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Pour un PCF du 21ème siècle

Publie le lundi 10 décembre 2007 par Open-Publishing
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La contribution "Les communistes, les partis et les mouvements" de Roberto Ferrario du 23/11/2007 est une intéressante analyse des rapports entre Parti et "mouvements". Elle recoupe ma propre analyse (plus succincte). Je pense que sous une forme résumée cette réflexion devrait figurer dans un document de doctrine du Parti tel qu’un "Manifeste communiste du 21ème Siècle", comme le propose Serge Faburel (contribution du 30/11/2007) et quelques autres contributeurs (dont je suis).

de Brachet Alain

Réflexions d’un vétéran "ex-communiste" sur : lutte des classes ; dépassement du capitalisme ; transformation et mouvement social ; place du PCF.

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt la contribution récente de Lucien Sève. Elle synthétise d’une certaine manière des points de vue divers, à l’ordre du jour actuellement au sein du PCF, ou dans sa mouvance ("ex-communistes", comme moi ; sympathisants) et autres organisations plus ou moins proches.

Je crois avoir compris que les gens "non encartés" peuvent apporter leur contribution au débat. J’en suis heureux, car j’ai le sentiment que "1 ’heure est grave", et que toutes les bonnes volontés doivent s’y mettre. Je voudrais participer à la réflexion collective entamée en examinant plus particulièrement les points suivants : Communisme et parti communiste ; "Dépassement du capitalisme" ou abolition ; "Transformation sociale" et "nouveau monde possible" ; "Mouvement social" et parti communiste.

Je ne ferai pas référence à telles ou telles propositions de Lucien Sève, mais plutôt à la philosophie générale que j’en dégage, et que l’on retrouve avec des variantes chez d’autres intervenants. Je précise que mon point de vue est assez critique.

1 )Communisme et parti communiste

Le mot communisme a besoin d’être clarifié. Il recouvre désormais toute une variété d’idées, bienveillantes et malveillantes, mais surtout ambiguës, informulées ou mal formulées. Je vois pour ma part les choses ainsi :

Le communisme en tant que société communiste (par analogie avec le capitalisme, en tant que société capitaliste) recouvre l’idée d’une société où l’individu est en parfaite communion avec les autres, où en somme l’individu en se réalisant pleinement contribue sans effort ni contrainte au bon fonctionnement de la société. Celle-ci, en retour, favorise cette liberté individuelle. Pour reprendre une formule ancienne : "une société où chacun donne selon ses moyens et reçoit selon ses besoins". C’est un idéal, un but "asymptotique", selon une terminologie mathématique, c’est à dire un but qui sera éternellement poursuivi par les hommes. Ils s’en rapprocheront éternellement (sauf cataclysme planétaire) sans jamais l’atteindre vraiment : il y aura toujours des volontaires pour chercher mieux. Heureusement ! Car ce serait "la fin de 1’histoire", donc, par définition, un monde infiniment triste et strictement invivable.

Un parti communiste est le rassemblement d’individus qui se donnent évidemment pour objectif ce lointain (perpétuellement lointain) état social. Mais avec une telle visée qui se dérobe sans cesse, on ne peut espérer rassembler beaucoup de monde, pour travailler à sa gestation aujourd’hui ! Le mot communiste qualifiant une organisation, un parti communiste en
l’ occurrence, qui s’inscrit dans une telle perspective, doit avoir un contenu beaucoup plus terre-à-terre et immédiat. Quelle est alors la signification concrète du mot communiste pour désigner ce parti ? Quels sont en somme "ses fondamentaux" ? Qu’est-ce qui caractérise l’homme communiste aujourd’hui ?

Les "fondamentaux"

A mon avis ils sont de deux types. Il y a ceux du "cœur" : humanisme, solidarité, égalité, etc ... Ce sont des conditions nécessaires mais pas suffisantes pour être communiste ; fort heureusement ces exigences du "cœur" sont largement partagées. Il y a aussi des exigences de "raison". Ce sont elles qui caractérisent 1’homme communiste. Pour moi elles sont au nombre minimal de trois : 1) la lutte des classes ; 2) l’abolition ou le dépassement du capitalisme ; 3) l’objectif de construire une société non capitaliste, un "nouveau monde possible", un nouveau socialisme. Il faut alors comprendre ce terme de socialisme comme la première étape de la longue marche vers "l’asymptote" (le communisme ) dont j’ ai parlé. C’est déjà à un "nouveau monde possible" . Mais un monde dont on peut imaginer concrètement certaines caractéristiques à partir de ce que l’on connaît dans la société capitaliste actuelle. Il en sera une espèce d’ extrapolation, de " dépassement" . Ce qui ne veut pas dire que sa structure apparaîtra de manière évidente et limpide ... Il s’agit d’une société ou d’une solution aux multiples visages possibles, car résultant de l’élaboration réfléchie, collective, par des hommes de bonne volonté. Ce qui entraînera tâtonnements (la NEP en Russie après 1917 par exemple), essais (le Programme Commun de la Gauche en France), erreurs, qui peuvent être monumentales (le "socialisme réel"), impasses à terme (la social-démocratie ou le keynésianisme des "trente glorieuses"), expérimentations (Cuba, le Venezuela, la Chine, etc ... ). Et ceci par opposition à la société capitaliste qui est une solution "par défaut" en ce sens qu’elle s’est construite au fil du temps toujours selon le même schéma : les forts, les puissants, les riches, et même les plus intelligents, imposent la société qui leur convient le mieux pour pérenniser leur puissance, leur richesse, etc ...

Un PCF "intellectuel collectif"

Un tel concept signifie qu à un moment donné une seule ligne politique doit être adoptée en vue de rassembler le maximum de communistes pour l’action. Cela impose donc certaines règles de vie ,notamment celle d’une "démocratie collective". A noter que cette expression n’est pas plus absurde que celle de "démocratie participative" tant prisée aujourd’hui (comme si la démocratie pouvait ne pas être collective et participative !). A noter aussi que cette terminologie alambiquée vise à éviter d’utiliser un terme devenu totalement incongru au PCF : celui de "centralisme démocratique", dont ce que je propose pourrait être considéré comme une variante. Ce sera une règle acceptée comme applicable uniquement au sein du Parti (il ne s’agit donc pas d’une règle que l’on voudrait imposer à toute la société). Elle devrait être mentionnée dans les statuts du Parti. Elle devrait éviter la cristallisation de tendances permanentes et elle maximiserait à tout instant la force du parti, en donnant clairement à voir son unité de pensée et d’action. Cette "démocratie collective" est inséparable du fait que le parti, dans son action au sein de la société, entreprend en permanence des "expériences politiques". Il procède "par essais et erreurs". L’essai est la ligne politique choisie à un moment donné, fondée sur une analyse de la société à ce moment-là, et sur la nature des "impulsions" que le parti juge nécessaire de donner en conséquence pour faire bouger les choses. L’analyse et l’impulsion sont, selon le cas, définies à différents niveaux de la structure du parti : cellules, sections, fédérations, conseil national, congrès, etc ... Dans la plupart des cas, elles résulteront de propositions issues des directions de ces instances (celles-ci sont là, entre autre, dans ce but). Et elles seront entérinées à la suite de discussions impliquant le maximum de communistes, généralement par consensus plus ou moins tacite. Si nécessaire un vote démocratique tranchera. Démocratique, parce qu’il n’y a pas d’autre moyen sérieux et acceptable par tous de conclure. A moins de procéder de manière arbitraire (à pile ou face ?) ou totalitaire « La Direction ou Pierre ou Paul a toujours raison » ?). Le choix démocratique est aussi un gage du bien-fondé probable de "l’essai" entrepris (il ne parait pas utile de faire des essais dont on soupçonne, majoritairement, qu’ils vont se révéler comme des erreurs !). Enfin, si une majorité approuve l’essai entrepris, il y aura une majorité de militants à le mettre en œuvre avec confiance ... et discipline (et pas seulement parce que "la discipline est la force principale des armées" !) Que l’essai soit réussi, ou que l’essai ne le soit pas, on aura alors les meilleurs conditions pour en analyser les résultats. La démarche est ainsi claire. Après choix d’un essai, mise en oeuvre par le maximum de force militante pour créer les meilleures conditions de réussite ... ou à défaut, d’échec mais, surtout dans ce cas, en en clarifiant le mieux possible les raisons. En somme, en faisant en sorte que les résultats soient aussi "mesurables" que possible. L’examen critique des résultats, dans ces conditions, prêtera moins le flanc à des interprétations discutables.

Est -ce que des "tendances" permanentes favoriseraient cette démarche ?

A mon avis : non, puisqu’elles brouilleraient la "pureté" de la démarche, donc son interprétation. Ce qui n’est évidemment pas le but souhaité.

Par contre :

De même que l’intellectuel collectif qu’est le Parti tire la quintessence de la réflexion multiple et croisée de ses adhérents, pour définir sa ligne politique ou interpréter les résultats d’un essai politique ; de même il est possible que certaines idées germent ici ou là dans le Parti pour proposer, à un moment donné, d’autres lignes politiques ou d’autres interprétations que celles qui émanent des instances de direction. Et que ces idées, pour mûrir, s’enrichir, se développent au sein d’un "sous-intellectuel collectif’, c’est à dire d’un petit groupe de réflexion (notons qu’Internet favorise désormais ce type de relation). Il serait "contre-productif’ de ne pas favoriser de telles démarches, au risque de passer à côté d’idées fécondes. Il faut donc admettre l’existence de telles "tendances" temporaires. L’attitude de la direction est déterminante, pour éviter que ces positions se cristallisent en "tendances permanentes" , situation à laquelle est actuellement confronté le PCE Il est donc important de ne pas les ignorer, mais de décider, après discussion démocratique, si elles méritent d’être testées.

Là aussi, je pense que les principes et les modalités pratiques d’une telle règle de vie qui restent à peaufiner, devraient être inscrits dans les statuts du Parti, et certains points à approfondir :

a) le poids particulier à donner aux instances de direction dans le décompte "démocratique" des décisions ou interprétations des résultats. Un dirigeant doit-il compter pour un ou un peu plus ?

b) que faire si une direction persiste à ignorer des idées qui, n’étant pas testées, ont peu de chance d’être validées (ou invalidées) ? Pour le premier cas, je pense que "l’initiative des lois" donnée aux directions pondère assez bien les choses, à condition qu’elle permette aussi la gestation, à la base, d’autres idées. Les directions sont en effet désignées pour prendre des initiatives. A quoi serviraient-elles dans le cas contraire ? Pour le deuxième, peut-être faudrait-il avoir des instances de contrôle indépendantes ? A l’image de procédures utilisées dans l’industrie ("l’Assurance de la Qualité") ? Mais pour éviter de tels formalismes il suffit sans doute de s’en remettre à la responsabilité de chacun, ce qui suppose une transparence totale des actes et discussions au niveau des diverses instances de direction. Pour cet aspect aussi le principe et ses modalités pratiques, à peaufiner, devraient être inscrits dans les statuts du Parti.

