Accueil > Calais : Jacky Hénin, entre blessures et promesses de combat

Calais : Jacky Hénin, entre blessures et promesses de combat

Publie le mercredi 19 mars 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

Voici un très bel article de La Voix du Nord au sujet de la défaite du Maire Communiste Dimanche dernier...

IlRosso....

Dans la douleur de la défaite, Jacky Hénin s’interdit de courber la tête. Rencontre.

PAR PASCAL MARTINACHE

calais@lavoixdunord.fr PHOTO LA VOIX DU NORD
La tête droite, Jacky Hénin serre les mâchoires et soutient le regard avec défi. Le maire de Calais supporte la douleur sans une plainte.
L’image est celle d’un sanglier blessé au flanc, côté coeur. La blessure est profonde, la chair est à vif, mais Jacky Hénin n’en veut rien laisser paraître.
Par dignité, par pudeur, par orgueil. Il fait face, seul dans la défaite, seul dans l’épreuve.
La tentation pourrait être de se poser en victime. Mais Jacky Hénin s’y refuse. Une nuit blanche et des images de défaite mentalement projetées en boucle n’ont pas infléchi sa position. Il fait front, s’interpose et assume : « nous avons perdu sans contestation aucune. Je porte ma part de responsabilité. J’ai mal apprécié certains éléments ».
Le regard de Jacky Hénin se perd quelques secondes dans le lointain. Il lui faut apprivoiser l’idée d’un cruel revers et réaliser que, homme traqué, il n’a pris que trop tardivement conscience du danger.

Elle a fait le plus facile elle a gagné
« Il fallait abattre Hénin » commente soudain le maire de Calais. « Tout a été mis en oeuvre pour m’abattre, mais pas sur mon travail ni mes réalisations. La campagne n’a pas été menée sur des idées, sur un programme. Je m’en vais, mais je n’ai rien volé à Calais. J’ai donné sept ans de ma vie à fond. Mon bilan, personne ne le conteste. Peu de maires on fait ce que j’ai fait ».
C’est peut-être là que, pour Jacky Hénin, quelque chose ne colle pas. Comment comprendre une défaite qui ne s’explique pas par un mauvais bilan ? « J’ai peut-être trop chamboulé la vie des Calaisiens. J’ai peut-être été trop vite. Si j’avais été capable de faire apprécier mes réalisations à leur juste valeur, nous n’en serions peut-être pas là ».
Jacky Hénin réfléchit, hésite, et renonce enfin à réprimer un trop violent sentiment d’injustice : « c’est une très grande forme d’injustice de ne pas être reconnu pour son travail ».
Mais il se ressaisit : « Cela dit, je ne suis pas le premier maire à se réveiller avec la gueule de bois au lendemain d’une défaite. La démagogie de mes adversaires a été capable de faire oublier ce qui a été fait. J’attends de voir aujourd’hui ce que Natacha Bouchart va faire. Elle a fait le plus facile : elle a gagné. Les faiblesses de politicards de pacotille, qui font peu de cas de l’intérêt de la population, vont très vite se révéler ».
Jacky Hénin veut cependant rester lucide. « Je ne crois pas un seul instant que tout va exploser dans six mois. Je crois seulement que des réalités vont vite s’imposer. On m’a beaucoup reproché le stationnement payant. Si on le supprime, il faudra compenser par des impôts. Sur ce sujet comme sur d’autres, j’attends de voir ce qui va être fait ».
Car pour Jacky Hénin, la chose est claire : « je n’ai pas l’intention de tout abandonner en rase campagne. Je serai là pour les gens qui sont restés à côté de moi 46 %, c’est un beau score pour une défaite. J’entends conduire une opposition franche et résolue. Je n’ai que 48 ans, et pendant les six ans à venir, je vais arpenter le terrain, me battre et convaincre », en s’appuyant sur son mandat de député européen, au moins jusqu’en juillet 2009.

Enfants perdus
L’exemple de Dieppe, ville reconquise par le Parti communiste, autorise tous les espoirs de Jacky Hénin. « A Calais, le parti communiste a fait 17 % aux dernières législatives. On a des bases, on a une section. C’est à nous de construire différemment les choses ». Différemment ? « Il faudra bâtir une autre liste, faire d’autres choix. Je ne me ferai plus rouler en menant des négociations avec des gens qui ne maîtrisent même pas leur électorat. En revanche, je salue la loyauté de Charles François et de Michel Delebarre ».
Cette loyauté, bien sûr, s’oppose aux trahisons et aux coups bas que Jacky Hénin a feint d’ignorer, mais qui lui valent aujourd’hui de perdre son siège. « Je ne dirai de mal de personne. On ne construit pas en salissant l’un plutôt que l’autre. Moi, je suis un homme d’honneur ».
Une fois encore, l’oeil bleu de Jacky Hénin se perd dans l’horizon. Sa blessure se réveille et le déchire à nouveau. Une réflexion lui échappe. « Je n’inaugurerai pas le stade que j’ai réalisé ». Tant pis. Jacky Hénin repousse cette idée sombre avec fierté. « J’achèterai une place en populaire le jour de l’inauguration ».
Jacky Hénin sourit, mais le coeur blessé n’y est pas. Le maire veut se consoler d’avoir désormais « le temps de faire ce dont j’ai été privé pendant sept ans : respirer, prendre un peu de temps. Je vais prendre dix jours de vacances ».
Ces quelques jours suffiront-ils à panser la plaie ? Celle de la défaite, mais celle surtout que Jacky Hénin a tenté d’apaiser en s’abrutissant dans le travail. « Maire et marié, j’ai été le plus heureux des hommes. Mais je ne peux pas avoir d’enfant. J’ai fait un dossier d’adoption pour deux enfants, et au moment où il a été accepté, ma femme est partie. J’ai définitivement perdu ces deux enfants. Ce qui m’a permis de tenir le choc, c’est le travail. Il y a des choses bien plus graves dans la vie que ce qui m’arrive aujourd’hui ».
Jacky Hénin se recroqueville sur sa blessure, dignement. Il n’a plus rien à dire des larmes trop fortes ont parlé pour lui. •

La Voix du Nord

http://candidats-elections.lavoixdu...

