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Mai 68 : Histoire sans fin Liquider mai 68 ? Même pas en rêve

Publie le jeudi 15 novembre 2007 par Open-Publishing

de Gérard Filoche
Jean-Claude Gawsewitch éditeur
464 pages
novembre 2007
23 €

LE MAI 68 SOCIAL ET POLITIQUE NI UNE PARENTHESE... NI UN ACCIDENT

Le lecteur n’a aucun répit, il est entraîné par l’auteur dans le mouvement social prélude à Mai juin 68 puis il participe aux manifestations, aux assemblées générales et à la grève générale avant de poursuivre son chemin. J’ai bien essayé d’abandonner un peu la lecture pour une pause mais ce n’était pas possible.

L’engagement politique de Gérard Filoche commence très jeune pour se poursuivre aujourd’hui dans un autre cadre mais avec un même objectif celui de changer la société et de mettre fin au système de la finance, de l’élitisme et de l’exclusion.

J’ai moi aussi, à mon niveau plus modeste connu le même engagement, eu les mêmes doutes sur la ligne adoptée par la Ligue communiste...Mais j’avoue qu’à la différence de Gérard Filoche, c’est très tôt que j’ai rompu le centralisme démocratique et ceci plusieurs fois.

Le livre est chaleureux, humain et l’auteur ne jette pas la pierre à l’extrème gauche révolutionnaire et trotskiste. Il rappelle et explique que ce sont les appareils syndicaux et politiques et notamment le PCF quand il était tout puissant qui ont tout fait pour mettre fin à la grande grève et pour casser de nombreux mouvements.

Oui effectivement et Gérard Filoche le souligne dans son histoire sans fin, l’erreur de la Ligue fut la fuite en avant, le refus pendant longtemps de faire un travail de masse dans l’UNEF et même dans les syndicats ouvriers.

La dimension internationale est là , présente fortement avec les analyses parfois surprenantes comme celle qui consiste pour la 4 ème internationale officielle à prôner la guérilla en Amérique latine, à soutenir inconditionnellement tout mouvement dit révolutionnaire et par extension défendre en France même une orientation de fuite en avant en direction de l’avant garde large.

L’absence de débouché politique pendant quatre ans après la grande grève était terminée, l’union de la gauche, bien présente allait réussir à fournir une issue en 1981 pendant que la Ligue Communiste Révolutionnaire était incapable de mener une politique de front unique...

Si l’auteur n’est pas tendre avec la direction de la Ligue , il sait où est son camp et explique clairement « à quoi servent les sociaux-libéraux, néo-centristes : ils produisent des « livres blancs » qui servent d’alibi à la droite à mettre en route les pires projets... »

Les trente années qui s’étalent de 1964 à 1994, date du départ forcé de Gérard Filoche et ses camarades au PS puisqu’ils devenaient « hors normes » sont riches en luttes étudiantes et de la classe ouvrière.

Gérard Filoche explique ce non choix, conséquence d’une exclusion qui ne disait pas son nom : « Nous ne voulions surtout pas créer un énième groupe trotskiste.Nous voulions enfin réaliser ce que nous recherchions depuis le début : être au coeur de la gauche et non pas à sa marge. »

Ce livre est passionnant et j’attends avec impatience le tome 2 avec le bilan que l’auteur tire de 14 ans au PS et les perspectives qu’il peut tracer aujourd’hui... Le PS a t-il encore un avenir ?

Jean-François CHALOT