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Réponse aux "voilées" : Nous sommes tous et toutes des putes !

Publie le samedi 17 novembre 2007 par Open-Publishing
10 commentaires

REPONSE AUX VOILEES :

NOUS SOMMES TOUS ET TOUTES DES PUTES !

L’injure de pute et de salope n’est pas nouvelle. Simplement elle prend des proportions inquiétantes quand ce sont des femmes et des jeunes filles voilées qui l’emploient. D’autant que lorsque le terme injurieux n’est pas employé c’est une signification tout aussi méprisante qui ressort.

Le voile a mondialisé la figure de la pute. L’invective est internationale et se diffuse dans toutes les langues.

Hommes ou femmes, croyants ou non croyants, individu du nord ou du sud, nous sommes toutes et tous des putes !

I - PUTE COMME INSULTE

A) INSULTE TRADITIONNELLE DES FEMMES QUI SE PROSTITUENT

Il y a surtout de la prostitution féminine mais la prostitution masculine existe aussi de façon treès minoritaire. Il y a donc aussi des « putes » homme.

1° Il faut abolir la prostitution

2° mais dans le même temps faire reculer la misère sexuelle sinon la prostitution reviendra.
Le terme « pute » reste donc féminin à cause de l’histoire de la domination masculine.

B) - INSULTE MODERNE DES FEMMES SEXY (par extension de sens)

Les conditionnements historiques perdurent, d’autant que les différentes morales religieuses continuent de peser de tout leur poids pour culpabiliser les femmes sexy surtout et moindrement les hommes, qui les insultent du nom de putes mais qui les lorgnent néanmoins. Les mêmes sont clients des prostituées. Cette contradiction masculine tient à une moindre culpabilisation des hommes par la religion combinée avec une facile position d’oppression contre les femmes.

C’est à cause de ce conditionnement socio-historique que le sens du mot dépasse le cadre de la prostitution réelle, de la femme qui se fait payer pour sa prestation. Le mot est alors chargé de l’interdit refoulé « la femme séductrice » honnie des religieux et des hommes croyants, le tout soutenu un temps par la science.

II - LE RENVERSEMENT DU SENS : PUTE N’EST PLUS UNE INSULTE !

A) - LA FEMME SEXY LE TEMPS DU JEU : UNE TENDRE DOUCEUR

Le terme "pute" est passé dans les fantasmes pour signifier « femme excitante » quelque soit son look d’ailleurs. Cela n’est pas nouveau. Ce qui l’est plus est qu’au plan de l’imaginaire, certains hommes (plutôt la jeune génération mais pas seulement) emploient le terme pute ou salope au sens « de se donner totalement ». Un homme qui dit à son amante « je suis ta pute » signifie qu’il entends se donner pleinement « âme et corps » à elle. Si l’on se trouve dans le cadre non seulement du consentement mais encore de l’égalité et de la réciprocité mais encore du cadre qui délimite le jeu il n’y a pas problème . On peut juger ne pas croire qu’il s’agit d’un jeu sexuel qui retourne le conditionnement historique qui veut que la femme ne séduise que par son intelligence et non par son corps ou par le souci de vouloir satisfaire les fantasmes de son amants... et réciproquement. Le jeu ne dure que le temps de la transgression, l’emploi du mot est ensuite interdit. La règle "moderne" est ainsi.
On sait que les prostituées ne donnent pas leur âme mais seulement leur corps. Ce à quoi les féministes rétorquent que la sexualité est une psychosexualité et que l’on ne saurait opérer durablement pareille division sans s’aliéner.

B) - LA DEFENSE DE LA JEUNE FILLE SEXY MALTRAITE (DE PUTE) : GAUCHE TENDANCE CLAIRE BRETECHER !

Il s’agit alors de défendre (selon le contexte) les "putes" (sexy) contre les rigoristes et pudibonds islamistes ou non, hommes ou femmes. Le mot est donc ici prononcé en respect et en solidarité avec les femmes sexy contre leurs détracteurs.

Le slogan est : nous sommes tous et toutes des putes sexy !

Christian DELARUE une pute altermondialiste, antisexiste antiraciste

Messages

  • CONTRE LA PROSTITUTION DES IMMIGREES ET DES FRANCAISES.

    Hormis la prostitution vraiment très occasionnelle et non contrainte c’est bien la prostitution de toutes les femmes et de tous les hommes d’ici ou de là-bas qui doit être abolie. Mais la nécessité de mettre à bas le système prostitutionnel ne va pas de soi pour tous.

