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L’ENERGIE NUCLEAIRE A-T-ELLE UN AVENIR ?

Publie le lundi 26 avril 2004 par Open-Publishing
12 commentaires

Par Hubert Reevee (Article paru dans Le Monde du 2 avril 2002)

Dans son discours du Mont-SaintMichel, Jacques Chirac s’est prononcé en faveur de l’énergie nucléaire. Elle comporte, a-t-il dit, des avantages indéniables pour notre indépendance et pour la limitation des émissions de gaz à effet de serre.Voyons-y de près. Je vais donner les raisons pour lesquelles je pense que l’énergie nucléaire n’a probablement pas d’avenir.

Il y a près de trente ans, face à la crise du pétrole et au souci de maintenir une indépendance énergétique nationale, l’Etat a choisi la filière nucléaire. Dans les années 1980, la prise de conscience du réchauffement planétaire dû à l’accroissement du CO2 dégagé par la combustion du pétrole, du gaz et du charbon, ainsi que l’épuisement progressif de ces combustibles, ont apporté un appui supplémentaire à la pertinence de ce choix.

Mais un rapport établi conjointement par l’Agence de l’OCDE pour l’énergie nucléaire (AEN) et par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), publié en 1999, affirme que les ressources d’uranium récupérables s’élèvent à 4 millions de tonnes (www.nea.fr, www.francenuc.org ). En 1998, les besoins annuels mondiaux des centrales nucléaires étaient estimés à environ 60 000 tonnes d’équivalent d’uranium naturel. A ce rythme, l’uranium sera épuisé bien avant la fin de ce siècle.

Aujourd’hui, la puissance nucléaire installée est de 350 gigawatts, soit environ 3 % de l’énergie dégagée dans le monde. Pour réduire de 50% l’émission de gaz carbonique, il faudrait construire plusieurs milliers de nouveaux réacteurs. Ceux-ci épuiseraient les réserves mondiales en moins de cinq ans et produiraient annuellement 150 000 tonnes de déchets radioactifs, dont 1 500 tonnes de plutonium. Or les Etats-Unis ont déjà d’énormes difficultés à caser leurs quelques milliers de tonnes de déchets.

De plus, ce surcroît de la puissance nucléaire serait largement inutile dans la mesure où environ le quart de la dépense énergétique concerne le transport routier (voitures, camions, autobus), pour lequel la combustion du pétrole est indispensable. Un autre quart sert au chauffage.

UN ENORME GASPILLAGE.

Ici l’énergie nucléaire est utilisable (chauffage tout électrique), mais au prix d’un énorme gaspillage, inacceptable à une époque où les économies d’énergie sont un objectif de haute priorité. En fait, selon les évaluations les plus optimistes, l’énergie nucléaire ne devrait pas fournir plus de 10% de l’énergie consommée en 2025. Sa contribution à réduire l’effet de serre restera négligeable. De plus, selon un rapport de la Commission européenne, les pays de cette Communauté ne possèdent que 2 % des réserves mondiales. Qui peut parler d’indépendance énergétique ?

L’accumulation des déchets est un problème majeur du nucléaire. Ils s’élèvent à des centaines de milliers de tonnes déposées dans des lieux où on ne sait pas encore comment les traiter. Une solution possible se profile aujourd’hui : l’irradiation par des flux de protons, à un coût inconnu, mais certainement très élevé. Ce projet ne se réalisera vraisemblablement pas avant plusieurs décennies. Le démantèlement des réacteurs après leur arrêt définitif est à la fois long et coûteux. Il s’étalera sur plusieurs décennies. Le coût total de la mise à l’arrêt définitif de Superphénix est estimé à 2,4 milliards d’euros.

L’Argentine est passée d’un état de prospérité enviable au début du XXe siècle à une catastrophe financière aujourd’hui. Imaginons que, comme la France, ce pays ait la gestion de plusieurs dizaines de réacteurs nucléaires. Où trouverait-il l’argent pour les démanteler ? Aucun pays ne peut être assuré d’une stabilité financière de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles. Investir à cette échelle, c’est hypothéquer l’avenir d’une façon égoïste et irresponsable.

L’AVENIR HYPOTHEQUE.

