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"Vague rose" annoncée
BERNARD DELATTRE

Mis en ligne le 08/03/2008

Les sondages promettent une Bérézina pour la droite aux élections municipales qui débutent ce dimanche. Mais aux dernières municipales, en 2001, ils s’étaient trompés. La droite n’en a pas moins plus à perdre que la gauche.

Le dossier spécial municipales
CORRESPONDANT PERMANENT à PARIS

Prudence.

Tous les sondages pronostiquent qu’à l’occasion des élections municipales, dont le premier tour a lieu ce dimanche, les Français vont sanctionner la droite au pouvoir. Un vote sanction nourri notamment par l’impopularité record du président Sarkozy, les angoisses de l’opinion à l’égard de la situation économique et sociale, et, plus globalement, le moral des Français, au plancher selon tous les indicateurs. Oui, mais prudence, quatre fois prudence.

D’abord, vendredi encore, ces sondages indiquaient qu’un électeur sur quatre, ce qui n’est tout de même pas rien, ne s’était pas encore décidé. En outre, les enquêtes portant sur le rapport de force global droite-gauche à l’échelle du pays - 44 pc pour la gauche, 41 pc pour la droite, selon la dernière enquête publiée vendredi - ont peu de sens s’agissant d’un scrutin qui, pour huit Français sur dix, se jouera avant tout sur des enjeux locaux.

Ensuite, les municipales sont traditionnellement régies par le mécanisme électoral dit de la "prime au sortant" . Or, le paysage municipal actuel est plutôt ancré à droite, cette famille gérant aujourd’hui 20 des 37 villes de plus de 100 000 habitants. Enfin, les sondages s’étaient lourdement trompés à la veille des dernières municipales, en 2001. Au lieu de la "vague rose" annoncée, ce fut une " vague bleue" : la droite perdit certes Paris et Lyon, mais ravit à la gauche 47 villes de plus de 20 000 habitants.

Du coup, sept ans plus tard, la droite a beaucoup plus à perdre que la gauche dans ce scrutin. Le PS rêve donc, outre de conserver Paris et Lyon, de reconquérir une trentaine de villes dont, cerise sur le gâteau, l’une ou l’autre métropole comme Marseille, Toulouse ou Strasbourg. La droite, elle, dixit François Fillon, a pour modeste objectif de "perdre le moins de villes possibles" .

Trois grands précédents

Des précédents de votes sanction existent, il est vrai. Certes, les deux dernières municipales tenues dans la foulée d’une élection présidentielle (en 1995 et en 1989) ont chaque fois conforté le Président. Mais en 1959, le président de Gaulle fut malmené par des élections municipales. En 1976 puis en 1977, les élections cantonales puis municipales sanctionnèrent le président Giscard. Et en 1983, deux ans seulement après l’arrivée du président Mitterrand à l’Elysée, la droite remporta les municipales. Chaque fois, ces gifles locales eurent un impact national. De Gaulle alla encore plus loin dans ses réformes. Le scrutin de 1976 conduisit Jacques Chirac à quitter Matignon et à rompre avec Giscard. Celui de 1983 poussa Mitterrand à faire le choix de la rigueur.

Et en 2008, à supposer qu’on assiste à nouveau à un vote sanction ? Nicolas Sarkozy, jeudi, a démenti les scénarios de la gauche, qui voient un énorme plan d’austérité lancé dès le lendemain du scrutin. Pour lui, les plans de rigueur "ne mènent à rien" : "C’est la réforme qui amènera les économies." Il a aussi écarté un éventuel remaniement, soucieux de "mettre un terme à cette maladie française qui consiste à changer de ministres tous les six mois" . Tout au plus y aura-t-il des ajustements.

Pour le reste, s’il restera attentif "à l’humeur du moment" , le Président ne se laissera pas "distraire par les péripéties" et continuera de mener "la politique du changement avec la même force, le même volontarisme"