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Les idéaux aryens, derrière la tradition de la flamme Olympique

Publie le mardi 8 avril 2008 par Open-Publishing

Les idéaux aryens, pas la Grèce antique, furent l’inspiration derrière la tradition de la flamme Olympique

de Andy McSmith

Il y a deux mots à répondre à ceux qui croient que la torche olympique est un symbole d’harmonie entre les nations qui devraient rester en dehors de la politique : Adolf Hitler.

La cérémonie qui s’est déroulée hier dans les rues de Paris n’est pas originaire de la Grèce antique, ni même du 19ème siècle, lorsque le mouvement Olympique a été ravivé. L’ensemble du rituel, avec ses connotations païennes, a été conçu par un Allemand, le Dr Carl Diem, qui organisa les Jeux de Berlin en 1936.

Bien qu’il ne fût pas Nazi et qu’il ait été nommé pour organiser les Jeux avant l’arrivée au pouvoir des Nazis, Diem s’est très rapidement adapté au nouveau régime et termina la guerre comme chef militaire fanatique, exhortant les adolescents allemands à mourir comme des Spartiates plutôt que d’accepter la défaite. Des milliers le firent, mais pas Diem, qui vécut jusqu’à 80 ans.

Il vendit à Josef Goebbels - en charge de la couverture médiatique des Jeux - l’idée selon laquelle 3.422 jeunes coureurs aryens devraient porter des torches en feu le long d’un trajet de 3.422 km, depuis le Temple d’Héra sur le Mont Olympe jusqu’au stade de Berlin.

Ce fut son idée que la flamme soit allumée sous la supervision d’une Grande Prêtresse, utilisant des miroirs pour concentrer les rayons du soleil, et qu’elle passe de torche en torche tout au long du trajet, afin que lorsqu’elle arrive à Berlin elle ait une pureté quasi-sacrée. Il était difficile que ce concept ne plaise pas aux Nazis, qui adoraient la mythologie païenne et voyaient la Grèce antique comme l’ancêtre aryen du Troisième Reich. Les Grecs anciens croyaient que le feu était d’origine divine et ils maintenaient des flammes perpétuellement allumées dans leurs temples.

À Olympie, où les jeux antiques se déroulaient, la flamme brûlait en permanence sur l’autel de la déesse Hestia. À Athènes, les athlètes avaient l’habitude de faire des courses de relais transportant des torches enflammées, en l’honneur de certains dieux.

Mais les Jeux antiques étaient proclamés par des messagers portant des couronnes d’olivier, un symbole de la trêve sacrée qui garantissait que les athlètes pouvaient voyager vers et depuis Olympie en sécurité. Avant Hitler, il n’y avait pas de relais de torches associé aux Jeux antiques.

Le parcours depuis Olympie jusqu’à Berlin passa comme par hasard par la Bulgarie, la Yougoslavie, la Hongrie, l’Autriche et la Tchécoslovaquie - des pays où les Nazis voulaient étendre leur influence. Tous ces pays allaient bientôt être sous occupation militaire allemande. En Hongrie, la flamme reçut la sérénade de musiciens tziganes qui seraient plus tard rassemblés et envoyés dans les camps de la mort.

À Berlin, la flamme fut portée sur le dernier kilomètre, le long du boulevard principal de Berlin, par un coureur de 26 ans, Siegfried Eifrig, qui fut regardé par des centaines de milliers de personnes alors qu’il transférait la flamme vers un chaudron sur un autel entouré de grands drapeaux nazis. Etonnamment, Eifrig est toujours en vie - il est âgé de 98 ans - et il a dit à la BBC ce mois-ci que la cérémonie de la flamme devrait être purement une affaire sportive.

Malgré ses sombres connotations politiques, cet événement fut un succès phénoménal pour les organisateurs, immortalisé dans un film de propagande du réalisateur nazi Leni Riefenstahl. Ce rituel a été repris avant chaque Olympiade mais pas toujours avec le même flair organisationnel.

À Melbourne, en 1956, l’athlète de 19 ans, Ron Clark, se brûla la main lorsqu’il porta la flamme vers le chaudron, parce que les techniciens avaient augmenté le flux de gaz, craignant qu’il ne s’allume pas. Lorsque les Jeux retournèrent en Australie 44 ans plus tard, on persuada Clark de refaire les honneurs et il se brûla l’avant-bras au cours d’une répétition. L’un des Australiens prenant part à la cérémonie de la torche Olympique décida de faire son trajet en tracteur plutôt qu’à pied.

Avant hier, la flamme s’était éteinte seulement deux fois. Elle fut éteinte par une averse soudaine en 1976 à Montréal, lorsqu’un ouvrier la ralluma scandaleusement avec un briquet, oubliant la mystique païenne impliquée : elle aurait dû être rallumée par une torche de secours. En 2004, elle fut éteinte par une bourrasque de vent. Les événements d’hier ont fait passer le nombre de tels incidents de deux à cinq, rendant furieux le Président du Comité International Olympique, Jacques Rogge.

"La violence, quelle qu’en soit la raison, n’est pas compatible avec les valeurs liées au relais de la torche ou aux Jeux Olympiques", a-t-il déclaré. Quelqu’un aurait dû le dire à Adolf Hitler.

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]

http://questionscritiques.free.fr/e...

article original : "Aryan ideals, not ancient Greece, were the inspiration behind flame tradition" The Independent, mardi 8 avril 2008