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Bove en prison : rassemblement 12 h tribunal de Millau

Publie le lundi 12 novembre 2007 par Open-Publishing
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José Bové était convié vendredi matin par Nathalie Kosciusko-Morizet à un petit-déjeuner « post-Grenelle » avec Greenpeace et ses amis Faucheurs volontaires au ministère de l’Ecologie. Au menu : le moratoire OGM. Le leader paysan, qui a totalisé 1,32 % des voix comme candidat de la gauche alternative à la présidentielle, a informé la ministre de sa possible incarcération, lundi, suite à sa condamnation à quatre mois de prison ferme pour avoir arraché un plant de maïs OGM à Menville (Haute-Garonne), en juillet 2004. Bové a déjà purgé une peine de quarante-quatre jours, en 2003, pour la destruction d’un McDo à Millau (Aveyron).

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Vous avez rendez-vous lundi avec la juge d’application des peines. Risquez-vous la prison ?

Je suis convoqué à 14 heures au tribunal de Millau. Selon la procédure, à partir du moment où ma condamnation est inférieure à un an, la juge d’application des peines peut me proposer des aménagements de peine. Soit elle formule des propositions et renvoie le dossier au parquet – et le ministère de la Justice peut alors intervenir. Soit le procureur général est présent dans son bureau – et il peut, au choix, décider de m’incarcérer immédiatement ou me proposer une peine aménagée.

Accepterez-vous un aménagement de peine ?

Je n’accepterai aucun aménagement de peine qui me prive de ma liberté de circuler ou de pratiquer mes activités militantes. Je refuse donc le bracelet électronique. Quant à aller dormir en prison le soir, c’est matériellement impossible, la maison d’arrêt étant à 150 km de chez moi. Les aménagements de peine, je n’y suis pas opposé par principe : des avocats, le syndicat de la magistrature se sont battus pour qu’elles existent. Mais ces mesures sont prévues « en vue de la réinsertion dans la société ». Notre combat anti-OGM est politique, il ressort de la désobéissance civile, pas de la délinquance. Quand Nicolas Sarkozy dit « nous proposons le retour à la démocratie » au soir du Grenelle, c’est une façon de reconnaître que l’on était dans une situation non démocratique.

Certains vous accusent de vous poser en martyr.

La prison, je sais comment c’est. Et ce n’est pas évident. Mais je ne vais pas me planquer, ni me rouler par terre pour ne pas qu’on m’enferme. Cela fait partie du combat. Je le savais en arrachant mon pied de maïs, comme 400 autres Faucheurs. Je ne vais pas jouer l’extrémiste pur et dur, si un compromis permet à chacun de sauver la face, j’accepte. On ne fait pas de la radicalité pour la radicalité.

Dans le contexte de conflit social actuel, l’aile dure de la majorité appelle à la fermeté pour les récidivistes…

Quand on sort d’un conflit, on remet les compteurs à zéro. Mais si le gouvernement veut satisfaire l’aile dure des syndicats agricoles ou de l’UMP, je peux très bien être sacrifié sur l’autel du Grenelle. Le gouvernement peut choisir de faire respecter les sanctions. Cela dit, dans un contexte de turbulence sociale, mon incarcération peut catalyser des actions. Partout, j’entends dire : « Vous avez gagné ce que vous réclamiez depuis dix ans. »

Avez-vous demandé l’aide du gouvernement à Nathalie Kosciusko-Morizet ?

J’ai juste informé la ministre de l’ironie de ma situation : je risque d’aller en prison pour un combat aujourd’hui défendu par la Commission européenne. Le commissaire à l’Environnement, Stavros Dimas, a récemment demandé l’interdiction des deux maïs pour l’arrachage desquels je risque une condamnation, le BT-11 de Syngenta et le 1507 de Pioneer. Par ailleurs, le paradoxe serait que je sois en prison au moment de l’entrée en vigueur, cet hiver, de la clause de sauvegarde sur les semences OGM (lire ci-dessous).

Oui, mais la loi pourrait permettre aux cultivateurs de resemer des OGM au printemps.

Sauf que le projet de loi sur les biotechnologies qui sera examiné en janvier comprend quatre axes : le principe de responsabilité, le principe de précaution, la transparence, le libre choix de produire et de consommer sans OGM… D’après tous les signaux que l’on a, il n’y aura pas d’OGM dans les champs en 2008.

Pourtant, la FNSEA a prévenu que ses cultivateurs sèmeraient en avril…

Vous savez, les membres de la FNSEA ne sont pas homogènes sur cette question. Une infime minorité de maïsiculteurs seulement en a fait une question de principe.

Vous étiez très optimiste au soir du Grenelle. Avec le recul, l’êtes-vous toujours ?

C’est vrai que le Grenelle aurait pu être organisé il y a dix ans… Et les OGM étaient un des enjeux essentiels de ce Grenelle puisque les associations composant L’Alliance pour la planète avaient fait de l’obtention de la clause de sauvegarde leur ligne rouge. La question du nucléaire, elle, n’a même pas été abordée. Concernant les autoroutes, des projets sont maintenus partout en France. Aura-t-on le contournement du grand Bordeaux, celui de Strasbourg, l’A65 entre Langon et Pau ? Il faut rester extrêmement vigilant. On a entendu de grandes envolées sur le bâtiment. Mais techniquement, ce sera très difficile et très long de mettre la filière en place, de labelliser les matériaux, de former les futurs artisans. Quoiqu’il se passe, il ne faut pas rêver, il n’y a pas eu de révolution culturelle à l’UMP – et même au PS – sur ces questions. Les gens commencent à prendre conscience qu’on ne peut pas continuer comme ça, les combats avancent, certes, mais l’idéologie productiviste est toujours là. Et n’est toujours pas remise en cause.

Messages

  • José Bové ressort libre du Palais de justice de Millau

    TOULOUSE (Reuters)- José Bové est ressorti libre du palais de justice de Millau, dans l’Aveyron, où il avait été convoqué par le juge d’application des peines à la suite de sa condamnation pour fauchage d’un champ de maïs transgénique.

    L’ancien leader de la Confédération paysanne devra recomparaître devant ce juge le 10 décembre pour un prochain débat contradictoire en présence de son avocat et d’un représentant du parquet de cette ville.

    José Bové avait été convoqué à la suite de sa condamnation par la Cour d’appel de Toulouse le 15 novembre 2005 à quatre mois de prison ferme à la suite du fauchage d’un champ de maïs transgénique le 25 juillet 2004 à Menville (Haute Garonne).

    "Ce qui est clair, c’est que je suis libre, entièrement libre de tous mes mouvements et que je ne cours pas de risque d’emprisonnement avant fin 2007", a déclaré José Bové à sa sortie du palais.

    "Nous allons nous retrouver avec la justice et mes avocats le 10 décembre prochain pour un débat contradictoire. Un aménagement de peine possible consisterait à me laisser poursuivre l’action que je mène depuis plusieurs années", a ajouté José Bové.

    Avant de comparaître, José Bové avait précisé qu’il n’était "pas question pour moi d’accepter un aménagement de peine consistant par exemple dans le port d’un bracelet électronique ou même une mesure de semi-détention avec un retour en prison toutes les nuits".

    Avant de répondre à la convocation du juge, José Bové avait participé à un pique-nique organisé sur les marches du palais de Justice en compagnie de près de 200 sympathisants

    http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-33190349@7-37,0.html?xtor=RSS-3208.

    lolita