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La gauche l’emporte très largement

Publie le lundi 17 mars 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

La gauche l’emporte très largement
BERNARD DELATTRE

Mis en ligne le 17/03/2008

La droite est parvenue à conserver Marseille, mais elle a perdu Toulouse et Strasbourg. Et d’innombrables villes moyennes ont basculé à gauche. Nettement, en plus. Une vague rose à l’égal de la vague bleue de 2001.

Le blog de notre correspondant à Paris
CORRESPONDANT PERMANENT A PARIS
Deux sur trois. Selon les résultats partiels disponibles en milieu de soirée, la gauche a remporté deux des trois grosses métropoles vers lesquelles tous les regards étaient tournés dimanche, à l’occasion du second tour des élections municipales.

A Marseille, le maire UMP sortant Jean-Claude Gaudin, qui briguait un troisième mandat, avait devancé de 5000 voix seulement le président socialiste du Conseil général des Bouches du Rhône, Jean-Noël Guérini. Dimanche, ce dernier a raté la mairie parce que la gauche n’est pas parvenue à emporter les deux secteurs qu’il lui était indispensable de conquérir pour faire basculer la cité phocéenne.

Ce basculement, en revanche, s’est produit à Toulouse. Et il est historique, puisque cette ville était gouvernée depuis 37 ans par la droite. Malgré l’appui du Modem, le maire UMP sortant Jean-Luc Moudenc a été devancé de deux points par le député socialiste Pierre Cohen. Autre victoire importante pour la gauche : le PS a repris la capitale européenne Strasbourg, que la maire UMP sortante, Fabienne Keller, avait ravie en 2001 à la socialiste Catherine Trautmann. Le sénateur Roland Ries en deviendra le maire.

D’innombrables villes moyennes ont tout autant basculé de manière historique comme Toulouse. A Caen, où on n’avait plus connu maire socialiste depuis 1908, le PS Philippe Duron l’a largement emporté sur l’UMP sortante Brigitte le Brethon. A Reims, ville à droite depuis un quart de siècle, un écart tout aussi net a permis au député européen Adeline Hazan de battre l’ex-ministre Catherine Vautrin. A Metz, ville où la dernière victoire de la gauche remontait à... 1848, le maire sortant Jean-Marie Rausch a été sèchement battu. A Amiens, l’ex-ministre Gilles de Robien, maire depuis 1989, a tout autant été défait, et, du coup, a annoncé son retrait de la vie politique. A Saint-Etienne, ville à droite depuis 25 ans, le PS l’a pareillement emporté. A Blois, Nicolas Perruchot, qui avait chassé Jack Lang de 37 voix en 2001, a été renvoyé. Evreux, Cahors, Angoulème, Valence, Cognac, Toul (la ville de la porte-parole de l’UMP, Nadine Morano) ou Quimper ont également basculé à gauche.

Deux gros espoirs de la droite, en outre, ont été déçus. Elle espérait faire basculer Angers, la seule ville de plus de 100000 habitants qu’elle estimait pouvoir gagner. Elle a raté son pari. Elle n’est pas davantage parvenue à décrocher Belfort, où pourtant Jean-Pierre Chevènement ne se représentait plus.

Plusieurs ministres battus

L’UMP a tout de même réussi à gagner Agen ou Saumur et à conserver Biarritz, Vanne, Nancy, Tarbes, Avignon ou Aix-en-Provence. Comme attendu, elle l’a aussi facilement emporté à Nice. Globalement, toutefois, la vague rose l’a balayée non seulement dans l’Ouest du pays, son traditionnel point faible, mais aussi dans l’Est, où elle concentre ses bastions. Cette vague a même failli la noyer à Paris, où Françoise de Panafieu et Jean Tiberi n’ont conservé que de justesse leurs mairies d’arrondissement. L’UMP, pour progresser, tablait il est vrai sur une meilleure mobilisation de l’électorat. Or, l’abstention, à 35 pc, n’a pas faibli par rapport au premier tour.

La droite voulait se consoler avec les bonnes prestations de ses ministres. Le bilan, en la matière, est très mitigé. Jean-Marie Bockel (Coopération) et Rachida Dati (Justice) ont gagné à Mulhouse et Paris. Mais Xavier Darcos (Education) a perdu Périgueux, qui était à droite depuis un demi-siècle. Rama Yade (Droits de l’homme) a été battue à Colombes, tout comme Christine Albanel (Culture) et Christine Lagarde (Finances) à Paris.

