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LE CADRE DE NOTRE AMITIE ENTRE LES PEUPLES : CONTRE LE NOUVEAU CAMPISME MONDIAL

Publie le mercredi 19 décembre 2007 par Open-Publishing
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LE CADRE DE NOTRE AMITIE ENTRE LES PEUPLES : CONTRE LE NOUVEAU CAMPISME MONDIAL

Congrès du MRAP (janv 2008) :
contribution "orientation" de la commission « mondialisation »

Le campisme est la vision du monde qui divise ce dernier en deux camps irréductiblement opposés. Une telle vision pousse nettement à choisir son camp et à y être fidèle corps et âme.

I - EST ou OUEST : de 1917 jusqu’en 1989/1991.

Le campisme a connu son heure de gloire avec l’émergence en 1917 du « camp dit socialiste » soutenu par la III Internationale communiste en opposition au « monde libre », au camp capitaliste incarné par les USA et ses alliés occidentaux. Le « court XX ème siècle » a été marqué par une puissante logique de camp qui s’est achevé entre 1989 et 1991 : la « chute du mur » de Berlin intervient le 9 novembre 1989 mais c’est le putsch communiste raté en URSS du 28 aout 1991 qui symbolise la fin du système soviétique. La dissolution du CAEM (COMECON) et du pacte de Varsovie interviennent aussi en 1991.

Il a été vraiment très difficile d’échapper à la force binaire du campisme mondial. Mais on ne saurait faire l’impasse sur quelques tentatives ayant eu des succès vartiables.
Citons :

 LE TROTSKYSME dès 1923 mais surtout en 1938 avec la naissance de la IV Internationale. Il est plus juste de parler des trotskysmes y compris au regard des différents positionnements de « soutien critique » de l’URSS par les différents partis se réclamant du combat de « l’Opposition de gauche » en URSS : tantôt plus en soutien, tantôt plus en critique.

 LE MAOÏSME, qui malgré ses spécificités s’est difficilement dégagé du stalinisme au point que cette notion a pu englober toutes les expériences autoritaires du socialisme.

 LE TIERS-MONDISME en 1955 (Conférence de Bandung) avec là-aussi des variantes plus ou moins réussies de non alignement et des références idéologiques variables : arabe ou arabisant, marxiste, chrétien, africain, asiatique, sud-américain... Les références anti-impérialistes et de solidarité entre les peuples remonte à la conférence de Bakou de 1920. En terme de mouvement le tiers-mondisme a très difficilement trouvé une conscience et une unité. Ce qui ne signifie pas absence de réalité effective au-delà de la diversité.
Ainsi, en 1993, deux ans après la chute du système du socialisme bureaucratique, Thomas COUTOT et Michel HUSSON persistent et écrivent (dans "Les destins du Tiers Monde") : Si,"quoi qu’on en dise, le "Tiers-Monde" recouvre une incontestable réalité" car"les pays qui le composent continuent à subir toutes les conséquences de la maturation tardive et incomplète des rapports de production capitaliste en leur sein. Parmi ces conséquences, leur position dominée sur le marché capitaliste mondial". L’année suivante, en 1994, François CHESNAIS publiait "La mondialisation du capital" (Syros), base de la matrice altermondialiste. Aujourd’hui l’usage du mot "Sud" ou de "la périphérie" a remplacé Tiers-Monde. Mais dès lors qu’il s’agit de confronter des « modèles », des auteur(e)s, comme Stéphanie TREILLET (CS d’ATTAC), continue d’user du terme Tiers-Monde (dans son ouvrage sur « l’économie du développement : De Bandoung à la mondialisation »).

 L’EUROCOMMUNISME a cherché à se différencier nettement du communisme de la III Internationale mais il a sombré dans la social-démocratie. Comme les « nouveaux philosophes » apparus en 1977 (Glucksman, BHL,..) l’euro-communisme n’a fait que changer de camp. Il a abandonné sa référence au socialisme authentique luttant contre le socialisme perverti pour passer du côté de la défense de l’Occident impérialiste.

