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Sarkozy, chez les cheminots, s’emmêle les pinceaux

Publie le samedi 27 octobre 2007 par Open-Publishing
7 commentaires

de CÉDRIC MATHIOT

Annonce choc… ou boulette maousse ? En se rendant vendredi matin dans les ateliers du Landy, à Saint-Denis, près de Paris, où sont révisés TGV, TER, Eurostar et trains Corail, pour montrer ses muscles aux cheminots (« La rue, elle ne fera pas plier, parce que nous sommes dans une démocratie »), Nicolas Sarkozy a surtout montré quelques lacunes dans le dossier de la réforme des régimes spéciaux de retraite, pourtant phare de son programme. Quelque peu malmené par les salariés présents (le Président a essuyé le refus ostensible de lui serrer la main d’un salarié), Sarkozy, entouré d’une nuée de caméras, s’engage dans une discussion tendue, au milieu de laquelle il finit par lancer : « Les 40 ans [d’annuités] s’appliqueront à tout le monde, en revanche, les bonifications, les décotes, moi je pense que tout ceci ne peut s’appliquer que pour ceux qui ne sont pas déjà rentrés à la SNCF. » Une rumeur monte dans la foule, un syndicaliste de FO s’étonne : « Ah, mais ça c’est nouveau ! » C’est même énorme.

Le principe de la décote (1) fait partie des trois piliers intangibles du document d’orientation qui a été remis aux syndicats le 10 octobre, au même titre que la durée de cotisation à 40 ans pour la retraite à taux plein et l’indexation des pensions sur les prix. En affirmant que les décotes ne s’appliqueront qu’aux nouveaux entrants et ne toucheront pas les cheminots en poste, Sarkozy lâche donc une annonce explosive.

Les médias présents, Reuters, AFP, France 3 reprennent la phrase. Le souci, c’est qu’au même moment, chez le ministre du Travail Xavier Bertrand, qui concluait une série de rencontres avec les syndicats, les organisations de salariés se voient proposer un tout autre discours. Au point de sortir en déplorant des négociations bloquées.

A la SNCF, le discours est un peu embarrassé : « Je pense que c’est une boulette », glisse un cadre, la direction de l’entreprise préférant pudiquement s’abstenir de toute réaction officielle. Les syndicats, eux, s’en donnent à cœur joie. L’Unsa : « Si le Président le dit, c’est forcément lui qui a raison. Nous n’imaginons pas un instant qu’il ne connaisse pas le dossier. »

Prenant Sarkozy au pied de la lettre, Eric Falempin, secrétaire national de FO, se délectait lui d’une grande victoire : « On vient de gagner sur un des trois points les plus importants. » Même discours de façade de la CGT : « J’ai pris acte », assure Didier Le Reste, secrétaire de la fédération des cheminots, qui lâche : « Quand même, tout cela n’est pas très sérieux. A force d’agitation chronique, à force de vouloir parler sur tout, il en balance pas mal des bourdes. Il s’est déplacé avec une compagnie de CRS, une nuée de caméras, pour un exercice de communication qui relève de la provocation, sur des sujets qui sont quand même sérieux et qui méritent autre chose que ça… »

Dans la soirée, l’entourage de Xavier Bertrand a répondu à Libération que le ministère « confirmait les éléments du document d’orientation du 10 octobre ». C’est dit élégamment, pour démentir le Président…

(1) Réduction plus que proportionnelle de la pension pour ceux qui n’auraient pas cotisé pendant le nombre d’années requises.

http://www.liberation.fr/actualite/politiques/287714.FR.php

Messages

  • Attention au piège !Ce n’est pas une bourde mais une façon de créer une situation nouvelle pour casser la mobilisation et diviser.Selon les dires de Sarko il ne s’agirait plus de suppression du régime des cheminots mais de son extinction(ce que voulait Bayrou).Les montant des pensions seront calculés sur l’indice des prix (qui ne reflète pas la réalité et peut être modifié selon les intérêts du pouvoir en place)et non sur les salaires.Un seul impératif TENIR BON ENSEMLE,tous les régimes spéciaux,pas de négociation par entreprise,agrandir le mouvement à tous les salariés.

