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Le racisme ordinaire de la République de Jules Ferry à Sarkozy

Publie le dimanche 14 octobre 2007 par Open-Publishing
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Le racisme ordinaire de la République
de Jules Ferry, à Sarkozy,
en passant par l’ ennemi bien connu des « Peuples Premiers »
l’homme de la « Solution Finale « pour en terminer avec les
Indiens de Guyane : Jacques Chirac.

Avant d’être le colon de l’espace intérieur français, avec ses « hussards noirs de la République » (Péguy), les instituteurs, chargés d’achever le rêve jacobin de l’ Abbé Grégoire et autres adorateurs de la déesse Raison, en éradiquant les patois et les cultures locales que portent ces langues, Jules Ferry était connu comme le fanatique de la colonisation de l’ Indochine. Sur cette « France » comme construction artificielle, lire Suzanne Citron…

Christian Marouby montre comment la France de Montaigne et Ronsard a failli se convertir au mode de vie des Indiens des Amériques, séduits par cette liberté, cette vie nue, sin fey sin ley sin rey, et La Boétie en a théorisé les bases de l’anarchisme avec son « De la servitude volontaire » génialement préfacé par Pierre Clastres.
Mais bien vite les intellectuels européens un instant déstabilisés par ce « bonheur sauvage » se sont ressaisis et ont conceptualisé « l’Histoire », avec un grand « H », pour sauver leur orgueil. Ils se sont donnés une fière saga mythique, une geste grandiose qui ordonne le monde autour de la supériorité de la chrétienté européenne. Serge Latouche, dans « L’occidentalisation du monde » et dans « La Mégamachine » montre comment cette HISTORICISATION à prétention rationnelle s’ancre à partir de l’anthropocentrisme monothéiste,
(déjà en lui-même une hérésie stupéfiante dans un monde où les peuples avaient la sagesse écolo de se donner des philosophies biocentristes incitant à l’ humilité et la fraternisation avec tout le vivant)
dans les réflexions de Descartes et Bacon puis gagne définitivement lors de la Querelle des Anciens et des Modernes dans les années 168O.Cette vaste escroquerie, délire de la raison devenue folle, se solidifiera avec les philosophes des Lumières, un bon départ pour déconstruire le mythe biblique, mais une mauvaise arrivée, puisque la « Lumière » trop forte les éblouira et bientôt on aura un Condorcet complètement mystifié par le mythe du « progrès », nouvelle rechute dans la superstition religieuse.
On en est encore là, embourbé par le marxisme technolâtre ou le libéralisme amoureux du commerce (lire le dernier livre de Jean Claude Michéa).

C’ est ce qui mène à un Jules Ferry estimant que le rôle des « races supérieures est de civiliser les races inférieures », ou à ce discours de Sarkozy le 27 juillet 2007 à Dakar, niant les effets délétères de la colonisation, par exemple le fait que le partage du gâteau africain au Congrès européen des Grandes Puissances à Berlin en 1885 est à la source de la plupart des guerres depuis, puisqu’ on a coupé au scalpel des peuples avec des frontières absurdes, ou à l’ inverse regroupé ensemble des peuples habitués à vivre chacun leur spécificité, langues et coutumes dans cet « Etat importé »(Bertrand Badie 1992) qui est en lui-même une irruption intempestive et ethnocidaire de l’occidentalisation. Pire, Sarkozy fonde son attaque colonialiste la plus féroce sur cette HISTORICISATION de l’histoire du monde qui n’est qu’un vulgaire ethnocentrisme occidental, une vision du monde par le petit bout de la lorgnette des préjugés européens, les préjugés de « l’ homme blanc ».