L’ALTERMONDIALISME constitue pour partie un avatar moderne des luttes anti-impérialiste ou anti-colonialiste, une version des solidarités entre les peuples adaptée au temps de la phase néolibérale de la mondialisation capitaliste. Les économites critiques d’ATTAC posent la perspective du développement d’une société économe et solidaire non capitaliste ( ).

II - LE NOUVEAU CAMPISME DU « CHOC DES CIVILISATIONS »

A) LES PREMISSES DES 1991 :

Les faits : La « guerre du Golf » dite « Désert Storm » (Tempête du désert ») déclenchée en janvier 1991 année de la « chute du mur » de Berlin initie une nouvelle ligne de démarcation. Andre GUNTER FRANK la nomme “Third world war” ou « guerre “tiersmondiale” ce qui signifie à la fois “troisième guerre mondiale” et “guerre du tiers-monde”. L’auteur remarque qu’au cours des dernières années les conflits Est/Ouest se sont estompés alors que ceux entre le Nord et le Sud ont gagné en intensité. Il ajoute que « nombre de conflits Est-Ouest n’ont été qu’apparents et ont fait écran devant les contradictions Nord – Sud toujours à l’œuvre (p25).

La « théorie » : Le "Choc des civilisations" de Samuel Huntington a été écrit en 1993 deux ans après la chute du mur de Berlin. L’ouvrage a connu un grand succès planétaire a cause de l’attaque des Twin Towers le 11 septembre 2001.

B) LA PLEINE REALISATION EN 2001 ET 2003 :

Le nouveau campisme est issu de l’interprétation du choc du 11 septembre 2001 soit dix ans après 1991. La guerre contre l’Irak enclenchée le 19 mars 2003 par les USA en constitue la première réalisation.

Le "Choc des civilisations" de Samuel Huntington voit son contenu vulgarisé et diffusé à l’échelle de la planète : d’un côté Bush, le « Bien », l’Occident démocratique, libéral et civilisé ; de l’autre Ben Laden, l’Orient, le Mal , les dictatures, l’islam et la barbarie. La guerre d’Irak en 2003 a permis un nouvel élargissement de la thèse dichotomique.

Proche de Bush, W. Kristol et L Kaplan dans leur livre « Notre route commence à Bagdad » écrivent pour expliquer la guerre en Irak : « Cette cause avait pour enjeu la sécurité de l’Amérique et celle du monde, mais aussi la volonté d’apporter la démocratie dans un pays étouffant sous un système totalitaire". Que les causes réelles soient ailleurs c’est certain, que la cause affichée soit assez peu réalisable pour plusieurs raisons (quel méthode d’apport ? quel modèle démocratique "apporter" ?) d’autres l’ont souligné (ex Christian LAZZARI dans Quelle démocratie voulons-nous ?). Ce qu’il importe ici pour le MRAP c’est l’affichage quasi-explicitement d’une supériorité institutionnelle s’intégrant dans la compréhension du "Choc des civilisations".

Au plan idéologique la thèse du « choc des civilisations » s’est répandue sur la planète a eu des effets massifs indéniables que l’on ne peut ignorer, en particulier l’assimilation de tout arabe à un musulman et de tout musulman à un adepte de Ben Laden .

III – LE MRAP POUR UN ALTERMONDIALISME DE SOLIDARITE CRITIQUE

Au plan des principes on peut se déclarer « non aligné » ou « non campiste », on peut avancer « ni Bush ni Al Qaida. » ou plus concrètement « l’ennemi de mon ennemi n’est pas toujours mon ami ». Mais il arrive dans la « vrai vie » que la position à prendre soit plus délicate.