De nombreux organismes de recherche et de conseils en énergie ont conclu qu’en tenant compte des frais réels, le nucléaire est beaucoup plus coûteux (et hasardeux) que tous les autres modes de production d’électricité (www.rmi.org). Les estimations réalistes du coût du kilowattheure (intégrant les frais de démantèlement des réacteurs et de la gestion des déchets) découragent les compagnies privées. De surcroît, les compagnies d’assurances refusent d’assurer les réacteurs. D’où un fait hautement significatif : partout où existe un marché compétitif de l’énergie, aucun pays n’investit dans le nucléaire. Seuls les pays à monopole (la France, le Japon et quelques autres) continuent dans cette voie. Résultat : l’énergie totale émise par les réacteurs n’a pas augmenté de plus de 6% pendant les dix dernières années (moins de 1% par année). Tchernobyl et aussi les mensonges des agences officielles (voir www.criirad.com) ont joué un rôle considérable dans la levée de boucliers et la résistance psychologique du public face à un retour du nucléaire. En 1999, une enquête d’opinion Ipsos pour l’hebdomadaire L’Express dans les quatre grands Etats membres de l’Union européenne dotés de centrales nucléaires montre que près de la moitié des citoyens s’oppose à tout développement, tandis qu’un tiers prône l’abandon total de cette filière. L’Espagne décrète un moratoire sur le nucléaire en 1984, renouvelé en 1992. L’Autriche abandonne le nucléaire en 1987 et l’Allemagne en 1989. Les Etats-Unis n’ont pas construit de réacteur depuis 1979, même si Bush et Cheney en reparlent du bout des lèvres.

En conclusion, l’énergie nucléaire n’a vraisemblablement pas d’avenir (sauf peut-être du côté de la fusion contrôlée, dont la réalisation semble encore bien hypothétique.) L’internationalisation des groupes énergétiques, l’ouverture à la concurrence et à l’environnement donnent maintenant toutes leurs chances AUX ENERGIES RENOUVELABLES QUI, SELON UN RAPPORT DE L’ONU, POURRAIENT FOURNIR EN 2055 PLUS DE 50% DES BESOINS ENERGETIQUES DE LA PLANETE, SANS POLLUER L’ATMOSPHERE DE GAZ ET LE SOL DE DECHETS NUCLEAIRES. ET SURTOUT SANS HYPOTHEQUER L’AVENIR DE NOS ENFANTS ET DE NOS PETITS-ENFANTS.

Hubert Reeves

Hubert Reeves est astrophysicien. Auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique, ancien directeur de recherche au CNRS.

Investir à cette échelle, c’est hypothéquer l’avenir d’une façon égoïste et irresponsable.

Coordination Nationale contre l’enfouissement des déchets radioactifs :

http://burestop.free.fr/

Messages

  • J’ai ete tres interesse sur votre article et j’aurai voulu ajouter quelques chiffres :
     On parle des problemes de resserves d’uranium, il est interessant de savoir que en effet les ressources actuelles sont de un siecle mais que les reacteurs utilisés utilisent 1% de la matiere nucleaire, or des reacteurs de type RNR(superphenix) ont demontrés qu’ils sont capable de "regenerer" la matiere.En effet le reacteur classique n’utilise que l’uranium235 et produit un peu de plutonium ; or le RNR permet d’utiliser l’uranium238 pour en faire de plutonium directement utilisé dans le coeur du reacteur RNR donc le gain est de 90%(exemple Phenix en france).
    Ainsi le discour de Chirac s’inscrit dans la politique "changeons nos reacteurs classiques et passons au reacteur nouvelle generation qui ont montrés leur viabilité pour mieux utiliser la matiere".

    Ainsi meme si on veut polemiquer sur le chiffre de 90% et qu’on dise 60%(ce qui est tres inferieur a la realité) on passe de1 siecle à 6 siecle et cela sans "triche" aucune.

     Pour ce qui est des dechets, en effet l’industrie nucleaire en produit et un chiffre interessant est qu’en France, la production de dechet tout type confondus(electromenager, alimentaire, nucleaire...) est :
    un francais produit 1 tonne de dechets tout type confondu, de cette tonne 1kg est d’origine nucleaire(il faut aussi ajouter les sources medicales...) et 3g de matiere hautement radioactive donc je pense que l’ordre de grandeur est a étudier mais les dechets hautement radioactifs SONT UN PROBLEME.

     Pour ce qui est de l’utilisation du nucleaire autrement que pour l’electricité, un developpement est l’utilisation du nucleaire pour produire de l’hydrogène pour les piles a combustible, en effet aujourd’hui on utilise du courant pour produire de l’hydrogene donc on voit que le nucleaire peut venir en aider aux energies propres.

     le Chrales de Gaulle est alimenté par deux reacteurs nucleaire, il s’avere que si il marchait avec un combustible traditionnel on aurait besoin de petrolier en permanence autour du bateau.L’interet ici est de voir l’utilisation du nucleaire comme moyen de transport (a titre indicatif, les Russes ont des Brise Glace qui utilisent le nucleaire comme energie et l’Allemagne et le Japon ont chacun un bateau civil qui fait de meme, la difficulté est les droits internationaux quant à la penetration de navire utilisant du nucleaire comme energie car dans ce cas les moyens de contrôle et de securité ne sont pas les même, on s’en doute.

