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Rapt "humanitaire" d’enfants au Tchad, Rafles, traques et expulsions "humanitaires" en France

Publie le dimanche 11 novembre 2007 par Open-Publishing

Les scandales de l’Arche de Zoé et de la chasse à l’étranger interpellent l’ensemble de l’immigration, des travailleurs et tous les citoyens !

Les images des Français et Européens assis à terre, menottés au Tchad ont rappelé à beaucoup de sans papiers noirs, maghrébins, asiatiques et roms des souvenirs choquants d’humiliations.

La différence ici est que les étrangers subissent cette honte et cette brutalité au quotidien parce qu’ils, elles sont simplement sans papiers alors que les Français sont accusés « de trafics, de tentatives de vols d’enfants tchadiens ».

L’Arche de Zoé - France enregistrée en préfecture de Paris sous le numéro 05 / 2346 / 00171192 se présente sur son site comme « une association à but non lucratif dédiée aux enfants orphelins ». Surfant sur le sentiment humanitaire de certaines familles cherchant à adopter des enfants orphelins, l’Arche de Zoé a lancé « un cri d’alarme » à propos du Darfour en ces termes : « Il faut sauver les enfants du Darfour pendant qu’il est encore temps. Dans quelques mois, ils seront morts ! » (www.archedezoe.fr/). On peut comprendre que des familles françaises, à la fois pour des raisons humanitaires, mais aussi parce qu’elles voulaient adopter des enfants orphelins, aient pu en toute bonne foi se laisser abuser par l’Arche de Zoé.

Mais la double identité – Arche de Zoé en France et Children Rescue au Tchad – apparaît comme un élément accablant pour cette association « humanitaire ». En France les enfants volés ont été présentés aux familles candidates à l’adoption comme étant des « enfants du Darfour ». Au Tchad les témoignages des parents des enfants éclairent encore plus la tentative de kidnapping : « Sans hésiter, sur une photo publiée en "une" du Monde, Abderhamane Idriss pointe deux visages : celui d’Emilie Lelouch, la compagne d’Eric Breteau, responsable de L’Arche de Zoé, connue ici sous le nom de Children Rescue, et celui d’un blond barbu surnommé "Pépé". Abderhamane en est sûr : ces deux-là sont venus chez lui, à Gilané, lorsqu’il a été question d’envoyer ses trois enfants, Noura, 3 ans, Ibal, 5 ans et Yaya, 6 ans, à l’école d’Adré, à 10 km de sa maison de pisé. Ils ont peu parlé. C’est l’imam du village, très respecté, qui a mené la discussion et a réussi à convaincre Abderhamane, 28 ans, pauvre cultivateur de mil et d’arachide, de donner leur chance à ses trois petits. Ils allaient apprendre le français, l’arabe et, surtout, recevoir une éducation coranique. » (LE MONDE 05.11.07).

Le Président Sarkozy est allé chercher une partie des inculpés par la justice tchadienne avant de déclarer cette monstruosité qui révolte la conscience humaine : « J’irai les chercher quoi qu’ils aient fait ». Plusieurs centaines de Français sont emprisonnés à l’extérieur pour divers délits. Jamais un président n’a osé s’adresser ainsi à un Etat et à un peuple souverains.

Il n’y a que l’Afrique, les Africains que l’on peut se permettre d’insulter ainsi en toute impunité.

Auparavant le dictateur « ami » de la françafrique, Idriss Deby, après son cinéma sur la « fermeté », a retiré contre l’avis des populations concernées le dossier judiciaire au tribunal départemental d’Abéché où l’enlèvement des enfants tchadiens a failli se faire. Après le transfert des inculpés à la capitale, Djaména, I. Déby a capitulé en libérant sans enquête ni jugement les présumés « innocents ou coupables » de captures illicites d’enfants en vue d’expatriation.