  • Sarko, le bourgeois de Neuilly, le chantre de l’impunité patronale, celui qui rajoute 15 milliards d’euros (3 fois le cout du RMI) dans la corbeille bourgeoise, vient parler d’égalité aux ouvriers de l’entretien ?

    Aucune discussion à avoir sur le contenu des retraites avec lui sans le mettre d’abord dans un coin du ring ! Combien tu gagnes Sarko ? Combien as-tu refiler à tes copains bourgeois ? Qui es-tu pour parler d’égalité ? Quelle politique mènes-tu ?

    15 milliards ! 15 milliards !

    Où es ton projet de loi contre les retraites chapeau ? Contre les délits d’initiés ?

    Qui vient-il emmerdé là à par ceux qui bossent et produisent ?

    Faites-lui partout des comités d’accueil en scandant "15 milliards ! 15 milliards !"

    Copas

    • C’est à l’évidence une nouvelle façon de Sarko.de médiatiser sa pseudo action mais attention au piège.En effet Sarko.,de manière symbolique, montre une nouvelle façon de faire de la politique,de jouer la "rupture".À 19h sur la 5 "revu et corrigé"l’émission de Paul Amar (repasse demain à 13h15)tout le monde s’accordait pour dire que Sarko avait marqué des points.Et ,je pense,qu’il y a du vrai.
      Il faudrait,selon moi, que lorsqu’il va dans des boîtes les travailleurs l’envoient sur les roses purement et simplement.

      François Pellarin.

    • Noubliez pas QUI filme, QUI enregistre, QUI diffuse... Tout revient forcément dans la poche du pouvoir qui distribue la monnaie, autrement dit SARKO ET SA COMPAGNIE MEDIATIQUE. IL NE FAUT PAS LEUR REPONDRE TANT QU’ILS SONT SUR LEUR TERRAIN

  • On a du mal à croire à cette situation qui est pourtant bien réelle. Sarkosy veut rencontrer les cheminots. Le contact n’est pas fameux. On voit un Président mal à l’aise. Il se chauffe avec les agents. La situation est tellement tendue qu’il ne peut s’empêcher de trouver un moyen de détendre l’atmosphère. C’est là qu’il lache que la réforme ne s’appliquera qu’aux nouveaux embauchés. Effectivement ça marche. Tous les cheminots prennent acte. Quant aux dirigeants (SNCF, Ministère) comment peuvent ils revenir sur cette affirmation ? Comment pourront ils dire, comme ça se fait souvent, que la phrase a été sortie du contexte ? L’affirmation du Président est claire. Il faut l’appliquer ou alors nous aurions un Président qui ferait des promesses qu’il ne tiendrait pas...Impensable !

    • Que ce soit pour les nouveaux ou les anciens le résultat sera le même:le statut sera remis en cause !la différence c’est dans le premier cas ça sera plus long.

      Rusé le Sarko il arrive même à vous faire avaler la pillule et à vous faire lacher la solidarité générationnelle.

      Allons y,l’égoïsme à gagné laissons nos enfants se démerder pour leur retraite,avec des fonds de pension.

      Et je m’aperçois que les durs de durs,ceux qui voulaient la gréve reconductible sont prêts à signer si seuls les futurs embauchés sont concernés.

      Exit l’égalité,à poste égal ils partiront à la retraite plus tard, la solidarité,la fraternité.

      Vous voulez sauver votre cul ?

      Jean Claude Goujat

      PCF Landes

    • C’est la triste vérité comme d’ailleurs chez les avocats et magistrats ;ils s’en foutent de leurs jeunes collègues et que les tribunaux ferment pourvu que EUX aient le maintient des acquis.
      Lamentable,triste époque où le"je me démerde,les autres qu’ils fassent comme moi qu’ils se démerdent aussi prend le dessus".

      Si les anciens avaient tenus ce raisonnement,ils ne seraient pas là de partir en retraite avec des acquis car il n’y en aurait jamais eus,et peut-être même jamais eu de retraite du tout.

      François Pellarin.