On pourrait se poser la question : est-ce que cette démarche de "démocratie collective", si elle avait prévalue actuellement, aurait modifié l’évolution de ces dernières années ? Mon sentiment est qu’elle aurait pu contribuer à ne pas prolonger autant la "mutation" débutée il y a quinze ans et qui se prolonge encore. Les résultats expérimentaux (déclin persistant de l’audience du PCF) aurait pu (dû ?) mettre un terme plus rapidement à un "essai" incontestablement erroné. En quinze ans on avait le temps de tenter d’autres démarches. D’autant plus qu’il y a eu des "essais" qui, s’ils avaient été considérés comme tels, auraient pu mettre "la puce à l’oreille". Je pense aux résultats des élections régionales. Elles étaient dans les faits, que ce soit voulu ou non, l’occasion de comparer trois tactiques : l’ouverture des listes à certaines organisations du mouvement social (Ile de France), listes communistes pures et dures (Nord Pas de Calais), listes communes avec le PS. Je n’ai jamais lu quoi que ce soit (dans l ’Huma par exemple) qui témoigne que l’on ait examiné sérieusement le bon score du PCF dans le Nord Pas de Calais, en comparaison avec les résultats donnés par les autres démarches .. En somme, comme la démarche "d’essais et d’erreurs" n’était pas une pratique établie, on a allégrement ignoré ce résultat et les leçons à en tirer. N’est-on pas passé à côté de réflexions intéressantes ? N’aurait-elles pas évité la cristallisation de "tendances" dont on ignorait la parole ? En somme, est-ce que cette démarche de comparaison n’aurait pas été utile pour le Parti ?

De même, je pense que "l’expérience" des "collectifs antilibéraux" ou "pour une candidature unique" auraient été plus instructive (et peut-être moins catastrophique ?). Elle aurait aussi pu servir à décrisper des relations entre les tendances divergentes du PC et à clarifier celles que l’on souhaitait établir avec les partenaires de cette opération. Je m’explique. D’abord, il aurait été plus clair pour les partenaires que le PCF annonce dès le début ses intentions : cette affaire a pour lui un caractère expérimental et son comportement futur dépendra des résultats obtenus. Les enjeux pour ces partenaires étaient alors dépourvus d’ambiguïté. Ces partenaires pouvaient prendre toutes leurs responsabilités quant à la suite possible. Ensuite, le PCF, partenaire le plus puissant (même si ceci est moins évident que naguère) au sein de ces collectifs, était en droit de fixer d’entrée de jeu des exigences légitimes dans ce contexte. Par exemple, que le choix du candidat ne pouvait être que communiste ... mais pas forcément la secrétaire nationale du Parti (il y a eu des précédents positifs : la candidature de Jacques Duclos, il y a longtemps). Il est certain que de telles conditions initiales auraient rebuté certains partenaires. Ils révélaient ainsi un engagement empreint d’arrières - pensées, peut-être légitimes à leurs yeux, mais en tout cas irréalistes dans le contexte d’élections présidentielles, engagées dans les conditions que l’on connaît, tant à droite qu’à gauche. Le score du candidat communiste, alors candidat également de certains collectifs antilibéraux, aurait-il été meilleur ? C’était l’inconnue de l’opération. Mais je pense que ce ne pouvait être que meilleur car, s’il y avait eu davantage de défections chez certains partenaires, en contrepartie, il y aurait eu plus d’enthousiasme chez les militants communistes, toutes tendances confondues ... et chez quelques sympathisants j’en connais).

2)"Dépassement du capitalisme" ou abolition L’usage s’est généralisé au sein du PCF de ne plus parler d’abolition du capitalisme mais de dépassement. Pour ma part, je pense que cette nouvelle terminologie est peu compréhensible pour "le commun des mortels". Elle provient en effet de Marx lui-même, mais en tant que commentaire "dialectique" du mot abolition (ce qui n’est pas forcément perçu par qui n’a pas lu Marx !). En fait l’adoption de ce mot de dépassement induit l’idée néfaste qu’au contraire, il y aurait quelque chose d’indépassable dans le capitalisme. On n’ aurait jamais inventé une société aussi efficace. De là à penser qu’il est "la fin de l’histoire" ou "qu’il n’y a pas d’alternative" ... le pas est facile à franchir !... Mais de quelle efficacité parle-t-on ?

S’il s’agit de l’efficacité pour enrichir les plus riches à partir du travail des autres, la réponse est en effet indiscutable. Il est aussi acquis, je le pense, que le capitalisme a fait mieux que le "socialisme réel" de l’ex URSS, en matière d’innovation technique, de productivité.

Il est peut être même possible de démontrer que le capitalisme ferait mieux, de ces points de vue, qu’une société non capitaliste où la répartition des produits du travail humain (la richesse créée) serait plus égalitaire. Où les gaspillages, les atteintes à l’environnement, la pénibilité du travail seraient moindres. Où donc l’organisation de la société serait plus démocratiquement établie et soumise à des règles plus protectrices, plus soucieuses des multiples interférences avec la santé, le bien-être au travail, les loisirs hors travail, la culture et la formation des travailleurs, etc ... Tout cela nécessite en effet plus de concertation, plus d’expérimentations concrètes, de temps passé, notamment à analyser le "retour d’expérience", à réfléchir collectivement aux problèmes rencontrés et à leurs solutions, etc ... Mais si cette moindre efficacité ou productivité, est due au fonctionnement complexifié d’une société plus démocratique, plus intelligente, assurant au mieux liberté, égalité, fraternité, n’est-elle pas préférable à la soi-disant efficacité du capitalisme ? Dont seule ou presque bénéficie une minorité des citoyens ...
La question est alors : que doit-on abolir ?

Il y a dans la notion de capitalisme deux aspects savamment entremêlés par les tenants du système, et quelques autres, pour brouiller les pistes. Le monde industriel, qui est donc celui du capitalisme, impose que de "l’argent soit mis de côté" pour construire ou perfectionner un moyen de production. Il impose qu’une certaine "plus-value", qui est en somme du travail accumulé, soit prélevée sur les travailleurs. C’est en effet la seule source "incontournable" de capitaux pour investir dans un nouveau moyen de production (une usine, des machines ... ). C’est aussi la seule source de capitaux pour investir dans la construction d’écoles, d’hôpitaux, de laboratoires de recherche, etc ... Mais voilà ! Le choix de l’affectation de ce capital constitué par agrégation de "plus-value", vers la construction d’usines, ou d’écoles, ou d’hôpitaux n’est pas entre les mains de ceux qui ont produit la "plus-value", les travailleurs, c’est à dire la grande masse des humains. Le choix est pratiquement réservé aux seuls "détenteurs de capitaux", aux seuls propriétaires des moyens de production. Le titre de propriétaire leur donne le droit de récupérer à leur profit la "plus-value". La destination de ce capital financier est double : une partie est réinvestie dans de nouveaux moyens de production, ou dans le perfectionnement de moyens existants ... afin de renouveler le cycle selon un effet "boule de neige". L’autre partie sert "d’argent de poche" (disons : de rémunération pour le capitaliste et par accumulation, constitue sa richesse, son patrimoine). Pour enfler toujours plus cette dernière fraction, il faut obligatoirement enfler la première. C’est dans ce mécanisme que le Capital a fait preuve d’une inventivité, d’une efficacité diabolique. Elle se manifeste notamment par la panoplie toujours perfectionnée des inventions de "1’ ingénierie financière", de la financiarisation de l’économie et de sa mondialisation. Sans aucun doute, dans ces domaines, il y a des inventeurs de génie ! La sophistication des moyens d’enrichir toujours davantage ceux qui" gagnent de l’argent en dormant", à partir du travail de "ceux qui se lèvent tôt" a quelque chose de merveilleux !... mais qui ne doit pas impressionner ceux (j’en suis) qui veulent partager plus équitablement les fruits du travail.

Parmi les sophistications des moyens d’appropriation de la "plus-value", donc de la richesse, le plus ancien et le plus simple dans son principe, consiste en la "copropriété du capital" (c’est le système des sociétés anonymes à base d’actions) et de leur corollaire : la Bourse des valeurs. Génial ! Un possesseur d’actions, pour" gagner plus sans travailler plus", surveille le thermomètre de la Bourse (le CAC 40) et sans se soucier des "effets collatéraux" de son boursicotage, achète ou revend ses actions au mieux de l’enflure de son portefeuille. Effets collatéraux ? Cela signifie : délocalisations, mise au chômage de "charrettes de travailleurs", suppressions d’activités utiles mais "non rentables" (pour le portefeuille), augmentations des cadences, incitations à la baisse des "charges des entreprises" (salaires individuels et salaires socialisés, tels les prélèvements destinés aux retraites, aux prestations sociales) , etc ... En somme, tout ce qui mine actuellement les conditions de vie des travailleurs ...

Conclusion : dans le capitalisme, ce qu’il faut abolir en priorité c’est l’actionnariat, les sociétés anonymes, la Bourse des valeurs et tout ce qui est fondé sur ces entités, en termes "d’ingénierie financière".

Voilà qui clarifiera déjà bien la situation ! Mais à ce stade, le "petit capitalisme" des PME et autres organismes analogues (coopératives, associations de producteurs, entreprises agricoles familiales, artisanat, petits commerces, etc ... ) n’est pas concerné. Nous verrons dans le chapitre suivant comment remplacer ce qui est supprimé, et proroger ce qui n’a pas à l’être. Une remarque complémentaire avant d’examiner ces aspects.

Il se trouve que les multinationales du CAC 40, englobent la plupart des entreprises ou organismes dont les productions sont indispensables à la survie de nos sociétés :

- l’énergie (pétrole, gaz, électricité ... ) et le traitement de leur déchets

- l’eau et le traitement des eaux usées

- la chimie et la pharmacie

- l’ agroalimentaire

- les grands moyens de transport ( par terre, air, mer...)