L’Assemblée Nationale française a aussi résonné d’exigences de « retour de nos concitoyens » sous le prétexte qu’au « Tchad, il n’ y a pas de justice ». Dans cette illustre Assemblée des représentants du grand peuple français, certains semblaient découvrir ainsi « qu’il n’ y a pas de justice sous la dictature de I. Déby » en oubliant de préciser que cela n’est vrai que pour les Tchadiens, en oubliant de rappeler que ce sont les mirages de l’armée française qui ont bombardé et chassé en avril 2006 les opposants à la dictature qui étaient entrés armés dans la capitale tchadienne pour chasser l’autocrate « ami » et pur produit de la françafrique, en oubliant de signaler que des milliers de sans papiers tchadiens demandeurs d’asile politique sont déboutés parce que jusqu’ici « le Tchad est un pays démocratique où règne le multipartisme ».

Cette terrible tentative de rapt d’enfants en terre africaine du Tchad et la terrible chasse aux enfants sans papiers et à leurs parents en France révèlent le deux poids deux mesures et l’incroyable humiliation que les puissants font subir aux faibles en toute impunité. Mais au fait n’est ce pas là la véritable signification honteuse de « l’immigration choisie » ?!

Immigré(e)s et Français(e)s, travailleurs de toutes origines, citoyens, démocrates nous ne pouvons rester indifférents, nous devons réagir pour faire respecter la seule vraie valeur humaine : « les humains et les peuples naissent libres et égaux en droit et en dignité ».
Vivent les relations fraternelles, justes, solidaires et vivent l’égalité, le respect mutuel de la dignité entre les peuples !

La CNSP appelle toute l’immigration, tous les travailleurs, tous les syndicats, toutes les associations, tous les démocrates et tous les citoyens à exiger : - la justice pour les enfants et familles du Tchad - l’arrêt de la politique du chiffre et des quotas préfectoraux et ethniques de sans papiers expulsés – la Régularisation de tous sans papiers –

Fait à Paris le 08/11/07

SANS PAPIERS en lutte>>>coordination nationale - 25, rue François Miron, 75004, Paris - tél : 01.44.61.09.59 – fax : 01.44.61.09.35 –
mail : coordnatsanspap@wanadoo.fr - solidarité financière : compte bancaire N°80187841 –


Nord Eclair - 10/11/2007

Dr Régis Garrigue : « Attention aux dérives de l’humanitaire »

Urgentiste au Samu de Lille et fort d’une longue expérience dans l’humanitaire, le docteur Régis Garrigue revient ici sur la dérive de l’Arche de Zoé, qui prétendait sauver les enfants du Darfour en les ramenant en France, et expose les conséquences prévisibles de cette plus que douteuse opération. Un « humanitaire » à mille lieues de ce que cet ancien de Médecins du Monde veut faire avec la nouvelle ONG Helpdoctors, dont il est l’un des fondateurs.

PROPOS RECUEILLIS PAR VIOLAINE MAGNE ET FLORENCE TRAULLÉ

Je ne sais pas si je comprends mais je retiens que c’est tout ce que je ne veux pas. On touche du doigt les risques de ce que j’appellerai l’humanitaire militaire. Éric Breteau (le président de l’Arche de Zoé, ndlr), d’ailleurs, parlait « d’exfiltrer les enfants du Darfour ». C’était une opération commando, avec des gens en uniforme, sur une logique de fonctionnement très proche du fonctionnement militaire : le montage, l’approche, l’état d’esprit. J’ai du mal à retrouver ce que je connais de l’humanitaire depuis quinze ans que je fais ça...

Ce sont des dérives que vous avez déjà pu observer pourtant ?

J’ai vu ça en Macédoine, pendant la guerre du Kosovo, là où arrivaient les réfugiés. Pendant le tsunami (en Asie en 2004, ndlr) aussi. Il y avait des mélanges des genres douteux, comme par exemple quand des pompiers partent, en uniforme, avec le drapeau français sur le bras. En Macédoine, leur uniforme marine avec la bande rouge ressemblait à s’y méprendre à celui des miliciens serbes, noir avec une bande rouge. Cela prête à confusion, entretient un mélange des genres qui me paraît dangereux.

