Accueil > Retraites : Carton Rouge pour Série Noire

Retraites : Carton Rouge pour Série Noire

Publie le dimanche 11 novembre 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

Le site de la CNT FTE :

www.cnt-f.org/fte

Retraites : Carton Rouge pour Série Noire

Le mouvement de grève débuté jeudi 18 octobre est-il un mouvement de défense des seuls « régimes spéciaux » de retraite ?

Le pouvoir politique et ses (zélés) relais médiatiques ont beau jeu de qualifier ce conflit d’ « égoïste », de « conservateur ». Rappelons que le conservatisme a toujours été une doctrine du maintien de l’ordre social dominant, c’est-à-dire le pouvoir donné à ceux qui détiennent les richesses (et les moyens de production). En quoi la gouvernance de Sarkozy opère-t-elle une « rupture » avec le conservatisme ? C’est bien plus qu’un conservatisme ultra qui cherche à détruire tous les « progrès » sociaux.

Travailler plus (longtemps) pour gagner moins !

En fait, cette résistance à la destruction des « régimes spéciaux » n’est que le 4ème épisode d’une bien triste série...

Bref retour sur les épisodes précédents :

1er épisode : 1993 : Les 2 acteurs principaux de l’époque, Balladur (1er ministre) et un certain Nicolas Sarkozy (sinistre du budget) font passer tous les salariés du secteur privé de 37,5 annuités à 40 annuités pour toucher leur retraite. Pas de mouvement social, ce premier recul est entériné.

2ème épisode : novembre/décembre 1995 : Juppé a un bon plan : généraliser les 40 annuités pour tous les fonctionnaires et les régimes spéciaux. Cela devient vite un mauvais plan, déjoué par plusieurs millions de grévistes. La force des travailleurs, c’est la grève ! Le pouvoir recule...

3ème épisode :2003 : François Fillon s’affirme « stratège » et prévoit de jouer son rôle en deux parties. D’abord, il impose aux fonctionnaires de passer à 40 années de cotisation tout en promettant aux « régimes spéciaux » qu’ils seront épargnés. Puis...

4ème épisode : Octobre/novembre 2007 : Toujours Fillon revient sur sa promesse et attaque les régimes spéciaux, sommés de passer aux 40 annuités.

Fin de la série noire ? Malheureusement non !

Si nous les laissons continuer, ils prévoient :

* de faire passer tout le monde à 41 annuités autour de 2010 puis à 42 à partir de 2013

* d’aller vers les 45 annuités pour tous dans quelques années ( pacte signé par CHIRAC et JOSPIN au Sommet Européen de Barcelone en 2002).

Mais pourquoi allonger la durée de cotisations ?

De l’argent pour la Sécu, il y en a dans les poches du patronat !

Le système de retraites par répartition part du principe que les pensions des retraités d’une époque sont financées par les salariés actifs de la même époque. Les sommes prélevées sous forme de cotisations sociales (des travailleurs et des employeurs) ne font l’objet d’aucune accumulation financière.

Cet argent relève d’une partie du salaire qui est socialisée entre tous les travailleurs.

Vu qu’il y a une augmentation relative du nombre de pensionnés par rapport à la population active, il y a une solution que l’on n’évoque jamais :

-arrêter d’exonérer les employeurs de leur part de cotisations sociales (plus de 200 milliards d’€ depuis 1991) et augmenter progressivement leurs cotisations

- exiger le remboursement des cotisations sociales que les employeurs n’ont pas payées.

Le gouvernement élude cette solution qui éroderait (de manière pourtant très marginale) les profits des entrepreneurs. Ces derniers veulent absolument maintenir la tendance qui voit leur part de richesses dans le PIB augmenter aux dépens des salariés depuis 20 ans. Sur 100 € de richesses produites dans la France de 1982, 70 € revenaient aux salariés dans leur ensemble et 30€ aux chefs d’entreprises. En 2002, pour les mêmes 100€, seuls 60€ reviennent aux salariés et 40 € aux patrons ! Il n’est pas étonnant alors de voir que les 500 plus grandes fortunes professionnelles du pays représentent 280 milliards d’€ et 15 % du PIB en 2007 ! En 1997 elles correspondaient à 6 % du PIB !

De l’argent, il y en a. Les financements pour les caisses de retraites existent, il s’agit de choix économiques.

Notre salaire socialisé (retraites par répartition) ou leurs profits, Il faut choisir !

Malgré l’inégalité flagrante de la répartition des richesses au profit des vrais privilégiés (entrepreneurs et/ou titulaires des portefeuilles d’actions), le gouvernement veut aller encore plus loin.