    Ce n’est pas si souvent que le MRAP aborde la question de la prostitution. A la différence d’ATTAC, il n’a pas vocation à se positionner sur cette question. Il s’occupe occasionnellement de défendre les prostituées immigrées sans papier.

    Néanmoins je lance le débat à peine évoqué il y a quatre ans.

    Depuis la chute du Mur la prostitution a pris de l’ampleur, en France et en Europe. Il y a eu une arrivée massive de prostituées étrangères. Le phénomène a suscité de vives réactions et une loi. Pourquoi ?

    D’abord rappelons en suivant Eric FASSIN (1) trois faits majeurs :

     c’est d’immigration qu’il s’agit, ce qui réactive les fantasmes sécuritaires,
     c’est la seule prostitution de rue qui est visée, autrement dit celle qui se voit, d’ou les réactions de riverains,
     c’est de la prostitution féminine dont il s’agit alors que la prostitution masculine concernerait aujourd’hui 30% des personnes se prostituant.

    I - REPERES DES POSITIONS EN PRESENCE EN 2003 (très brièvement).

    La droite va mener une politique d’ordre public qui ne vise pas à abolir la prostitution mais à la cacher.

     Pour la gauche féministe "libertaire"

    Pour Marcela IACUB et d’autres signataires d’un " manifeste " les femmes sont " libres de se prostituer ". (Le Monde du 9 janvier 2003) Il s’agit
    pour elles de défendre au moins deux principes : " le consentement " (contre la " police de la sexualité ") et " la libre disposition de son corps ". Les prostituées ne sont donc " ni coupable ni victime " mais libres.

     Pour la gauche féministe « morale »

    Les socialistes répondent (Le Monde 15 janvier 2003) que " ’acte de se prostituer n’est pas illégal, qu’il ne nuit pas à autrui " mais que l’on ne saurait " promouvoir la marchandisation des êtres humains ". La proposition débouche sur la sanction des clients. Ils reçoivent le soutien de Christine Boutin.

     Pour la droite « pragmatique »

    Christian Estrosi rétorque ; " Vous choisissez de punir le client pour supprimer la prostitution. Plus modestement nous choisissons de lutter contre les réseaux qui s’apparentent à l’esclavage ".

     Pour la gauche féministe abolitionniste

    La « gauche libertaire » et la « gauche morale » s’aveuglent sur l’empire de la norme et ne soulèvent pas la question de la domination qui est à la racine de l’exigence abolitionniste. C’est le proxénétisme qui est à la racine du système qu’il faut alors abattre (cf Marie Victoire Louis).

    J’ai choisi l’abolitionnisme qui lutte contre le proxénétisme. J’ai signé :

    « Des hommes s’engagent : Faire l’amour, pas la haine - Non à la virilité machiste ! »

    http://encorefeministes.free.fr/actions/action20amour.php3

    Le corps humain est inaliénable ! Pour l’abolition de la prostitution !
    par Collective des luttes pour l’abolition de la prostitution (CLAP) 15 janvier 2006

    http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2208

    Le groupe « genre » d’ATTAC développe aussi l’exigence abolitionniste. « S’en tenir à condamner et combattre le système prostitution pour ses aspects marchands et pour ses affinités avec le capitalisme néo-libéral comporterait le risque d’occulter ce qui fait de la prostitution une des pires manifestations de la violence sociale contre les femmes et de la domination masculine, à la fois
    physique et symbolique. »

    ATTAC France Mondialisation de la prostitution
    http://www.france.attac.org/spip.php?article6979

    II - LES EVOLUTIONS DE LA PROSTITUTION MANIFESTE UN FORT REGAIN DE LA DOMINATION

    L’emploi des termes « temps de la misère sexuelle » (A) et « temps de la libération sexuelle » au sein du couple ont le mérite d’indiquer un changement explicatif de la motivation du client des prostituées depuis quelques années. Il ne faudrait pas croire cependant que la « libération sexuelle
     » et la sexualité épanouie soit le régime dominant dans les couples contemporains (cf Babin). Par ailleurs, je reprends ici les propos d’Eric Fassin in « Liberté, égalité, sexualités »

    A) LA PROSTITUTION TRADITIONNELLE DU TEMPS DE LA « MISERE SEXUELLE »

    Traditionnellement, la prostitution était l’envers du mariage bourgeois : les prostituées compensaient par leur légèreté la « vertu » des épouses. Les hommes venaient chercher dans le bordel, ou dans la rue, ce qu’ils ne trouvaient pas chez eux : une sophistication sexuelle de fille publique qu’ils n’auraient pas aimée chez une femme « honnête ».