Pourquoi ?

Il y a deux écoles dans l’humanitaire. Celle de Kouchner qui dit : « Du moment que des vies sont sauvées, peu importent les moyens, même s’ils doivent être militaires. » Et celle de Rony Brauman, ancien président de Médecins Sans Frontières pour qui il faut se démarquer de tout ce qui s’apparente à la guerre. On ne peut pas descendre d’un hélicoptère US en tant qu’ONG (organisation non gouvernementale, ndlr) quand les mêmes hélicos servent à attaquer des villages dits rebelles le lendemain. Qui gêne aujourd’hui sur les terrains de conflit ? Les journalistes et les humanitaires. Et on voit bien des régimes qui essayent de créer une confusion entre militaires et humanitaires en faisant courir le bruit, par exemple, que ces derniers travaillent avec l’aide de l’armée.

Ce qu’a voulu faire l’Arche de Zoé pose la question de la légitimité de certaines ONG. Peut-on s’improviser ONG au nom de sa seule bonne volonté ?

N’importe qui peut créer une ONG aujourd’hui. Le terme est complètement galvaudé. Beaucoup d’associations se disent ONG alors qu’elles vivent avec plus de la moitié de leurs financements provenant de fonds d’État. Je ne suis pas non plus un ayatollah. On peut travailler sur certains projets avec les États mais, alors, on est plus dans le registre de la coopération internationale. Les ONG peuvent également bénéficier d’aides ponctuelles sur des projets précis mais il faut qu’elles puissent se démarquer des logiques gouvernementales, de leurs impératifs géopolitiques.

Selon vous, quelles seront les conséquences pour l’humanitaire de l’affaire de l’Arche de Zoé ?

J’étais en Palestine quand c’est arrivé et les Palestiniens m’en ont beaucoup parlé. Le risque, c’est l’amalgame. C’est pour cela que je n’en peux plus d’un certain « humanitaire colonial », de ces associations de « Blancs » qui vont arracher les « petits Noirs » à leur enfer pour les sauver. L’Arche de Zoé demandait aux familles 2 500 E par enfant. Avec 2 500 E, on fait vivre tout un village africain pendant un an. On creuse des puits, on construit une école, un dispensaire... La dérive, ce sont les organisations humanitaires qui débarquent avec de très gros moyens et imposent leurs projets. Celles qui vont faire de la chirurgie orthopédique car elles savent et veulent faire ça, là où on a besoin de lutter contre le paludisme par exemple. Parfois, du fait du besoin impérieux d’asseoir une présence stratégique, on oublie de demander aux populations que l’on dit vouloir aider : « De quoi avez-vous besoin ? » Les gens savent ce dont ils ont besoin. Le problème aussi est que, souvent, les grosses ONG – parce qu’elles ont des problèmes de recrutement – envoient dans des zones de conflit des gens jeunes et inexpérimentés. Ils s’isolent, s’entourent de règles de sécurité, créent un microcosme d’ONG et deviennent ceux qui ont des gros 4X4, les derniers téléphones portables et beaucoup d’argent. L’Arche de Zoé, c’est typiquement ce que j’appelle « l’humanitaire colonial ».

Et je le dis sans nier la passion et l’envie qu’ont pu avoir certains, mais cela n’excuse rien. C’est la négation totale des cultures différentes, de l’autre.

Peut-on dire, comme l’a fait l’Arche de Zoé, qu’on ne fait rien pour les enfants du Darfour ?

Le drame des enfants du Darfour et des enfants du Tchad est une monstruosité et une réalité. L’Unicef ainsi que d’autres grosses organisations travaillent là-bas. Des gens sont présents, dans un danger permanent. Ils prennent des risques. Il y a eu des viols de femmes expatriées par ces organisations dans plusieurs camps au Darfour. Dans ce genre de pays, dans ce genre de situations, il faut y être longtemps, faire profil bas. L’Arche de Zoé met en danger les équipes sur place et la recherche de financements.