Nous, ethnologues ne sombrant pas dans la mode bougiste et universaliste des Jean-Loup Amselle et autre Elikia M’Bokolo depuis le pamphlet de 1979 (La sauvage à la mode) dénonçant les ethnologues romantiques et nostalgiques qui seraient ringards car ils tomberaient encore dans le « mythe du bon sauvage »

(N.B. on attend l’ étude sur le mythe du mythe du bon sauvage, étude urgente vue l’ entreprise de démolition actuelle de l’ ethnologie qui s’ accélère, avec par exemple Benoît de L’ Estoile qui ridiculise le « goût des autres » Flammarion 2007 ou ces ethnologues- pardon « anthropologues », car tous ces traîtres préfèrent s’ auto-dénommer ainsi- qui acceptent tel Michel Colardelle et Stéphane Martin de collaborer avec le Pouvoir pour détruire 3 musées nationaux [Musée de l’ Homme, Musée des Arts et Traditions Populaires, consacré aux coutumes et savoirs-faire paysans, et Musée de la Porte Dorée, que l’ équipe de Pascal Blanchard aurait voulu consacrer à la triste vérité de l’ Empire colonial français] au profit entre autre de cet absurde Musée du Quai Branly au sujet duquel on lira de Bernard Dupaigne « Le scandale des arts premiers » Mille et Une Nuits 2007).

-Nous, ethnologues continuant à nous battre pour défendre l’ ethnodiversité et à vouloir désoccidentaliser le monde en prônant le pluriel des multiples micro « Sylvilisations » contre le monolithisme de la Civilisation, le sauvage, la vie sylvicole, contre la vie d’ animal domestique (lire René Riesel), de citoyen mondialisé et lobotomisé grâce à son addiction à TF1 (se laissant droguer à la société de consommation en s’abandonnant à Patrick Le Lay qui programme son « temps de cerveau humain disponible »au service de Coca Cola) et bientôt grâce aux puces RFID avec GPS intégré, le tout sous la peau pour remplacer les papiers d’ identité, à coup de nanotechniques et autre orwellisation de cette société de plus en plus dictatoriale, mais en « douceur » comme l’ avait hélas déjà pressenti Tocqueville dès les années 1830 en visitant les USA.

 Nous nous élevons contre la lâcheté des chercheurs en sciences humaines qui cèdent à la pseudo fatalité de la mondialisation, du métissage généralisé (soyons tous créoles, théorisent J. Bernabé et E. Glissant, intellectuels martiniquais !) et qui remettent en place discrètement les théories universalisantes qui ont fait le miel du discours de Sarkozy à Dakar priant les africains de se méfier de toute idée de pureté : ce serait de la « régression communautariste » !, et seule l’ interchangeabilité universelle des humains tous pareils sous le joug de MacDonald mènerait au bonheur, l’ inverse s’ appelant « enfermement ».

En cela J.C. Michéa a raison de montrer les incohérences des revendications de R.E.S.F. qui comme toutes les revendications motivées par le ressentiment, à coup de solidarité avec les « sans », font le jeu du désir hélas mimétique du colonisé jadis stigmatisé par Frantz Fanon :
« Le colon ne s’arrête dans son travail d’éreintement du colonisé que lorsque ce dernier a reconnu à haute et intelligible voix la suprématie des valeurs blanches. »

Cet « éreintement » est nommé depuis Georges Condominas et Robert Jaulin : ethnocide.

Les « anthropologues » à la mode à l’ EHESS font le lit de la marchandisation généralisée analysée par les situationnistes. Nous nous assumons comme « ethnologues ringards », comme résistants au libéralisme, à la croyance aux bienfaits du marché et en son inéluctabilité, quitte à prendre le maquis. Car les Puissants ne semblent actuellement gagnants qu’en apparence. Leur monde bientôt sans pétrole et autres ressources minières va s’écrouler brutalement tel un château de cartes.

Nous sommes définitivement du côté du « paysan africain qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’ idéal de vie est d’ être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’ éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. »(www.elysee.fr, discours de Dakar) et supplions Sarkozy d’ entrer dans l’ histoire, cette histoire-là, celle connue depuis des milliers d’ années par tous les peuples traditionnels qui savent que le seul mode de vie sustentable, soutenable, durable est le mode de vie compatible avec les données écologiques de la planète. Nous sommes les ethnologues qui aident chaque ethnie à retrouver sa fierté culturelle, à remettre à l’honneur les savoirs-faire de l’ auto-subsistance joyeusement frugale bien décrite par Marshall Sahlins et Jacques Lizot : ah ! vivre sans travailler, sans patron, quel bonheur ! Il faut quitter la mondialisation avant que ce colosse aux pieds d’argile s’écroule, et être chercheur à l’ IRCD, l’ Institut de Recherche Contre le Développement, en lui préférant son inverse : l’enveloppement, ou art de vivre en prenant peu de place sur cette fragile petite planète, afin de laisser d’immenses espaces libres pour favoriser la biodiversité maximum. Le retour à l’ ethnodiversité, aux 20 000 langues et peuples d’ il y a mille ans, permettra ce retour au foisonnement de la vie…