     La baisse relative de la « raison prude » entraîne la fin de la soupape sexuelle de la prostitution

    La libération sexuelle, c’est aussi la libération des épouses. Des pratiques sexuelles hier jugées vicieuses sont aujourd’hui légitimes, tous les magazines féminins nous le rappellent, à mesure que le désir féminin s’affirme. Bref, la soupape sexuelle de la prostitution perdait sa raison d’être.

    B) LA PROSTITUTION MODERNE DU TEMPS DE LA « LIBERATION SEXUELLE »

     L’activité des prostituées ne présente plus les dessous affriolants d’hier : on est loin des raffinements coquins. Bien au contraire, la « consommation sexuelle » semble furtive et sordide, dans les embrasures de portes et sur les banquettes de voitures pareillement inconfortables.

     Qu’est-ce qui rend désirables ces jeunes femmes réduites en « esclavage » ?

    N’est-ce pas précisément leur condition dominée, leur soumission quasi absolue ? On peut de demander si ce n’est pas justement, parce qu’elles n’ont aucun droit ou presque – même pas le droit à la parole, certaines ne connaissent pas trois mots de français – que ces femmes sont convoitées.

    Dans ce cas, le désir de consommation s’expliquerait comme la contrepartie de l’égalité sexuelle grandissante dans le couple. C’est seulement dans la prostitution que s’affirme aujourd’hui une domination incontestée : elle est le refuge des frustrations modernes de la domination masculine. Au contraire d’une épouse la prostituée n’exige pas d’être séduite ; elle n’attend pas de plaisir. La seule négociation porte sur l’argent, et non sur le désir.

     La concurrence des victimes et la surdomination contemporaine dans la nouvelle prostitution.

    Il est d’ailleurs significatif que les prostituées étrangères se révèlent pour les « franco-françaises » de dangereuses concurrentes : non seulement elles sont moins chères, mais elles ne refusent personne. Elles acceptent même sans préservatif !

    Christian DELARUE

    Secrétaire national du MRAP

    Délégué membre fondateur d’ATTAC France, élu au CA d’ATTAC France

    « Liberté, égalité, sexualités » Actualité politique des questions
    sexuelles Belfond 2003 Entretien entre Clarisse FABRE et Eric FASSIN

    • « racolage passif » : une loi sexiste !

      Les médias, et la société dans son ensemble, nous répètent que les « femmes occidentales » ont la « chance » d’avoir le droit de s’habiller et de vivre comme elles l’entendent… Ce discours vise à éteindre toute résistance féministe : « c’est bien pire ailleurs, donc estimez-vous heureuses ici et taisez-vous »… Pourtant, c’est faux : malgré les sempiternels discours sur la liberté, nous ne sommes pas libres. Nous, les femmes, nous ne pouvons pas nous habiller comme nous le voulons pour sortir, ni aller où nous voulons à l’heure que nous voulons. Selon notre apparence, nous sommes jugées respectables ou non.

      L’article 18 de la loi de Sécurité intérieure qui condamne le racolage passif dans l’espace public permet, en fait, de punir toute femme dont la tenue ou l’attitude est jugée racoleuse.

      On peut se demander quand, au juste, commence la tenue et l’attitude « racoleuse » et quand elle s’arrête ; d’autant qu’au même moment, dans la rue, des photos géantes martèlent aux femmes l’injonction de séduire à tout prix, en premier lieu avec leur corps, en adoptant des poses aguicheuses. Aux féministes qui tentent d’obtenir une loi antisexiste dans la publicité (entre autres), on répond souvent qu’il est difficile d’établir la limite entre une image sexiste et une image non sexiste. En 2002, Nicolas Sarkozy, lui, a décidé que l’on pouvait facilement distinguer une attitude racoleuse d’une attitude non racoleuse. A qui revient-il aujourd’hui de déterminer cette différence ? Aux policiers et aux juges…

      Cette loi qui condamne les femmes à une amende de 3 750 euros et jusqu’à deux mois de prison parce qu’elles captent l’attention et le désir des hommes est bel et bien une loi sexiste. En s’attaquant aux prostituées, cette loi s’attaque à toutes les femmes.

      Combattons les discriminations qui touchent les prostituées et la criminalisation qu’elles subissent. Pour une égalité entre les sexes et entre les sexualités, à bas le patriarcat !