     Finalement pour ce qui est de l’independance des pays par rapport au combustible, l’interet du nucleaire est que peu de combustible permet d’avoir suffisamment d’energie et donc peu de "stockage" de combustible est necessaire pour garantir la production et cela est d’autant plus vrai que si on utilisent les RNR donc c’est vrai a long terme on a besoin de se refournir mais les problemes comme on a vu en decembre avec l’affaire Russe sur le gaz n’aurait pas plongé les pays dans une telle panique si le probleme avait ete pour l’industrie nucleaire, en France le nucleiare a plusieurs années d’autonomie en matiere nucleaire. Donc Oui en restent dependant mais sans aucune mesure avec les autres types d’energie.

    L’industrie nucleaire pose des difficulté tant sur le point technique que sûreté mais en résoud aussi d’autre et je pense que toutes sources d’energie doivent etre exploitées avec comme imperatif l’économie maximale de celle ci pour les generations futures.

    en vous remerciant pour votre attention

    • C’est juste, l’énergie nucléaire résout des problèmes, grâce à sa compacité énergétique, cela facilite certaines applications. Mais il y a les déchets, et plus généralement la dangerosité intrinsèque de la technique. En passant, bravo pour les remarques concernant le nucléaire médical, quand on connaît de près la non-capacité scientifique des médecins - je sais de quoi je parle -, et la capacité de contrôle de nos administrations-système judiciaire à peu près nulle (cf amiante entre autre) etc cela donne vraiment de quoi s’inquiéter du point de vue de la santé publique ...

      Je prétends que le nucléaire est une saloperie, désolé pour le terme, je le trouve adéquat, je m’explique ; chaque centrale nucléaire, chaque réacteur est une machine qui produit de l’énergie juste assez pour ne pas exploser. C’est une marmite qui à tous moments risque de s’emballer- imaginez le stress permanent, et/ou au contraire le risque d’oubli de cette situation !
      Il faut donc des conditions exceptionnelles et permanentes pour chaque personne responsable du fonctionnement – pour moi totalement incompatible avec la situation de salariat usuelle. Un peu comme pour un général d’armée, un patron de sous-marin ...
      Les aides informatiques sont très nombreuses, et ont fait de très importants progrès ces dernières années. Une chance pour le personnel et pour nous tous, mais il faut rester réaliste, un ordinateur peut beaucoup, mais pas bcp plus que ce que les hommes lui donnent. Pour faire une comparaison qui ne vaut pas grand chose : les meilleurs programmes du jeu de GO, ne dépassent pas le niveau d’un bon joueur de 10 ans, pourtant les règles sont très simples.
      Donc le nucléaire est et reste et restera très dangereux (pour la santé du vivant complexe) durant son exploitation, mais aussi après, dans les déchets. Les tonnes de déchets restent dangereux des milliers d’années, et certains des centaines de milliers d’années.
      Donc les sous-produits du nucléaire sont des tueurs, le risque de dissémination est grand, car ce sont des matériaux qui s’intègrent dans le vivant. Le pire c’est que la dissémination est quasi irréversible. Un peu comme les biocides de l’agro-industrie, les molécules sont assez stables, parfois qqs centaines d’années. Pour le nucléaire des milliers d’années.

      Nous nous permettons de faire ce cadeau empoisonné à nos milliards de descendants pour des millénaires : « vous » allez devoir contrôler, surveiller et protéger ces déchets durant des millénaires sous peine de mort. Même si vous n’utilisez plus cette technologie, c’est foutu. C’est simplement irresponsable et par là inadmissible.
      Qui peut prédire que des catastrophes sanitaires ou sociales, des guerres ne vont pas empêcher ou relâcher cette surveillance ? Qui peut prédire pour des millénaires que ces déchets ne vont pas servir d’armes en cas de catastrophes ?
      [En passant, déjà pour nos déchets chimiques, il y a des catastrophes, on vient de les faire, et déjà on ne sait plus les gérer .... ]
      Et la dissémination est irréversible ! Je veux dire que cela rend des territoires impropres à la vie – voir autour et alentour de Tchernobyl.
      On trouve encore du plutonium en Espagne, là ou des bombes atomiques américaines sont tombées par accident (accident de Palomares près d’Alméria du 17 janvier 1966), et malgré un nettoyage coûteux et considérable ... Les habitants de Soulaines, à coté d’un dépôt de déchets de courte durée ont des problèmes de santé - sur lesquels il EST INTERDIT D’ENQUÊTER ! c’est simplement fou, irresponsable et en passant, criminel comme pour l’amiante par exemple ...

      Le nucléaire est donc une catastrophe actuelle et à venir et pour très longtemps.