Nous protestons contre le rétablissement dans la partie de l’ Amazonie encore colonisée par la France d’ un scandaleux zoo humain, par décret du 27 février 2007 orchestré dans la précipitation par l’ ennemi des Peuples Premiers Jacques Chirac, sous le doux nom de « Parc National », en ouvrant au tourisme voyeur et ethnocidaire ce qui se nommait le « pays indien »protégé depuis l’ arrêté préfectoral du 14 septembre 1970 suite au combat de l’ ethnologue Robert Jaulin, dont nombre d’ entre nous sommes élèves. Selon le président du syndicat national des agents de voyage et pdg de Takari Tour Alain Hermès, les seins nus des amérindiennes seraient un créneau porteur ! Ce cynique commerçant fait partie des 43 membres du Conseil d’ Administration de ce Parc, mais alors qu’ils en sont les habitants majoritaires, les Amérindiens Teko, Wayana et Wayampi n’ ont que 3 représentants dans ce Conseil, et l’ un d’ eux, Khumalé Pleiké, 28 ans, vient de se suicider ! Faux Parc National car on y autorise non seulement l’invasion de l’ ethnotourisme, mais aussi les mines d’or, aux ravages décrits par Axel May dans « Guyane française : l’or de la honte »Calman-Lévy 2007.

Détails sur le site www.solidarite-guyane.org

Ce Parc amazonien de Guyane ne serait-il pas en réalité un P.A.R.C., un Programme d’ Accélération et de Renforcement de la Colonisation ?
Comité des ethnologues entrés en résistance.

Thierry Sallantinet pour la réunion mondiale en vue de prendre le maquis, réunion des jeunes anarchistes écolos radicaux tout juillet 2008 dans une forêt de Pologne, donner son adresse à la finlandaise Hanna, coordinatrice jungle@ssyh.fi et à anarchyradio@hotmail.com, USA, Eugene-Oregon.

Suzanne Citron : Le mythe national. L’ histoire de France en question. Ed. Ouvrières 1989.

Christian Marouby : Utopie et primitivisme.Essai sur l’imaginaire anthropologique,XVI-XVIII e siècle. Seuil 1990.

Frank Lestringant : Le Brésil de Montaigne. Le Nouveau Monde des « Essais »1580-1592.Chandeigne 2005.

Etienne de la Boétie : Le discours de la servitude volontaire. Payot PBPn°134,1976 et pp247-267=P. Clastres.

Serge Latouche : L’ occidentalisation du monde. La Découverte 1989, rééd. 2OO5 et même éditeur :

Serge Latouche : La Mégamachine . Raison technoscientifique, raison économique et mythe du progrès. Rééd 2OO4.

René Descartes : Le projet d’une science universelle qui puisse élever notre nature à son plus haut [degré] de perfection. Titre original en 1637, devenu : Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences.

Francis Bacon : Du progrès et de la promotion des savoirs. 1e ed. 1605 ; Gallimard 1991.

Jean-Claude Michéa : L’empire du moindre mal. Climats 2007.
Nicolas Sarkozy : Discours du 27 juillet à Dakar = 7 pages sur 3 colonnes sur www.elysee.fr

Bertrand Badie : L’Etat importé. L’occidentalisation de l’ordre politique. Fayard 1992.

Jean-Loup Amselle : Branchements. Une anthropologie de l’universalité des cultures. Flammarion,2001.

Jean-Loup Amselle : La globalisation : « Grand Partage » ou mauvais cadrage. L’ Homme 2000 pp 207-226.

Elikia M’Bokolo : La mondialisation, allons-y franchement ! = Jeune Afrique 26 mars, 1er avril 1997.

