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Les limites d’âge ont déjà disparu à La Poste, à France Télécom, pour les enseignants, etc.

Publie le samedi 17 avril 2004 par Open-Publishing

Les limites d’âge pour l’accès aux concours externes forment un véritable
labyrinthe. En théorie, elles s’échelonnent de 28 ans à 40 ans pour les
cadres A (au-delà de la licence) et à 45 ans pour les catégories B et C,
toutes édictées par décret, et non par la loi, ou par le statut général de
la fonction publique créé en 1946 par un certain Maurice Thorez. Mais de
nombreuses exceptions existent déjà. Depuis 1989, la limite d’âge a disparu
pour les enseignants, soit près de la moitié des effectifs de la fonction
publique d’Etat. Les mères de trois enfants et plus, les veuves et veufs,
les divorcé(e)s et les non remarié(e)s y échappent aussi, comme les
personnes handicapées et certains sportifs de haut niveau. Dans la fonction
publique territoriale, seuls les conservateurs des bibliothèques ou du
patrimoine font l’objet d’une mesure d’âge qui a disparu à La Poste et
France Télécom. L’Ena a diversifié ses règles : 28 ans pour le concours
externe, 35 ans pour le concours interne et 40 ans pour la « troisième voie »,
celle qui cherche à attirer des compétences venues du privé, de la politique
ou du syndicalisme.

Mais il existe une véritable barrière à l’entrée des quadragénaires dans la
fonction publique, soulevée hier par le député socialiste Jean-Pierre Dufau
 : la constitution d’une retraite. Même après la réforme de 2003, il faut
encore quinze années au minimum pour prétendre à une pension de l’Etat.
Résultat, il est fortement déconseillé aux plus de 45 ans de prétendre
servir la puissance publique comme agent titulaire. Autre obstacle : les
concours eux-mêmes. « Rien ne pourra changer du point de vue de l’intégration
des salariés du privé si on ne reconnaît pas l’acquis de leur expérience. Or
les concours sont toujours basés sur des épreuves de culture générale »,
explique Pierre-Eric Verrier, du cabinet Axes Management. Un argument
reconnu par Renaud Dutreil, le ministre de la Fonction publique, qui, hier,
assurait vouloir « moderniser et humaniser les concours ». De plus, selon lui,
« les discriminations » se perpétueraient. « Nos concours reproduisent les
inégalités sociales », s’est-il exclamé hier, à l’Assemblée nationale,
promettant d’y remédier dans la prochaine loi de modernisation de la
fonction publique prévue pour l’automne.

Le service de l’Etat sera-t-il pour autant attractif pour les quadras ? Pas
sûr. Les nouveaux entrants devront subir la règle générale et commencer leur
nouvelle carrière au premier grade de leur corps. Ce n’est qu’au bout de
quinze ans en moyenne qu’ils pourront obtenir des rémunérations et des
emplois satisfaisants. Soit, pour une personne entrée après sa
quarante-cinquième année, au moment même de cesser son activité...
Pour aider le travail des plus de 40 ans, l’Assemblée annule les limites
d’âge aux concours.

Liberation