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MP5 : Rousseau, le paradoxal qui fournit à penser, Monde de la philo (zaz)

Publie le jeudi 21 février 2008 par Open-Publishing
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Julia Kristeva, préposée cette fois dans le Monde à introduire Rousseau, nous rappelle que sur la base du Contrat social et de sa conception de la volonté générale, beaucoup pluss force pleine de la raison que du seul peuple en nombre de choisir, Rousseau était compris de deux façons : pour les uns il était un social-démocrate (on ajoute ramollo car supposément les sociaux-démocrates sont plutôt destinés à devenir à terme des ramollos), ou alors il était carrément un totalitaire, un jacobin, un bolchevique, un terroriste d’Etat, créateur de goulags, un assassin quoi ! (car tous les communistes sont notoirement aujourd’hui des assassins, on le dit et je le vois bien à mes voisins, même s’ils font assaut de politesse avec moi.)

Julia Kristeva conclut qu’elle s’adapta et concilia. Julia avait sans doute pigé le paradoxe à l’oeuvre chez Rousseau. Nous attaquerons nous aussi Rousseau avec un deuxième paradoxe en apéro. "Le bon sauvage". Vous croyez vraiment qu’il y croyait vous à son bon sauvage bienveillant ? Evidemment non ! enfin, oui et non, à sa façon. Car Rousseau même à son époque ne pouvait ignorer que les vrais sauvages c’est plutôt réducteurs de têtes, cogneurs avec des casse-têtes, anthropophages, ça il le savait. On devine tout de suite que le bon sauvage de Jean-Jacques c’est un sauvage façon Larzac, un sauvage assez civilisé, pas trop mais basiquement. Le sauvage de Rousseau, je vous le parie, se lave les pieds, les couilles, les dents. Son mérite est bien sûr qu’il est un des premiers à l’avoir fait à l’eau froide.

Le sauvage, simple, pas con quoi ! charitable, capable de te fournir des légumes bio issus de son jardin en refusant de te les faire payer, c’est le profil théorique, pour le penseur des Charmettes, du gars extrêmement, idéalement bien. Pas de télé, pas de chronique culturelle et des livres. Même si, là on suppose purement, même s’il a fait l’ESSEC, le sauvage ne t’en dira rien. Il moulera son fromage à la louche comme un authentique paysan, mieux même ! Là tu as compris, n’est pas sauvage qui veut, le gars aurait fait Sciences-po, tiens, ce serait perdu, même en trichant sur tout comme ils ont l’habitude de faire, on pourrait pas le récupérer. La civilisation, la sophistication inutile l’a franchement corrompu, DEFINITIVEMENT.

on entre dans le deuxième paradoxe, euh le troisième avec celui de Kristeva, de Rousseau, (tout le monde s’écrie évidemment parce que par préjugé ça a l’air faux), mais d’après Rousseau, les études supposément d’excellence te gâchent le cerveau et plus encore le sentiment. Oui oui, ça, la simple observation des choses, sans hâte, honnêtement, te le prouve amplement. L’élite merde, l’élite emmerde ! T’as pas vu au concours d’attaché d’administration centrale, la semaine dernière, l’inspecteur général, l’administrateur civil hors-classe qui leur a demandé de disserter sur la Princesse de Clèves pour bien évaluer leurs qualités pratiques d’adaptation aux situations de stress extrême.

Prenons les choses par l’absurde. Si les énarques avaient été si bien choisis et formés, si les polytechniciens, les gars des ponts, des mines, etc. l’avaient été aussi, en serait-on où on en est ? Tu me diras, tu sors (on hypothétise) de l’élite de l’intellect qui savait bébé in extenso polyeucte, tu quittes les tout-pleins tu vas vers les "vides" (les nuls qui baratinent, est-ce que tu trouves plus simple et plus sain ? Plus simple non, plus sain, misère ! Tu les vois à la télé les blablablateurs de la télé, tu les vois à l’Assemblée les barboteurs de l’Assemblée ! tu es partagé entre les talents du rien et les vides du plein.

L’éducation, telle qu’elle est, pourrit, elle te rend sans valeur en même temps que voleur, elle te rend dominateur. Le sauvage dont on doutait taleur est une perle morale et de bon sens en vérité. Comment imaginer un monde meilleur ? suivez Rousseau ! Choisissez les gens sans artifices et bien, qui vous représenterons vraiment, pas longtemps et sans affectation (d’ailleurs le mieux pour Rousseau, ce serait de se représenter soi-même, ca ferait moins de frais sur tous les plans).

Oui mais quand même le gars qu’a pas appris c’est quand même pas une lumière ! il faut, chais pas moi, être au moins économiste pour piger le monde qui nous entoure.

Tu lis Le Monde, tu le lis tous les jours depuis dix, vingt, trente ans, tu t’appliques, tu es en bref diplômé du Monde en économie, Le Monde te fournit ton élégance et ton information toujours à propos dans les salons, et pourquoi la planète cafouille, et pourquoi l’eau est rare et l’électricité trop chère ?...

Franchement tu irais lire les philosophes dans le Larzac comme Le Monde lui-même t’y invite, tu ne ferais pas présumément une méchante affaire, pour toi et pour les autres.

La proposition du Monde est si supposément sincère là-dessus, de bon sens, si bien placée et de parfait conseil que si tu pars pour le Larzac en penseur-habiteur bucolique solitaire, on t’autorise à prendre chaque jour Le Monde à l’épicerie du coin, même si, il a pas toujours été à pic sur la lointaine prospective économique.

De tout façon présentement c’est pas du tout idiot ça, un retour à Rousseau.

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA... (et pour la démocratie avancée)
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