- les grands médias

- la finance et les assurances ...

Il n’est pas indifférent que ces grands domaines échappent en priorité à la loi du Capital...

3) "Transformation sociale" et "nouveau monde possible"

Pour clarifier les choses ,je dirai que l’aspiration altermondialiste à "un nouveau monde possible" exprime peu ou prou l’aspiration à la "société communiste" idéale que j’ai évoquée. il est clair qu’on ne peut pas en dire grand-chose de concret ! La "transformation sociale", terme que je préférerais remplacer par "transformation de la société", moins ambigu, correspondrait à la mise en place de cette première étape que j’ai nommée "nouveau socialisme". C’est elle que l’on doit tenter d’imaginer à partir de ce que l’on connaît aujourd’hui dans le capitalisme (démarche qui fonde la notion de dépassement). A ce stade on peut être plus concret, quitte à commettre quelques erreurs (qui nécessiteront d’autres hypothèses ou essais).

a )Tout d’abord, pour ce qui est des ex entreprises du CAC 40 ou relevant des domaines indispensables à la survie de notre société, dont j’ai donné la liste ci-dessus (sans doute à compléter) la solution la meilleure et qui a le mérite d’avoir été testée en grand et pour des laps de temps garantissant leur viabilité (SNCF, EGF, Mines, Telecom, Air France, certaines banques, la Régie Renault en son temps, etc ... ) : la nationalisation.

Je n’entre pas dans les détails, que mes connaissances insuffisantes en matières financières, économiques, juridiques m’interdisent d’aborder. Surtout quand il s’agit d’entreprises multinationales. C’est l’affaire de spécialistes. Pour simplifier je précise en outre que je me place dans l’hypothèse d’un cadre national pour toutes ces opérations. C’est pourquoi je parle de nationalisation et pas de création d’entreprises publiques, qui est une notion englobée par celle de nationalisation, ni de services publics, structures également présentes aujourd’hui (bien que menacées de privatisation) et qui correspondent au grands domaines de l’éducation, de la santé, etc ... et qui sont évidemment à proroger. En outre, pour aller vite, je n’aborderai pas ici les problèmes du cadre européen, mondial, sinon pour dire que les freins que la transformation de la France pourrait rencontrer du côté de l’Europe, du monde (OMC, autres pays capitalistes influents dont au premier chef, les Etats-Unis) ne doit pas d’emblée provoquer un découragement empêchant toute réflexion. S’il faudra résoudre ces problèmes d’une manière ou d’une autre, nous n’en sommes pas là, à cette étape de réflexion. On peut simplement remarquer qu’il faudra bien affronter les contraintes extérieures, comme le fait par exemple un Chavez, face aux ingérences du Capital international et surtout
Etats - Unis.

b) Les entreprises sans but lucratif. Je veux parler des entreprises de type associatif, coopératif, etc ... De telles entreprises existent aujourd’hui au sein même du système capitaliste, mais à petite échelle et dans des conditions d’existence et de survie précaires. Mais elles fonctionnent incontestablement... Elles sont donc à pérenniser, et même à encourager. Leur structure collective et démocratique permet d’y expérimenter des formules d’autogestion. Elles peuvent être le support d’innovations techniques comme l’ont été certaines "start up".

c) Les PME

Les PME sont des entreprises "capitalistes". Mais, sous leur forme la plus habituelle de sociétés "non anonymes", qui ne répartissent pas leur capital entre de multiples "copropriétaires" (actionnaires) irresponsables, elles sont à pérenniser. Pour plusieurs raisons, à mon avis. Elles ont au total un poids économique prépondérant dans la nation, notamment en terme
d’ emploi. Elles constituent la base commode de nombreuses innovations technologiques (les "start up").

Si cette nouvelle société ne connaît plus que de grandes entreprises nationalisées, des coopératives, des PME, sans parler de tous les services publics habituels (dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la culture, etc ... ) où trouvera-t-on les financements nécessaires à la faire fonctionner ? Pour les services publics, à mon avis rien de nouveau : les impôts, question que je laisse de côté ... pour les détails !

Pour les entreprises des types ci-dessus, puisqu’il n’y a plus d’actionnaires, il faut chercher ailleurs. Je ne vois que deux sources : l’autofinancement, c’est à dire les fonds propres de l’entreprise, ses économies. L’emprunt auprès des banques (nationalisées). Cela peut-il marcher ? Quant au principe, je ne vois pas de difficulté dès lors qu’un emprunteur reverse à la banque un intérêt supérieur à celui qu’un épargnant (entreprise, collectivité quelconque, particulier) reçoit de la banque pour ses placements. En somme c’est un système qui fonctionne comme la Caisse d’Epargne, de nos jours ! Pour ce qui est des fonds propres, la question est délicate, car leur enflure excessive peut résulter d’une exploitation excessive des employés ; leur insuffisance, d’un prélèvement excessif "d’argent de poche" par le patron, ou même d’une masse salariale excessive, quand le patron est généreux, et / ou d’une insuffisance d’investissement de l’entreprise, par exemple pour se moderniser. Ces questions seront cruciales et devront au premier chef faire l’objet de maîtrise collective par le patron, et par son personnel. C’est un des "challenges" de cette nouvelle société : les erreurs de gestion devront être partagées de même que les bénéfices !

4) "Mouvement social" et parti communiste

La notion de mouvement social recouvre à mon sens la forme actuelle que revêt la lutte des classes. Mais quelles sont aujourd’hui les classes (au sens marxien) pertinentes pour le 21ème Siècle ?

Le terme "classe ouvrière" ne me paraît plus adéquat, ni par le contenu, ni par la connotation ouvriériste peu prisée désormais. Je pense qu’il vaut mieux parler de "classe des exploités du Capital" et de "classe capitaliste" (le terme "bourgeoisie" est également à éviter). Pour caractériser aujourd’hui ces notions, il faut d’abord revenir à Marx : la lutte des classes tend à opposer exploiteurs et exploités. Sous le règne du Capital, l’exploiteur est celui qui accapare la "plus-value" (concept marxien qui définit la part de travail de l’exploité, du prolétaire, qui ne lui est pas rémunérée et qui est, précisément, accaparée par son exploiteur : le capitaliste). L’exploité se définit donc, concrètement comme le créateur de "plus-value". Pour qu’il y ait lutte de classe, encore faut-il que l’exploité prenne conscience de cette exploitation, c’est à dire qu’il ait conscience de travailler pour l’enrichissement d’une minorité de capitalistes. On appelle cela le problème de la "représentation" ou, pour parler comme les philosophes, de la classe "en soi" et de la classe "pour soi".

Là est le point crucial de l’affaire. Les conditions de vie des ouvriers du 19ème siècle ou du début du 20ème (voir Dickens ou Zola) les conduisaient plutôt facilement à se "représenter" comme exploités du patronat. Il y avait une conscience de classe instinctive. Les choses sont bien moins évidentes aujourd’hui.

Le monde du travail s’est sociologiquement diversifié, complexifié. A côté de l’ouvrier, il y a des techniciens, des agents de maîtrise, des ingénieurs, des cadres en nombre croissant. Mais aussi des employés de toutes natures, qu’on a rangé dans une catégorie sociologique nouvelle et en expansion, celle des services. On y rassemble toutes sortes de métiers qui peuvent souvent sembler plus "nobles" que ceux de la production. Alors que, bien souvent, ils ne sont pas plus rémunérés et se révèlent
aussi pénibles (mais d’une pénibilité différente) que ceux d’ouvriers : qu’on pense aux caissières de super marché, aux chauffeurs routiers, etc ? .. En outre, ces diverses professions des services se sont fortement féminisées. Ce qui entremêle conscience de classe et conscience de l’inégalité homme - femme : les "représentations" qui découlent de cette dualité ne sont pas simples à concilier. Un constat analogue est à faire pour "1’ ethnicisation" (due à l’immigration qui alimente de nombreux métiers parmi les plus durs). Toutes ces catégories professionnelles, tout au moins celles qui sont dans le bas de l’échelle des salaires, ont en commun de ne vivre pratiquement que de celui-ci (quand elles ne sont pas au chômage !). Elles sont donc bien les créateurs de "plus-value" modernes, les exploités à part entière du Capital. Mais celles qui se trouvent plus haut dans l’échelle des salaires (les cadres et ingénieurs, ceux que certains nomment les "experts et compétents") sont de plus en plus souvent rémunérés pour leur travail - à ce titre ils sont donc des créateurs de" plus-value", donc des exploités mais aussi par des primes diverses, des dividendes ou des plus-values de reventes d’actions (intéressement ou stock-options), ou encore par des revenus fonciers de propriétés qu’ils ont pu acquérir grâce à leurs revenus élevés. Ces revenus d’actionnaires ou de rentiers font d’eux des accapareurs de "plus - value", tout au moins pour la fraction de leurs revenus correspondant à ces origines. Ainsi les choses se compliquent, d’autant plus que ces catégories (que l’on range habituellement dans un sous-ensemble appelé couches moyennes) se trouvent placées dans la société (l’administration, la gestion des entreprises, etc ... ) à des points - clés. Sans eux, la "machine" fonctionnerait mal ou pas du tout... Sans les autres catégories sociales, non plus, mais on sait bien, et même de plus en plus, qu’il existe à ce niveau des "armées de réserve" énormes, et de plus en plus faciles à mobiliser. Ces couches moyennes, ces "experts et compétents", comment se "représentent" -ils ? Exploités ou exploiteurs ou encore quelque chose d’hybride ? Sont-ils portés à se solidariser avec les exploités à part entière, ou avec les exploiteurs, ou encore à se considérer comme une entité à part des uns et des autres, et qui pourrait peut-être jouer sa propre partition ? On le voit : rien n’est simple, tout se complique ...

Mais il est aujourd’hui d’autres couches ou catégories sociales qui, bien qu’ayant une longue histoire, sont désormais elles aussi placées par le développement du capitalisme (est-ce le jeu normal du "développement des forces productives", comme disait Marx ? ou est-ce un moyen de diviser pour régner de la part du Capital ?), dans une position hybride.

Je prendrai deux exemples.