Par exemple, le CA du MRAP a eu a débattre du soutien au Hezbollah au moment de l’invasion du Liban en 2006 : Le Hezbollah ne pouvait être considéré comme étant des « nôtre » mais avec d’autres forces il a su repousser l’armée israélienne. Le débat collectif a permis de trancher. La commission internationale du MRAP a permis d’actualiser les connaissances utiles sur les forces en présence et les enjeux.

A) D’UNE PART L’ANTI-IMPERIALISME PERDURE COMME PREMIER COMBAT DE L’AMITIE ENTRE LES PEUPLES.

 Le monde est un SYSTEME DE DOMINATION HIERARCHISE complexe. Nous présentons une trame évidemment trop brève pour offrir toute l’ampleur de cette complexité. Mais la complexité du réel, qui devrait introduire les termes et la dynamique historique du « développement inégal et combiné du capitalisme » ne saurait se réduire à de simples rapports d’Etat à Etat (théorie économique classique des "avantages comparatifs"). Nous vivons dans un ordre mondial très inégal et hiérarchisé.

 L’ENNEMI DES PEUPLES est connu : le pouvoir et la domination du monde est le fait des dirigeants économiques, militaires et économiques des USA et de l’Europe. Une petite classe sociale internationale - que l’on nomme bourgeoisie - détient via les firmes multinationales (principalement nord-américaine) et les institutions étatiques, régionales et internationales le pouvoir de dominer le monde.

 IL Y A DU SUD AU NORD : Le monde c’est aussi bien les peuples occidentaux (USA et Europe) qu’orientaux. Le salariat mondial de l’ouvrier au cadre est de plus en plus exploité (notamment en baisse de salaire global, en intensité de travail, en temps de travail) y compris au Nord. Le grand capital financier, industriel et commercial qu’il soit américain ou européen exige partout une force de travail docile, flexible, mal payée, sans garanti contre une marchandisation complète et contre le chômage. Les fonctionnaires sont devenus les boucs émissaires des politiques néo-libérales.

 IL Y A DU NORD AU SUD : Les pays du sud sont gouvernés par une bourgeoisie compradores qui émarge au système capitaliste mondiale et qui répercute plus ou moins docilement les consignes du FMI contre leurs peuples.

 LA PRINCIPALE ARME EST LA DIVISION ET LA MISE EN CONCURRENCE au sein du salariat mondial. Il s’agit d’opposer les exclus contre les inclus, les salariés du privé contre les fonctionnaires, les immigrés contre les nationaux, les femmes contre les hommes, les homosexuels contre les hétérosexuels, les basanés contre les blancs, les chrétiens contre les musulmans, les croyants contre les non-croyants. Admettre la diversité « catégorielle » mais dans l’unité supérieur de l’ensemble de ce qui fonde le salariat. Admettre la diversité mais pas les différences oppressives, donc défendre la laïcité et l’égalité des droits tel est la ligne de réponse solidaire.

Malgré le débat encore vif sur cette question, l’altermondialisme n’ignore pas l’effet « nation » comme cadre territorial pertinent de protection-deconnexion : protection par nationalisation contre la montée de la propriété lucrative, contre l’appropriation privée des principaux moyens de production et d’échanges. Ce qui ne signifie pas absence de volonté d’étendre les services publics au-delà des frontières nationales au sein des pays « régionaux », au sein de l’Europe.
Par contre la nation comme identité réactivée par les dirigeants à l’égard des nationaux comme outil de fermeture à l’immigration est vivement critiquée comme étant au service de la « guerre aux migrants »

