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Municipales : premier échec électoral pour Sarkozy

Publie le lundi 17 mars 2008 par Open-Publishing

Nicolas Sarkozy enregistre le premier échec électoral de son quinquennat. La gauche a remporté une nette victoire sur l’UMP dimanche au second tour des élections municipales et cantonales.

Toulouse, Périgueux, Strasbourg, Amiens, Caen, Reims, Metz, Saint-Etienne, Colombes, Angoulême, Quimper, Blois, Valence ou encore Evreux basculent à gauche. L’UMP sauve de justesse Marseille. Alors que les ténors du PS exhortaient Nicolas Sarkozy à "entendre le message des Français", François Fillon a exclu tout changement de politique.

Ce second tour a amplifié la vague rose enregistrée dimanche dernier. Selon une totalisation du ministère de l’Intérieur sur 88,89% des résultats dans les communes de plus de 3.500 habitants, les listes de gauche ont obtenu 48,68% des voix, les listes de droite 47,59%.

"La gauche est majoritaire en voix et elle sera majoritaire en nombres de villes et de départements", s’est réjoui dès 20h François Hollande. Le Premier secrétaire du PS a appelé le président Nicolas Sarkozy à "corriger la politique qu’il a conduite depuis maintenant 10 mois".

Un peu plus tard, M. Hollande a affirmé être "au delà" de son objectif de conquérir 30 villes de plus de 20.000 habitants, afin de diriger la majorité des municipalités. Le PS aurait remporté par ailleurs de sept à neuf départements supplémentaires lors des élections cantonales, portant son total à près de 60 conseils généraux sur 101.

Evoquant un "vote-sanction", Ségolène Royal a appelé le gouvernement "changer sa politique et son comportement", en revenant notamment sur ses réformes fiscales et les franchises médicales. "Au premier tour, c’était un carton jaune, ce soir, c’est un carton rouge", a renchéri Laurent Fabius.

François Fillon a répondu par la négative, en jugeant "malvenu" de tirer des leçons nationales de ce scrutin local. "La politique de la France, les électeurs l’ont majoritairement choisie à l’occasion des élections présidentielle et législatives" et "nous allons poursuivre cette politique", a répliqué le Premier ministre dans une intervention à 20h20 depuis Matignon. Faute d’infléchir sa politique ou de remanier en profondeur son gouvernement, Nicolas Sarkozy devrait accélérer les réformes, et changer son style pour le rendre plus présidentiel.

Les responsables de l’UMP estiment que ces élections marquent simplement un rééquilibrage par rapport aux élections de 2001. La droite avait alors conquis 40 villes sur la gauche.

Mais d’autres à droite ont reconnu la défaite, à l’image de Jean-François Copé. Le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, interrogé sur TF1, a parlé d’une "conjugaison des impatients et des mécontents".

Les résultats dans les grandes villes confirment la poussée à gauche. Quatre membres du gouvernement ont mordu la poussière. Le ministre de l’Education nationale Xavier Darcos a perdu sa mairie de Périgueux (Dordogne) pour 113 voix face au socialiste Michel Moyrand. A Colombes (Hauts-de-Seine), la liste de Nicole Goueta, sur laquelle figurait Rama Yade, secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme, a perdu. Christine Lagarde et Christine Albanel, candidates à Paris, ont été battues. En revanche, Nathalie Kosciusko-Morizet a été élue à Longjumeau (Essonne) et Jean-Marie Bockel, réélu à Mulhouse (Haut-Rhin).

Pierre Cohen (PS) l’emporte à Toulouse, quatrième ville de France, gérée par le centre-droit depuis 1971. Metz bascule à gauche pour la première fois depuis 1848 : Dominique Gros (PS) succède à Jean-Marie Rausch, maire depuis 1971.

Strasbourg, perdue en 2001, revient à gauche avec l’élection de Roland Ries (PS) face à Fabienne Keller. A Amiens, l’ancien ministre Gilles de Robien, maire depuis 1989, est sèchement battu par le socialiste Gilles Demailly. A Caen, Philippe Duron, président PS du conseil régional de Basse-Normandie, l’a emporté largement sur la maire sortante UMP Brigitte Le Brethon. A Reims, la socialiste Adeline Hazan bat facilement l’ancienne ministre Catherine Vautrin.

Consolation pour l’UMP, son vice-président Jean-Claude Gaudin est réélu de justesse à Marseille grâce au maintien à droite du troisième secteur. La droite a aussi reconquis quelques villes moyennes comme Agen ou Calais.

François Bayrou a quant à lui perdu son pari à Pau. Le président du MoDem a été battu de 342 voix par la socialiste Martine Lignières-Cassou. "Il y aura d’autres victoires", a lancé le "troisième homme" de 2007, qui compte bien être au rendez-vous de 2012.

La participation en baisse par rapport à dimanche dernier, n’a pas permis à l’UMP de refaire son retard. L’abstention atteint 37,54%, selon une totalisation partielle du ministère de l’Intérieur. Au premier tour dimanche dernier, seulement 66,54% des Français s’étaient rendus aux urnes, soit le taux le plus faible pour des élections municipales sous la Ve République.

Aux municipales de 2001, le taux de participation définitif avait atteint 66% au second tour. AP

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