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Plusieurs milliers de lycéens ont manifesté contre les réductions d’effectifs

Publie le vendredi 4 avril 2008 par Open-Publishing

Ils étaient 15.000 à Paris selon les organisateurs. D’autres rassemblements ont eu lieu en province. Le ministre Xavier Darcos condamne les exactions qui ont eu lieu en marge de certains cortèges.

Plusieurs milliers de lycéens - 6.700 participants selon la police, entre 17.000 et 20.000 selon les organisateurs- ont manifesté jeudi 3 avril dans l’après-midi à Paris, de Luxembourg au ministère de l’Education, pour protester contre les suppressions de postes prévues à la rentrée 2008. Les manifestants, qui ont répondu à l’appel de la Fidl (Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne) et de l’Unl (Union nationale Lycéenne), doivent rejoindre les abords du ministère de l’Education nationale.

Ambiance assez tendue

Le cortège a commencé à se disperser place André Tardieu, dans le VIIe arrondissement.

Il a été tout le long précédé d’un cordon de CRS équipés de casques, boucliers et matraques. Devant la banderole de tête proclamant : "non, non, non aux suppressions de postes", plusieurs rangs d’un service d’ordre mis en place par plusieurs syndicats enseignants ouvrent la marche. Les commerçants fermaient leurs boutiques au passage du cortège.

L’ambiance était assez tendue à l’avant du cortège mais sans incident notable. Des groupes de jeunes ont fait face aux CRS en leur envoyant quelques projectiles et des policiers en civil portant un brassard ont plusieurs fois chargé brièvement, procédant à quelques interpellations.

"Pas de raison"

Le ministre de l’Education nationale, Xavier Darcos, venu au rectorat de l’académie de Créteil (Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis, Seine-et-Marne) pour témoigner son soutien aux personnels après les incidents survenus mardi et jeudi à Créteil, a condamné les exactions commises en marge de manifestations lycéennes, tout en réaffirmant qu’il n’y avait "pas de raison chiffrée, objective" aux manifestations contre les suppressions de postes.
"Les proportions que prennent ces manifestations, les débordements qui les accompagnent sont regrettables", a-t-il dit.

Il a tenu à faire une distinction entre "d’un côté le droit (des lycéens, ndlr) de manifester, de se faire entendre" et "ceux qui s’attaquent aux bâtiments publics, aux personnels, aux élèves".

"Là, nous sommes dans la délinquance", a-t-il dit et "nous ne tolèrerons pas ces exactions".

Six jeunes gens ont été interpellés jeudi à Créteil lors d’incidents en marge d’une manifestation de lycéens à laquelle s’étaient mêlés des groupes de casseurs.

Xavier Darcos a par ailleurs souhaité "dire à certains professeurs extrémistes" de réfléchir "au risque qu’il y a à jeter des élèves dans la rue". "Cette violence me paraît disproportionnée par rapport aux enjeux", a-t-il dit, en répétant qu’il n’y avait "pas de raison chiffrée, objective" à ces manifestations.

"Un lycée qui marche"

"Ce que veulent les lycéens, c’est un lycée qui marche" et "ce n’est pas en ajoutant ici une heure ou un enseignant qu’on règlera le problème de fond", a déclaré Xavier Darcos, en soulignant qu’il y avait "moins de 2% des lycées" en France concernés par ces manifestations.
Il a reconnu que le mouvement de protestation était "plus important en Ile-de-France" avec environ "20% des lycées concernés".

A Créteil, la police a dû faire usage jeudi de gaz lacrymogènes à l’encontre des fauteurs de trouble, qui ont caillassé les forces de l’ordre.
Des dégradations ont notamment été commises au lycée professionnel et technique Gutenberg, où trois élèves ont été blessés "dans la panique" provoquée par l’intrusion de jeunes masqués, selon la proviseure Isabelle Oriol, un portail endommagé et des vitres cassées.

Des manifestants - sans "banderoles ni slogans", a souligné le rectorat - ont aussi jeté des pierres sur le rectorat.

Jean-Louis Auzan, proviseur du lycée Léon-Blum visé mardi par une intrusion, a évoqué une "opération commando" et "des actes qui n’ont rien à voir avec le mouvement lycéen".

"Une réussite"

Du côté des lycéens parisiens, Hannah Boisson, déléguée de la Fidl, qui a chiffré la participation entre 15.000 et 20.000 manifestants, a estimé que cette nouvelle action constituait "une réussite parce que les lycéens se mobilisent. Cela montre au gouvernement qu’on est toujours là", a-t-elle ajouté.

Elle a mis en garde le président de la République : "Attention à vous M. Sarkozy, si vous annoncez trop de suppressions, on sera encore dans la rue. On sera encore là demain s’il le faut".

Les lycéens lui faisaient en quelque sorte écho, scandant : "on n’est pas fatigués". Parmi les autres slogans : "contre les suppressions, une seule solution, la manifestation", "un même droit à l’éducation dans tous les lycées dans toutes les régions".

"Mouvement qui s’amplifie"

"Le mouvement continue de s’amplifier, c’est un signe que le gouvernement ne va pas pouvoir rester longtemps sur sa position", a déclaré de son côté Léo Moreau, vice-président de l’UNL, qui a estimé le nombre de manifestants à 15.000. Pour lui, l’annonce de nouvelles suppressions de postes de fonctionnaires, relèverait "au minimum de l’irresponsabilité, au pire de la provocation vis-à-vis du mouvement lycéen".

"On ne veut pas de réforme de l’Ecole sur une logique de restriction budgétaire", a-t-il ajouté, en référence au rendez-vous de son syndicat mardi avec Xavier Darcos "officiellement sur la réforme du lycée".
Parmi la multitude de pancartes, on pouvait lire "M. le Recteur, vous êtes un voleur", "DaKos nuit à votre éducation", "Les profs = la misère, les élèves = la galère" ou encore "Les profs, une espèce en voie de disparition".

Nouvel appel à manifester

Plus tôt dans la journée, plusieurs centaines de lycéens se sont rassemblés sur l’avenue des Champs-Elysées. Ils étaient 500 à 600 selon la Fidl, "plusieurs centaines" selon la police, à parcourir l’avenue. Selon la Fidl, il s’agissait d’un groupe venu de plusieurs établissements des Hauts-de-Seine.

La FIDL (Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne) et l’UNL (Union nationale Lycéenne) avait de nouveau appelé les lycéens à manifester jeudi dans toute la France. Des rassemblements étaient prévus notamment à Lyon (départ à 14h de la place Bellecour) et à Marseille (départ du Vieux-Port à 14h).

Les syndicats lycéens protestent depuis plusieurs semaines contre les suppressions de postes prévues à la rentrée de septembre 2008 à l’Education nationale, essentiellement dans le second degré.

Lors de la manifestation de mardi 1er avril, la police avait comptabilisé à Paris 4.500 manifestants, les organisateurs 15.000. Le précédent défilé, jeudi 27 mars, avait rassemblé entre 2.000 et 6.000 personnes, selon les sources.

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