      Je me souviens de l’amiante, il existait des gens, savants (au sens d’excellente formation scientifique) qui me disaient l’amiante n’est pas un problème, tout est propagande. Nous savons maintenant que c’est exactement le contraire, depuis 100 ans on avait des soupçons de dangerosité, mais la capacité d’occulter le problème a été, comme vous le savez, très puissante et efficace... On a 3000 à 6000 morts atroces (qui eussent pu être évitées) par an en France encore pour au moins une vingtaine d’années ...

      Certes le nucléaire ne rejette pas de CO2, certes la densité énergétique est considérable et pratique, certes c’est une technique qui fonctionne, mais le risque n’est pas « raisonnable ». d’autant que ce risque n’a jamais été accepté par la population qui le subit.

      Dernière remarque : nous constatons que la planète est en danger, plus exactement, le vivant est affecté par l’irresponsabilité de quelques hommes dirigeants qui n’ont pas voulu entendre les alerteurs. Car le problème est soulevé depuis longtemps. La plupart des techniques pour réduire l’impact et l’usage du pétrole ont été détruits par le/les lobbies pétroliers – une réalité incontournable - comme pour de nombreux autres. Ceci pour dire qu’il n’est pas possible de faire confiance ni à l’industrie ni aux dirigeants du monde pour prendre des précautions vis à vis de la population, vis à vis de l’humanité. Au contraire, ils font tout pour endormir notre vigilance. Pas plus en pétrole qu’en nucléaire qu’en rien ... Une évidence. Le fric passe d’abord, l’humanité après.
      Il ne s’agit pas de technique ou de science mais de pouvoir et de profits.
      Nous voyons exactement la même chose pour les OGM, nous avons la démonstration criante que les tests qui ont servi à l’acceptation du MON810 sont bidons, pas sérieux, ridicules, pourtant cela a suffit pour de nombreux dirigeants, malgré les multiples alertes. La techno-science n’est pas en cause, au contraire, elle est une source inépuisable de bien-être pour l’humanité, et une passionnante aventure tant coté recherche qu’ingéniérie. Ce qui est en cause est le moteur de l’activité le profit non ou mal partagé, les risques non ou mal partagés, l’absence de solidarité et de responsabilité, l’inconséquence.

      Désolé d’avoir été si long.

    • Je prétends que le nucléaire est une saloperie, désolé pour le terme, je le trouve adéquat, je m’explique ; chaque centrale nucléaire, chaque réacteur est une machine qui produit de l’énergie juste assez pour ne pas exploser. C’est une marmite qui à tous moments risque de s’emballer- imaginez le stress permanent, et/ou au contraire le risque d’oubli de cette situation !

      Et bien, si c’est ça qui te préoccupe, rassure toi, c’est inexact. Les réacteurs français fonctionnent toujours avec un modérateur dit "à coéfficient de température négatif". En d’autres termes, plus sa température augmente, plus il absorbe de neutrons. En d’autres termes, si le réacteur "s’emballe", sa température augmente et le modérateur absorbe plus les neutrons, ce qui ralentit la réaction nucléaire et donc supprime l’emballement en question.

      Nous nous permettons de faire ce cadeau empoisonné à nos milliards de descendants pour des millénaires : « vous » allez devoir contrôler, surveiller et protéger ces déchets durant des millénaires sous peine de mort.

      Exact. De la même manière que nos prédécesseurs nous ont laissé leurs "cadeaux empoisonés". C’est le prix pour toucher aussi toutes les bonnes choses qu’ils nous ont laissé... C’est comme ça que ça marche entre les générations... nous héritons de nos ancêtres le bon et le mauvais... et nous le passons à nos enfants.

    • Je prétends que le nucléaire est une saloperie, désolé pour le terme, je le trouve adéquat, je m’explique ; chaque centrale nucléaire, chaque réacteur est une machine qui produit de l’énergie juste assez pour ne pas exploser. C’est une marmite qui à tous moments risque de s’emballer- imaginez le stress permanent, et/ou au contraire le risque d’oubli de cette situation !
      « 
      Et bien, si c’est ça qui te préoccupe, rassure toi, c’est inexact. Les réacteurs français fonctionnent toujours avec un modérateur dit "à coéfficient de température négatif". En d’autres termes, plus sa température augmente, plus il absorbe de neutrons. En d’autres termes, si le réacteur "s’emballe", sa température augmente et le modérateur absorbe plus les neutrons, ce qui ralentit la réaction nucléaire et donc supprime l’emballement en question.
       »

      Merci pour l’information, est-ce que cela veut dire que le risque de divergence est nul ? Autrement-dit, à part le modérateur auto-régulé, n’y a-t-il pas d’autres bonnes raisons de s’inquiéter ? Une cassure, une coupure, quelques pannes improbables et simultanées, etc ? Je ne pense pas que les responsables opérationnels soient parfaitement quiets.
      Je ne peux pas faire confiance au nucléaire car son contrôle n’est pas fait de manière transparente, je veux dire par des gens indépendants de l’exploitant. Il se trouve que J’ai côtoyés des "inspecteurs" de centrale, ils avaient bcp à redire sur la sécurité, mais ils ne pouvaient pas le faire savoir ...