Messages

  • J’ai pu apprécier à Caen ce militant. Même si je ne partage pas toutes
    ses analyses, notamment sur les rapports avec d’autres forces de Gauche
    que le PS, j’apprécie de lire à chaque fois ces comptes rendus de son
    travail en tant que député européen. Il manque au Parti des militants(tes)
    de sa trempe !

    J’ai aussi connu les conséquences familiales d’un engagement militant ;
    certes en France, on ne risque pas la mort par notre militantisme comme
    dans d’autres pays, mais le capitalisme sait nous créer des blessures
    profondes dans notre vie personnelle. Surtout pour ceux qui ne font pas
    de la politique pour une carrière ... qui rapporte !!!

    Dans ces moments difficiles que nous devons gérer comme nous devons
    parfois faire le deuil d’une personne chère, j’envoie à Jacky toutes mes
    amitiés et bon courage pour la suite ! Si tu le peux, promènes-toi au bord
    de la mer et respires tes pensées, cela fait un bien énorme !!!

    • Chapeau bas à ce militant hors pair ....L’erreur du stationnement payant est toujours utilisé par la droite quand elle n’est pas aux affaires et je pense que les Maires communistes ne doivent pas tomber dans le piège des impôts en augmentation surtout aujourd’hui avec la baisse du pouvoir d’achat .

      Gérer une ville ouvrière en chômage endémique exige des formules économiques d’autogestion citoyenne sur le plan du logement,de l’alimentation,des vêtements,de la culture.L’argent n’est pas le seul moyen de satisfaire les besoins matériels des gens les plus pauvres et sans emploi .Créer une contre-socièté fraternelle et solidaire,antithèse du capitalisme,peut résoudre beaucoup de problèmes.L’électorat de droite égoïste, qui critique tout ce qui gêne son confort ,regardera au début avec crédulité cette nouvelle norme économique où l’argent n’est plus le moteur et son succès le fera réfléchir pour les plus honnêtes d’entre eux .

      La dénonciation de la politique de la droite ne suffit plus,il faut organiser maintenant d’une manière collective la socièté communiste.Jacky Hénin a perdu momentanément,nous devons l’entourer fraternellement et lui faire comprendre que sa défaite n’est pas individuelle mais collective.La collègialité communiste doit remplacer le Maire sortant où la Tête de liste connu.L’étiquette PCF est une marque déposée dans l’imaginaire des exploités,rendons-la plus attractive par notre fraternité et notre combat contre le capital inhumain et nauséabond.

      Jacky,les calaisiens ont repris les bourgeois de calais pour de nouveau se soumettre au capital comme dans le temps aux anglais envahisseurs .Mais la résistance des 45 % qui ne se couchent pas devant l’argent sera sûrement active pour venger cet affront d’une défaite populaire au plus vite comme pour les prochaines européennes de 2009.Les luttes sociales en cours et en développement mettront au pied du mur les traîtres qui pactisent avec le capital pour une petite prébende d’indemnité d’élu local .

      Honneur à toi et à tous tes camarades ...

      bernard SARTON,section d’Aubagne

  • En plus du :
    je je je je je je
    il y a ça :

    "
    Il faudra bâtir une autre liste, faire d’autres choix. Je ne me ferai plus rouler en menant des négociations avec des gens qui ne maîtrisent même pas leur électorat. """
    maitriser le peulple !!!!

    décidement les élus sont à des années lumieres du peuple

    Damien

  • Monsieur Henin a, pendant son mandat "changé" Calais. Le centre ville a été refait, les 4B "le centre" du centre ville, la piscine-patinoire, le stade, rénovation du Beau-Marais.

    Il a été un bon maire, le stationnement payant ? quelle ville n’en a pas ?

    C’est un impôt que chaque citoyen paie.

    Madame bouchart a "gagné" sans avoir présenté de programme.

    Il fallait abattre Monsieur Hénin, pas sa politique, non, lui l’homme.

    En tout cas il n’abandonne pas et c’est très bien.

  • ce que je reproche le plus à jacky hénin est d’avoir fait la moue devant le superbe cadeau qu’aurait constitué le louvre2
    les lensois sont hyperheureux de l’avoir eu alors que mr henin n’était même pas là pour accueillir le jury chargé de désigner la ville du louvre2

  • L’article sur le "sanglier blessé" fait sourire... En politique, il faut "avoir la classe", ce qui n’a jamais été le fait de l’ancien maire.
    J.Hénin avait sans doute des références politiques datant des années 60 : il s’est trompé d’époque. Plutôt qu’un sanglier : un dynosaure.
    Alain Moncheaux, Paris.