      Le Collectif Contre le Publisexisme
      145, rue Amelot - 75011 Paris

      http://ccp.samizdat.net

  • Cher Christian Delarue, pourrais-tu ne pas encombrer le site de tes réflexions sur les femmes ?

    Si tu crées un site ad hoc, ne t’inquiète pas, les gens-se-s intéressé-e-s le consulteront ; c’est comme un livre acheté ou non.

    Pourquoi je supporte mal ?

    Dès les premières phrases, tu me déranges et tu me mets mal à l’aise. En effet, étant non voilée et cependant ayant conversations avec des voilées, jamais, mais jamais, une voilée ne m’a parlé des non voilées comme de putes... C’est sans aucun doute une chance exceptionnelle ! Mais toute extraordinaire qu’elle soit, y compris encore ce matin à propos de nos grèves, tu comprends, je tiens à la garder comme quelque chose de très précieux.

    Aussi ne gâche pas, je t’en supplie le bonheur de la communication chez les autre-e-s !

    Compris ou pas ?

  • j’ai trouvé votre article dans mes sélections de presse internet :

    je ne suis pas voilée et pas prostituée.

    j’aimerais trouver de meilleurs analyses sur **l’identité** des humain(e)s y’en a marre de lire toutes des... les hommes ceci... les femmes celà... au XXIeme

    • Ce texte n’a évidemment pas de grandes ambitions en terme d’analyse. Lire :
      VOILE ISLAMIQUE ET SEDUCTION

      http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=54555

      et chrismondial blogg

      Il faut le prendre comme une réaction avec sa dose de provocation mais aussi avec son geste solidaire.

      Christian DELARUE

    • IDENTITE – APPARTENANCE :
      MINORITES - COMMUNAUTES - COMMUNAUTARISME

      Alors que la nécessité d’une lutte anti-raciste contre toutes les formes de racisme pour la dignité et l’égalité des droits est évidente au moins au sein du MRAP , voici qu’apparaît un anti-racisme tribal, sectorisé (1), provenant quasiment de chaque minorité discriminé. Doit-on y voir la montée du communautarisme ? Doit-on y voir la montée des revendications particularistes des minorités ?

      Le terme de "minorité" - qui n’est guère employé massivement en France par comparaison au Canada par exemple - se comprend en fonction d’une situation, d’une situation d’oppression. Une minorité discriminée subie une forme spécifique de racisme, une minorités sexuelle subie l’oppression des normes hétérosexuelles (2).

      En France, le combat des minorités discriminées s’effectue pour l’essentiel sous la bannière de l’universel et de sa généralisation et non par référence à des luttes catégorielles. Il n’y a donc guère d’antiracisme tribal, ce qui semble devoir repousser l’agitation facile en France sur le spectre du communautarisme . Ce qui repousse aussi la nécessité d’en passer par des statistiques ethniques.

      Il nous semble aussi que ce que l’on a appelé " l’intifada des banlieues " relève plus de la solidarité politique des jeunes français d’origine maghrébine que de l’identité figée à une communauté close. Si c’est le cas, le « spectre du communautarisme » (3) doit être revu. Mais qu’est-ce que le communautarisme ?

      I - COMMUNAUTARISME : PREMIERS ELEMENTS POUR UN DEBAT

      Se mettre d’accord sur la définition du communautarisme est essentiel pour avancer sur les débats qui lui sont liés. « J’importe » ici une définition provenant d’ATTAC.


      A) Communautarisme : on connait l’insulte ou l’injure avant la définition.

      Avant de savoir ce qu’est le communautarisme, non défini dans les dictionnaires, le français adepte de la télévision comprend qu’il fonctionne comme repoussoir si ce n’est comme insulte d’une communauté particulière au sein de la communauté française . La campagne présidentielle de Monsieur SARKOZY a même accentué cette dimension ( le communautarisme visé est essentiellement celui des musulmans, pas celui des juifs). Un tel usage polémique devrait inciter à un emploi justifié et prudent.

      Dans le même registre pédagogique, le dictionnaire "Le Petit Alter" d’ATTAC indique d’emblée : « Le mot " communautarisme ", sujet à polémiques, n’est pas défini par les dictionnaires et les encyclopédies. Il est usité en France depuis le début des années 1980. Il a trouvé dans un contexte idéologique spécifique à ce pays plusieurs acceptions, et il est souvent connoté négativement, à la différence du terme " communauté " plutôt jugé de manière neutre, si ce n’est positive ».