      Il se trouve aussi que le nucléaire civil est sous secret-défense, que les archives concernant le nucléaire sont inaccessibles malgré tous les principes légaux, il m’est donc impossible de faire confiance à ce procédé qui se cache.
      Même la comptabilité d’EdF est illisible (cf rapportS de la Cour des comptes), je ne peux pas croire que c’est un hasard, EdF draine une grande quantité de gens très bien formés et très très doués.

      Pourquoi ne peut-on pas faire d’enquête de santé à Soulaines ?
      Qui connaît le vrai prix de l’électricité nucléaire ?
      Je cherche toujours ...

      etc .. j’arrête là.
      le nucléaire (au sens de l’exploitation actuelle) est bien une saloperie, il faut le cacher pour le faire, c’est une évidence.

    • Bonjour
      Dis moi juste, de quels déchets hérités de nos ancêtres parles-tu ?
      je ne vois pas...
      Jésus Christ est né il y a 2.000 ans, et je ne crois pas que les hommes préhistoriques nous aient laissé des déchets mortels pendant plusieurs centaines de milliers d’années...
      Ou alors je suis mal informé...
      D’ailleurs, il y a 400.000 ans, ce n’était pas les le temps des dinosaures ?
      Ceux qui sont morts de froid, justement parce qu’ils ne connaissaient pas le nucléaire ?

      En revanche, nos descendants vont pouvoir nous dire merci, ça c’est sûr.
      Et pendant longtemps.
      Très longtemps...

      Rappelez-vous que l’écriture a été inventé en gros il y a 5.000 ans, et que nos déchets nucléaires vont durer 100 fois plus minimum...
      Eriquito

  • de "Karva"

    Checheur scientifique, j’apprecie hautement le travail de Reeves dans le domaine de l’astrophysique et dans celui de sa vulgarisation. Je ne suis que plus attriste par l’etrange melange ecologisto-idealiste dans lequel je le vois sombrer en ce moment. Cela est-il dû à son grand âge ?

    Il est d’abord président du "Rassemblement des opposants à la chasse". Je suis de ceux qui sont attristés par la "frustitude" de beaucoup de chasseurs, mais je ne vois pas l’intérêt écologique d’en interdire la pratique contrôlée telle qu’elle est pratiquée dans notre pays. Il ne me paraît pas plus cruel de chasser que de consommer de la viande. Bien sûr l’abattage cache la violence de l’acte, mais je vois mal que l’on puisse étendre aux animaux les règles de fonctionnement des sociétés humaines, sans que des souffrances inutiles infligées aux animaux me parsaissent justifiables.

    Je reviens à l’énergie nucléaire. Je maintiens que l’opposition de Reeves n’est pas due aux limites présentes et à venir à cette forme d’énergie, mais à un refus du progrès des sociétés humaines vers une maîtrise toujours meilleurs des forces de la nature, le mythe de Prométhée revistité à l’aune des peurs millénaristes qui prennent des aspects variables, que ce soit le malthusianisme, le catastrophisme du Club de Rome et les annonces récurrentes de fin du Monde...

    Je pense que les problèmes sont là pour que l’Humanité puisse les résoudre, et le réchauffement climatique en est un. Voyons donc si l’énergie nucléaire peut apporter une contribution.

     Les réserves en Uranium sont aujourd’hui estimées à au moins 10 millions de tonnes pourvu que l’on y consacre le prix : le U est autour de 250$/Kg, très élevé (ça fait 8% du prix de l’électricité nucléaire), et d’autres diront qu’il existe en réserve si celle-ci se développe, la possibilité de mettre en oeuvre les sources de génération IV, qui multiplient par à peu prèes 50 les réserves. Ajoutons à cette remarque que les recheches d’Uranium ont été abandonnées pendant 20 ans parce que le pétrole était trop peu cher !

     La contribution actuelle du nucléaire est de 1/6 à la production d’électricité et celle-ci, produite aux 2/3 avec des sources carbonées, représente à peu près 40% des émissions de CO2. Cela veut dre qu’en quintuplant la production nucléaire, on ne ferait plus de CO2 pour faire de l’électricité, et on réduirait de 40% les émissions actuelles. Bien entendu, la consommation énergétique augmente, et en particulier celle de l’électricité, car dans le monde, le développement économique s’appuie de plus en plus sur cette forme très élaborée et très écologique d’énergie.

