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Le parti d’"Arlette" fait deux lectures du 21 mars

Publie le mercredi 21 avril 2004 par Open-Publishing

Est-ce là le signe d’un flottement, d’hésitations ou tout simplement le reflet de débats internes à la direction de Lutte ouvrière (LO) ? A une semaine d’intervalle, deux de ses principaux membres, Georges Kaldy et François Duburg, ont livré chacun une lecture subtilement différente du scrutin des régionales.

Dans la foulée du premier tour, l’accent est mis sur le phénomène de vote-sanction. "Le gouvernement Raffarin sanctionné : un vote qui fait plaisir, mais qui n’est pas suffisant", titre d’ailleurs l’hebdomadaire Lutte ouvrièreà sa "une" le 26 mars. " Parmi toutes les options possibles pour manifester leur mécontentement à l’égard du gouvernement Chirac-Raffarin (...), la protestation des classes populaires s’est exprimée par le vote en faveur des listes de l’ex-gauche plurielle", constate M. Kaldy. " Cela ne signifie pas nécessairement que la gauche ait retrouvé du crédit dans les classes populaires (...). Cela signifie seulement que voter pour la gauche est apparu la façon la plus efficace d’exprimer son aversion pour la droite", poursuit-il. Evoquant les résultats LO-LCR, il souligne que " le mécontentement envers la politique du gouvernement ne s’est pas exprimé sur ces listes". Dans la livraison suivante de Lutte ouvrière,c’est François Duburg qui prend la plume. "Contre le gouvernement et le patronat, on ne peut pas se contenter du bulletin de vote", annonce l’hebdomadaire. Cette fois, dans son analyse des résultats du second tour, Lutte ouvrière met l’accent sur les simples transferts de voix.

"PAS DE RADICALISATION"

" Globalement, on peut dire que l’ampleur du succès du Parti socialiste dans ces élections est due pour une large part au fait qu’une partie de l’électorat de droite et d’extrême droite a préféré lui apporter ses suffrages. Et ces glissements électoraux sont d’autant plus faciles qu’entre la droite et la gauche parlementaires, quand elles sont au gouvernement, la différence est mince", explique M. Duburg. Dans ces conditions, poursuit-il, "on ne peut parler de radicalisation de l’électorat".

Dans son article, M. Kaldy accorde implicitement une dimension de protestation sociale au vote des régionales via l’effet vote-sanction, alors que cette dimension est totalement relativisée, voire gommée dans l’analyse de M. Duburg. Du coup, Lutte de classe, la revue mensuelle de LO, tente de faire cohabiter les deux argumentations. En revanche, dans la tribune qui lui est réservée, la "fraction", comme l’on désigne la tendance minoritaire de LO, insiste à son tour sur le mouvement de vote-sanction et semble donner davantage raison à Georges Kaldy qu’à François Duburg, dont elle égratigne le commentaire au passage.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-361908,0.html