      B) Le communautarisme : idéologie, groupe de pression et organisation sociale.

      Le dictionnaire "Le Petit Alter" précise ensuite que : "Le communautarisme est d’abord l’idéologie qui légitime une reconstruction de la société sur la base de regroupements de personnes, selon leurs origines, leur communauté d’origine : une manière de lobbying pour peser sur l’organisation sociale en faveur de tel ou tel groupe. Dans cette vision, ce qui prédomine est moins l’existence de normes de vie commune qu’une adhésion à une idée et à un but commun, par exemple politique. Dans certains cas, ce regroupement de personnes sur des critères identitaires et/ou religieux peut aboutir à des prescriptions spécifiques au groupe qui s’impose à ses membres.

      Considérant qu’on ne peut parler de communautarisme que dans un espace au sein duquel existent plusieurs groupes sociaux organisés, on peut le définir comme l’organisation politique qui reconnaît l’existence de ces différentes communautés et respecte leur règles internes (le droit commun à tous est subordonné aux us et coutumes internes à chaque groupe)".

      C) Cette conception entraîne de nombreux questionnements parmi lesquels :

       Une société démocratique avec un Etat laïque peut-elle être le produit d’une juxtaposition d’une mosaïque de communautés ?

       Comment peuvent se construire des valeurs universelles dépassant les valeurs de telle ou telle communauté ?

       La loi commune peut-elle s’opposer à une règle interne d’une communauté ; ou, inversement, une règle particulière peut-elle contrevenir à la loi commune ? Tels sont les cas, par exemple, de l’excision et de la polygamie.

       Un individu doit-il être identifié comme appartenant à une communauté particulière pour avoir les mêmes droits que tout le monde ? Ce problème est sous-jacent à toute classification selon la religion ou l’ethnie
      d’origine.

       Quelle est la langue commune d’un espace pluri-communautaire ?


      II - IDENTITE, APPARTENANCE, COMMUNAUTES

      La solidarité idéologico-politique avec le peuple palestinien des jeunes des banlieues en révolte en 2005 relèvait plus du sentiment d’identification à un combat politique que d’une identité culturelle rigide, notamment au travers de l’adoption d’un islam radical.


      A) COMMUNAUTARISME OU SOLIDARITE POLITIQUE

      J’emprunte ici (à d’autres fins argumentatives) des distinctions faites par Philippe Zarifian dans « L’échelle du monde » (4) 1) LES IDENTITES COLLECTIVES EN CRISE

      Les identités à la base des communautés sont en crise. La manifestation de cette crise en est le raidissement identitaire observé sous des formes variables ici ou là pour chacune d’elle qu’elle soit religieuse, de classe, de sexe, d’âge, de métier, d’ethnie ou de nation.

      La multi-appartenance sur fond de mentalité "chat de gouttière" ( Edm p70) offre une perspective de sortie de crise, notamment en temps de guerres récurrentes et de crise écologique. Le métissage culturel est aussi une voie positive sous réserve d’ "enrichissement et confrontation critique" (Edm p183) notamment pour que la laïcité soit assurée et les droits des femmes respectés.

      2) DES IDENTITES AUX APPARTENANCES

      L’appartenance se fonde sur une identification au groupe, voire à la communauté, mais elle est plus modeste que l’identité. L’appartenance aide à nous situer. Elle est d’abord sociale. Nous appartenons à tel groupe (parti, syndicat, association) mais aussi à tel communauté (ethnique, nationale, salariale, mondiale) avec des cohérences ou des contradictions. L’appartenance est donc sans fermeture.

      Plus souple que l’identité, l’appartenance permet de jouer des références de solidarité en fonction des enjeux. Tantôt sentir l’amitié entre les peuples en cas de guerre, tantôt sentir l’appartenance à la communauté d’intérêts des travailleurs salariés quand le capital pousse ses attaques contre les droits des salariés des précaires et des chômeurs. La mondialisation capital par les entreprises transnationales a étendu les rapports sociaux qui lui sont intrinsèquement liés. La lutte de classe loin de disparaître s’est accrue et mondialisée.

      B) LE MYTHE DES GRANDES COMMUNAUTES EN France (5).

      Le spectre du communautarisme est infondé. Du moins il ne porte pas sur les trois grandes communautés à base religieuse. Il joue à la marge.

