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La religiophobie ambivalente

Publie le lundi 14 avril 2008 par Open-Publishing
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LA RELIGIOPHOBIE AMBIVALENTE

A partir d’une grave confusion entre critique de la religion et haine de tous les croyants, entre "diffamation" d’une religion et diffamation de ses croyants, le conseil des droits de l’homme de l’ONU tend à assimiler la religiophobie à du racisme (voir contribution ce jour sur Bellaciao).

Ne s’agissait-il pas non seulement de protéger l’islam de toute critique mais aussi - ce faisant - d’empêcher la critique des usages politiques de l’islam par les Etats religieux et notamment des Etats islamiques,. Car ces propositions proviennent des états islamiques et ce au nom de la lutte contre l’islamophobie.

Il y a là un enjeu crucial sur plusieurs points.


 D’abord l’islamophobie n’est pas raciste en soi.

Il y a certains textes et surtout certaines pratiques de l’islam (comme d’ailleurs pour d’autres religions) qui donnent de quoi devenir sainement islamophobe . Sainement donc sans pour autant dénigrer l’ensemble des musulmans (ou des autres croyants). La "phobie" de l’islam qui se manifeste par des critiques ou du blasphème ne débouche pas nécessairement sur un dénigrement de l’ensemble des musulmans qui caractérise aujourd’hui légalement l’islamophobie raciste. Il faut donc se garder d’une généralisation théorique faite à partir d’un usage particulier de la critique de l’islam.


 Néanmoins, l’islamophobie raciste existe !

De Redeker à Fitna le procédé commence à devenir classique : schématiquement on commence par une critique très sévère de l’islam et on attribue cette négativité totale à l’ensemble des musulmans. Mais pour clarifier cet enjeu il n’y a que l’analyse concrète du propos ou du fait en cause qui permet de d’affirmer (ou non) que le propos critique de la religion a finalement pour but de stigmatiser l’ensemble des croyants. Dans ce cas l’islamophobie n’est alors le moyen de développer un racisme anti-musulman.


 Pour autant, pas question de protéger la religion !

Si ce n’est pas le cas, l’islamophobie se ramène à une simple critique de la religion, de ses textes ou de ses pratiques. Et ici il faut bien dire que les religions ne peuvent s’extraire du droit fondamental de la critique surtout au regard de ce qu’elle ont pu faire dans le passé ou le présent de l’interprétation de leur textes. Et puis au nom de quoi les valeurs religieuses seraient plus protégées que les valeurs ordinaires des humains non croyants. Au nom du sacré, du saint ? Mais ce sacré n’a pas à s’imposer à tous. Et les valeurs profanes des non croyants ne sont pas nécessairement moins respectables.

Au vu de ces considérations il faut rappeler que l’on fait injure à une personne ou diffamation à un humain mais pas à une religion. Ou alors il faut mettre des guillemets. L’enjeu c’est que certains religieux mettent entre guillemet injure et diffamation pour les humains qui ne sont rien et mettent des Majuscules à tout ce qui touche leur Dieu.

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Christian DELARUE

Responsable national antiraciste

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