B) D’AUTRE PART L’ISLAMISME POLITIQUE EST AUSSI A COMBATTRE

Il est acquis ici que l’islamisme radical qui n’est pas seulement celui de Ben Laden n’est pas assimilable à l’islam ordinaire pratiqué, de façon diverse d’ailleurs, par les musulmans.
Ceci dit, notre anti-impérialisme ne saurait s’accommoder d’un certain nombre de traits souvent présents au sein des mouvements politico-religieux radicaux, ceux de l’islam politique. Les dominés et opprimés peuvent être à leur tour dominant et oppresseur. Donc pas d’opportunisme à leur égard. Il arrive cependant que des forces réactionnaires accompagnent un temps un mouvement de lutte de libération populaire. En ce cas, et sous réserve d’une analyse collective de la situation réelle, nous n’avons pas à écarter une solidarité qui nuirait à notre combat contre l’impérialisme.
Ceci dit, nous sommes :
 Contre la vision englobante multiclassiste qui ignore les conflits sociaux de classes.
 Contre la vision profondément anti-démocratique et anti-individualiste d’un mouvement qui ne reconnaît que Dieu et la loi divine, le seul « droit » du peuple étant d’exprimer son allégeance aux autorités religieuses qui sont ceux qui savent interpréter la loi divine.
 Contre le caractère globalisant mais très hiérarchisé de la famille très fétichisé qui méconnaît le droit des femmes pour survaloriser le pouvoir de l’homme patriarcal.
 Contre l’endoctrinement de la jeunesse via les écoles religieuses et les mosquées
 Contre la répression généralisée de l’armée et de la police qui laisse la société désarmée et impuissante pour se libérer tant en interne qu’en externe.
 Contre la division généralisée du monde entre la communauté des croyants (ouma) et les non croyants persécutés. Ce qui aboutit au fait que les syndicats sous influence de l’islam politique défendront le patronat islamique contre le travailleur athée ou autrement croyant. Ce qui aboutit aussi à la haine généralisée du non croyant ou du autrement croyant.
 Contre le rejet obscurantiste des Lumières au sein des masses populaires, et donc de la raison émancipatrice dès lors que cette dernière ne saurait se limiter à la seule raison instrumentale et technicienne soumise à la loi islamique. Ce qui aboutit à une religiosité fruste sans élaboration enrichie par une relative ouverture intellectuelle notamment à ce qui n’est pas religieux.
 Contre le rejet de la sphère privé par rapport à la sphère publique totalitaire, ce qui aboutit au déni de la société civile, le gouvernement islamique contrôlant tout. Ignorant la société civile par envahissement de l’Etat islamique c’est le clivage en classes sociales antagoniques qui est masqué.
Cependant le rôle du MRAP n’est pas principalement de lutter contre ses traits qui peuvent par ailleurs se retrouver au nord, notamment dans le bonapartisme de N SARKOZY

Christian DELARUE

Commission mondialisation du MRAP

 Andre GUNTER FRANK a écrit « La guerre tiermondiale : économie de la guerre du golf » (dans Bush Impérator)

 Le § B s’inspire d’un article d’Ardeshir MEHRDAD et Yasmine MARTHER militants iraniens en exil luttant à la fois contre la perspective guerrière de Bush et contre la République islamique. (Texte traduit et publié par Carré Rouge de novembre 2006)

 Thomas COUTOT et Michel HUSSON "Les destins du Tiers Monde" CIRCA 1993

 Stéphanie TREILLET (CS d’ATTAC), « l’économie du développement : De Bandoung à la mondialisation » CIRCA Armand colin

 François CHESNAIS « La mondialisation du capital » Syros 1994

 Livres d’ATTAC : « Le développement a-t-il un avenir ? » et « Inégalités, crises, guerres : sortire de l’impasse ».

 ALTERMONDIALISME/ ANTICAPITALISME. POUR UNE COSMOPOLITIQUE ALTERNATIVE. Université de Paris X, Nanterre

Voir le Congrès Marx V à la télévision

http://netx.u-paris10.fr/actuelmarx/cm5/index5.htm

http://www.canalc2.tv/video.asp?idvideo=6809

http://www.canalc2.tv/video.asp?idvideo=6933

 Deux mots sur le « développement inégal et combiné » du capitalisme :

"Tous les pays ne se sont pas développés au même rythme, et ne sont pas devenus capitalistes en même temps. Les premiers pays capitalistes (Angleterre, France) ont développé un besoin vital d’expansion : besoin d’envahir de nouveaux pays, pour y introduire le capitalisme, profiter des matières premières et de la main d’œuvre, et pour y écouler leurs marchandises. C’est le stade impérialiste du capitalisme.