Le système des retraites tel qu’il existe encore aujourd’hui ne produit aucune accumulation financière. C’est un manque à gagner énorme pour les spéculateurs ! Le vrai but de l’allongement de durée de cotisations est de baisser massivement le montant des pensions. Un salarié qui ne travaillera « que » 38 ans par exemple au lieu des 41 ans prévus aura une pénalité (décote) d’1% par trimestre non fait. Il n’aura donc que 63 % de son traitement au lieu des 75 % initialement prévus. Les salariés qui le pourront se dirigeront donc vers des fonds de pensions privés pour s’assurer une retraite plus décente...

C’est le cœur même de la répartition de la solidarité entre les salariés qui est attaqué. Le fonds de pension est une retraite individualisée. La retraite n’est plus alimentée par un fonds commun à tous, qui est socialisé mais par le recours à un contrat individuel privé. Aussi, les compagnies de retraites et d’assurances privées placent, donc jouent, l’argent qui leur est confié dans la bourse avec des risques énormes (affaire ENRON aux Etats-Unis, pays pionnier en matière de fonds de pension). La Sécurité Sociale garantit un salaire maintenu aux salariés retraités (pension financée par la part socialisée du salaire des actifs - les cotisations sociales).

Se battre pour préserver le système des retraites par répartition, c’est :

- lutter pour notre salaire collectif ( la part des richesses que nous produisons et qui nous revient)

- défendre la solidarité entre les travailleurs contre la logique individuelle toujours défavorable aux salariés mais très profitable aux capitalistes.

La force des travailleurs, c’est la grève !

Alors il n’y a aucune hésitation à avoir : la lutte contre la destruction des régimes spéciaux est notre lutte. Le facteur d’unité interprofessionnelle est la revendication du retour aux 37,5 annuités pour tous les salariés du public et du privé. Le gouvernement cherche à nous diviser entre public et privé, entre différentes organisations syndicales. Répondons-lui par l’unité dans la grève interprofessionnelle le 20 novembre et après...

CNT FTE

Messages

  • bien, mais

    je cite Un salarié qui ne travaillera « que » 38 ans par exemple au lieu des 41 ans prévus aura une pénalité (décote) d’1% par trimestre non fait. Il n’aura donc que 63 % de son traitement au lieu des 75 % initialement prévus. : faux , totalement faux !

    Aucun salarié ne touche aujourd’hui 75% de son salaire quand il part en retraite ( lire la VO de la CGT pour de plus amples explications)

    Le montant des pensions de retraites
    L’une des promesses (non tenue) du gouvernement était d’atteindre un minimum de pension égal à 85% du SMIC net soit 850 € mensuel (le SMIC net est égal à 1000 € au 01/10/07).

    Aujourd’hui :
     36% des femmes ont une retraite inférieure à 700 €, 64% des femmes ont une retraite inférieure à 900 €.
     53% de l’ensemble des salariés perçoivent une retraite inférieure à 1300 € .

    La CGT revendique un minimum de pension égal au SMIC soit 1500 € par mois.
     Le retour aux 37,5 annuités de cotisation pour avoir une retraite à taux plein pour tous, tenant compte des années d’étude et de formation
     Un taux de remplacement moyen de 75% du dernier salaire
     L’indexation des pensions et retraites sur les salaires
     Pas de pension inférieure au SMIC
     La suppression des décotes
     Une revalorisation des salaires et des pensions

    P. Bardet

  • apportés par Bernard Thibault dans le JDD :

    http://www.lejdd.fr/cmc/societe/200745/thibault-le-gouvernement-orchestre-la-dramatisation_70860.html

    La désindexation des retraites sur les salaires fait perdre 20% de la pension sur vingt-cinq ans

    (...)

    Surtout, personne ne doit ignorer que si nous n’inversons pas la tendance, le niveau des retraites du privé sera à l’avenir de l’ordre de 47% du dernier salaire, alors qu’il était en moyenne de 81% en 1998. Et la réforme des régimes spéciaux n’y change rien.

    P. Bardet

    • dans le "monde" de ce jour :

      """M. Thibault prévient désormais que la grève "sera sans doute très suivie" dès mardi soir à la SNCF. Il a insisté sur la "démarche réfléchie et coordonnée" de la CGT avec les autres syndicats. "Les personnels ont fait preuve d’esprit de responsabilité quand le premier ministre a annoncé que la réforme des régimes spéciaux de retraite était bouclée, qu’il suffisait d’un signal du président de la République pour l’appliquer", début septembre. "Dès ce moment-là", a estimé M. Thibault, "les hostilités auraient pu commencer". "Une grève de 24 heures très importante le 18 octobre n’a pas suffi à faire admettre le principe d’une réelle négociation. Une nouvelle étape de mobilisation est inéluctable", a-t-il conclu.""""

      He oui la direction de la cgt a fait preuve d’esprit de responsabilité....pour refuser la reconduction...
      et maintenant Thibault avoue qu’il faut plus..mais une occasion a été raté volontairement !!!le 18 à 73% de gréviste ,c’était plus que suffisant pour appeler a la poursuite.

      c’est bien contre les directions confédérales qu’on gagnera !!!

      Damien