1) Les patrons de PME

Aujourd’hui, notamment quand ils sont sous-traitants de multinationales ( par exemple, les accessoiristes de l’équipement automobile) ce sont objectivement des exploités de leurs donneurs d’ordre. Ceux-ci prélèvent sur eux une "plus- value". Pour une part, cette "plus-value" provient de l’activité même du patron de PME (son propre travail, qui est bien souvent loin d’être une sinécure). Mais aussi, c’est évident, provient pour une autre part, du travail des employés de ce patron de PME. Celui-ci est ainsi un exploiteur de son personnel, et draine à son profit et au profit du donneur d’ordre, la "plus-value" prélevée sur son propre travail et sur celui de ses exploités. Lesquels sont bien des exploités à part entière, tout au moins pour la plus grosse partie d’entre eux.

Quelle "représentation" ces patrons de PME ont-ils de leur situation ? Exploiteurs ou exploités ? Il est clair que tout l’environnement de l’activité de ces PME, leurs instances représentatives (la CGPME, le MEDEF), la perception qu’ils ont du rôle de l’état (le fisc, le Code du Travail, les relations avec "les partenaires sociaux"), l’idéologie ambiante véhiculée notamment par les médias, etc ... les poussent indubitablement du côté d’une conscience de classe capitaliste, d’exploiteurs donc. Mais qui donc se préoccupe de les tirer de l’autre côté, celui des exploités du Capital ? Alors qu’ils sont, objectivement, partiellement, des exploités ? Et si personne ne les tire, ou pousse de ce côté, comment s’étonner qu’ils se comportent dans leur masse, comme s’ils n’étaient que des exploiteurs ? Faut-il les abandonner en raison de la dualité de leur situation aux seules forces dominantes, notamment sur le plan idéologique, celles du Capital ?

2) Les agriculteurs, exploitants agricoles familiaux.

Il est fini le temps où le paysan bénéficiait d’une certaine autonomie : il cultivait ses terres, il élevait son bétail... et au marché le dimanche vendait directement aux consommateurs sa production en tentant d’en tirer le maximum de bénéfices ! Il se "représentait" comme maître de son destin, à l’écart aussi bien du bourgeois que du prolétaire ...

Aujourd’hui, l’agriculteur est créateur de "plus-value" pour la centrale d’achat de l’industrie alimentaire ou de 1 ’hypermarché dont dépend l’écoulement (et le prix qu’il en tire) de sa production. A ce titre il est objectivement un exploité du Capital. Mais pour lui, la chose n’est pas évidente, surtout s’il emploie des travailleurs agricoles ... et, a fortiori des travailleurs agricoles immigrés ! Pour lui donc, mêmes difficultés que pour le patron de PME, à se représenter comme exploité, comme solidaire d’autres exploités (ses employés, notamment !). Doit-on aussi l’abandonner à son "triste sort", c’est à dire à l’ ambiguïté de sa situation exploiteur - exploité ? Seul en face d’interlocuteurs assidus et persuasifs : ceux qui l’exploitent ou qui en sont peu ou prou les alliés (la FNSEA, par exemple) ? Ne faut-il pas aussi chercher à les tirer de l’autre côté ?

On peut généraliser tout cela en remarquant que ce critère de la "plus-value" est la base objective d’une solidarité de classe, qui reste donc un concept adapté au monde moderne. Mais tous ceux qui sont concernés totalement (les ouvriers et employés subalternes des services) ou partiellement (cadres, techniciens, ingénieurs, patrons de PME, exploitants agricoles ... ) ne sont pas nécessairement en situation de percevoir cette communauté d’exploitation, et même s’ils la perçoivent, ont de la peine à imaginer comment la concrétiser dans un combat unifié. Encore une fois : il faut les y aider ! Et ceci d’autant plus que la prise de conscience dans un contexte compliqué, si on la laisse se développer par "génération spontanée", ne suivra pas forcément un cheminement limpide et simple. L’expérience montre en effet qu’en ce domaine la complexité des situations engendre plutôt la complexité des réponses. En fait, ce que l’on constate, c’est un foisonnement de réponses le plus souvent spécifiques

J ’utiliserais volontiers le mot "catégorielles", s’il n’avait pas une connotation péjorative ).On a pris l’habitude de nommer cela : "le mouvement social". S’y côtoient des syndicats, des associations, des partis ou collectifs politiques, des mouvements, etc ... ) Tous témoignent de la perception de contraintes, d’oppressions, d’attentes, de revendications variées.

Chacune d’elles est perçue, pourrait-on dire, au premier degré ; elle mobilise en priorité ceux qui sont directement concernés pour un objectif bien circonscrit. D’où cette multiplicité de combats spécifiques, ressentis par chacun comme prépondérants, voire exclusifs, et même antinomiques d’autres. Il est vrai que certains de ces combats, précisément parce qu’ils sont "catégoriels", peuvent obtenir satisfaction généralement temporaire. Il faut d’ailleurs bien mesurer que ces combats qui triomphent quelquefois, doivent avant tout leur succès à l’éternel procédé qui consiste à "diviser pour régner". Il implique qu’après un succès, il y aura sûrement un échec, afin de donner à d’autres une récompense ... que l’on enlève aux premiers, afin que l’opération soit à coût moyen nul !... Mais ce mouvement social témoigne, en fait, de la multiplicité des oppressions qui, d’une manière ou d’une autre, sont liées à l’exploitation capitaliste. Ce qui ne veut pas dire qu’elle en soit l’unique cause, mais qu’elle est toujours présente à l’arrière-plan, qu’elle donne une "coloration particulière" à l’oppression constatée.

Pour unir des combats disparates mais gouvernés, orientés, "colorés", par un commun dénominateur (l’exploitation capitaliste et son corollaire la lutte des classes), c’est bien sur ce commun dénominateur qu’il faut compter. Un parti communiste doit être la cheville ouvrière d’un tel rassemblement de lutte, sur la base de ce commun dénominateur.

Ceci posé, encore faut-il voir concrètement comment les choses se présentent dans ce mouvement social qui s’est structuré en de multiples organisations, partis politiques, associations, syndicats. En d’autres termes, comment le PCF peut travailler avec ces organisations diverses, nouer des alliances.

Je vais essayer d’en dresser la typologie, car la liste détaillée serait un peu longue ; et de proposer en fonction de celle-ci, la nature des alliances qui me paraissent souhaitables.

Je classerais les composantes de ce mouvement social de la manière suivante :

a) Les organisations politiques autres que le PCF, mais du type parti : LCR, LO ... PS, MDC ... Verts.

b) Des organisations politiques "généralistes" : ATTAC, MARS, Convergence citoyenne, Fondation Copernic, etc ... Elles sont généralistes dans la mesure où le champ de leur intervention est "le politique" au même titre que les partis politiques de la catégorie a). Mais elles s’en distinguent dans la mesure notamment où elles ne participent pas directement aux élections politiques.

c) Des organisations citoyennes "spécifiques" (terme préférable à "catégorielles" en raison de sa
connotation péjorative).Ce sont toutes les ONG de lutte contre des oppressions, généralement bien circonscrites : sexistes, racistes, de défense des exclus, des sans - papiers, des chômeurs, des expulsés, de défense de l’environnement, etc ...

d) Les syndicats de salariés. Leur spécificité est de défendre principalement les salariés, individuellement et collectivement, dans leur rapports avec leurs employeurs.

On notera que j’ai inclu les Verts, dans ma classification, au sein du groupe a). Je préférerais les placer dans la catégorie c) dans laquelle je verrais bien aussi le parti CPNT. Je ne l’écarte pas de ma liste car je ne pense pas qu’il regroupe seulement des "exploiteurs", mais plutôt certaines couches sociales populaires ... à coup sûr peu politisées. En revanche je n’inc1urai évidemment pas le FN dans mon tableau ... même si de nombreuses catégories populaires ont voté pour lui ! Ce parti est incontestablement de droite (d’ extrême- droite !) et tenant avéré du capitalisme.

Comment donc concevoir les rapports du Parti avec ces diverses catégories du mouvement social ? Examinons successivement chaque cas, selon un ordre un peu différent du précédent

1) Les organisations "généralistes. 1.1) Du type Copernic, ATTAC. ..

D’une manière générale ces organisations n’interviennent pas directement dans la politique. Elles ont un but "d’éducation populaire". Dans la mesure où ce rôle s’appuie peu ou prou sur une analyse marxiste ou marxisante de la politique, elles concourent à aider les exploités à se "représenter" comme tels, et leur fournissent des arguments sérieux dans ce sens. Le PCF peut dans ces conditions établir des alliances avec de tels organisations et rechercher leur aide, d’autant plus qu’il a mis en sommeil ses "écoles" internes ... Les questions qui peuvent surgir dans les rapports avec ces organisations dépendent du débouché politique auquel peut conduire "l’éducation". A ATT AC, par exemple, l’éducation est "tournée vers l’action". Quelle action ? Appeler à voter Non au référendum constitutionnel sur l’Europe ne posait pas de difficulté. Désigner un candidat unique à gauche pour l’élection présidentielle était plus délicat. Chaque situation est à traiter dans la clarté, chaque alliance est un cas d’espèce qui nécessite transparence et bonne volonté réciproque. Il n’y a pas de raison de penser que cela est hors de portée de partenaires sincères et poursuivant un but similaire ...

1.2) Du type MARS, Convergence citoyenne, etc ...

Cette diversité d’organisations "généralistes" selon ma classification me pose problème. Je dirais qu’elles constituent de "petits intellectuels collectifs", rassemblés autour d’une personnalité principale généralement animatrice de l’équipe. Faute de temps, et peut-être de motivation, je ne distingue pas vraiment ce qui fait la spécificité idéologique de ces diverses équipes. Est-il vraiment utile qu’elles soient aussi dispersées ? Je ne mets pas en cause le bien-fondé de leurs approches respectives. Après tout, je suis à moi tout seul un microscopique "intellectuel" (même pas collectif !), qui n’hésite pas à produire sa petite musique. Mais je suis convaincu d’une chose : la dispersion des forces antilibérales ou même anticapitalistes au sein du mouvement social, est désastreuse ... comme l’est, au sein du PCF, l’existence de tendances permanentes plus ou moins antagonistes. Alors qu’en face, à droite, c’est à dire au sein du camp libéral ou capitaliste l’union derrière la force principale est la règle, que ce soit au niveau national, au niveau européen ou mondial. Comment peut-on espérer vaincre un adversaire qui est uni, ou plutôt qui sait ménager la dispersion juste nécessaire pour donner le change et "ratisser large" (de l’UMP au FN, en passant par par l’UDF et ses "tendances") ? Et qui sait aussi diviser l’adversaire pour régner ! ...

