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Suharto, un des pires criminels du monde avec Pinochet

Publie le mardi 29 janvier 2008 par Open-Publishing
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De Gérard Filoche

Ah, non, ils ne vont pas nous le "réhabiliter" ? Mais si, ils osent.

C’est basé sur l’ignorance... L’Indonésie c’est loin. On en a moins parlé que du Chili ! Ce n’était pas en 1973 mais en 1965 ("l’année de tous les dangers" - le seul film diffusé assez massivement en Occident). France Inter l’appelle d’abord "le dictateur musclé" avant de parler quand même, un peu, de ses crimes... Or ces crimes sont immenses : il liquide près de 500 000 militants de gauche en six mois, il crée des camps de concentration où croupissent des centaines de milliers de gens pendant deux décennies.

C’est Sukarno qui organise la provocation et le coup d’état de 1965 qui sert à décapiter et à détruire un parti communiste de 3 millions de membres, et 12 millions de sympathisants (l’Indonésie avait 120 millions d’habitants en 1964). Il met fin au pouvoir de coalition de gauche de Sukharno (ne pas confondre) et enfonce l’Indonésie pendant 32 ans dans une des plus sanglantes dictatures du monde. Totalement soumise aux USA. Il est corrompu comme Pinochet et a détourné des millions de dollars. Il est destitué comme Pinochet, enfin et trop tard... Il meure comme Pinochet, sans être jugé pour ses crimes. “Pas de réaction,” monsieur Sarkozy ?


Ci dessous :

Extrait du livre "mai 68, histoire sans fin" Ed. JC Gawsevitch, G. Filoche, 23 euros, 480 p.

Suharto : 500 000 assassinats

1965, c’est aussi l’année de tous les dangers en Indonésie. Ce fut pour nous un des premiers vrais sujets de débat international. Il y avait de quoi : dans un immense pays où vivaient alors 120 millions d’habitants, jusque-là gouverné par Sukharno, nationaliste de gauche, un coup d’État militaire déclencha une vaste tuerie à l’encontre du mouvement communiste qui était pourtant tout-puissant.

Le Parti communiste indonésien comptait 3 millions de membres et, avec toutes les organisations de masse qu’il animait, regroupait près de 12 millions de sympathisants. Ce parti était présent dans l’ensemble des rouages de la société indonésienne, y compris l’armée. Mais lorsque l’extrême droite manœuvra pour prendre le pouvoir, il réagit trop tard et ne sut constituer un front suffisant pour l’en empêcher. Il en résulta un véritable massacre de tout ce qui comptait comme forces progressistes dans l’ensemble des îles. Le secrétaire général Aidit, qui résista les armes à la main dans le nord de l’île de Java, fut éliminé, ainsi que tous les cadres et des centaines de milliers de militants : pendant six mois, la chasse aux sorcières sévit. Il y aurait eu 500 000 victimes et autant d’internements en camps de concentration sous un régime féroce. Pendant plus de trente ans, l’Indonésie devait subir le joug du nouveau dictateur, Suharto.

En France, on a moins gardé la mémoire de cet événement que du coup d’État perpétré, sept ans plus tard, au Chili, contre Salvador Allende. C’était pourtant le genre de massacres que la CIA organisait dans ces années-là. Les responsables états-uniens qui ont perpétré ces crimes contre la démocratie et les peuples ne sont, hélas, toujours pas jugés, ni McNamara ni Kissinger[1] . Nous partagions le malheur qui frappait le mouvement communiste et, avec lui, le peuple indonésien, et nous nous sentions impliqués exactement comme s’il frappait à notre porte et que nous en étions comptables.

[1] Lire l’excellent ouvrage Une histoire populaire des États-Unis d’Amérique, de Howard Zinn, Marseille, Agone, 2002.

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