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OGM, qu’en pensent nos députés ?

Publie le jeudi 3 avril 2008 par Open-Publishing
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de Michel MENGNEAU

Pour garder le contact avec nos institutions, je relate les évènements de mardi à l’Assemblée.

D’abord a eu lieu une longue discussion que l’on considèrera comme stérile sur l’envoi de nouveaux soldats français en Afghanistan. Stérile dans la mesure où ce faux débat n’a pas été suivi de vote. Pourtant l’atlantisme juvénile du Président de la République aurait mérité que l’on si attarde, ne serait-ce que pour en dénoncer l’incohérence de cette attitude qui va soustraire la France de sa liberté d’action et de son indépendance vis-à-vis de la tutelle étasunienne. L’Histoire jugera…

Il y avait aussi un débat sur un projet de loi à l’initiative du groupe SRC pour un « Logement adapté et abordable pour tous ». Si dans l’état actuel des choses ce projet est encore insuffisant, faute de mieux il serait bien qu’il soit voter, ce qu’a recommandé le Parti Communiste.

Sans amoindrir l’importance des autres dossiers, il y en a un, épineux sans contexte, qui soulève déjà les passions. Donc une intervention a retenu mon attention, celle d’André Chasseigne député PCF du Puy-de-Dôme, comme on peut le remarquer très actif sur différents dossiers. Mais ce n’est pas l’aspect technique du problème des OGM dont je voulais vous faire part, mais de l’introduction de l’intervention d’André Chasseigne où il aborde ce sujet de façon philosophique et moral. Voici l’extrait en question :

« Madame la présidente, monsieur le ministre d’État, madame la secrétaire d’État, chers collègues, je citais cet après-midi l’éditorial qu’Albert Camus avait publié dans Combat le 8 août 1945, deux jours après la destruction d’Hiroshima. Nous entrions alors dans l’ère atomique. Personne ne savait exactement, alors, quelles en seraient les conséquences pour l’humanité.

Face à cette terrible incertitude, Camus écrivait donc : « La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. »
En soulevant cette angoisse face aux conséquences du progrès des sciences et des techniques, Camus fut incontestablement un précurseur. La science venait d’effectuer un bond qualitatif qui plaçait les chercheurs face à une nouvelle responsabilité sociale. Toute la société d’alors était aussi interpellée pour préciser le rôle et la place des sciences et des techniques dans la démocratie.

Le débat sur les organismes génétiquement modifiés pose indubitablement des questions du même ordre que celles posées par Camus il y a soixante ans. Les avancées scientifiques en matière de biotechnologies sont aujourd’hui aussi radicales, aussi spécifiques qu’elles l’étaient hier en matière de nucléaire.

C’est bien dans ce cadre exceptionnel que nous devons placer ce débat sur les organismes génétiquement modifiés : toutes les manipulations de l’ADN ne peuvent être anodines. Elles traduisent une puissance technique considérable. Les OGM ont logiquement la faculté de se transmettre de génération en génération : ce sont bien nos petits-enfants et les petits-enfants de ceux-ci qui devront assumer les décisions que les hommes prennent en ce moment, en France et ailleurs. Ils auront peut-être à se féliciter des progrès de l’agriculture que les OGM auront permis. Ils auront peut-être, aussi, à réparer la catastrophe que nous aurons favorisée. Au vu de cette responsabilité, mes chers collègues, il est logique que nos mains tremblent. »

Malheureusement pour nous, nos mains risquent de trembler longtemps car si la Loi est votée dans la même forme et sur le même texte que celui sorti du Sénat l’avenir sera ouvert pour les OGM par des moyens plus ou moins détournés. A suivre…

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Messages

  • Comme j’étais assez pressé lorsque j’ai envoyé cet article, il y avait deux choses que je voulais ajouter et qui sont restées en l’état.

    D’abord sur l’attitude de Sarkozy et son atlantisme juvénile, sujet pourtant des plus sérieux, mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il me fait songer à un môme émerveillé qui vient de recevoir une tenue de cow-boy pour noël.

    Si l’on fait abstraction de l’interrogation philosophique que se pose Chasseigne à propos des OGM, en regardant les choses de façon plus pragmatique, le débat actuel c’est simplement de savoir si l’on va favoriser l’agro-business par le biais des OGM, si l’on doit permettre au capitaliste d’augmenter encore plus la productivité, il n’ont donc pour l’instant que cet intérêt. Dans ce cas la réponse est non, à partir de là il n’y a plus de question, pas d’OGM ! Et que l’on vienne surtout pas dire que les OGM pourraient aider l’agriculture des pays pauvre, ce n’est que foutaise et arguments fallacieux pour vendre ce qui demain sera peut-être demain une erreur humanitaire.

    Pour info, dans la lignée, pour que l’on comprenne mieux les enjeux qui se mettent en place, l’Europe vient de promouvoir une conférence sur la bioraffinerie qui aura lieu à Riems les 6 et 7 novembre de cette année. Cette conférence sous l’égide du pôle de compétitivité IAR (déjà tout est dit) avec l’appui de la commission européenne, va travailler sur les aspects techniques, scientifiques, environnementaux, économiques et politiques de la transformation non alimentaire des végétaux et ceci sous la houlette de 400 professionnels du secteur. La grosse machinerie est en marche, déjà ils ne manque pas de culot en appelant cela "bioraffinerie", agro-raffinerie eut été le terme juste, mais surtout on comprend l’intérêt de OGM pour la productivité outrancière que cela annonce.