Cela dit, ces organisations existent et il faut bien en prendre acte. Et je pense que la force politique représentée par un parti politique "de classe", le PCF en l’ occurrence, doit leur tendre la main, doit écouter leur suggestions, réflexions et critiques ... Mais sans en rabattre sur ses fondamentaux et quelques développements associés ... C’est à ces organisations de prendre leurs responsabilités, d’en rester à cultiver leur originalité, et la pureté de leur approche dans le cadre microscopique qui est le leur ou de faire alliance avec une force autrement plus conséquente, voire de la rejoindre ...

2) Les partis politiques d’extrême gauche

Pour une partie d’entre eux, les plus "groupusculaires", les remarques précédentes s’appliquent., avec encore plus d’évidence, car ils se référent au trotskisme. Ils ont donc en principe des fondamentaux similaires, voire identiques. Ce sont en somme des "tendances" analogues à celles qui existent désormais au PCF. A quoi sert leur division ?

Mais allons plus loin. Avec la disparition de l’URSS, donc du stalinisme et de ses prolongements brejnéviens et autres, n’est-il pas temps de rassembler le camp des marxistes ? Ces partis trotskistes n ’ ont-ils pas des fondamentaux qui peu ou prou sont : la lutte des classes, l’abolition du capitalisme, la construction d’une société non capitaliste, disons d’un nouveau socialisme non stalinien ? N’est -ce pas les fondamentaux dont, pour ma part, je pense qu’ils doivent être ceux d’un parti communiste ? N’est-il pas possible de se mettre en commun pour animer un vaste "intellectuel collectif’ sur ces bases, et de confronter les développements que chacun en tire pour tenter de les faire converger ? Quelle puissance de transformation pourrait constituer cette convergence !

3) Les organisations "spécifiques" du mouvement social La raison d’être de ces ONG "spécifiques" provient de l’existence dans notre société capitaliste de nombreuses oppressions ou atteintes à la personne humaine bien identifiables : racisme, sexisme, atteintes à l’environnement, chômage, ségrégation, etc ...
Leurs victimes sont généralement placées dans une situation plus spécialement concernée par l’une d’entre elles au premier chef. Il est plus naturel pour elles de privilégier, dans leur lutte individuelle, les oppressions qui les affectent de manière prépondérante, ne serait-ce que parce qu’elles ont besoin de réponses urgentes. Il est donc tout à fait normal qu’il se crée des collectifs spécialisés pour répondre à ce besoin. En somme les ONG de ce type matérialisent la lutte contre ces oppressions. On peut trouver dans l’exploitation capitaliste l’origine unique de certaines de ces oppressions. Mais, dans la plupart des cas, cette relation de cause à effet n’est pas simple, et même pas évidente du tout. D’autant plus que l’oppression en question n’est pas forcément liée à une cause unique. Pour prendre un exemple significatif, considérons le sexisme et la réponse que le féminisme lui apporte. Il y a un aspect "anthropologique" éternel, et c’est heureux que "la femme soit l’avenir de 1’homme" ! Quel ennui règnerait dans un monde asexué ! Mais il est incontestable aussi que la donnée anthropologique a conduit au fil du temps à des oppressions, des frustrations. Pour une part importante, l’inégalité homme - femme a été "instrumentalisée" par le capitalisme, de même que l’inégalité autochtones - immigrés : inégalité de salaires, inégalité de précarité, inégalité d’accès à des fonctions de responsabilité ... et l’éternelle "division pour régner" ! Un parti politique "de classe" se doit d’établir des relations de solidarité avec les ONG féministes pour comprendre les problèmes posés et les intégrer à sa politique. Et réciproquement pour aider ces ONG à inscrire leur combat dans un combat de classe plus général, seul capable de résoudre certains aspects du sexisme. Par exemple si la société socialiste met en oeuvre le principe" à travail égal, salaire égal", cela apportera une réponse à une revendication importante des mouvements féministes. Sans probablement régler totalement l’affaire, mais en faisant en sorte qu’elle se présente d’une autre façon. Il est certain aussi que ces questions du féminisme ne seront pas toutes résolues par l’abolition du capitalisme et l’édification d’une société socialiste : le féminisme sera éternel ! Et il faudra que des ONG féministes poursuivent leur combat pour améliorer éternellement la situation ! On peut certainement décrire un schéma semblable pour les relations avec d’autres ONG. Par exemple pour ce qui est de l’environnement, de l’écologie. Les relations à établir ne visent pas à "phagocyter" ce type d’ONG. Il s’agit de "transfert de connaissances" entre des spécialistes de tel ou tel domaine et un parti politique" généraliste" . A la faveur de tels échanges, il est probable que certains militants de ces associations, à titre individuel voudront "élever le niveau" de leur combat et rejoindront celui du parti politique allié .. Mais ceci n’exclut pas la poursuite de leur combat spécifique au sein de l’ONG qui les a motivés initialement à se battre. Inversement, un adhérent du parti politique, motivé préférentiellement par tel combat spécifique, n’a pas de raison de s’en priver. La double appartenance n’est pas condamnable, au contraire. S’agirait-il dans ce cas "d’entrisme" ? Je pense que c’est une démarche peu satisfaisante si elle se fait de manière sournoise, mais réalisée dans la transparence, on voit mal comment l’éviter.

4) Les organisations syndicales

Je pense que ce qui vient d’être dit à propos des organisations "spécifiques" est transposable en ce qui concerne les syndicats : indépendance, relations croisées entre parti politique et syndicats, apports réciproques de compétences, adhérents et militants "interpénétrés" en évitant "l’entrisme", actions communes concertées ou convergentes, nécessité de syndicats aussi bien sous le capitalisme que sous un éventuel socialisme, etc ... Je n’insiste pas.

5) Les partis politiques de gauche socio-démocrates ou réformistes (PS ... )

On se trouve, pour ces partis, dans une configuration assez différente des organisations précédentes. Au sein de la structure en classes sociales de la société actuelle, évoquée plus haut, j’ai admis que les couches moyennes (cadres, ingénieurs, enseignants ... ) devaient être assimilés à la classe des exploités du Capital, par le fait que leur revenus sont amputés d’une "plus-value". Toutefois, et surtout pour la fraction d’entre elles qui bénéficie des plus hauts revenus, elles émargent désormais de plus en plus à l’actionnariat (intéressement, stock-options ... ). Ce qui fait d’elles, partiellement, des exploiteurs ! J’ai aussi associé à cette catégorie : les patrons de PME, les agriculteurs. Il faudrait aussi, et pour des raisons similaires, y inclure un certain nombre de professions libérales (médecins, juristes, "consultants" divers et variés, etc ... ) Ces couches moyennes, bénéficient ainsi, plus ou moins, de privilèges qui leur sont accordés par le Capital, principalement destinés aux plus fortunées. Sarkozy a d’ailleurs abondé largement ces avantages (fiscalité, autorisation de dépassements d’honoraires ... ). Il s’agit d’en faire de bons serviteurs du Capital, et de les compromettre en quelque sorte dans leur adhésion à ce système. Ce qui complique sérieusement la prise de conscience, qu’elles sont partiellement exploitées ! Et même si elles en ont conscience, la nécessité de se solidariser avec plus exploitées qu’elles. Pour ces couches moyennes, surtout celles que l’on nomme les" experts et compétents" , en sus d’avantages sonnants et trébuchants, s’ajoute le sentiment d’appartenir au "cerveau" de la société. D’où une incontestable surestimation de leur pouvoir, y compris vis à vis du Capital. Ainsi peuvent-elles penser qu’elles sont capables de tirer seules leur épingle du jeu, sans s’allier avec les couches populaires ou bien en se contentant de faire appel à elles, comme troupes de réserve ou d’appoint.

Parmi ces couches moyennes, il y a ceux dont le "cœur "et la "raison" les poussent sans trop d’états d’âme vers le Capital. On les retrouvera de préférence adhérents ou sympathisants ou électeurs de l’UMP, ou de l’UDF. Il y a ceux, généralement moins biens situés dans l’échelle des revenus, dont le "cœur" et la "raison" les rendent réticents à suivre les premiers : on les retrouve plutôt dans la mouvance du PS ou de ses alliés (MRG, Verts ... ). Mais l’équilibre entre les uns et les autres est fragile, et au sein même du PS cohabitent les uns et les autres et, simultanément, l’idéologie des uns et des autres. Il est un fait avéré que les dirigeants du PS sont désormais en majorité des représentants de ces couches moyennes hautes, symboliquement cataloguables en énarques ou assimilés. Ils impriment leur vision au PS. Aux étages inférieurs du PS, on trouve plus de mixité entre les professions, mais elles restent cantonnées essentiellement dans la catégorie des couches moyennes. On peut ainsi affirmer que le PS est le parti des couches moyennes de sensibilité plutôt humaniste, par opposition à celles qui se retrouvent à droite (UMP, UDF. .. ). Mais l’équilibre est facilement rompu ... comme l’a montré le débauchage récent par Sarkozy, d’une pléiade de dirigeants PS. Ces caractéristiques expliquent aussi le penchant du PS pour le réformisme et le compromis toujours possible avec le centre. Or il se trouve que le PS, malgré ces ambiguïtés (ou peut-être grâce à celles- ci) est devenu le parti majoritaire à gauche. Et là est le problème !

"L’effet majoritaire" n’a pas seulement une conséquence en termes électoraux, mais aussi sur le plan idéologique : le réformisme tendrait à s’imposer comme la seule voie vers une amélioration sociale, il tendrait à disqualifier la voie révolutionnaire, alors qu’il devient désormais incapable de freiner le capitalisme, dans son appétit démesuré et prédateur. C’est un handicap pour remettre à l’ordre du jour cette voie révolutionnaire. Mais il est clair que l’on ne peut imaginer de faire disparaître le PS, purement et simplement pour, en somme, "assainir la situation" ! Tout ce que l’on peut faire c’est de l’amener à une alliance avec les tenants de la voie révolutionnaire, parmi lesquelles le PCF doit avoir un rôle moteur.

Cela impose deux conditions principales :

- que les forces réunies autour du PCF aient un projet crédible et mobilisateur de société socialiste.

