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L’Union méditerranéenne chère à la France suscite toujours autant de scepticisme

Publie le dimanche 23 décembre 2007 par Open-Publishing
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L’Union méditerranéenne chère à la France suscite toujours autant de scepticisme

RAPPROCHEMENT. Les dirigeants français, italien et espagnol ont lancé « l’Appel de Rome » pour démarrer le projet.

Angélique Mounier-Kuhn
Samedi 22 décembre 2007

Le président français, Nicolas Sarkozy, a rallié les premiers ministres italien et espagnol à son grand dessein méditerranéen, esquissé durant la campagne électorale de l’hiver passé. « Convaincus du fait que la Méditerranée, creuset de culture et de civilisation, doit reprendre son rôle de zone de paix, de prospérité et de tolérance », les trois dirigeants ont lancé jeudi soir depuis la capitale italienne « l’Appel de Rome pour l’union de la Méditerranée ». Cette déclaration, qui affirme leur ambition « d’instituer un partenariat sur un pied d’égalité », fixe au 13 juillet 2008 l’organisation à Paris d’un premier sommet entre les dirigeants de l’Union européenne et leurs voisins du pourtour méditerranéen.

D’ici là, la France, l’Italie et l’Espagne entendent lancer des « travaux préparatoires pour identifier les domaines de coopération prioritaires, l’étude de leur faisabilité et des sources de financement ». D’ici à l’été prochain, les trois pays devront aussi et avant tout déployer des trésors de persuasion pour lever les réticences soulevées par « ce projet français, pour ne pas dire sarkozien », selon Barah Mikaïl, spécialiste du Moyen-Orient à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

« L’initiative de Nicolas Sarkozy n’est pas du tout claire dans sa substance et elle est tout à fait ambiguë vis-à-vis de l’Europe », estime Michael Emerson, du Centre for European Policy Studies de Bruxelles. L’Union européenne s’est déjà dotée en 1995 d’un cadre de relations avec les pays du bassin, rappelle le chercheur : le processus de Barcelone, dont l’ambition était d’encourager la stabilité et la sécurité sur la rive sud de la Méditerranée en tissant avec elle des liens économiques, sociaux et culturels. « L’UE s’est déjà investie dans ce processus. Même s’ils ne sont pas catastrophiques, les résultats sont décevants. Et, à ce jour, rien ne dit que Nicolas Sarkozy a trouvé une solution magique pour faire mieux que ce qui a été entrepris. En fait, il propose toutes sortes d’initiatives mal préparées, ce projet d’Union de la Méditerranée en est un exemple », juge sévèrement Michael Emerson.

« Le processus de Barcelone posait comme contrepartie aux aides financières et à la mise en place de projets un effort d’ouverture de la vie politique et la lutte active contre le terrorisme et contre l’émigration clandestine. L’esprit de Barcelone continue de prévaloir dans le projet de Nicolas Sarkozy, précise Barah Mikaïl. La valeur ajoutée du président français est de souhaiter en plus une structuration de la région calquée sur l’UE. »

Cette perspective explique en partie la difficulté du président français à convaincre ses partenaires européens, notamment l’Allemagne, avance Philippe Moreau Defarges, de l’Institut français des relations internationales : « Ils considèrent que la création d’une union des pays méditerranéens est un projet concurrent à l’UE. »

Frais à Bruxelles et en Europe, l’accueil réservé par les pays méditerranéens à l’union rêvée par Nicolas Sarkozy n’est pas plus chaleureux. « Ces pays sont intéressés par les projets et les financements, mais ils voient d’un mauvais œil la contrepartie politique coercitive », explique Barah Mikaïl. Par ailleurs, « ils ne s’envisagent pas dans des perspectives collectives. Ainsi, toutes les structures qui ont été développées à des échelles plus réduites telles que l’Organisation de la ligue arabe, l’Union du Maghreb arabe ou le Conseil de coopération du Golfe ne sont pas parvenues à définir des orientations engageant l’ensemble de leurs membres. »

Autant dire que les chances de succès d’une union rassemblant, comme l’Europe y est parvenue, plus d’une vingtaine de pays méditerranéens apparaissent maigres à l’aune de ces expériences. Pourtant, « l’idéalisme et la finalité du projet de Nicolas Sarkozy ne méritent pas d’être rejetés en bloc, d’autant que ce qui a déjà été essayé (ndlr : avec le processus de Barcelone) a prouvé ses limites. Plus que le fond, c’est sa méthode, la façon dont il fait cavalier seul pour marquer son empreinte dans l’histoire, qui déplaît », conclut Barah Mikaïl.

Messages

  • Les suisses, jaloux, n’aiment pas l’Union Meditérranéenne, mais ils vont "rafoller" de L’Union Alpine Paradisiaque que Sarko va sortir dés que sa relation avec la famille des caoutchouc italiens Bruni sera stabilisée.

  • Bon, après la rigolade :

    La question méditerranéenne existe (les pays qui entourent la Méditerranée) et il y a des choses à dire, à faire, à proposer sans laisser à sarko le soin de monopoliser la question.

    Le pourtour méditerranéen a tressé au cours des millénaires de grandes proximités culturelles qui valent bien la proximité avec la culture baltique.

    Les divisions du monde, les mœurs prédatrices du capitalisme ont levé des murs , des rideaux de fer en Méditerranée , que ne reconnaissent pas les cœurs des hommes et des femmes qui n’ont cessé de migrer, d’émigrer, d’immigrer, dans toutes les rives, sur toutes les rives, allant et venant comme le sang dans un corps. Le capitalisme c’est la thrombose, c’est Marseille qu’on coupe d’Alger, ce sont des Libanais de toutes confessions qu’on trouve dans le sud de la France, ce sont des Turcs et des Grecs séparés par une même culture de l’accueil.

    Le temps de la Méditerranée s’est arrêté là où même le colonialisme meurtrier, voleur et prédateur ne l’avait pas arrêté : dans la construction xenophobe de l’UE des banquiers, inverse de l’esprit méditerranéen, estimant que les hommes et les femmes sont nécessairement ennemis les uns des autres, qu’il convient de les séparer par le contrôle aux frontières, l’esprit policier et perverti de Schengen .

    Ces frontières ne sont pas les nôtres et il y a autant de légitimité au lien entre les deux rives de la Méditerranée qu’au lien entre le Sud de l’Europe et le nord de l’Europe (que je salue par ailleurs fraternellement).

    La Méditerranée est une mer qui nous rassemble et nous réunifie. Une racine indispensable. Et des populations merveilleuses. Aider à rétablir les liens humains et solidaires, loin des vieux reflexes de prédation et de mépris, est un enjeu évident. C’est d’abord un environnement écologique mis à mal par le développement anarchique du capitalisme qui a salopé un bien commun, c’est également la nécessité de s’attaquer à ce qui divise les populations (les contrôles inhumains aux frontières), construire des infrastructures logiques, communes , c’est promouvoir la paix juste et durable, libérer des pressions impériales meurtrières et des logiques de prédation (Chypre, Balkans, Liban, Palestine, luttes de libération saharaouies, reconnaissances des cultures sans accepter les biporalités affaiblissantes,...)

    C’est également défendre la solidarité des travailleurs du sud et du nord, des syndicalistes et militants de gauche n’ayant pas même libertés que nous .

    Cop.