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Varsovie bloque le traité de Lisbonne

Publie le mardi 25 mars 2008 par Open-Publishing

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Varsovie bloque le traité de Lisbonne

UE. L’opposition des frères Kaczynski appelle à renégocier.

Richard Werly, Bruxelles
Mardi 25 mars 2008

Nicolas Sarkozy ne lâche pas la bride aux jumeaux Kaczynski. Le chef de l’Etat français, artisan du forcing qui a permis l’adoption du nouveau Traité européen le 23 juin 2007, sera de nouveau à Varsovie le 23 avril pour offrir à la Pologne un « partenariat stratégique ». Un déplacement clef, alors que le président Lech Kaczynski et son jumeau Jaroslaw, désormais chef de l’opposition, bloquent depuis la mi-mars la ratification par le parlement du Traité de Lisbonne. La semaine dernière, un débat s’est soldé par un échec. La question doit revenir devant les députés d’ici à la fin d’avril.

Surenchère des jumeaux

A la veille de la présidence française de l’Union européenne qui démarrera au 1er juillet, la surenchère des deux jumeaux est prise très au sérieux à Bruxelles. Face au gouvernement proeuropéen du nouveau premier ministre Donald Tusk, Jaroslaw Kaczynski a ressorti les arguments nationalistes en exigeant de « verrouiller » la souveraineté polonaise. L’ancien chef du gouvernement a notamment appelé à une renégociation de la ratification, pour ajouter au traité un préambule établissant la primauté de la constitution polonaise sur le texte européen.

Jaroslaw Kaczynski mène aussi la charge contre la charte des droits fondamentaux, à laquelle Varsovie n’a pourtant pas souscrit, au motif que celle-ci pourrait imposer, par exemple, les mariages homosexuels en Pologne. Or qui dit surenchère dit risque de contagion chez les plus « problématiques » des 21 Etats membres n’ayant pas encore ratifié le traité. La Bulgarie est le dernier pays à l’avoir approuvé le 21 mars, après la Hongrie, la Slovénie, Malte, la Roumanie et la France. Mais les débats restent houleux au Royaume-Uni, où la Chambre des communes a refusé la tenue d’un référendum et où la Chambre des lords doit bientôt se prononcer. L’inquiétude pointe aussi en Irlande, où le référendum imposé par la constitution devrait se tenir le 12 juin.

Plus souple que son frère, le président Lech Kaczynski a affirmé le 20 mars que son pays ratifiera le traité fin avril. Les sondages donnent, il est vrai tort, au chef de l’opposition, avec environ 75% de polonais pour la ratification.