- que ces forces aient réussi à entraîner avec elles une majorité des exploités du Capital. Il s’agit de renverser la vapeur : la voie social-démocrate ou réformiste encore idéologiquement hégémonique à gauche, doit être supplantée par la voie révolutionnaire. Un telle nouvelle perspective idéologique poserait en des termes nouveaux l’alliance avec le PS. Sous le poids de ce "rapport de forces" idéologique, ou bien le PS réviserait sa propre visée politique, ou bien se scinderait entre ceux qui iraient rejoindre le centre, c’est à dire ce que l’on nomme le social - libéralisme (en priorité sans doute, les énarques et assimilés), poursuivant ainsi sur la pente amorcée depuis les abandons des années postérieures à 83, et ceux qui accepteraient la révision de cette ligne politique, désormais sans issue.

Il est permis de penser que cette nouvelle "union de la gauche" pourrait vaincre démocratiquement, dans les urnes le moment venu, ou dans le contexte d’un mouvement social irrésistible. On notera que cette façon de voir diffère de celle préconisée par la LCR. On ne peut rejeter un parti qui est l’expression d’une couche sociale, qui dans sa position concrète vis à vis de l’exploitation capitaliste est, qu’on le veuille ou non, partiellement du côté des exploités du Capital. Même si elle est sensible aux sirènes de celui-ci. On ne peut que chercher à la faire basculer en totalité ou en grande partie du côté du combat des exploités contre le Capital. Est-ce une utopie contre-nature ? Je ne le pense pas, dans la mesure où, en ce qui me concerne, sur le plan individuel, bien qu’appartenant de fait aux couches moyennes, je me sens plus proche du communisme que de la social-démocratie : serais-je un cas unique ? Il est probable que dans une société socialiste démocratique, une fraction des couches moyennes qui s’y trouveront toujours présentes, éprouvera le besoin de disposer de partis politiques proches de ses préoccupations. Mais il sera aussi nécessaire que les forces politiques majoritaires pour conduire cette société puissent regrouper des partis ou des fractions de partis et d’organisations du mouvement social, pleinement acquises au développement de cette société. En outre, cette nouvelle société, aura toujours besoin pour fonctionner "d’experts et compétents". Pour que cela marche il ne suffit pas qu’ils soient contraints et forcés à adhérer aux objectifs de cette nouvelle société, mais qu’ils les partagent majoritairement. On ne peut ignorer ces impératifs ...

Conclusion

Il est clair qu’il découle de tout cela la nécessité de la pérennité d’un parti communiste. Un tel parti doit être le porteur au sein du mouvement social des fondamentaux de lutte de classes, d’abolition du capitalisme, de construction d’une nouvelle société socialiste. L’absence d’une telle perspective pèse terriblement dans les consciences de tous les exploités du Capital et contribue au découragement, à l’acceptation de la violence capitaliste sous toutes ses formes, à l’abandon de l’idée que l’homme est un être social, et qu’il a besoin de solidarité, de fraternité aussi bien que de liberté.

Reste à examiner comment ce mouvement social uni autour de tels fondamentaux peut conduire la transformation. Dans la France, l’Europe, le Monde d’aujourd’hui, je ne vois qu’une démarche démocratique pour y parvenir. Il s’agit donc de créer chez les citoyens une majorité d’opinion, d’où résulterait une majorité électorale autour de ces fondamentaux. Cela passe par un combat quotidien, au coup par coup, contre les attaques du Capital et des gouvernements à sa solde, dont celui de Sarkozy est un échantillon particulièrement virulent. Le PCF tel qu’il est encore y prend sa part, ce dont je lui donne acte. Mais cela doit aussi s’accompagner d’une mise en perspective plus transformatrice, plus radicale afin d’aller vers une conquête du pouvoir par les forces rassemblées du mouvement social. Ce pourrait être selon deux schémas :

- des élections législatives et présidentielles ordinaires, conduisant à un basculement de majorité. On répéterait 1981 qui a conduit à la conquête du pouvoir par l’Union de la Gauche, mais cette fois avec une suite persévérant dans la voie ouverte.

- une "prise de pouvoir" à caractère plus "révolutionnaire" , résultant d’un mouvement revendicatif puissant, analogue à Mai 68. Mais cette fois avec une préparation de l’opinion publique et des forces politiques et sociales du mouvement lui permettant de poursuivre le processus entamé. Il va de soit que dans ce cas, tôt ou tard, les options mises en œuvre devront être avalisées par le suffrage universel.

Dans les deux cas, le rôle rassembleur et anticipateur d’un PCF acquis à ces fondamentaux et à ces stratégies est indispensable. Il doit être l’animateur principal du mouvement.

C’est malheureusement une vision qui est battue en brèche au sein même du PCF par certaines des tendances qui s’y sont cristallisées, et peut-être même par la Direction qui, c’est tout au moins l’impression que je ressens, ne semble plus croire au bien-fondé de l’existence d’un PC quel que peu révolutionnaire. Il y a là une perspective dramatique.

Nous n’avons pas aujourd’hui à notre disposition un génie politique comme Marx pour impulser par son seul discours une telle transformation sociale. Il faut donc se contenter de créer un "intellectuel collectif’ équivalent... dont je ne vois pas les prémisses ailleurs que dans le PC, tel qu’il est encore. Mais le temps presse !

On va vers un monde à deux vitesses. D’un côté, le monde des nantis, celui des capitalistes, entourés des exploités de ce système dont le nombre et la compétence est juste "nécessaire et suffisante" pour faire fonctionner ce monde. De l’autre, un monde des exclus, des laissés-pour-compte, des désormais inutiles en termes de production de "plus-value" (au sens marxien) pour le monde des nantis et de leurs exploités "privilégiés" (privilégiés en ce sens que les nantis ont besoin d’eux, mais qu’ils n’en seront pas moins exploités en tant que de besoin). A l’appui de cette idée le "travailler plus pour gagner plus" de Sarkozy me parait extraordinairement éclairant (pour gagner plus, il faut avoir un travail : les chômeurs sont exclus de ce "privilège" !) N’est-ce pas cela qui se dessine à une autre échelle, avec l’abandon de pays entiers à la misère, à la malnutrition, à la maladie, aux guerres intestines, comme cela est en route en Afrique, par exemple ? N’est-ce pas ce qui se profile aussi dans les pays développés avec les ghettos, les murs séparant les pays pauvres des pays riches (entre Mexique et Etats Unis, entre Israël et Palestine, entre Europe et Amérique par Ceuta et Melilla interposés, etc ... ). Et au sein même des pays riches entre îlots sécurisés et protégés par des vigiles pour la résidence paisible des "bobos", et "banlieues" laissées à l’abandon ... Où s’arrêtera ce processus ségrégationniste ? Le Capital et ses "think-tanks" nous proposent-ils des solutions pour le futur ? Des "lendemains qui chantent" ? Seraient-ils inconscients de la catastrophe en gestation (sociale et écologique) ? Prêts à sombrer corps et biens avec elle ? C’est peu probable ...

Alors, quelle est leur vision de l’avenir ? J’ai peur qu’ils n’en aient qu’une, celle de l’éternel libéralisme : "laisser faire, laisser passer" et quand il faudra bien agir pour éviter de sombrer, c’est à dire quand le nombre des" bouches inutiles", des exclus, menacera trop le monde des nantis (exploiteurs et exploités justes nécessaires à leur existence) peut-être faudra-t-il en venir à la "solution finale" pour ces bouches inutiles ? ... La perspective d’une 3ème guerre mondiale, qu’on commence à évoquer, n’est-ce pas une des formes possibles de "l’holocauste" de demain ?

Communistes de toutes sensibilités, unissez-vous !

Messages

  • pour faire un parallèle quant à l’évolution de Refondation communiste en Italie

    une proposition toute simple au nouveau nom alliance arc en ciel je préfererais plutôt cette toute simple suggestion :

    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=57382

    Salut fraternel.

    le Rouge-gorge

  • Cette assemblée aura au moins servi aux délégués de section qui se sont inscrits dès leur arrivée pour parler de constater qu’ils n’étaient pas autorisés à prendre la parole, du moins pour la plupart d’entre-eux, que dans le débat des ruches, la mise en commun de l’autre côté de Paris pour chaque délégué de ruche (table de dix sur un thème : l’étoufoir de la pensée) de ne toujours pas pouvoir être entendu, mais que ce ne sont que les faux bourdons du Conseil National qui ont seul droit de parler, de rédiger le compte-rendu et certainement de polliniser la reine...

    C’est Royal...

    Salut fraternel camarades, on continue, mais la-haut punaise, ça roupille des sommeils de Bobos...

    le Rouge-gorge

  • "La perspective d’une troisième guerre mondiale" : évidemment ! Et nucléaire qui plus est, quand toutes les mesures de repression civile auront échoué. "Le capitalisme porte en lui la guerre comme les nuées portent l’orage" : Jean Jaurès. Bôf, le bon peuple surnuméraire mourra en un éclair devant la Starac ou Cavacesavoir, une série américano-française ou le théléton. L’Humanité a connu de plus longues souffrances. Jesse

  • Eh oui c’est trés dur de pondre un autre "Manifeste..." N’est pas Marx qui veut, mais la démarche me parait interessante. Critiquer le texte de Marx me parait le meilleur moyen de "rénover" le communisme, mais il est tellement évident que ce travail ne peut donner "l’eau tiède" qu’attendent nos "rénovateurs" que cela ne se fera pas !

    Pour ma part, si des notions comme la classe ouvrière ou le prolétariat meriteraient d’être redéfinies, il reste que c’est bien là, dans ce salariat, "immense majorité" que se trouve la force qui libèrera la société humaine de la dictature de la "minorité", toujours plus "infime", qui tire son pouvoir exorbitant du privilège qu’elle possède, le plus souvent par héritage ou trafics, de pouvoir transformer la force de travail en produits vendables !

    Enfin, il est faux, et injuste, de croire que les chômeurs ou RMistes font parties d’un autre monde ; c’est, ni plus ni moins, que "l’armée de réserve" qui pèse, aujourd’hui comme jadis, à la baisse, sur le prix de la force de travail. Le chômage, c’est la misère pour le travailleur et c’est du profit pour le capitaliste ! Dans un seul et même monde, celui du capital.

    CN46400

  • Vraiment quelle analyse utile pour un communiste sur le plan économique et des couches sociales pour réorganiser le PCF dans la bonne voie révolutionnaire .Ce texte rejoint mon livre de chevet marxiste ou Lucien Sève tient une place importante après Marx et bien d’autres .