Mais ce que Trotsky a découvert, c’est que les pays « retardataires » ne suivent pas, en accéléré, le même chemin que les premiers pays capitalistes : développement de l’économie de marché, de la démocratie bourgeoise...(comme l’argumentaient les courants social-démocrate et stalinien). Comme le développement capitaliste de ces pays s’effectue sous pression étrangère, cela perturbe profondément les structures économiques, sociales et politiques du pays. Et le résultat est une combinaison (instable et explosive) entre les maux de la vieille société et l’exploitation capitaliste".

Le « cauchemar de Darwin » comme exemple :

"Dans la Tanzanie actuelle décrite par Le cauchemar de Darwin, l’introduction d’une industrie de filets de poissons a complètement détruit l’ancien commerce et l’ancienne société, sans les remplacer par une société bourgeoise démocratique. Cela a créé une classe ouvrière surexploitée dans des usines de conditionnement de poisson, à côté des couches sociales issues de la société traditionnelle (pécheurs, marchands...)"

Messages

  • REGARDONS MIEUX CE QUI SE PASSE CHEZ NOUS :

    La FRANCE a été jusqu’à un passé récent la deuxième puissance agricole mondiale.

    L’Europe a imposé une réduction drastique de la production agricole

    Nos paysans sont devenus des bureaucrates obligés de gérer des chiffres

    Actuellement on importe de Chine des produits alimentaires dangereux pour notre santé

    Des légumes secs arrivent de l’Argentine, pays des OGM par excellence.

    Danone déplore qu’il manque 1 milliard de litre de lait par jour

    Et récemment

    le président des 53% a déclaré en Afrique qu’au nom de la "concurrence libre et non faussée"

    il était nécessaire de supprimer les aides compensatoires versées aux paysans

    C’est la raison pour laquelle, dans les campagnes, les enfants d’agriculteurs sont obligés

    d’aller à la fac puisqu’ils n’ont plus d’avenir dans l’agriculture

    et que les paysans s’allient avec les étudiants en lutte

    http://www.unisavecbove.org/spip.php?article3854

    Michèle

    • APPEL « Des femmes contre le terrorisme religieux »

      Il est temps de soutenir les femmes qui luttent pour la liberté de conscience contre les diktats et le terrorisme religieux. Taslima Nasreen, victime de nombreuses fatwas au Bangladesh pour avoir dénoncé l’oppression des femmes et des minorités non-islamiques vit en exil depuis 1994. Installée depuis quelques années à Calcutta, sa tête a été de nouveau mise à prix par plusieurs organisations islamistes indiennes. Une manifestation contre elle l’a obligé à quitter Calcutta le 22 novembre. Elle est pour l’instant réfugiée à Delhi, et a demandé la nationalité indienne.

      Ayaan Hirsi Ali, ex-députée néerlandaise, coscénariste du film Soumission de Théo Van Gogh, assassiné en 2004, est, comme lui, menacée de mort, et doit vivre en permanence sous protection rapprochée. Le gouvernement hollandais lui refuse aujourd’hui aide et protection, commettant ainsi un véritable un acte de forfaiture.

      Nilofar Bakhtiar, ministre du Tourisme du Pakistan, a été forcée de démissionner de son poste à l’été 2007, après une violente campagne de presse et une fatwa des intégristes de la Mosquée Rouge. Son crime : à la suite de son premier saut en parachute, avoir donné l’accolade à son moniteur. Elle a été lâchée par son parti et par le gouvernement auquel elle appartenait. Nawal el Saadawi, médecin, écrivaine et militante politique égyptienne, a publié en janvier une pièce de théâtre intitulée Dieu démissionne au sommet. Accusée par les dignitaires d’Al Azhar d’apostasie et de non respect des religions (passibles de la peine de mort), elle a été conviée gentiment à quitter le territoire : c’est un nouveau recul de l’Etat de droit devant les exigences de l’Islam politique dans les pays de la région

