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Toujours chrétien, toujours au top ?

Publie le mercredi 14 avril 2004 par Open-Publishing

En Europe de l’Est, la religion se réveille ! Fréquentation en hausse, influence importante de l’Eglise comme en Pologne. Mais le rôle de cette dernière est aussi de plus en plus contesté.

Avec l’élargissement de l’Europe aux pays de l’Est surgit l’épineuse question de la religion et de son influence dans ces futurs membres de l’Union européenne. Malgré un héritage historique et culturel commun, la Pologne, la République Tchèque, la Hongrie, et la Slovaquie (aussi appelés « pays de Visegrad ») diffèrent dans leurs manières de gérer la question cruciale de la séparation de l’Eglise et l’Etat.

Pologne : le catholicisme, un stéréotype national ?

La Pologne, fervente catholique, demeure ancestrale du pape Jean-Paul II, est un défenseur farouche d’une mention chrétienne dans le préambule de la future Constitution européenne. Durant le passé communiste du pays, les églises ont activement soutenu le mouvement pour la démocratie. Mais, en 1989, après la chute du Communisme, l’Eglise a dû faire face à une réaction populaire brutale. De moins en moins de Polonais acceptaient son intrusion dans les affaires d’un gouvernement. Notamment lorsqu’elle a tenté d’imposer un agenda social plus conservateur. La signature récente d’un concordat entre le gouvernement polonais et le Vatican offrira une base plus solide à l’Eglise pour défendre de manière efficace ses politiques sociales. La multiplication des églises évangéliques et des revendications pour le droit à l’avortement sont quelques-uns des problèmes les plus urgents auxquels cette puissante institution devra faire face. Son lobbying actif est payant. Dernièrement, une coalition avec le parti national anti-avortement a anéanti tout espoir qu’une loi d’ensemble en faveur de l’avortement soit votée. Dans un pays où l’éducation religieuse est enseignée dans les écoles publiques et où des crucifix décorent la chambre basse et la chambre haute du parlement républicain, le débat sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, qui fait rage dans une grande partie de l’Europe occidentale, est inexistant dans la Pologne ultra-catholique.

Hongrie : un orage dans une tasse de café ?

L’Eglise, son financement et son rôle dans la société contemporaine sont des sujets très contestés en Hongrie. L’exclusion, il y a peu de temps, d’un étudiant homosexuel par l’Université de l’Eglise Réformée Gaspar Karoli a d’autant plus enflammé le débat qu’un nombre croissant de gens remettent en question l’influence grandissante des églises, dont le fonctionnement dépend en majeure partie de l’argent public. Dernièrement, le système de financement a été modifié par le corps législatif pour passer d’un système fondé sur la contribution fiscale fixée à un pour cent à une distribution des subventions proportionnelle à la taille de l’Eglise. En Hongrie, il suffit de 100 personnes pour fonder une Eglise officiellement reconnue et subventionnée par l’Etat. Cela est beaucoup plus difficile en République Tchèque et dans le pays voisin, la Slovaquie, où les démarches peuvent prendre dix ans voire plus, et nécessiter le soutien actif de dizaines de milliers de membres actifs.

Slovaquie : en route vers un Etat clérical ?

En Slovaquie, il est impossible d’échapper à la religion. Les hommes politiques se proclament chrétiens et leurs programmes défendent avec force l’héritage chrétien du pays. Mais, en même temps que le nombre de pratiquants augmente, la religion et sa place dans la société restent des sujets controversés. La tempête provoquée par le coût élevé de la dernière visite du pape en Slovaquie et la récente mise en place d’un cours facultatif de religion dans les écoles publiques incitent certaines personnes à penser que le pays est en train de devenir un Etat clérical. Mais certains faits nouveaux prouvent le contraire. Les percées du parti communiste national, qui a obtenu des sièges au parlement pour la première fois depuis la Révolution de Velours de 1989, et une décision récente visant à réduire le nombre d’organisations confessionnelles éligibles pour le statut d’organisation publique montrent une séparation de plus en plus marquée de l’Eglise et de l’Etat.

République Tchèque : la brebis galeuse ?

Dans cet océan de profonde dévotion religieuse, la République Tchèque se détache. Une majorité de Tchèques (59% selon un dernier sondage) se dit athée. Dans ce pays, 5% des Catholiques se rendent régulièrement à la messe, contre 58% en Pologne. Ces statistiques alignent la République Tchèque sur le modèle de l’Europe de l’Ouest où le faible taux de fréquentation des églises atteint des taux record. Le déclin rapide de la religiosité de ces 15 dernières années peut partiellement être imputé au Communisme et à des traditions d’athéisme qui ont dominé l’Europe de l’Est pendant une bonne partie du XXème siècle. A cela, il faut ajouter d’amers conflits opposant l’Eglise et l’Etat au sujet de la restitution de terres autrefois confisquées par les Communistes. De tous les pays de Visegrad, la République Tchèque reste le seul à ne pas avoir signé de concordat

Jana Neupauerova - Leeds - 6.4.200
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