    A mon assemblée de section j’ai proposé des" assises du Communisme" regroupant tous les révolutionnaires que tu nommes dans ton texte pour élaborer un "Manifeste du 21 éme siècle du Communisme" à populariser dans le peuple ...J’attends la réponse que tu suggères.Le mouvement social nous pousse à ouvrir une perspective crédible le plus vite possible ..Ne perdons pas de temps !!!!!!!!!!!!

    bernard SARTON,section d’Aubagne

  • Certaines instances du PCF font tout pour pousser vers la sortie les membres du PC par trop critiques, on n’exclut plus comme naguère mais on crée autour d’eux une sorte de glacis qui fait que : soit ils se taisent, soit ils partent. Un chiffre ne trompe pas, le PCF compte environ 138000 adhérents, or 35000 à peine ont participé aux assemblées de section en vue de la désignation des délègues à l’assemblée extraordinaire de ce week-end du 8 et 9 décembre après une publicité de ces débats plutôt discrète. La suite des travaux n’aurait pas été la même si les délègues présents à l’arche de la défense avaient d’avantage reflète l’ensemble des adhérents ce qui ne fut pas le cas, et pour cause rien n’a été fait pour qu’ils soit présents.

    alberts

    • Louis Aragon - jean Ferrat

      J’en ai tant vu qui s’en allèrent
      Ils ne demandaient que du feu
      Ils se contentaient de si peu
      Ils avaient si peu de colère

      J’entends leurs pas j’entends leurs voix
      Qui disent des choses banales
      Comme on en lit sur le journal
      Comme on en dit le soir chez soi

      Ce qu’on fait de vous hommes femmes
      O pierre tendre tôt usée
      Et vos apparences brisées
      Vous regarder m’arrache l’âme

      Les choses vont comme elles vont
      De temps en temps la terre tremble
      Le malheur au malheur ressemble
      Il est profond profond profond

      Vous voudriez au ciel bleu croire
      Je le connais ce sentiment
      J’y crois aussi moi par moments
      Comme l’alouette au miroir

      J’y crois parfois je vous l’avoue
      A n’en pas croire mes oreilles
      Ah je suis bien votre pareil
      Ah je suis bien pareil à vous

      A vous comme les grains de sable
      Comme le sang toujours versé
      Comme les doigts toujours blessés
      Ah je suis bien votre semblable

      J’aurais tant voulu vous aider
      Vous qui semblez autres moi-même
      Mais les mots qu’au vent noir je sème
      Qui sait si vous les entendez

      Tout se perd et rien ne vous touche
      Ni mes paroles ni mes mains
      Et vous passez votre chemin
      Sans savoir que ce que dit ma bouche

      Votre enfer est pourtant le mien
      Nous vivons sous le même règne
      Et lorsque vous saignez je saigne
      Et je meurs dans vos mêmes liens

      Quelle heure est-il quel temps fait-il
      J’aurais tant aimé cependant
      Gagner pour vous pour moi perdant
      Avoir été peut-être utile

      C’est un rêve modeste et fou
      Il aurait mieux valu le taire
      Vous me mettrez avec en terre
      Comme une étoile au fond d’un trou

  • Contribution très intéressante.

    Je relève seulement une idée dont je ne partage le pessimisme :

    "Il est aussi acquis, je le pense, que le capitalisme a fait mieux que le "socialisme réel" de l’ex URSS, en matière d’innovation technique, de productivité". Non, sur le plan de la pure technique, l’URSS était performante. Se rappeler du premier lancement dans l’espace en 1961 avec Gagarine, avant les Américains.

    Et Tchernobyl ??? D’après certains documents, les défaillances techniques ont été précédées d’erreurs humaines cristallisées par excès de hiérarchie et de crainte du pouvoir.

    Et voilà l’intellectuel collectif qui devrait fonctionner à bloc ! Mais il se heurte souvent aux difficultés générées par ceux qui ne croient qu’aux initiatives venant d’en-haut. Pour ma part, je penserais plutôt qu’elles doivent venir surtout d’en-bas et être synthétisées par le haut. C’est ça, pour moi, le pouvoir !

    Petite contribution communiste

    • La performance innovatrice ne peut se réduire à un seul domaine, militaire, spatial ou autre, c’est sur l’ensemble des activités qu’on peut juger. Or il est désormais établi que les indicateurs étaient dans le rouge au moins 20 ans avant l’effondrement de l’URSS. Dés le début des années 80, l’espérance de vie, ainsi que le taux de la mortalité infantile étaient sur une trajectoire négative, contrairement aux pays capitalistes avancés.

      Si on avait soumis l’URSS à la critique marxiste, presque rien n’aurait résisté, et surement pas cette "administration" aussi peu performante que gigantesque. Le Marx, bien que statufié abondamment, fût, aprés Lénine, ravallé au niveau d’un vulgaire Nostradamus.

      CN46400

  • Il est aussi acquis, je le pense, que le capitalisme a fait mieux que le "socialisme réel" de l’ex URSS, en matière d’innovation technique, de productivité

    Non, pas vraiment. L’URSS était performante sur le plan technique, ce sont les rouages de pouvoir et de hiérarchie qui ont été critiquables.

  • PARTI pour l’HUMAIN

    Mais j’aimais bien aussi " Parti du Nouveau Monde" c’était proposé par des socialistes comme Montebourg (*) , on peut le prendre , ce parti là ne sera pas créé par les socialistes qui pensent qu’il n’y a plus que des places a prendre et qu’il n’y aura plus jamais de Révolution et de grands progrès humains.

    (*) également par Melenchon Mais avec lui on peut faire un bon bout de chemin , lui il a plus de c... que les autres godillots.

    je reste anonyme ou alors je vais me faire flinguer par les camarades élus.

  • 1)

    .../....Pour qu’il y ait lutte de classe, encore faut-il que l’exploité prenne conscience de cette exploitation, c’est à dire qu’il ait conscience de travailler pour l’enrichissement d’une minorité de capitalistes.../...

    Ah ben, la bourgeoisie n’existe pas ? La lutte de classes existe , que les travailleurs en aient conscience ou pas...

    La conscience de soi en tant que classe des travailleurs lui donne éléments pour se défendre. Mais son délabrement, sa division, son morcèlement n’est que l’indice d’une avancée puissante de la classe capitaliste, donc de la lutte de classe.

    La lutte des classes travaillent toutes les sociétés et elle ne se définit pas seulement par l’activité de la classe la plus exploitée.

    2)

    Signe des temps, les plus importantes organisations progressistes françaises, les organisations syndicales, sont expédiées en 6 lignes.

    Seulement c’est dans le monde du travail que se joue les principaux rapports de force qui donnent sens à l’évolution d’une société. Les syndicats, en organisant les travailleurs pour leurs intérêts et leur défense sont un des plus gros chapitres à traiter pour le communisme , qu’on l’appelle ainsi ou pas.

    La question des autres formes d’organisation possibles, complémentaires au syndicalisme (qu’il faut ré-inventer, ré-unifier, démocratiser et re-développer) dans les entreprises (comme dans la jeunesse) non traitées.

    >>>>>>>>> Ce texte me fait soucis.

    Copas

    • Vous avez beaucoup d’idées mais il serait tout de même utile de lire avec attention les comptes Rendus de l’assemblée extraordinaire. Car la synthése de l’Huma est assez claire, aux communistes du terrain d’impulser une dynamique pour que notre peuple s’empare de nos préocupaions et de notre inquiétude pour ouvrir toutes les portes qui permettent d’ouvrir des perspectives. Ce n’est pas en donnant telle ou telle leçons que nous redonnerons de l’espoir au militant du terrain. Les communistes sont divers et baignent dans les mêmes contraintes que leurs voisins ou camarades de travail. Face aux rouleaux compresseur de la Bourgeoisie il n’y a qu’une façon d’être utile il faut agir.
      Chapeau aux salariés de la RATP, ainsi qu’aux Cheminots qui vont faire gréve. Dans ce contexte global il ne faut pas hésiter. Ils faut se déterminer sans état d’ame ensuite à chacune ou chacun de se déterminer. UNE OFFENSIVE Rétrogade de ce genre mérite une réponse. Ce n’est pas en cherchant des têtes de turs que nous pourrons y voir plus clair dans ces enjeux de classe.
      Amicalement.... Serge.

    • Aucune propositions concrètes économiques dans ce texte et c’est justement arrivé à ce stade que tout ce complique à gauche et avec certains anti libéraux que ce soit sur UE , en France etc.. ! Comment on finance , qui gére la reponse aux besoins nouveaux et anciens des citoyens ?

      Un parti communiste pour aussi proposer d’autres pistes économiques !

      Boris

    • Aucune proposition concrète économique ? C’est une bizarre manière de répondre mon camarade... On peut toujours reprocher à un texte ce qu’il n’y a pas dedans. En effet, rien sur les salaires, la durée du travail, l’emploi... Rien non plus sur l’équilibre comptable des dépenses et des recettes... Mais enfin, c’est la contribution d’un seul camarade, pas celui d’un collectif. Il pose un certain nb de questions, il ouvre un certain nb de voies, débattons de cela, mais pas de ce qu’il ne dit pas.

      Pour ma part, je ne partage pas toutes les idées de ce texte, surtout effectivement la conception de la lutte de classes. 2 idées à ce sujet :

      1) quelle qu’en soit la conscience qu’en ont ses composantes la lutte des classes est, encore plus en ce XXIème siècle qu’au XIXè, ce qui traverse de part en part la vie économique, politique, sociale.

      2) l’analyse basée sur la lutte de classes ne constitue pas pour autant un "noyau de vérité absolue". Elle est une grille d’analyses, parmi d’autres. Cependant c’est cette grille d’analyses qui fonde l’existence d’un parti communiste. Sans elle, le PCF devient un emballage (un conditionnement ?) sans contenu. D’ici à jeter l’emballage...

      Mais pour revenir au texte en débat je lui trouve beaucoup d’intérêts. Et en particulier celui d’aller sur le terrain de l’hégémonie. Enfin bon, de la domination économique, idéologique, politique et même au plus profond des pulsions individuelles, de la classe capitaliste. Il pose également, ce qui ne se fait plus au PCF, la question de l’abolition de cette domination.

      Débattons-en.

      JCK

    • Serge,

      Je pense que le texte de notre ami a des défauts d’analyse (et c’est de cela que je parle). Ensuite je crains qu’il ne traite pas assez du concret (sauf un peu sur les SCOP).

