Dunkerque a bloqué la menace d’expulsion de
l’huissier et intervient pour lui trouver rapidement un logement social ",
explique André Dellis. Samedi, le comité s’est invité chez le maire
d’Hazebrouck, Paul Blondel, apparenté UMP. Dans lla Voix du Nord ddébut
mars, il avait affirmé qu’il était prêt à rencontrer et aider la gréviste de
la faim, mais depuis, il s’était mis aux abonnés absents. " Je l’avais
appelé dix-sept fois en vain, déplore André Dellis. Cette fois, il a été
obligé de nous recevoir. Il s’est montré très fermé, peu sensible à la
situation sociale de Mmme Menni. Il a même menti à plusieurs reprises. Sa
seule proposition est de mettre en place un suivi psychiatrique de Mmme
Menni !" Samedi toujours, lla Voix du Nord a relayé les propos du directeur
de l’ASSEDIC des Pays du Nord, d’après qui quatre propositions d’emplois ont
été faites à Mme MMnni, qui ne s’est pas rendue à une convocation de l’ANPE
le 15 mars. " Elle n’a reçue aucune proposition, dément André Dellis. Et
comment aurait-elle pu se rendre à l’ANPE vu son état ? "

Le responsable du MNCP témoigne de la " galère complète " que vivent les
chômeurs arrivés en fin de droits au 1eer jjanvier. " On parle des 265 000
éjectés au 1eer jjanvier, mais depuis, il y a eu le 1eer ffévrier et le 1eer
mmars. Chaque mois, des chômeurs sortent des ASSEDIC par milliers et se
retrouvent dans des situations dramatiques. " Dans le Nord-Pas-de-Calais, le
MNCP a constitué 60 dossiers individuels pour attaquer les ASSEDIC en
justice. " Les ASSEDIC convoquent les plaignants pour essayer de les
dissuader de porter plainte, en disant que ça va nuire à leur recherche
d’emploi. Cette tentative d’intimidation montre qu’ils ne sont pas sûrs de
gagner dans les tribunaux ".
F. D.

(1) MNCP, 7 bis, rue du Doyen, 62120 Aire-sur-la-Lys. 03 21 93 42 85..