      En Iran, être féministe et revendiquer les droits des femmes, tout comme militer pour les droits humains, c’est risquer la prison. Des dizaines de féministes sont aujourd’hui condamnées à des peines d’emprisonnement dans le silence assourdissant de la communauté internationale. Certaines sont musulmanes pratiquantes, d’autres agnostiques voire athées ; leurs choix de vie, leur vision de la société en Europe, aux Etats-Unis ou au Moyen-Orient sont souvent divergents et, parfois, différents des nôtres. Mais elles ont en commun d’être, toutes, harcelées, calomniées, menacées dans leurs pays par leurs gouvernements respectifs ou abandonnées par eux face aux violences des groupes intégristes pour la simple raison qu’elles ont exprimé des idées non-conformes et refusé les diktats des intégristes

      Les opinions publiques occidentales sont le plus souvent indifférentes à leur sort, parfois même hostiles. Il n’en a pas toujours été ainsi. Excommunié pour hérésie par sa communauté à Amsterdam, Spinoza put penser, écrire à Voorburg et La Haye ; Voltaire se retira à Ferney ; persécutés dans leur pays, Hannah Arendt ou Soljenitsyne s’exilèrent aux Etats-Unis ; Salman Rushdie est protégé depuis 1989 par le gouvernement anglais. Que serait-il advenu s’ils n’avaient pu trouver asile et protection loin de leurs inquisiteurs ? Et qu’adviendrait-il, qu’adviendra-t-il des paroles d’Ayaan, de Taslima, de Nawal, de Nilofar, des féministes iraniennes si, par laxisme, par aveuglement ou par lâcheté, nous leur refusions aujourd’hui soutien, solidarité, et protection ? Qu’adviendra-t-il de tous ces intellectuels, écrivains, dessinateurs, opposants politiques, qui sont, avec elles, en Inde, au Pakistan, au Maghreb, en Iran et ailleurs, engagés dans la lutte contre l’absolutisme intégriste pour les droits humains ?

      Parce qu’ils et elles existent, le combat pour la liberté d’expression et de conscience continue à être mené dans le monde. Leur combat est aujourd’hui le nôtre. Nous demandons instamment aux instances européennes et internationales de réaffirmer leur position sur le droit des femmes et sur la liberté de conscience. Nous demandons que la France et l’Europe, qui ont avec leurs pays d’origine de fructueux échanges commerciaux, exigent que les Etats partenaires garantissent la protection de ceux et celles qui luttent aujourd’hui, au risque de leur vie, dans leurs pays, pour défendre des idéaux de liberté, d’égalité et de paix. Nous demandons que soit organisé de toute urgence, au niveau international et européen, un droit d’asile qui assure la sécurité de ces militantes et militants mis en péril jusqu’au cœur des capitales occidentales.

      Appel signé par :

      Elisabeth Badinter, philosophe ; Chahlah Chafiq, sociologue ; Christine Fauré, sociologue ; Elisabeth de Fontenay, philosophe ; Geneviève Fraisse, philosophe ; Sihem Habchi, présidente de Ni Putes Ni Soumises ; Liliane Kandel, sociologue ; Catherine Kintzler, philosophe : Nicole-Claude Mathieu, antropologue ; Juliette Minces-Chaliand, écrivain-sociologue ; Michelle Perrot, historienne ; Elisabeth Roudinesco, historienne ; Wassila Tamzani, écrivaine.

    • CAMPISME RENVERSE

      Les Glucskman et autre BHL – les « nouveaux philosophes » de 1977 - sont passés « du col mao au Rotary », du soutien sans faille du stalinisme au soutien inconditionnel des USA. En fait, ils ont simplement changé de camp mais ils sont restés identiques à eux même au plan mental : des staliniens renversés.