      3) SORTIR DE LA VISION DES TROIS COMMUNAUTES FONDAMENTALES

      Dans une contribution au Monde Mouloud AOUNIT (1) écrit : "La France républicaine des années 2000 serait-elle composée de trois communautés, une majoritaire "catho-laïque" repliée sur elle-même, et deux minoritaires, juive et musulmane, qui seraient susceptibles de s’affronter à tout moment ?/" Le propos vise à sortir la lutte antiraciste de la sectorisation de la tribalisation. Ce qui est positif.

      Mais le même propos devrait conduire à une vision plus contrastée des processus de communautarisation. En fait il n’y a pas plus UNE communauté catho-laique unifiée qu’ UNE communauté musulmane unifiée. On pourrait en dire de même pour les juifs de France. Sans doute y a-t-il des points communs qui justifient cette vision en trois communautés mais les différences voire les conflits internes semblent plus importants. Ce qui devrait inciter à relativiser la vision tricommunautaire bien rigide. D’autant que le fractionnement en de multiples sous communautés est renforcée par la diversité du religieux.

      4) PRENDRE ACTE DE LA DIVERSITE DES INTERPRETATIONS RELIGIEUSES

      Quand on évoque le "retour du religieux" on oubli pour les trois grandes religions monothéistes que l’unanimité d’interprétation des textes et plus encore que l’uniformité dans la diffusion des normes et prescriptions religieuses est un mythe. Au-delà d’un corpus fondateur de chacune, on repère rapidement en quelque sorte des "théologies" dans chaque religion et les pratiques qui en sont issues sont encore plus diverses dans chaque religion. La diversité domine tant au plan historique qu’au plan géographique. On trouvera donc pour chaque religion toute la gamme des visions du monde allant du libéral progressiste acquis relativement à la laïcité et à l’égalité des sexes aux visions réactionnaires, à l’intégrisme le plus violent.


      5) PRENDRE ACTE DES EFFETS D’INTEGRATION

      Il faudrait ajouter certains effets de la logique républicaine d’intégration-assimilation qui quoi qu’on en pense (elle est passible de vives et justes critiques) vient renforcer la tendance à mentalité laïque.

      Ici et maintenant on ne peut plus aisément raciser la jeune fille voilée par simple effet de l’évidence avec le réel. Ce phénomène de racisation ne peut se produire que dans les sociétés ou islam et voile vont ensemble comme une "seconde nature". Au temps de la colonisation toutes les femmes étaient voilées (énormément du moins) et donc le "racisme anti-voile" était un réel racisme islamophobique (avant le mot) lié au colonialisme. Aujourd’hui le nombre de musulmanes non voilées est immensément supérieur à la petite minorité de jeunes filles voilées, et l’effet d’amalgame ne joue plus automatiquement. Pour beaucoup, la phobie discriminante est très circonscrite à l’objet-voile et ne saurait donc être, sauf délire paranoiaque, une islamophobie raciste.

      Parler d’islamophobie non raciste - car très circonscrite à l’objet voile - laisse d’ailleurs entendre qu’il existe bien une islamophobie raciste. Mais c’est à l’analyse de le montrer. On ne peut recourir à l’évidence comme du temps de la colonisation.

      Christian DELARUE

      Secrétaire national du MRAP

      1) Sur l’antiracisme tribal lire le texte de Mouloud AOUNIT sur le site du MRAP
      Le Monde du 15 juin 2006

      http://www.mrap.fr/interventions/monde

      2) Concernant les minorités sexuelles lire :
      "Pour une critique bienveillante de la notion de minorité" (le cas des
      minorités sexuelles) par Sébastien CHAUVIN

      http://sebchauv.free.fr/Sebastien_Chauvin_Notion_Minorit%E9.pdf

      3) cf le texte de Michel FEHER intitulé « Le Proche-Orient hors des murs : Usages français du conflit israélo-palestinien » dans « De la question sociale à la question raciale » La découverte

      4) Cf L’échelle du monde de Philippe Zarifian La Dispute 2004
      Lire le CH 3 « De l’agonie des identités au métissage » et plus particulièrement en p 73 le paragraphe relatif à « l’ouverture de l’appartenance »

      5) LE MYTHE DES GRANDES COMMUNAUTES EN FRANCE provient de « UN SIMPLE FOULARD ? UN VULGAIRE FICHU ? OU AUTRE CHOSE » site Bellaciao ou chrismondial blogg

      http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=54657

  • J’ai juste une question à vous poser : combien de prostitué-e-s avez-vous rencontré pour vous permettre de telles affirmations ?