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Decaux craint les elections et les renegociations de contrats

Publie le mardi 11 mars 2008 par Open-Publishing
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Nicolas Sarkozy n’est pas le seul à se sentir concerné par les résultats des élections municipales. C’est aussi le cas de Jean-Claude Decaux, qui heureux hasard, est par ailleurs ami de notre virevoltant président. L’entreprenant industriel de l’affichage urbain et des Vélib’, aux marges confortables, craint quelques renégociations de contrats qui feraient pâlir son cours de bourse

Sarko et Decaux sont sur un vélo. Les deux hommes ont souvent jouer ensemble de la pédale. Si le premier en est à réfléchir à la façon de gérer la gamelle prévisible de certains candidats de droite, le second attend, lui, de savoir si son juteux business va encore prospérer.

Le roi des sanisettes et des panneaux publicitaires est présent dans des milliers de villes dans le monde. En France, il est comme chez lui à Toulouse, Marseille, Cannes et surtout Paris, où le maire, Bertrand « le magnifique » Delanoë, ne peut rien lui refuser. On se souvient qu’il a accepté de casser un appel d’offres défavorable à Decaux pour permettre à ce champion national de mettre en oeuvre Vélib’, un système de location de vélos que le monde entier nous envie.

Le Vélib’ lui a fait une pub d’enfer

Sacré Jean-Claude ! Arrivé dans la capitale dans les bagages de Jacques Chirac, il a réussi à ligoter un édile socialiste qui a de grandes ambitions nationales. Ceci explique peut-être cela, car les affiches publicitaires sont toujours utiles quand on veut se lancer dans une campagne de longue haleine. Pour le groupe Decaux, l’opération Vélib’ est tout benef’. Cela ne lui coûte pas trop cher, car il bénéficie toujours dans le même temps d’une sorte de monopole sur le mobilier urbain (abribus etc…) et sur les panneaux à Paris.

rEn outre, il a une belle vitrine à montrer à ses clients potentiels ailleurs (il vient d’ailleurs de lancer un service similaire baptisé Vélam à Amiens, portant à 14 le nombre de villes où il a proposé des vélos en libre service). Surtout, il est question d’étendre Vélib’ à la banlieue. Un Parisien pourra ainsi se promener avec son vélib’ dans les villes de la première couronne. Comme il faut que les systèmes soient compatibles, Decaux est à peu près sûr d’obtenir les contrats. C’est qu’on appelle un marché captif.

Et qui dit marché captif, dit marges plantureuses. Celles-ci sont déjà conséquentes : 39% dans le mobilier urbain, 11% dans le transport et 18% dans l’affichage, selon diverses estimations qui devraient êtres confirmés lors de la présentation des comptes 2007, le 12 mars, entre les deux tours des municipales.

Le groupe a pourtant bien besoin d’améliorer encore ses résultats. Le cours de bourse est malmené depuis le début de l’année (-23%). Il faut dire que le chiffre d’affaires est un peu flambard depuis quelques mois. JCDecaux, désormais dirigés par les deux fils Jean-Charles et Jean-François, a réalisé l’an dernier des ventes de 2,1 milliards d’euros. Mais la croissance organique, c’est-à-dire excluant les rachats d’autres sociétés, a atteint seulement 6,3% au quatrième trimestre alors qu’elle était de 8,6% sur les neuf premiers mois. La faute à la France, où l’activité globale n’a progressé que de 1,5%. Decaux a trouvé le coupable : l’ouverture de la publicité télévisée à la distribution lui a fait perdre une partie de la manne des groupes d’hyper et supermarchés.

Une crainte de voir certaines mairies renégocier les contrats

Mais la vraie crainte du groupe, on l’aura compris, c’est le changement qui pourrait toucher nombre de mairies. Car les élus, de droite comme de gauche, n’hésitent plus à réclamer des renégociations de contrats dans tout de qui touche aux délégations de service public (eau, propreté et affichage). Les malapris. Certains candidats, en particulier les Verts, vont même jusqu’à réclamer le retour aux régies municipales. Ah, les affreux bolchéviques !

Cette perspective provoque des frayeurs chez les boursiers. Exemple : la grande banque suisse UBS a récemment abaissé ses prévisions pour JCDecaux en citant les coûts liés au renouvellement des contrats. En clair, le groupe est contraint d’en rabattre sur ses prétentions financières pour garder ses contrats.

Conséquence : la marge opérationnelle pour le mobilier urbain pourrait reculer de deux points. Pas de quoi mettre cette petite entreprise familiale sur la paille. Mais une marge qui baisse, c’est un cours de bourse qui flanche, ce qui empêcherait Decaux de réaliser son ambition de racheter son grand concurrent américain Clear Channel Outdoor, comme il en rêve. On comprend dans ces conditions que le patriarche et ses deux fils attendent avec intérêt le résultat des municipales.

Voir en ligne : in Bakchich n°71

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