     Bien entendu, ça suppose des milliers de réacteurs nucléaires, mais pourquoi pas ? Contrairement à Reeves je pense le progrès inéluctable, et je préfèrerais que les Chinois développent les centrales nucléaires plutôt que d’ouvrir l’équivalent d’une centrale nucléaire par semaine avec des centrales au charbon, comme cela se passe : il y a urgence !

     La question des déchets : ils sont sans commune mesure en quantité par rapport aux déchets chimiques que l’on crée et dont on ne parle pas ! L’industrie nucléaire est LA SEULE qui concentre ses déchets, qui les retraite, les recycle (le Plutonium est recyclé) . Ce qui reste comme produit à vie longue, c’est à peu près 40Kg/réacteur par an (Am, Cm..). C’est très peu et le fait qu’on n’ait pas encore décidé si on veut les enterrer ou les calciner ne veut pas dire qu’on n’ait pas de solution !

    L’argument de l’opposition au "tout électrique" me paraît mal venu. L’énergie électrique est une forme très élaborée de l’énergie, et son utilisation pour le chauffage dans des résistances est assez peu rationnel : mais avec des pompes à chaleur on obtient 3-4 fois plus de chauffage. Peut-être Reeves préfère le gaz ou le fuel, émetteurs de beaucoup de CO2 ? Il me paraît évident que l’énergie électrique a aussi vocation à se substituer au pétrole dans les transports : elle le fait déjà dans les trains, les trams, les trolleys...à l’avenir, ce seront les voitures électriques. Cela fait qu’il faut développer l’usage de l’électricité et pas le diminuer !

    Mais il faut faire de l’électricité de manière écologique, et surtout en pas en émettant du CO2. Je ne vois pas que le renouvelable, à l’exception de l’hydraulique (1/6 de la production, des réserves de développement dans le tiers monde, si Greenpeace ne le bloque pas...) puisse jamais y contribuer bien plus qu’aujoud’hui : les éoliennes sont trop limitéees, intermittentes et chères, et encore plus le photovoltaique.

    DONC IL NE RESTE QUE LE NUCLEAIRE !!!

    Signé Karva

    • Exactement, il ne reste que le nucléaire pour détruire la vie.

      Reposons le problème : après avoir détruit/consommé tout le pétrole (hydrocarbures), le capitalisme sauvage (non contrôlé par et pour la pérennité de l’humanité) se retrouve bien dépourvu. Le climat, les équilibres millénaires du vivant sont détruits. Heureusement nous avons le nucléaire, et nous allons faire encore plus fort. Au lieu de détruire le climat, c’est fait on ne peut pas détruire deux fois qq chose .... , on va détruire le vivant. Car le nucléaire est une technique sans aucun problème, un micro-gramme de plutonium tue son homme à coup sûr (et peut le refaire), et on en produit juste quelques kilos par réacteur et par an. Cela fait donc potentiellement quelques millions de personnes tuables par an et pour des milliers d’années. C’est pas dangereux. Quand on sait ce que fait l’industrie non nucléaire, l’industrie chimique, l’agro-industrie qui répand des poisons par milliers de tonnes au nom de notre bien être, le nucléaire n’est pas dangereux. Sauf que dans mille ans, cent-mille ans, "nous" aurons à gérer ces vieux déchets qui tuent. Et l’histoire que tout le monde oublie facilement, nous enseigne que rien n’est jamais acquis, à commencer par la paix. Que se passe-t-il dans une centrale (potentiellement prête à exploser à chaque instant) en cas de guerre ou d’épidémie grave ? Que se passe-t-il dans une poubelle nucléaire en cas de révolution ou de "troubles" un peu graves ? Le pire est possible, et il est atroce ... et il est irréversible à l’échelle d’une civilisation. Jamais ceci ne s’est présenté à l’humanité auparavant. Une civilisation une population qui est gravement atteinte n’a aucune conséquence sur les autres et pour le futur, maintenant c’est le cas. Nous avons réussi à changer le climat, nous allons réussir à rendre de grands territoires inhabitables... Cela a déjà commencé.
      L’extraordinaire développement de la techno-science nous fait croire que tout est possible, que le progrès est perpétuel ! Illusions ! Nous avons détruit le climat au nom de ce merveilleux développement ; le pétrole, l’avenir de l’humanité - je l’ai lu dans les années 60 dans les plaquettes éducatives, c’était merveilleux. On a juste détruit le climat et maintenant on voit que la solution merveilleuse c’est le nucléaire, c’est merveilleux pas de CO2, et avec les surgénérateurs, on en a pour des milliers d’années c’est certain !
      Les accidents aussi sont certains.
      Toute machine qui peut tomber en panne tombe en panne. Une panne de vélo, ne peut pas détruire du territoire, une panne de réacteur nucléaire le peut. Quel progrès merveilleux et quelle illusion ! Et toutes les futures victimes sont d’accord de crever de cancers ou autres horreurs à cause de ce progrès irresponsable.

