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Le libre-échange est l’horizon indépassable de l’Union européenne

Publie le dimanche 30 mars 2008 par Open-Publishing

Le traité de Lisbonne impose le libre-échange : « Par l’établissement d’une union douanière conformément aux articles 28 à 32, l’Union contribue, dans l’intérêt commun, au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements étrangers directs, ainsi qu’à la réduction des barrières douanières et autres. »

(Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, Cinquième partie, Titre II, Article 206)

Peter Mandelson est le commissaire européen au commerce extérieur. Il est membre du Parti Travailliste, comme Gordon Brown, comme Tony Blair, etc. Peter Mandelson est une incarnation de l’aristocratie européenne. Il ne veut pas voir que le libre-échange provoque l’appauvrissement des peuples européens. Il préfère répéter que le libre-échange, c’est la prospérité pour les peuples européens ! Il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Hypothèse : si la France reste dans l’Union européenne, quels que soient les gouvernements français, l’appauvrissement du peuple français se poursuivra.

Hypothèse 2 : si la France reste dans l’Union européenne, quels que soient les gouvernements français, la désindustrialisation de la France se poursuivra.

Il faut sortir de l’Union européenne.


Rencontre avec Peter Mandelson, par Eric Le Boucher

de Eric Le Boucher

Une pluie sale tombe sans fin sur Bruxelles, ce jeudi. Un vent mauvais souffle sur la mondialisation, le job de Peter Mandelson. A Genève, les négociations du cycle de Doha, qui traînent en longueur depuis cinq ans, semblent sérieusement compromises. A Londres, Gordon Brown, devenu premier ministre, ne lui a jamais pardonné d’avoir préféré Tony Blair à la tête du New Labour. Mais Peter Mandelson, commissaire européen au commerce extérieur, est de ces Anglais qui, sous le blitz, montrent leur détermination et leur humour. "Je défendrai le libre-échange ici jusqu’à mon dernier souffle".

Affaire d’engagement politique "responsable", comme il dit, affaire de foi européenne, affaire de liberté aussi, au sens de libéralisme à l’anglaise, vive l’ouverture, les bateaux, le grand large, l’aventure. Affaire d’optimisme viscéral en l’avenir, on l’aura compris.

Sérieux revers pour la cause du libre-échange pourtant. Parce que le prix du baril renchérit les coûts de transport, donc freine les échanges, comme les dernières statistiques le montrent déjà. Surtout, parce que les opinions s’y opposent de plus en plus. Selon un sondage réalisé pour NBC, 58 % des Américains pensent que l’ouverture économique est une mauvaise chose. Crainte des délocalisations, du Mexique, de la Chine, de l’Inde...

"Aux hommes politiques de refuser le populisme. C’est facile d’accuser les autres, de brandir des slogans. Mais c’est nourrir des faux espoirs." Le protectionnisme ne sert ni la croissance ni l’emploi. Il ne fait "que grossir les désillusions envers la politique". Le libre-échange est dans l’intérêt de tous. Mais, objecte-t-on, certains économistes comme le Prix Nobel Paul Samuelson révisent leur jugement sur le libre-échange. Ils se demandent s’il est toujours aussi bénéfique qu’on le pense depuis deux siècles et les théories de David Ricardo. "Non !, s’insurge le commissaire. On l’a mal lu." Particulièrement ses amis les démocrates américains, qui annoncent une révision des accords de l’Alena (avec le Canada et le Mexique) et un moratoire sur tout autre traité commercial, type Doha. Peter Mandelson se dit "déçu", mais on sent qu’un mot plus dur lui vient à l’esprit pour Barack Obama et Hillary Clinton...

D’autres économistes, poursuit-on, soulignent que la spécialisation internationale - à chaque pays ses "avantages comparatifs" - est bouleversée par les technologies. Elles autorisent la Chine et l’Inde à venir concurrencer le Nord non plus seulement sur les bas salaires mais aussi sur des emplois très qualifiés d’ingénieur ou de médecin. "C’est l’argument contre les ordinateurs qui détruisent les emplois !" "Arrêtez la pensée néandertalienne !"
Et le commissaire d’exposer l’intégralité de sa cause :
1. - Le commerce est essentiel au développement de tous. Il permet d’importer des produits moins chers, donc d’améliorer le pouvoir d’achat des gens. Il permet aussi d’exporter soi-même.

2. - "Je ne suis pas un idéologue de l’ouverture." C’est vrai que certains pays restent fermés. Mais c’est par l’OMC (Organisation mondiale du commerce) qu’il faut agir. Des armes juridiques sont disponibles. Peter Mandelson refuse la position française, qui est de dire "tant que les autres sont fermés, je n’ouvre pas". C’est du mercantilisme, donc rapidement du protectionnisme, juge-t-il. Grosse divergence stratégique : lui, pense qu’il faut ouvrir ses marchés "sans peur" et négocier "durement" l’ouverture des autres. Il s’offusque qu’on puisse considérer à Paris cette tactique comme "naïve".

3. - L’Europe est le premier exportateur mondial. Elle serait la première perdante d’une fermeture. Les vrais naïfs sont ceux qui s’illusionnent sur l’état des forces mondiales et qui ne voient pas que si l’Europe s’abandonnait au protectionnisme, "le monde irait sans elle".

Les Asiatiques s’intégreraient entre eux et nous laisseraient isolés. Nous avons tout à y perdre, des marchés, mais aussi la diffusion de nos règles commerciales. L’Asie sans l’OMC aurait tendance à imposer ses propres règles dans le commerce international. On vivrait une "désintégration du système", la guerre des pôles à la place du monde multipolaire.

4. - Il faut accompagner la politique d’ouverture, bénéfique macroéconomiquement, par des aides microéconomiques aux gens et même "dans certaines circonstances" en faveur de certains secteurs. "Je ne suis pas thatchérien, insensible aux conséquences sociales des changements." Au contraire, "le gouvernement doit les aider pour éviter que les populations prennent peur et paralysent les mutations".

5. - Mieux, il doit les aider à progresser vers le haut. C’est tout le jeu du libre-échange que de forcer à améliorer les qualifications des populations et donc à réformer l’éducation et la recherche. Le libéralisme est accusé de "s’occuper des marchés et pas des gens". Au fond, c’est tout l’inverse ! pense Peter Mandelson. C’est le populisme qui, installant l’immobilisme, se moque des gens.

6. - La gauche moderne, conclut le militant du New Labour, devrait le comprendre : l’ouverture, c’est la croissance ; l’adaptation, c’est l’amélioration des conditions de tous.

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