    • Ni Bush, ni Sarkozy mais pas plus Ben Laden. Défense des peuples. La question de la défense des organisations que les peuples dominés se donne relève de l’analyse concrète et peut faire l’objet de positions variables en fonction de la situation .
      CD

    • La nation, l’islam et le nationalisme religieux offensif.

      L’islamophobie consiste surtout à constamment ramener l’islam à ce qui a de plus négatif dans cette religion aux fin de stigmatisation et d’exclusion de tous ses membres ou de n’importe quel de ses membres. Or l’islam comme d’autres religions est variées dans ses interprétations et ses pratiques géographiques et historiques. Il existe donc un islam progressiste ayant assimilé ce que l’on a coutume d’appeler la modernité c’est à dire l’égalité des sexes, la laïcité, le fait démocratique. Il existe aussi un islam réactionnaire à composante variable, plus ou moins offensif.

      Embrasser la religion musulmane c’est pour beaucoup de ses membres appartenir à une nation mais une nation qui n’est pas celle que nous concevons ordinairement en France, autrement dit pas celle d’un Etat-nation . La nation de l’islam est de nature supra nationale. Plusieurs territoires ou pays en font donc partie intégrante . La référence matérielle à un territoire ne suffit pas à définir la nation de l’islam (cf ci-après) .

      Ce n’est pas tout : il faut encore retenir un autre élément complémentaire tout aussi oublié que le précédent alors qu’il donne, lui, la pleine signification à un islam de conquête, autrement dit à un nationalisme religieux offensif, pas nécessairement guerrier mais susceptible de le devenir.

      Les non-musulmans dans toutes leur diversité croyants ou athées ne forment eux aussi qu’une seule nation car ils sont tous des infidèles par rapport à l’islam. En somme, sur la planète il n’y a que deux nations : la nation des musulmans et la nation des non-musulmans, infidèles par définition. Le monde divisé en deux mondes non compatibles. L’islam de conquête ne signifie pas qu’il faille faire la guerre. Comme pour d’autres religions il peut suffire de faire l’apologie de ses préceptes et de ses pratiques.

      Comme l’islam possède une dimension politique du fait de la non séparation de la société civile et de l’Etat le risque de dégénérescence guerrière est aisé. Tout dépend en fait de l’équilibre des forces tant interne (dans le monde musulman lui-même) qu’externe (résistance du monde non musulman). Une telle interprétation de l’islam ne valide cependant pas la théorie du "choc des civilisations" de Samuel Huttington reprise par les USA. Au contraire vouloir un monde de paix c’est refuser mais dans la plus grande lucidité possible l’affrontement de deux camps opposés l’Orient contre l’Occident. Par contre c’est lutter pour la réduction des inégalités de développement dans le monde économiquement hiérarchisé mais aussi ne pas céder à l’extension de la laïcité (même sous des définitions variables) et à l’égalité entre les hommes et les femmes.

      Christian Delarue.

      NB : Cette division du monde porte des noms, une signification : Dar al-Islam, c’est la « Maison de la paix » celle de l’islam et Dar al-Harb, est la « Maison de la guerre », celle des non-musulmans en fait car Dar al-Kufr qui signifie domaine des infidèles" ou "domaine de l’incroyance" se rapporte au Dar al-Harb.

      D’après Wikipédia Dar al-Islam et ses termes associés ne figurent pas dans les textes fondamentaux de l’Islam qui sont le Coran ou les Hadiths. Des disciples musulmans maintiennent que marquer un pays ou un lieu comme /Dar al-Islam/ ou /Dar al-Harb/ concerne la question de la sécurité religieuse sur le plan juridique. Cela signifie que si un musulman pratique l’islam librement, il peut alors être considéré comme vivant dans un espace dit Dar al-Islam, même s’il vit dans un pays non islamique. Cependant les théologiens musulmans affirment que les cinq appels à la prière quotidiens doivent être effectués pour qu’une zone soit considéré comme Dar al-Islam.