N’avez-vous pas l’impression qu’à chaque crise, l’émotion l’emporte et que certaines ONG surfent là-dessus ? L’exemple type est le tsunami...

Il y a eu, de la part de certains, un vrai hold-up financier avec le tsunami. Autre problème : la Croix-Rouge française a reçu 100 millions d’euros de dons, je crois, alors qu’il y a une Croix-Rouge Internationale. Elle s’est transformée en entreprise de BTP pour construire des routes et réhabiliter des bâtiments. Sur le tsunami, en Indonésie, j’ai vu très peu d’ONG demander aux Indonésiens ce dont ils avaient besoin. J’en ai vu se battre pour aller planter leur drapeau sur une plage, par simple besoin d’exister. Beaucoup d’associations ont vécu du tsunami. Il fallait dépenser l’argent.

Médecins Sans Frontières a donc bien fait, à un moment, de dire qu’il fallait arrêter de lui envoyer des dons pour le tsunami ?

Bien sûr. Quand les grosses structures collectent d’énormes dons sur un tel événement, de petites associations rament sur de petits projets très efficaces, concrets. Elles ont, aujourd’hui, intérêt à se rapprocher des collectivités locales, à faire de la coopération décentralisée. Cela dit, le risque avec cette déplorable aventure de l’Arche de Zoé, c’est que les gens ne donnent plus qu’aux grosses structures, aux plus riches, aux logos connus. Les petites associations, sur de petits projets, risquent d’êtres mises dans le même panier que l’Arche de Zoé. Cela rendra les grosses structures plus institutionnelles. Sur certains terrains, il n’y aura plus qu’elles.


et enfin reçu d’un camarade, ce cri de colère !

S’il fallait chercher des formules ou symboles pour commenter l’histoire de l’Arche de Zoé, on pourrait illustrer cette saloperie "dégueulasse" en puisant dans l’imaginaire des contes. Puisque l’Arche de Zoé, ça fait penser - et c’est fait pour - à l’Arche de Noé ! héros "sauveteur" du déluge biblique !

Cette affaire traduit, on ne peut mieux, le mal absolu de la société capitaliste. Ses tenants et aboutissants sont un parfait concentré de la décadence et de la faillite du monde libéral, libre, blanc, capitaliste, dit civilisé, qui dans son irrésistible course au profit et abandon total des valeurs prend l’aspect d’ un abominable Ogre aux bottes de sept lieues allant rafler les Petits poucets africains !!!!!!!!! Cannibalisme blanc avéré, mais supériorité démocratique et lois du marché obligent, répliquent déjà les médias occidentaux !
Des peintures de Goya ont déjà mis en scène de tels monstres "humains"... (cf pièce jointe) ...Là, il s’agit des nouveaux monstres "humanitaires" du XXIème siècle...

Ces francs-tireurs des armées d’occupation, ces french, us, british... doctors prédateurs, pionniers "explorateurs" des zones à recoloniser, véritables têtes de pont pour les hordes de paras légionnaires et sections d’assaut sauvages qui prendront le relais : KFOR, MONUC, ISAF...

L’émission " C dans l’air " d’Yves Calvi sur la 5 revenait sur cette affaire avec pour invités Rony Brauman et Odon Vallet, spécialiste des églises. Ce dernier rappelait avec justesse que de tous temps, les "missionnaires", même le Père de Foucauld qui eut justement du mal à être béatifié ! pour son double parcours, ont toujours été très liés aux services d’espionnage, au 2ème bureau français et que les dirigeants et la population tchadienne avaient plus que raison d’être méfiants et exigeants.

Le 1er responsable de ce crime impérialiste, qu’il faut cibler et dézinguer , c’est le social-colonialiste Kouchner , continuateur spirituel et père blanc de ces funestes expéditions.