      Il est en grand silence sur la classe ouvrière dans son mouvement concret. Et quand je parle de classe ouvrière je parle de celle-ci au sens large évidemment. Ce mouvement concret se définit par des luttes, et des formes d’organisations diverses. Celles-ci sont au centre , à mon sens, de la bataille politique. Et un parti a à dire, à faire, à favoriser, ce qui procure un petit bout de chemin vers des capacités auto-organisatrices, de démocratie, dans les batailles en cours et à venir. Les capacités auto-organisatrices des travailleurs sont ce qui fait progresser d’un petit pas en avant la question de l’auto-gestion.

      Cela n’a rien à voir avec l’autogestion bien sur mais ça la préfigure par la bataille démocratique qu’elle impose et par sa capacité d’unifier et de rechercher la participation de tous à des décisions qui ne sont pas prises sous le joug de la hiérarchie ordinaire d’une entreprise, ni par un concert cacophonique des quartiers généraux des confédérations.

      Il traite (le parti) la question du syndicalisme comme une des plus grandes questions qui se pose. La fragmentation, la division et la faiblesse, créent de l’irrésolution et des défaites au cœur même de la société. Tout n’est pas imputable à l’offensive de la classe possédante, mais également à la non-intervention pour saisir à bras le corps la question syndicale et la question des formes d’organisation au concret des luttes. (Deux choses donc : le syndicat comme organisation permanente des travailleurs, et les structures de mobilisation qui visent à mettre tout le monde militant et gestionnaire dans une lutte, pour caricaturer).

      Il prépare, participe aux luttes des travailleurs, avec donc le triple objectif de les faire triompher, de faire progresser l’organisation des travailleurs (unification du syndicalisme et démocratie des luttes), et de faire avancer la capacité d’auto-organisation des travailleurs (comme petit chemin éclairant l’avenir d’une autre société).

      Il se trouve que les deux derniers objectifs (renforcer l’unité syndicale , l’unité dans les luttes et le petit pas de communisme dans l’organisation) renforcent le premier : faire triompher une lutte sociale.

      Le parti, doit s’occuper de cela méthodiquement, ce n’est pas 6 ou 7 lignes dans un grand texte, mais le corps concret pratique à avoir, le centre d’une démarche d’un parti de travailleurs qui essaye de déblayer le chemin vers une société sans exploitation.

      On ne peut parler de grandes réformes, en croyant que le passage à 50,01% des voix permettra de décréter une autre société , de propulser des réformes par le haut qui vont transgresser et révolutionner le rapport de forces dans les centres de la société , les entreprises.

      Ca c’est le communisme des banquets, des envolées lyriques , d’autant plus lyriques que l’esprit part de l’avant en perdant le lien entre le sol et les pieds, pendant qu’on se retrouve à gérer au concret le capitalisme, même dans ses phases noires.

      Ca ne marche pas, ça n’a jamais marché ainsi. Les cas où des avancées se sont faites c’est quand les travailleurs poussaient d’une façon autonome et sans reconnaitre les ordres d’un gouvernement, de droite ou de gauche. Ce fut 1936. Et dès que la mobilisation, l’occupation des entreprises cessa, le compte à rebours de l’alignement sur la bourgeoisie repartit en avant.

      L’activité des travailleurs a un impact colossal sur les rapports de force globaux dans une société.

      Donc :

      1) Préparer les batailles sociales à l’avance en les mettant au centre de l’effort militant (et pas comme des fronts parmi d’autres entre des municipales et la libération de Bettancourt) , de l’activité d’un parti.

      2) Les communistes poussent partout à des sections syndicales communes démocratiques rassemblant tous les syndiqués à la base, et essayant d’agglomérer dedans les non-syndiqués qui étaient rebutés et désorientés par la fragmentation syndicale. Ils poussent pour que cette conception des choses remonte vers le haut et contrôle étroitement le haut (elle fait tourner les représentations par permanents, renvoyant ceux-ci à la production systématiquement après de courts mandats).

      3) Les communistes montrent qu’ils ne choisissent pas une boutique plutôt qu’une autre , ils ne sont pas pour un syndicat par courant de pensée parmi les travailleurs. Ils n’enfourchent pas les patins de la CGT contre SUD, les patins de SUD contre la CGT, même si ils ont des préférences de cœur et d’histoire.

      4) Dans les luttes, ils poussent à la démocratie des luttes et sa coordination, non pas pour déborder des centrales syndicales, mais pour unifier les travailleurs, dépasser la fragmentation syndicale, avoir un centre unifié et transparent de la bataille seul apte à négocier l’avancée ou le repli face à la bourgeoisie et l’état. Ils poussent également à cette démocratie des luttes (AG démocratiques, appuyés par des réseaux d’échanges et de décision, et coordinations élues par les AG) car, outre son efficacité, elle fait faire un petit pas dans l’expérimentation de l’auto-organisation par les couches les plus larges de travailleurs.

      De nouvelles batailles sociales arrivent à toute vitesse, imposées par sarko, et de fait, chacun reste l’arme au pied, alors qu’il faut engager dés maintenant une politique de mobilisation, de propagande et une bataille d’organisation dans les entreprises (si on n’intervient pas consciemment dés maintenant sur la question de la fragmentation du syndicalisme les batailles sociales vont être des remakes de la dernière, et donc des défaites, et Sarko triomphera, municipales gagnées à gauche ou pas).

      Copas

  • 11 décembre2007
    comme toujours,il semble plus important de remettre en cause les "fondamentaux"...qui restent cependant.... fondamentaux ...que d’aller de l’avant et cesser,enfin,de contester la pertinence des problèmes appelés "sociétaux" =appelés ainsi pour ne pas les aborder et conserver le statu quo.
    pourquoi n’y a-t-il plus de "cellules" avec les réunions ?(simple exemple).
    Moi j’ai dû subir l’ostracisme (je n’ai plus peur des mots)des "camarades"(et là les femmes n’étaient pas les dernières) lorsque NOUS nous sommes battu(e)s pour la contraception et la dépénalisation de l’avortement ;plus tard,le comité d’éthique du PCF (où j’ai pû rencontrer Lucien Sève) aurait pû être plus avant-gardiste...si une certaine morale religieuse (d’ordre religieux)n’avait sérieusement freiné les discussions...qui,par ailleurs,n’ont JAMAIS fait l’objet de vraie diffusion dans les instances du Parti...
    si "un PCF du 21ème siècle,c’est continuer de flirter avec le capitalisme et le patronat...il peut toujours (le moribond PCF) se dire "antilibéral"...cela s’apparente aux soins palliatifs et je fais partie de ceux et celles qui ne veulent pas la mort (même "douce")du Parti,mais sa continuité...ce qu’il faut modifier ce n’est pas la terminologie,mais revenir à l’esprit d’AVANT-GARDE et ne plus occulter une bonne partie de ce qui est la lutte sociale ;il n’y a pas de problèmes sociétaux mais... des problèmes sociaux !
    Et l’Humanisme ,bor...?
    Il faut rappeler qu’il ne peut y avoir de : Liberté-Egalité-Fraternité sans Laïcité (pas oecuménisme mais LAICITE )
    Salutations Laïques et Féministes
    Fabienne courvoisier

    Les problèmes "sociétaux" vont de la contraception aux mutilations sexuelles( circoncision comprise) en passant par l’homoparentalité(occasion de rompre définitivement avec l’homophobie)en passant par les problèmes bioéthiques ...voir les OGM dont on parle peu ...(on "causait" dans les réunions de cellules ).

    • Je me reconnais bien dans ce que tu dis là Fabienne. Camarade Fabienne ! Combien sommes-nous à partager en gros ces idées là ? Il y a urgence maintenant à s’organiser, pour un vrai parti de luttes de classes en France.

      Jck

    • J’insiste, un parti sans propositions , c’est comme un baiser sans moustache, disait ma grand-mère ! Si il n’y a rien dans ce texte sur les questions économiques, c’est un choix politique pas une omission !

      On reste sur les valeurs, les hypothèses mais comment on agit pour améliorer la vie des gens imédiatement et pour le futur, sans partir sur de fausses pistes du style ONG, charitables, équitables !

      Comment on fait face à la financiarisation de l’économie , on prie !

      boris

  • Je ne mets nullement en cause son « Bon Vouloir », mais je ne crois pas que son auteur me démentira complètement si je dis que ce texte témoigne, entre autres, d’un genre de nostalgie du Centralisme Démocratique...

    Selon moi, avec reconduction de son idéalisation...

    « Dans l’idéal », « il aurait fallu » que celui-ci comporte de très fortes garanties, dès lors qu’il fonctionnait sur le tryptique « délibération approfondie/vote majoritaire/application par tous », pour les minorités et même pour les individus... Que soit, au moins, FORMELLEMENT ETABLI QUE LA MINORITE, VOIR L’INDIVIDU PUISSE AVOIR RAISON, APRES « EXPERIENCE », FACE AU GROUPE, dès lors que nulle « Science Politique » exacte n’existe !...( Et compte tenu que : plus l’investissement affectif est fort, ce qui est le cas dans une organisation révolutionnaire, plus les risques liés à la dynamique de Groupe sont puissants !...)

    « Il aurait fallu » que « l’Histoire » ne soit pas considérée comme une Grande Roue qui cliquette... Qui ne fait jamais machine arrière... Qu’un genre de Réversibilité soit possible, ce qui n’est, toujours aujourd’hui, pas dans la culture marquée par l’« avant-gardisme » du PCF !...

    ( Que de « si » !... Rêver d’un retour de ce genre de Système, c’est comme de l’apparition de la Sainte Vierge en string !…)

    Dans les faits, ça ne s’est vu que de manière très exceptionnelle, en général après la mort des gens, que l’on reconnaisse leurs mérites bafoués... L’expérience prouve que Le Pouvoir, c’est comme les armes : les hommes s’en servent !... Et prévoir des prérogatives particulières de « contrôle » de l’ensemble, pour un groupe particulier de Direction (sans compter les sous-groupes de sous-groupes), c’est leur accorder plus qu’un droit à « l’essai », plus qu’un droit à l’erreur : c’est leur concéder, « à l’occasion », oui, j’ose ce mot : « un droit à l’horreur » !…

    Il faut rappeler que le dit « Centralisme Démocratique » n’a pas servi que de modèle de Parti, mais aussi de Société. Qui a largement pris les gens pour des cobayes... « ESSAYER POUR VOIR », c’est ce qu’une « majorité » a fait en élisant Sarkozy !...

    Ils sont servis.

    Aubert Dulac.