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La bataille d’Irlande

Publie le jeudi 14 février 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

de Raquel GARRIDO

Je rentre de Dublin où j’ai participé au lancement de la campagne du NON de Gauche au Traité de Lisbonne en Irlande.

Une coalition regroupant plusieurs partis (plus ou moins petits) de gauche (SWP, WP, Sinn Féin, PC, et la tête de liste Verte aux élections européennes Patrica Mc Kenna), le syndicat régional UNITE (fusion récente entre Amicus et l’ATGWU), des ONG anti-guerre, le PANA (Peace and Neutrality Alliance, dirigé par Roger Cole, du Labour), m’avait invité pour présenter le raisonnement qui avait conduit des socialistes à voter et faire campagne pour le NON, d’une part, et les méthodes militantes du collectif national pour le NON au référendum, en France.

Rappelons que des 27 Etats membres, le peuple Irlandais sera le seul qui aura la possibilité de s’exprimer, par suffage, sur le Traité de Lisbonne. Je leur ai rappelé cette réalité et insité sur notre espoir, en tant que français, de voir, à travers leur expression démocratique, s’exprimer tous les autres peuples brutalisés par les procédures de ratification parlementaires. Ils en ont conscience.

Le Collectif irlandais http://www.caeuc.org présente des caractères nouveaux par rapport aux cadres qui ont pu structurer le débat à l’occasion des Traités antérieurs, notamment le vote NON puis OUI au Traité de Nice.

D’abord, ils ont décidé de se présenter comme un Collectif de Gauche. De toute la Gauche, et rien que la Gauche. Ceci est une nouveauté, dans la mesure où antérieurement des alliances s’étaient formées avec la droite sur la base d’un rejet pur et simple des transferts de compétences souveraines du niveau national au niveau Européen. Le Sinn Féin est un élément important de ce changement de stratégie, puisqu’il a décidé d’entrer dans ce débat avec l’objectif d’affirmer un vote NON qui soit de Gauche, de classe, massif, et pro-européen. C’est d’ailleurs le Sinn Féin qui a proposé de m’inviter au lancement de la campagne, car leur objectif est de convaincre l’électorat Labour de voter NON sur la base des deux arguments « mamelles » de notre campagne, à savoir l’absence (et l’impossibilité) de démocratie et de justice sociale qui découle du Traité de Lisbonne.

Ensuite, ils ont élaboré un document de référence avec tous les arguments pertinents, y compris les références aux articles pertinents du Traité, pour démontrer les dangers du Traité. S’ajoutent, par rapport à la campagne en France, les arguments sur la remise en cause définitive de la neutralité militaire qui est identitaire en Irlande.

Questionnée sur notre campagne, j’ai insisté sur son caractère unitaire (unité de toute la gauche, sans exclusive), sur son caractère civique (s’informer soi-même, contre TOUS les médias, y compris en finançant par des collectes constantes la publication de matériel d’information), sur son caractère politique (mise en avant de l’alternative politique et rôle particulier de la « Dream Team » Buffet, Bové, Besancenot, Mélenchon...), et sur son caractère argumenté et factuel (militer « le texte à la main », face aux généralités des adversaires).

Enfin, cette réunion, qui était la toute première, a dépassé les espoirs des organisateurs en regroupant une centaine de personnes. Le niveau du débat et de l’argumentation était élevé. Dans le fond, ça se sent que cela fait 2 ans qu’ils se préparent. Le public était friand de réponses précises sur des questions auxquelles il avait intuitivement les réponses : Les conséquences de l’arrêt CJCE Laval du 18 décembre 2007 et globalement la pérennité de la négociation collective des conditions de travail et des salaires, les effets insuffisants de la Charte « Fondamentale » (j’ai insisté sur son caractère optionnel et conditionnel, tout sauf fondamental), le caractère illusoire du « nouveau rôle des parlements nationaux », le caractère « constitutionnel » du texte, malgré la nouvelle terminologie.

Ils étaient heureux de se voir confirmer les chiffres « sortie d’urnes » qui montrent que le vote NON français fut majoritairement de gauche. Que dans cette Gauche le vote socialiste fut majoritaire, et que parmi les socialistes ils furent une majorité à voter non. J’ai expliqué la logique qui consiste à considérer chaque socialiste qui un jour a voté OUI comme quelqu’un qui peut voter NON aujourd’hui. J’ai expliqué le résultat du vote de lundi au Congrès de Versailles, le fait que la majorité de la Gauche avait voté non, contre une minorité de parlementaires de gauche qui s’était abstenue ou avait voté oui.

La presse et l’élite irlandaise cherchent à mettre en avant Le Pen, y compris avec des « Unes » de quotidiens qui inventent des déplacements fictifs du chef frontiste en Irlande. Les camarades doivent, comme nous en 2005, commencer leur argumentaire en jurant qu’ils sont pro-européens. Je leur ai dit que nous avions gagné ce droit à la critique de l’UE, et qu’ils ne devaient pas accepter ces prémices au débat, que ceux qui mettaient en péril le projet européen étaient ceux qui précisémment empêchaient la participation du peuple en vue de modifier les fondements de la construction européenne (vous connaissez l’argumentaire !!).

Je reviens assez optimiste. De mes discussions avec les militants je dégage une bonne préparation et une bonne ligne. De ma discussion avec les badauds je retire une lassitude de se faire dicter le vote sur les questions européennes. Il y a donc de l’espoir.