René Riesel : Du progrès dans la domestication. Editions de L’ Encyclopédie des Nuisances 2003.

Michel Alberganti : Sous l’œil des puces. La RFID et la démocratie. Actes Sud 2007.

Frantz Fanon : Les damnés de la terre. Ed. Maspero ¬ citation = p. 12.
Thierry Sallantin : Pour une ethnologie optimiste. Une critique de l’idée occidentale d’ universalisme encore défendue par Pierre-André Taguieff. Un hommage à l’ethnologue Robert Jaulin, pionnier du combat en faveur de l’ ethnodiversité, sœur jumelle de la biodiversité. 46 p., 2001, rapport à l’ Université Paris 7 UF-A.E.S.R.

Thierry Sallantin : Un Parc contre les Amérindiens. Histoire de la première tentative de mise en place d’ un parc national en Guyane Française. 200 p. 2001, rapport à l’ Université Paris7 UF-A.E.S.R.

Thierry Sallantin : Les Indiens de Guyane victimes du parc national. in Fabrice Delsahut = Peuples Premiers, aux sources de l’Autre. Ed. Timée, fev.2007 pp. 136-138

Thierry Sallantin : Guyane : Rendre la forêt aux Indiens. p.8, L’ Ecologiste, juin 2003, numéro spécial « O.G.M. »

Thierry Sallantin : La France en Amazonie. pp.26-27, L’ Ecologiste, été 2007, numéro spécial « Forêts »

Messages

  • Ce texte a été mis en forme suite à la présentation le Jeudi 11 octobre au CICP 21 ter rue Voltaire 75011 Paris, du livre de l’ élève de Robert JAULIN, l’ ethnologue Eric NAVET, enseignant à Strasbourg, et spécialiste de la Guyane = Indiens Teko de Camopi, et des Indiens Ojibwé du sud canadien, région de Saugeen. Ce livre "L’ occident barbare et la philosophie sauvage" analyse l’ excellence écologique de la vision du monde ojibwé, et son excellence humaine, car il en résulte un mode de vie fait d’ authenticité et de convivialité qui mène tout simplement au bonheur tranquille et à l’ épanouissement.
    Des discussions qui ont suivies est sorti ce MANIFESTE DES ETHNOLOGUES ENTRES EN RESISTANCE aussitôt difusé sur quelques sites comme Bellaciao (=n° 53 635, le 14 octobre à 04H 31 ;ou encore //rebellyon.info ; et //endehors.org. Le site "paris.indymedia" a sa page "publier" bloquée

    Le texte sera distribué un peu partout, d’ abord sur Paris, par exemple avant le spectacle au Zénith Dimanche 14 octobre à 18H = "Touche pas à mon ADN", et sur Montpellier le mardi 16 = conférence sur l’ arnaque du développement durableavec Benoît Prévost, espace Chaptal, Mairie, dans le cadre de l’ Université Populaire.

  • Bravo pous cet arrticle,enfin depuis le silence mortel qui entoure Jaulin.

    Pour avoir soutenu pendant des années cette contestation,je sais qu’on n’en retire que haine et déconsidération.

    Surtout de la part de la ligue des droits de l’homme qui joue double jeu mais qui soutient à fond l’occidentalisation du monde et

    la destruction systématique des systemes d’autonomie traditionnels pour les remplacer par le marché ,l’école laique française

    l’individualisme forcené,la négation des sociétés,l’idée de démocratie qui n’analyse jamais ce que fait sa main droite,bref

    parfaitement complice de toute nes politiques coloniales,néocoloniales,le l’exploitation de la main d’oeuvre étrangére .bravo pour

    les associations SURVIE,SURVIVAL et M.VERSHAVE.

    Lisons et relisons JAIULIN,FANON,DEBORD.Ils disent tous la même chose.ET tristesse pour la perte de nos musées etnnograhiques

    qui,eux s’interrogeaint sur nos pratiques etnocidaires de toutes sortes.Ecoutons M.HAGEGE qui luttent contre les innombrables

    LINGUICIDES:77 langues afficielles contre 5500 denombrées.