    • Toute machine qui peut tomber en panne tombe en panne. Une panne de vélo, ne peut pas détruire du territoire, une panne de réacteur nucléaire le peut.

      Eh non. Une "panne de réacteur" ne peut rien détruire du tout. Les réacteurs sont justement étudiés pour éviter cela. Il faudrait tout de même pas confondre "panne" avec "accident".

      L’ennui, c’est que si l’on s’abstient de construire quoi que ce soit qui puisse "détruire du territoire" en cas d’accident, on finit par plus rien faire :

       Plus de barrages : les ruptures de barrage ont tué bien plus de monde que les accidents nucléaires.

       Plus de vaccins : il y a toujours un risque de contamination de l’environnement par les virus ou microbes "attenués" qui servent à les fabriquer.

       Plus d’hydrocarbures : as-tu vu ce que cela fait l’explosion des reservoirs d’une raffinerie ?

       Plus d’eau courante : un accident pourrait empoisonner des centaines de milliers de personnes.

       Et à la limite, il faudrait rénoncer au feu. Quoi de plus destructeur en effet ?

      Au fonds, on voit bien que l’écologisme est souvent, comme le dit Karva, un antihumanisme. Dans l’affaire Promethée, les écolos seraient plutôt du côté du vautour.

    • C’est une caricature stupide et malveillante qui ne peut que déconsidérer son auteur.

      Il ne s’agit pas de refuser les risques mais au contraire de les accepter. Soit on vit en démocratie et le risque est accepté et partagé soit on vit en dictature et le risque est imposé.

      Je ne crois pas que le risque du nucléaire ait jamais été accepté par une majorité de gens au courant de cette technique. Cela a été fait dans le secret des cabinets ministériels et dans les labos du CEA (entre autres).
      Le risque et les conséquences des risques et leur potentialités n’ont jamais été exposés discutés et par là rendus acceptables.

      Je peux tomber de vélo, je prends le risque, personne ne m’oblige, je dispose d’un peu de libre arbitre.
      Imposer au nom de la morale (ou de l’utilitarisme) est le début du totalitarisme (et un début est une entrée), un peu comme la torture légalisée (aux USA) pour sauver des vies. On ne peut pas relativiser la vie humaine, le respect de la vie des autres sous prétexte de la vie des autres ! C’est tomber dans la relativisation de la vie, donc la comptabilité des morts. Cette comptabilité entraîne inévitablement la guerre perpétuelle. Je n’ai pas changé de sujet.

      Donc pour revenir aux risques des barrages des vaccins etc, ce sont toujours des solutions qui ne peuvent qu’être choisies qu’au nom de la population pour la population. Qui peut accepter de risquer de mourir noyé dans le flot d’un barrage pour le bien être des autres ? Peu de gens, sauf avec droit de regard, mise sous contrôle du système par des gens qui ne dépendent pas de l’exploitant ... On est loin du compte aussi bien pour le barrage, la santé, le nucléaire, etc ... Petit rappel, les industries sont devenues des sources de profit avant d’être des sources de bien être. La différence semble minime. SI la planète a été dévastée sous nos yeux sans que rien ne se passe, il y a bel et bien un léger problème dans notre société non ? Et ce n’est pas la faute aux écologistes que je sache ! Ils ont suffisamment prévenu leurs contemporains non ? Maintenant le nucléaire est vue comme La Solution, par ceux-là même qui ont détruit la planète. Aucun problème n’est-ce pas ?

      Quand aux termes écologisme : je ne vois pas ce que c’est, l’anti-humanisme non-plus, des mots sans sens pour moi.

      Exact. De la même manière que nos prédécesseurs nous ont laissé leurs "cadeaux empoisonés". C’est le prix pour toucher aussi toutes les bonnes choses qu’ils nous ont laissé... C’est comme ça que ça marche entre les générations... nous héritons de nos ancêtres le bon et le mauvais... et nous le passons à nos enfants.

      Justement, on n’a pas reçu de cadeaux empoisonnés. Notre système capitaliste est tout neuf, il vient juste de massacrer en grand la planète, on ne détruit qu’une seule fois une chose pas deux !
      J’ai hérité un océan poissonneux (il est vrai que la plupart des baleines avaient été détruites dès le 19ème !), j’ai hérité d’air propre, d’un sol non pollué, de l’eau propre, de milliers d’espèces d’animaux, tout ceci est en voie d’extermination rapide et quasi irréversible ... Vous ne semblez pas avoir bien compris ce qui vient de se passer en 200 ans de capitalisme fou (et j’y ajoute le totalitarisme soviétique naturellement).