Je leur ai promis de continuer et amplifier la discussion avec les éléments du Labour qui pourraient basculer dans le camp du NON. J’ai aussi pris l’engagement de trouver des orateurs français sachant parler anglais pour les réunions décentralisées de la campagne. La date du référendum n’est pas encore connue, mais elle devrait être déterminée rapidement par une loi. Les camarades prévoient un vote en mai-juin. Selon le dernier sondage, le OUI est devant mais 62% des sondés n’ont pas encore déterminé leur vote.

Je me tiens à votre disposition pour plus de renseignements et pour recueillir les bonnes volontés pour mener la « Bataille d’Irlande ». Il va de soi que toutes les idées pour soutenir l’effort de nos camarades irlandais sont les bienvenues.

Fraternellement

Raquel GARRIDO, Responsable internationale de PRS

http://www.collectifdu29mai.org/La-...

Messages

  • Il doivent avoir conscience aussi que la démocratie pour les Peuples d’Europe est entre leurs mains.
    Nous les Français et les Hollandais avons pris nos responsabilités... Et combien de Camarades d’autres pays européens nous ont transmis leurs soutiens tant la campagne a été dure... Les Camarades irlandais doivent prendre la mesure aussi du problème de ces points de vue... Pire ! Sont-ils notre dernière chance avant l’horreur démocratique ?

    Car ne nous racontons pas d’histoire, Les néo-cons sont dans la place et sont par conséquent prêts à tout.

  • Attention, la gauche même toute la gauche n’aura pas la majorité du non !

  • Je crains que l’ Irlande ne vote oui, vu les subvention allouées par l’union et la détaxation à outrance qu’ elle pratique.

  • ".. .J’ai expliqué le résultat du vote de lundi au Congrès de Versailles, le fait que la majorité de la Gauche avait voté non, contre une minorité de parlementaires de gauche qui s’était abstenue ou avait voté oui. "

    Je sais bien que le pouvoir "nous veut triste !" et que donc il faut être "positif", engageant, cool, ouvert, ...etc, Mais !!!

    "Expliquer", le vote de Versailles, c’est dire que la Majorité des parlementaires socialistes que ce soit au sénat ou à l’assemblée nationale à voté Pour la modification (permettant l’adoption du traité de Lisbonne) soit en glissant un bulletin OUI, soit en s’abstenant !
    C’est dire que ici, en France, "l’immense majorité de l’électorat" socialiste se retrouve orphelin d’une organisation socialiste sincère !

    C’est dire que le "Groupe Démocratique & Républicain", constitué par les députés du PCF & de "les verts" ! à massivement voté CONTRE à l’exception des député "les verts" (qui eux se sont tous abstenu et donc permis la modification !) et ce faisant, ils ont commis un véritable casus belli dont ils doivent tirer les conséquences pour quitter ce groupe !

    C’est dire que "l’affaire n’est pas close", que au "lendemain de Versailles",c’est un travail d’élagage qu’il nous faut faire au sein de la gauche (c’est à dire dans chaque organisation !), pour qu’elle puisse passer de la velléités de "changer les choses" à la ferme, déterminée, profonde volonté !

    Je sais bien, que sous la grêle, fou est celui qui fait le délicat, ...!
    Mais, le CNR est-il vraiment le "référant" pour décrire cette deuxième bataille "pour la souveraineté du peuple" ! Car enfin, l’initiative du 4 février, c’est bien d’autre "orga" qui l’ont fait ! et même contre l’avis du CNR !!!

    Je ne dirai rien sur le PRS, tant, je ne sais plus comment faire pour ne pas m’énerver, car enfin !!!
    Qui a déclenché l’explosion des "collectifs unitaire machin" si ce n’est la "synthèse" réalisé au congrès du Mans par les représentants socialiste du PRS ?
    Si il n’y avait pas eu cette synthèse, n’y aurait-il pas eu plus de "fond" à la démarche unitaire au point par exemple de "garder" dans la dynamique la LCR de O.Besencenot et d’empècher au final l’explosion des égo ???

    Bref, "la bataille d’Irlande" sera menée comme il se doit, c’est à dire avec le maximum de fraternité et de soutient mais, ici en France, nous n’avons pas encore commencé à "régler" nos comptes et nous auront bientôt un troisième acte (et je pense entre autre àla préparation du congrès soit au PCF soit à la LCR, et à toute ces questions qui assaillent nos camarades sincères socialiste et du PRS !
    SAd

    • Est-ce que nos amis irlandais seraient sensibles à une vague touristique chez eux pendant des années, s’ils refusent le traité de Lisbonne ?

      Ne peut-on craindre que le "à gauche toute" ne limite l’arc des opposants ? Nous avons bien eu besoin de quelques voix souverainistes pour exploser le TCE ?!?

    • Le traité de Lisbonne, n’est pas le notre !
      Que les Irlandais le récusent ou non, ce "traité" n’est pas celui du peuple puisque grâce à une Gauche d’intérêt, le débat populaire a été confisqué !

      Je pense que l’on avance plus vite, dans la clarté !
      Nos compagnons d’Irlande ont raison, de dénoncer le "pouvoir de l’argent" que ce traité va et veut institutionnaliser !

      SAd