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Municipales d’Aubervilliers : entre le PS et une tendance du PCF, c’est la guerre totale.

Publie le mardi 4 mars 2008 par Open-Publishing
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La gauche orageuse d’Aubervilliers

de FRANÇOIS WENZ-DUMAS

Marché d’Aubervilliers, samedi. Communistes et socialistes distribuent leurs tracts, chacun de leur côté. Au mégaphone, un « rouge » apostrophe les « racailles sociales-démocrates ». « Les karmanistes ! » soupire en commentant l’incident Evelyne Yonnet, numéro deux sur la liste PS-Verts que conduit Jacques Salvator contre le maire communiste Pascal Beaudet. Jean-Jacques Karman, chef de file des communistes orthodoxes est numéro trois sur la liste Beaudet.

A Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, la guerre est donc déclarée entre les frères ennemis de gauche. Samedi, Marie-George Buffet est venue soutenir Pascal Beaudet et Jean-Jacques Karman. Ce soir, Ségolène Royal sera à Aubervilliers avec Jacques Salvator.

Quadrangulaire. Dans cette commune emblématique du 93, 73 000 habitants, il n’y a pas un, mais deux partis communistes. Celui de Jack Ralite, ancien ministre dans le gouvernement Mauroy et maire de la ville de 1983 à 2003. Et puis il y a la Gauche communiste de Jean-Jacques Karman, dont le père, André, était maire d’Aubervilliers jusqu’en 1983. Deux fois, en 1995 et 2001, Karman fils s’est présenté contre Ralite en tant que dissident, au risque, comme la dernière fois, de faire élire la liste de droite lors d’une quadrangulaire au second tour, dans une ville où la gauche totalisait 61 %.

En 2003, quand Ralite passe la main à son gendre Pascal Beaudet, celui-ci scelle la réconciliation avec les karmanistes en confiant à leur chef de file la délégation d’adjoint aux finances. Reconduite à l’automne, cette alliance entre les deux factions communistes n’est pas du goût du PS et des Verts. Ils mettent fin à une union de la gauche qui roulait depuis 1965. « Ils ne nous ont pas laissé le choix », assure Jacques Salvator, un ancien du PSU, qui depuis trois décennies incarne à Aubervilliers la gauche non communiste : « Nous sommes Beaudet compatibles, mais pas Karman compatibles. »

« Fourberie ». Entre socialistes et karmanistes, la guerre est totale. Samedi soir, en ouverture de la réunion avec Marie-George Buffet, Karman rappelle qu’en 1923 Aubervilliers élisait « un maire socialiste indépendant qui s’appelait Pierre Laval », qui « fit fusiller 300 communistes d’Aubervilliers ! » . « Pierre Laval a bien été membre du Parti socialiste, mais c’était avant le congrès de Tours, et comme il se situait à l’extrême gauche, on l’aurait plutôt retrouvé chez les communistes », relève Jacques Salvator, qui vient de publier un livre sur Aubervilliers, Une ville peut en cacher une autre. Mais Karman n’en démord pas et veut pour preuve de la « fourberie » des socialistes le fait qu’ils se soient empressés de diffuser dans la ville un article du Canard enchaîné l’accusant d’avoir cumulé une allocation chômage avec ses indemnités d’adjoint et de conseiller général.

Pendant ce temps-là sous l’étiquette du Modem, Thierry Augy, médecin depuis trente ans à Aubervilliers, espère transformer l’essai de 2001 en déclinant les thèmes classiques de la droite : insécurité, pauvreté, défense des commerçants. Avec le bon espoir de devancer le candidat investi par l’UMP, Slimane Dib, et de conduire la liste de droite au second tour. Il mise sur un mauvais report de l’électorat socialiste et vert si la liste Beaudet-Karman arrive en tête. Et dans l’hypothèse où le PS remporte le premier tour, les karmanistes auront un vieux compte à régler avec « la racaille sociale-démocrate ».

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