Le bilan du Modem est encore plus mauvais que celui de l’UMP. François Bayrou a échoué de 350 voix à Pau. Et il s’en est fallu d’un cheveu que Marielle de Sarnez ne siège même pas au Conseil de Paris. La seule consolation centriste sera de gérer Saint-Brieuc ou Mont de Marsan. Mauvaise soirée également au Parti communiste. Certes, après Arles et Martigues la semaine dernière, il a conservé Aubagne dimanche. Mais il n’a pas réussi à arracher Le Havre à l’UMP Antoine Rufenacht. Surtout, il a perdu Calais, gérée par le PCF depuis 37 ans, et Montreuil, remportée par l’écologiste Dominique Voynet, ce qui lui a fait perdre le département de la Seine Saint-Denis.

Messages

  • Monde

    RSS tribune de genève
    La France d’en bas inflige une claque au pouvoir
    MUNICIPALES | 00h05 Déjà majoritaires dans les régions, les socialistes possèdent désormais plus de villes et de départements que la droite. Le MoDem est l’autre grand perdant avec l’UMP de Sarkozy.

    Martine Aubry. La maire socialiste de Lille a été brillamment réélue avec 66,56% des voix, le meilleur score du Parti socialiste dans cette ville depuis au moins un siècle.

    JEAN-NOËL CUÉNOD | 17 Mars 2008 | 00h05

    Une claque infligée au gouvernement et au président Nicolas Sarkozy. Cette fois-ci, elle a bel et bien retenti. On pouvait encore hésiter à la fin du premier tour des élections municipales et cantonales (départements). Mais la gauche a amplement transformé l’essai dimanche soir. Sur le plan national, les listes de gauche ont engrangé 49,5% de suffrages et celles de droite 47,5%. Les autres, dont les candidats centristes du MoDem, ne ramassent que les miettes : 3%. La participation est faible : près de 35% d’abstention contre 30,5% en 2001.

    Le Parti socialiste détenait déjà la quasi-totalié des régions. Il possède désormais plus de villes et de départements que la droite. La France d’en bas a donc passé à gauche. Une sorte de contre-pouvoir local est en train de se former face au gouvernement du président Sarkozy. Mais le centralisme politique de la France relativisera vraisemblablement ce clivage.

    « Alliance » socialiste-UMP contre Bayrou à Pau
    Si l’UMP fait figure de perdant, il partage ce triste sort avec le MoDem, ce qui ne sera pas pour déplaire à Nicolas Sarkozy. En effet, le président a fourni moult efforts pour que le fondateur du parti centriste, François Bayrou, soit battu à Pau. L’UMP a même conclu une sorte d’alliance informelle avec le PS.
    En effet, la droite a maintenu le maire sortant Yves Urieta, ce qui a permis à la socialiste Martine Lignières-Cassou de l’emporter. Sur ce point au moins, les deux principales forces politiques tombent d’accord : il ne faut pas qu’un centre indépendant trouble l’alternance gauche droite.

    La liste des grandes villes qui passent de droite à gauche est impressionnante : Caen, Reims, Amiens, Metz, Saint-Etienne,
    entre autres. Aux élections cantonales, le PS confirme sa nette progression. Au moins trois départements ont basculé hier soir à gauche : la Somme, les Deux-Sèvres et le Lot-et-Garonne.

    Une défaite touche directement le gouvernement, celle du ministre de l’Education nationale Xavier Darcos qui perd la Mairie de Périgueux, chef-lieu de la Dordogne, au profit du socialiste Michel Moyrand. Mais cela ne remet pas en cause son ministère.

    Dans les métropoles, la perte est également sensible pour le camp sarkozyste. Les socialistes avaient déjà emporté Lyon,
    la droite sauvant Bordeaux dès le premier tour grâce à Juppé.

    Les résultats des élections sur le site du Ministère de l’intérieur
    Certes, l’UMP a conservé Marseille de justesse. Toutefois, c’est le seul motif de soulagement pour la droite. Voici donc la situation de ces points clés.

    Paris. La victoire des listes socialistes de Bertrand Delanoë, déjà perceptible au premier tour, est confirmée. L’UMP devait
    absolument emporter le XIIe arrondissement s’il voulait contester l’Imperator Lutetiae socialiste ! Or, la liste de gauche écrase celle de l’UMP dirigée par l’ex-télécrate Jean-Marie Cavada que Sarkozy avait « volé » à François Bayrou et la ministre de l’Economie Christine Lagarde. C’est un échec personnel pour Françoise de Panafieu tête de file des listes UMP à Paris qui a dû affronter de nombreuses candidatures dissidentes à droite.

