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Le porte-parole du Réseau Sortir du Nucléaire placé en garde à vue par la DST

Publie le mardi 25 mars 2008 par Open-Publishing
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Le porte-parole du Réseau Sortir du Nucléaire placé en garde à vue par la DST

Convoqué cet après-midi par la Direction de la surveillance du territoire au sujet de la détention d’un document « confidentiel défense », Stéphane Lhomme a été placé en garde à vue.

Eliane Patriarca
LIBERATION.FR : mardi 25 mars 2008

Cake aux olives et vin rouge dans des gobelets en plastique : Stéphane Lhomme, le porte-parole du réseau « Sortir du nucléaire », convoqué cet après-midi par la Direction de la surveillance du territoire (DST) au sujet de la détention d’un document « confidentiel défense », n’avait perdu ni le moral ni les bonnes habitudes associatives à son arrivée. Mais dès son entrée dans les locaux de la DST, il a été placé en garde à vue.

C’est José Bové, venu le soutenir, qui l’a annoncé peu après l’entrée de Stéphane Lhomme dans les locaux de la DST à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

"La DST a informé sa compagne qu’il avait été placé en garde en vue dès 14 heures", a indiqué José Bové. "On ne sait pas pour combien de temps", a-t-il ajouté.

Deux heures plus tôt, à la mi-journée, sur le trottoir qui longe le siège de la DST, dont l’accès était restreint depuis le matin par des barrières métalliques et de nombreux policiers, une vingtaine de personnes s’était rassemblée pour accueillir et soutenir le porte-parole de ce réseau évologiste qui fédère 810 associations. La secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, était là, aux côtés de Jacques Muller, sénateur-maire Vert du Haut-Rhin (Alsace), ceint de son écharpe tricolore.

"Je vais entrer dans le bâtiment à 14 heures mais je ne sais pas quand j’en ressortirai : une heure, un mois ou cinq ans plus tard ! » plaisantait Stéphane Lhomme. Selon lui, ce qui se joue aujourd’hui, c’est la « deuxième mi-temps » d’une affaire qui a débuté, il y a deux ans.

Perquisition en 2006

Le 16 mai 2006, sur ordre de la section antiterroriste du Parquet de Paris, la DST avait fait irruption son domicile à Bordeaux, l’avait placé en garde à vue, soumis à interrogatoire, avait perquisitionné son appartement et saisi du matériel informatique et des dizaines de documents, dont une copie du document à l’origine de la perquisition.

Un document « confidentiel défense » qu’un salarié d’EDF avait transmis à Sortir du nucléaire et dont il ressortait que les réacteurs de type EPR, comme celui qui est actuellement en construction à Flamanville dans la Manche, n’étaient pas conçus pour résister au choc d’un avion de ligne, à un « crash suicide ».

Pour la seule détention de ce document « confidentiel défense », Stéphane Lhomme risque 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende. « Je devais être présenté à un magistrat, mais cela ne s’est jamais fait », soulignait-il ce matin.

Aujourd’hui l’objet de la convocation c’est la mise en ligne sur le Web de ce même document. Dès le lendemain de l’ intervention, en effet, le 17 mai 2006, Sortir du nucléaire et d’autres associations avaient en effet décidé de réagir en publier une copie numérisée de ce document sur leurs sites internet.

"Un droit et un devoir"

Bien que ce soit une action collective, il y a pour la DST deux coupables : "La personne d’EDF qui nous a transmis le document et moi même", a expliqué le militant bordelais. "Mais je ne répondrai pas aux questions de la DST tant que je n’aurai pas vu un magistrat, tant que je ne saurai pas si la première « mi-temps » est classée ou si j’ai toujours au dessus de moi cette épée de Damoclès des cinq ans de prison. »

Sa ligne de défense est très simple. « Non seulement c’est notre droit de publier des documents qui montrent à l’ensemble de la population que, une fois de plus, concernant le nucléaire, les autorités françaises nous racontent des salades, et dissimulent des dangers, mais c’est notre devoir », a estimé Stéphane Lhomme. « Areva, qui développe l’EPR, a beau répéter partout que ce réacteur est sûr, ce document prouve le contraire."

"Nous sommes contents qu’il y ait des gens à l’intérieur du système, dans EDF en particulier, qui, voyant des choses très graves, prennent le risque de nous faire parvenir ces documents, a-t-il ajouté. Nous savons pas ce qu’il est advenu de cette personne. Notre espoir c’est que les autorités n’aient pas identifié la source. »

Le souvenir du nuage de Tchernobyl

Pour la secrétaire nationale des Verts comme pour le sénateur Jacques Muller, cette affaire montre une fois de plus qu’avec le nucléaire « il ne peut y avoir de transparence, de démocratie ». « C’est scandaleux que le gouvernement veuille cacher un document de ce type, a protesté Cécile Duflot. Et s’il faut faire encore plus de publicité, on en fera, j’espère que les locaux de la DST sont assez grands ! », ironisait-elle.

"Pour un élu alsacien, ajoutait Jacques Muller, cela ne peut que rappeler l’affaire du nuage de Tchernobyl en 1986, quand d’un côté les autorités françaises affirmaient que le nuage s’était arrête à la frontière, et de l’autre, les télévisions allemandes nous abreuvaient de toutes les mesures de sécurité à prendre avec les légumes et les fruits par exemple. Vingt ans après, rebelote, c’est toujours la loi du silence. »

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