      Essayez de comprendre, il ne s’agit pas de dire c’est bien ou c’est mal, de se plaindre mais de comprendre ce qui se passe.

    • L’ennui, c’est que si l’on s’abstient de construire quoi que ce soit qui puisse "détruire du territoire" en cas d’accident, on finit par plus rien faire :

      Plus de barrages : les ruptures de barrage ont tué bien plus de monde que les accidents nucléaires.

      Plus de vaccins : il y a toujours un risque de contamination de l’environnement par les virus ou microbes "attenués" qui servent à les fabriquer.

      Plus d’hydrocarbures : as-tu vu ce que cela fait l’explosion des reservoirs d’une raffinerie ?

      Plus d’eau courante : un accident pourrait empoisonner des centaines de milliers de personnes.

      Et à la limite, il faudrait rénoncer au feu. Quoi de plus destructeur en effet ?

      Depuis quand les microbes d’un vaccin détruisent-ils le territoire ? Lesd habitants, pourquoi pas, mais le territoire ?

      Depuis quand l’eau détruit-elle de manière durable et pour des centaines de milliers d’années le territoire ? L’eau s’écoule... L’eau se boit... L’eau permet de se laver...
      C’est vrai, quand elle déferle, elle tue les gens qui sont sur son passage. Mais pas leurs descendants pendant des milliers d’années.

      Une explosion de réservoir de raffinerie : 20 ans après, il reste des mémoriaux en hommage aux victimes, mais le territoire a retrouvé sa vie antérieure...

      L’eau courante : si elle empoisonne des milliers de personnes, tue t-elle ceux qui n’y ont pas touché ? Et cela pendant des centaines de milliers d’années ? Détruit-elle le territoire ?

      Le feu : il réduit en cendres, c’est vrai. ET derrière, la vie renaît. Longtemps après, peut-être, mais lonbgtemps à échelle d’une vie humaine. Pas pendant des centaines de milliers d’années.

      Ces comparaisons sont d’une incroyable audace, quelle imagination faut-il pour les inventer.
      J’en reste béat d’admiration !

      Eriquito

  • La consommation mondiale d’uranium est de 67.000 tonnes par an, la production est de 42.000 tonnes. La différence de 25.000 tonnes provient des stocks civils et militaires qui seront épuisés en 2015.

    La mise en exploitation de nouvelles mines prend beaucoup de retard. Celle de Cigar Lake au Canada, qui devait produire 10% de la production mondiale est retardée de trois ans après deux inondations et d’importants problèmes techniques.

    En lire davantage Pénurie et fin progressive de l’uranium

    La pénurie mondiale d’uranium aura lieu vers 2015, la production d’uranium atteindra un maximum vers 2025 puis diminuera, entraînant la diminution de la production d’électricité nucléaire. Et aucune autre technologie nucléaire ne sera disponible avant 2040.

    Le prix de l’uranium a été multiplié par dix en quatre ans, ce qui est révélateur, et le coût du combustible nucléaire prend une importance croissante dans le coût de l’électricité nucléaire.

    De leur côté, les énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, énergie marine etc) progressent rapidement (de 30 à 60% chaque année selon les pays) avec une baisse constante de leur coût de production.

    Avec les économies d’énergie, les énergies renouvelables sont la seule solution réaliste. D’autant plus que les moyens permettant de stocker l’électricité en grande quantité se développent.

  • Une série de texte de l’IEER, un institut américain d’études sur l’énergie, à lire en français et/ou en anglais : http://www.ieer.org/reports/energy/france - présentation ( press release ) en français, résumé ( summary of the report ) en français, rapport complet ( Low-Carbon Diet without Nukes in France ) en anglais.

    Même en France où cela est plus difficile à cause de nos erreurs passées, il est possible de réduire les émissions de CO2 et de supprimer le nucléaire dans le même temps.

    Un important problème est cependant celui des ressources beaucoup trop importantes attribuées à l’énergie nucléaire, au détriment des énergies renouvelables.

    Selon des études officielles, l’utilisation du plutonium (MOX) comme combustible dans une partie des réacteurs français, entraîne des subventions d’environ un milliard d’euros chaque année pour ce secteur de l’énergie nucléaire.

    On peut aussi aller à http://www.ieer.org/reports/energy/france/lowcarbonsummfr.pdf pour le résumé en français, et à http://www.ieer.org/reports/energy/france/lowcarbonreport.pdf pour le rapport complet en anglais.