    • tageblatt

      Mise à jour : 17/03/2008 9:11:10
      Sans conquérir la ville de Marseille,la gauche confirme très largement son succès

      Le second tour des élections municipales et cantonales françaises a clairement confirmé la suprématie locale de la gauche, essentiellement incarnée par le Parti socialiste, sur la droite. Toulouse, quatrième ville de France, lui revient, à défaut de Marseille, quoique de justesse, et le ministre de l’Education nationale, Xavier Darcos, est battu à Périgueux.

      De notre correspondant Bernard Brigouleix, Paris
      Kommentar Danièle Fonck

      Lyon et Nantes dès le premier tour, Paris et Lille au second avec des maires sortants qui sont d’éminentes personnalités du PS, Bertrand Delanoë et Martine Aubry, et puis Strasbourg et Toulouse reconquises sur la droite, et des dizaines de villes de moindre importance, plus une demi-douzaine de présidences de conseils généraux : il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas saluer dans le verdict des électeurs français d’hier une éclatante victoire de la gauche.
      La droite, d’ailleurs, ne s’y est pas trompée, et cela d’autant moins que l’un des scrutins les plus emblématiques à cet égard, celui qui opposait le maire sortant UMP de Périgueux, Xavier Darcos, par ailleurs ministre de l’Education nationale, à son adversaire socialiste, aura été perdu – de justesse, certes, mais enfin perdu – par ce membre éminent du gouvernement, que le premier ministre et d’autres stars de la droite étaient venus soutenir. Pas de doute : pour ces élections certes locales, mais non dépourvues de signification nationale, comme il est d’usage, les Français ont clairement choisi de donner un coup de pouce à l’opposition de gauche, et un coup de semonce à la majorité présidentielle.
      A Marseille, selon les derniers décomptes à l’heure où les journaux mettaient sous presse, Jean-Claude Gaudin, le maire sortant UMP, s’en sortait de justesse grâce à la performance, modeste mais suffisante, de son premier adjoint Renaud Muselier dans un arrondissement menacé. La perte de la cité phocéenne eût transformé l’évidente déroute de la droite en absolue Bérézina. Mais ce sauvetage in extremis, qui devait donner lieu dans la nuit à un ultime recompte des voix, ne pouvait faire oublier toute une série d’échecs douloureux pour le parti présidentiel.

      François Bayroubattu

      Même à Angers, paisible cité du Val-de-Loire dont on disait beaucoup qu’elle pourrait être la seule vraie victoire de la droite au second tour, la liste à direction socialiste l’emporte d’un demi-point. Certes, Calais, à l’inverse, repasse à droite, et assez largement. Mais Caen en Basse-Normandie, après Rouen dimanche dernier en Haute-Normandie, passe, elle, franchement à gauche, comme Angoulême et Evreux, qui était le fief de Jean-Louis Debré jusqu’à ce que ce chiraquien inconditionnel devînt le président du Conseil constitutionnel.
      Restent quelques cas atypiques – ce qui ne signifie pas qu’ils soient inattendus. A Pau, le président du MoDem François Bayrou, qui s’était empêtré entre les deux tours avec des alliances tantôt à droite, tantôt à gauche, éternelle ambiguïté des centristes, paie ce flou idéologique d’une défaite qui pourrait peser lourd sur la suite de sa carrière : c’est la maire-adjointe sortante socialiste qui l’emporte clairement.
      A Montreuil, la „verte“ Dominique Voynet, sénatrice par la grâce du PS qui lui avait cédé une place éligible sur la bonne liste au bon moment, conquiert enfin un vrai poste au suffrage universel, contre le maire sortant, apparenté communiste. A Colmar, en Alsace, la droite garde la place à quelques dixièmes de points près, cependant qu’à Metz, Jean-Marie Rausch, sévèrement battu à soixante-dix-huit ans, aura tout le temps de méditer sur le syndrome du „match de trop“.

      Les mystèresde Paris

      Restent les mystères de Paris. La seule question que se posaient réellement les observateurs, étant donné que la victoire de Bertrand Delanoë était clairement acquise dès dimanche dernier, était de savoir si son prédécesseur RPR puis UMP Jean Tibéri serait battu, dans le Ve arrondissement, par sa rivale socialiste, l’ancienne journaliste et très brillante Lyne Cohen-Solal. Le décompte des voix était si serré qu’il s’est poursuivi tard dans la nuit, les deux candidats étant donnés à égalité après le maintien du candidat centriste, un autre ancien journaliste, Philippe Meyer. La réponse devait faire partie des menus éclaircissements attendus ce lundi. Fort important pour la moralisation de la vie publique, il n’était toutefois pas de nature à changer l’orientation générale d’un verdict très défavorable, plus encore qu’au gouvernement et à sa politique, au style personnel du chef de l’Etat.